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Le fort du Bois d'Oye

Au sud-ouest du village de Bermont fut construit entre juillet 1883 et fin 1887 le fort du Bois d'Oye dénommé par les militaires Fort Eblé. Son rôle était d'appuyer le fort Lachaux dans l'interdiction de la vallée de la Savoureuse. Il est disposé entre le fort du Vézélois, à l'est, et le fort du Mont Vaudois, à l'ouest.

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La caserne de paix et la cour

Il s'agit d'un fort pentagonal à gorge rentrante dont le cavalier d'artillerie était, à l'origine, situé sur le haut de la caserne. À la construction, son effectif était de 17 officiers, de 32 sous-officiers et de 624 hommes de troupe. À sa mise en service, il était armé de 17 canons de 155 L, de 5 canons de 120 L, de 2 mortiers de 220, de 2 mortiers de 32 et de 2 mortiers de 27. Les fossés étaient défendus par deux ailerons aux saillants II et IV, une caponnière double au saillant III et par deux coffres latéraux de chaque côté de l'entrée (la courtine). Ces ailerons, caponnières et coffres étaient armés de 6 canons-revolver et de 4 canons de 7. La construction a couté 4360770 €.

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La cour

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Le lavoir érigée dans la cour

En 1887, l'entrée du fort se faisait par un pont-levis à bascule par en dessous donnant sur un court couloir couvert débouchant sur la vaste cour. Sur la gauche de l'entrée se trouve un corps de garde suivi de cinq chambrées occupées par les officiers. Cinq autres chambrées sont disposées au sous-sol. Ce sous-sol est accessible par un vaste escalier empruntant un grand puits de lumière à l'arrière du corps de garde. Cet escalier donne également accès au-dessous du pont-levis avec un accès au fossé et, sur la droite, à un des coffres de la courtine. Sur la droite du tunnel d'entrée sont situées la prison et la chambre du commandant d'armes.

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Un des couloirs du casernement

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Un autre couloir

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Le couloir d'entrée

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L'escalier menant au niveau inférieur de l'entrée

En face de l'entrée, après la cour, est érigé le casernement constitué de quinze travées sur un niveau. Sur le côté gauche, les chambrées sont suivies par la boulangerie avec deux fours Lamoureux d'une capacité de 250 rations par fournées. Elle est suivie par les deux magasins à vivres et neuf chambrées servant à divers ateliers. En face des magasins à vivres est situé, dans la direction du fossé de gorge, le magasin aux artifices suivi de la poudrière d'une capacité de 80 t. Entre les magasins à vivres et le magasin aux artifices passe un couloir débouchant dans un passage couvert du chemin de rempart. Il se poursuit au-delà vers l'aileron du saillant II.

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L'entrée de la chambrée servant à la boulangerie de paix

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Une des chambrées de la caserne de paix

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Le four de la boulangerie de la caserne de guerre

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Le côté est du casernement

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La poudrière

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L'entrée de la poudrière

Sur le côté droit du casernement, après une travée servant d'infirmerie, étaient disposées perpendiculairement au casernement quatre grandes chambrées servant de magasins et de logement aux sous-officiers. À l'arrière de ces chambrées se trouvait un couloir débouchant, comme sur le côté gauche du casernement, sur un passage couvert du chemin du rempart et qui se poursuivait vers l'aileron du saillant IV. Sur le côté gauche des chambrées, le couloir débouchait sur la cour. À cet endroit se trouvait la 2e poudrière d'une capacité de 80 t. Les deux couloirs à droite et à gauche sont reliés entre eux par un long couloir passant à l'arrière du casernement. Un autre couloir couvert relie l'arrière du casernement à la caponnière du saillant III avec un débouché dans un passage couvert du chemin de rempart.

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Le chemin du rempart

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Couloir couvert du chemin du rempart

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Une des traverses-abris

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L'entrée de cette traverse-abri

Le casernement était surmonté par le cavalier d'artillerie dont les emplacements de tir étaient séparés par cinq traverses-abris. Ces traverses-abris étaient accessibles par des escaliers situés à l'arrière du couloir passant derrière les chambrées. Deux autres traverses-abris sont disposées entre les saillants I et II et une autre entre le saillant IV et V. À cet endroit se trouvait aussi un petit magasin à poudre. À l'arrière du casernement passe le chemin du rempart desservant les crêtes d'infanterie allant du saillant I au saillant V.

