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Les fortifications de Belfort

La trouée de Belfort est le passage obligé entre la vallée du Rhin et la vallée de la Saône. Il s'agit d'un important axe de communication nord/sud en Europe. C'est un lieu de passage qui devint très rapidement stratégique et naturellement un lieu de passage des troupes d'invasions de la France après le rattachement sous Louis XIV des contrées de l'Est au royaume de France.

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Le château

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La porte de Brisach avec le pont Haxo construit entre 1817 et 1840

La ville de Belfort se blottit au pied d'un promontoire rocheux qui présente, côté ouest, un important à-pic et une pente douce, côté est. L'à-pic rocheux offre, depuis 1880, un magnifique écrin au Lion de Bartholdi. Ce lion en pierre des Vosges, haut de 11 m et large de 22 m, symbolise la résistance héroïque de Belfort à l'envahisseur prussien lors de la guerre de 1870/1871. Sur ce promontoire fut construit, par les comtes de Montbéliard, un château. Celui-ci est attesté depuis 1226 ou il en est fait mention dans le traité de Grandvillars. Une gravure du XVIe siècle montre le château avec un habitat fortifié sur le bord de la falaise (côté ouest), une tour ronde, deux murs et un fossé d'enceinte du côté est et la tour des Bourgeois sur le côté nord. La tour des Bourgeois fut érigée par Jeanne de Montbéliard au cours du XIVe siècle.

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Le lion de Belfort

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Le tour des Bourgeois

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Une des portes d'accès à la citadelle (en-dessous de la tour des Bourgeois)

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L'accès au château

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La cour de la citadelle

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Casemate de tir du 2e fossé

Durant le Moyen-âge, la ville était tapie au pied du promontoire (à l'ouest). Elle était entourée d'un rempart parsemé de quelques tours. L'apparition des boulets métalliques rendit ces fortifications obsolètes dès le XVe siècle. En 1579, les Habsbourg (la Franche-Comté faisait partie du Saint-Empire germanique) conçurent un projet de fortification pour Belfort. Il s'agissait de remplacer les vieux remparts par des murs plus épais renforcés avec des talus en terre capable de résister aux performances de la nouvelle artillerie. Les murs devaient être complétés par des bastions en forme de pointe. Le projet fut cependant abandonné par manque de crédits.

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Le 2e fossé

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Le 2e fossé

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Le 2e fossé

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L'entrée du grand souterrain dans le 2e fossé

En 1636, le comte de Suze s'empara de Belfort au nom du roi de France. Entre 1637 et 1648, Gaspard de Champagne, fils du comte de Suze, reprit le projet des Habsbourg. Il créa un système bastionné qui forme l'actuel second fossé à l'est du château. Trois bastions protégeaient le château qui fut érigé en citadelle. Un autre bastion élevé au nord protégeait la tour des Bourgeois.

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Casemate de tir dans le 3e fossé

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Traverse-abri dans le 3e fossé à l'arrière de la corne Vauban

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Le 3e fossé

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L'entrée du grand souterrain dans le 2e fossé

Louis XIV annexa la Franche-Comté au royaume de France en 1674, après avoir annexé l'Alsace en 1673. Belfort se trouva ainsi en 2e ligne derrière les forteresses de Huningue et de Neuf-Brisach face au Saint-Empire germanique. Belfort devint forteresse royale et sa fortification devint indispensable pour bloquer les invasions en provenance d'Alsace. Louis XIV chargea Vauban d'effectuer les travaux qui débutèrent en 1687 et durèrent jusqu'en 1703. L'enceinte urbaine fut remplacée par une enceinte bastionnée pentagonale qui doubla la surface disponible qui fut utilisée pour implanter de nouvelles casernes et magasins de stockage. Pour permettre cette nouvelle implantation, Vauban fit dévier le cours de la Savoureuse. Un ouvrage à corne fut édifié à l'est du château et un autre, la corne de l'Espérance, fut construit face à la colline de la Miotte. Une nouvelle caserne remplaça le château médiéval.

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Vue sur la corne de l'Espérance

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Vue sur le corne de l'Espérance

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Vue sur les fortifications au niveau de la porte de Brisach

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Les fortifications à l'est du château

L'accès à la ville se faisait au travers de deux portes, la porte de France, côté ouest, et la porte de Brisach, côté nord. Les deux portes étaient défendues par une demi-lune. La porte de Brisach, dédié au pouvoir royal (soleil sculpté en façade), fut baptisée du nom de la ville fortifiée allemande occupé par les Français à l'époque. La garnison d'outre-Rhin stationnée à Brisach était chargée de secourir Belfort en cas de siège. La porte de Brisach, seule encore visible, fut classée Monument historique en 1907. La porte de France fut arasée en 1892 pour faciliter l'accès aux nouveaux faubourgs en construction. En 1749, le fossé du château fut couvert d'une voute et transformé en casernement. Ce casernement forme l'actuel "Grand Souterrain".

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La porte de Brisach

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La porte de Brisach

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La Porte de Brisach avec sur la droite un "haha"
(décrochement) dans la mur d'enceinte.

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Le passage dans la demi-lune à l'avant de la porte de Brisach

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Le lieu-dit "le trou du renard"

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Les fortifications entre la porte de Brisach et la tour des Bourgeois

La période napoléonienne valut à Belfort deux sièges. Le premier se déroula durant l'hiver 1813/1814 et dura 113 jours. Il s'agit du plus long siège que dut subir la ville. Durant ce siège, le commandant de la place, Jean Legrand (1759-1824), fit ensevelir au "trou du renard" (dans le fossé à gauche de la porte de Brisach) les corps d'environ 80 soldats de la garnison, car le cimetière de la ville, située dans le quartier de Brasse, était entre les mains des assaillants. Le deuxième siège eut lieu en 1815 et fut mené par une armée de 40 000 Autrichiens faisant partie de la coalition anti Napoléon. Belfort resta invaincu.

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Le second traité de Paris de 1814 obligea la France à démanteler la forteresse de Huningue, ce qui plaça Belfort en première ligne sur le chemin des invasions. Le général Haxo fut donc chargé de remanier les fortifications. Le chantier débuta en 1817 pour finir en 1842. Le château fut transformé en citadelle. Autour de la cour d'honneur furent construites, entre 1819 et 1826, sur le côté est, une série de casemates d'artillerie (occupé actuellement par le restaurant) et, sur le côté ouest, une nouvelle caserne en grès rose (l'actuel musée). Les fortifications extérieures de Vauban furent incluses dans une nouvelle enceinte continue, formant l'actuel quatrième fossé, et une nouvelle enceinte intermédiaire, le troisième fossé, fut créé. Une casemate (la casemate Denfert-Rochereau) fut implantée près de l'entrée de la citadelle pour en protéger l'accès et un nouveau bastion fut implanté devant la tour des Bourgeois et la lunette 18 (la numérotation des ouvrages correspond à celle des plans de Vauban). Deux magasins à poudre furent également implantés au sein de la citadelle et les ponts d'accès aux portes de la ville furent fortifiés. La citadelle fut armée par une centaine de canons à l'air libre ou sous casemates et offrait un abri sûr pour plus de 1000 hommes.

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La casemate 22 dite du colonel Denfert-Rochereau assurant la protection de la porte d'accès à la citadelle
construite par le Général Haxo entre 1821 et 1835

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Le 4e fossé

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Casemate de tir dans le 4e fossé

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Le 4e fossé

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La corne Vauban du 4e fossé

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Le long de la falaise (côté ouest) supportant le château

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La rampe d'accès à la citadelle depuis la ville

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Vue les fossés à l'est du château

En 1826 fut érigé, sur la hauteur au nord-est de la citadelle, le fort de la Justice. Il s'agit d'un fort bastionné de forme triangulaire prévu pour un effectif de 300 hommes. Il est muni de deux cavaliers d'artillerie prévue pour une vingtaine de canons. Ce fort fut complété en 1831 par le fort de la Miotte. Il est séparé du fort de la Justice par un vallon emprunté par la route d'Alsace. Le fort de la Miotte est également un fort bastionné de forme triangulaire possédant un cavalier d'artillerie pour dix canons. Sur le bastion ouest est érigée une tour observatoire, la tour de la Miotte, un des symboles de Belfort. Cette tour, remaniée en 1886, fut plusieurs fois détruite et, à chaque fois, reconstruite à l'identique. Le fort possède une caserne pour 200 hommes et un magasin à poudre. Son fossé a été entièrement taillé dans le roc. C'est du fort de la Miotte que furent tirées les premières et les dernières salves lors du siège de 1870/1871.

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L'entrée du fort de la Justice

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L'entrée du fort de la Miotte

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La tour de la Miotte

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Le fort de la Miotte

Avec ces deux forts fut créé, entre 1831 et 1842, le camp retranché du Vallon. Il s'agit d'un camp quadrangulaire situé entre la citadelle, les deux forts et la corne de l'Espérance. Le vallon séparant les deux forts fut pour cela barré d'un rempart avec une porte empruntée par la route d'Alsace. Ce camp pouvait donner abri à une armée de campagne. Mais l'allongement de la portée des canons va nécessiter la construction de nouveaux ouvrages à l'ouest et au sud de la place. De nouveaux travaux de fortification furent entrepris après l'arrivée à Belfort du commandant Denfert-Rochereau en 1864.

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Le château vu depuis le bas de la falaise

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Vue sur le rempart sud et la tour 26

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Une des descentes vers le grand souterrain

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Le 4e fossé

Entre 1865 et 1870 fut construit sur la hauteur des Barres, à l'ouest de Belfort, le fort des Barres ou fort Hatry. Il s'agit d'un des derniers ouvrages bastionnés de France. Il est constitué d'un bastion flanqué de deux demi-bastions. Le front de tête fut aménagé pour recevoir 25 canons à l'air libre et un canon sous casemate. Le front de gorge était constitué d'un simple mur crénelé. L'esplanade intérieure est occupée par deux traverses-abris faisant office de magasins à poudre. Un troisième magasin à poudre et une caserne casematée sont aménagés sous le front de tête. Le front de tête est parcouru par une galerie crénelée le long de l'escarpe qui permet la défense du fossé par des tirs au fusil. En 1870 furent établi, sur la colline des Perches et de Bellevue (occupé actuellement par le cimetière de Bellevue), des redoutes terrassées pour l'infanterie.

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Une traverse-abri du fort Hatry

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Dans les fossés du fort Hatry

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Fossé du fort Hatry

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Une des entrées de traverse-abri du fort Hatry

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Traverse-abri du fort Hattry

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Un des couloirs d'une des traverse-abri du fort Hatry

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Une autre traverse-abri du fort Hatry

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Fossé du fort Hatry

Durant la guerre de 1870/1871, la ville de Belfort fut assiégée par les troupes prussiennes pendant 103 jours (du 2 novembre 1870 au 13 février 1871). Elle ne se rendit que sur l'ordre du gouvernement français. Les Prussiens avaient érigé des batteries d'artilleries sur toutes les hauteurs entourant la ville et la bombardèrent quotidiennement. Les leçons de ce siège furent tirées dès la fin de la guerre par le général Séré de Rivières. Lors de la construction du réseau de forts destinés à empêcher toute intrusion ennemie par les frontières nord et est de la France, il couvrit les hauteurs autour de Belfort avec des forts. En premier furent couverts les abords proches de la ville, soit les forts des Basses-Perches (1874), des Hautes-Perches (1874), du Salbert (1874), du Bosmont (1874). Puis une ceinture de forts plus éloignés fut érigée afin d'empêcher l'artillerie ennemie d'atteindre la ville. Il s'agit des forts et ouvrages du Mont-Vaudois (1874), de Roppe (1875), de Giromagny (1875), de Servance (1877), de Bessoncourt (1883), du Vézélois (1883), du Bois-d'Oye (1883), de Chevremont (1889), du Haut-Bois (1889), de Monceau (1889), du Fougerais (1889), de la Côte d'Essert (1890), de Méroux (1908) et du Mont-Rudolphe (1913). Pour faire face aux progrès de l'artillerie, certains de ces forts et ouvrages furent modernisés. Au fort des Barres, le magasin à poudre de la traverse centrale fut renforcé par une couche en béton en 1889 et en 1893 une grande caserne fut construite sur l'esplanade intérieure pour accueillir un régiment d'artillerie. Ces casernes ont depuis été détruites. Par la mise en place des ceintures de forts extérieures, les fortifications de la ville de Belfort perdirent leur rôle militaire.

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Le grand souterrain

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Le grand souterrain

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Le grand souterrain

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Le grand souterrain

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Le grand souterrain

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Le grand souterrain

Ces photographies ont été réalisées entre 2009 et 2016 .

 

Y ACCÉDER:

La porte de Brisach, le fort des Barres, le 4e fossé et les extérieurs des différentes fortifications sont librement accessibles toute l'année. Il en est de même pour le lion et la cour d'honneur de la citadelle. Le 2e, le 3e fossé et le "Grand Souterrain" sont d'accès payant. Les accès et les parkings sont bien indiqués. Les forts de la Justice et de la Miotte sont fermés au public. Des visites exceptionnelles sont parfois organisées lors des journées du patrimoine.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 11 juillet 2016

Cette page a été mise à jour le 11 juillet 2016