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L'accès au coffre d'escarpe de l'entrée

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Au fond d'une traverse-abri

Le fort fut complété entre 1890 et 1895 par un abri-caverne extérieur d'une capacité de 247 places construit près du village de Dorans. Un magasin de secteur d'une capacité de 38 t de poudre est accolé à cet abri-caverne. Les ouvrages de la Verpillères et de la Batterie, construits à cette époque, complètent les défenses des glacis du fort. Nous trouvons également, à proximité, quatre batteries dont deux étaient armées, en 1914, avec 4 canons de 155 L, une avec 4 canons de 155 C et une avec 4 canons de 120 L. Sept dépôts intermédiaires, de capacité de 570 à 920 obus de 155, complètent le dispositif.

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Une des chambrées de l'entrée de paix

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Les latrines du casernement de l'entrée de paix

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Le dessus de l'entrée de paix avec la sortie sur le fossé

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Le pont d'accès actuel à l'entrée de paix

Après la crise dite de l'obus torpille, le fort va subir une profonde refonte. Entre 1906 et 1908, la défense des fossés est totalement transformée. Le coffre droit de la courtine est bétonné et complété par une entrée de guerre au fond du fossé de gorge muni d'un pont à effacement latéral et d'un corps de garde. Un coffre simple de contrescarpe est construit au saillant V. Un coffre simple de contrescarpe remplace l'aileron du saillant II, un coffre simple remplace la caponnière du saillant III et un coffre double remplace l'aileron du saillant IV. Ces différents coffres de contrescarpe sont reliés au casernement par des galeries passant sous les fossés à une profondeur double par rapport aux autres forts de la place. Les coffres simples sont armés d'un canon-revolver approvisionné avec 1800 obus et d'un canon de 12 approvisionné avec 150 obus. Le coffre double est armé de 2 canons-revolvers et de 2 canons de 12 alors que le coffre de gorge n'a qu'un canon-revolver.

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Entre 1909 et 1913 fut construite sur la droite du casernement une caserne à l'épreuve (caserne de guerre) d'une capacité de 540 places (440 couchées et 100 assises). L'armement du fort fut remplacé par une casemate de Bourges armée de 2 canons de 75 avec 500 obus chacun, une tourelle escamotable de 75 R modèle 1905 armée de 2 canons de 75 avec 2000 obus chacun, une tourelle escamotable de 155 R modèle 1907 armée d'un canon de 155 avec 2000 obus et trois tourelles escamotables de mitrailleuses armées de 2 mitrailleuses Hotchkiss avec 57600 cartouches chacune. Les tourelles à mitrailleuses ont été mises en service le 6 février 1913. Cet armement était complété en 1914 par 7 canons de 90 sur affut de campagne et par 2 mitrailleuses de rempart alimenté par 46200 cartouches chacune.

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La caserne de guerre

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L'accès à la tourelle de 155 de la caserne de guerre

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Le puits de la tourelle de 155

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Le puits de la tourelle de 155

L'entrée de guerre donne sur un couloir ascendant en direction du fossé entre les saillants IV et V. Ce couloir dessert, sur la droite, la casemate de Bourges dont la direction de tir pointe vers les ouvrages des Verpillères et des Grands Bois et le fort du Haut Bois. Cette casemate possède un sous-sol et un observatoire blindé. Après la casemate de Bourges se trouve, toujours sur le côté droit du couloir, la boulangerie de guerre équipée de 2 fours à pain Lespinasse d'une capacité unitaire de 250 rations par fournée. Le couloir débouche ensuite sur un carrefour donnant accès sur la gauche à la cour et le côté droit de la caserne à l'épreuve. À la droite du carrefour part un couloir aboutissant à la tourelle de mitrailleuse ouest. Ce couloir se prolonge ensuite vers le coffre du saillant V.

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Entrée de la caserne de guerre

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Une des couloirs de la caserne de guerre

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Le couloir aboutissant à la tourelle de mitrailleuse ouest

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L'entrée de guerre

La caserne à l'épreuve est constituée de 5 grandes et de 5 petites chambrées. À l'avant et à l'arrière de ces chambrées se trouvent deux couloirs d'accès. Sur le côté gauche (près du casernement de paix) se trouve la tourelle 155 R et les magasins à obus. Cette tourelle possède un observatoire cuirassé. À l'arrière de la chambrée 5 du casernement à l'épreuve part une galerie débouchant sur un passage couvert du chemin du rempart et la tourelle de mitrailleuse sud. Cette galerie se prolonge ensuite vers le coffre double du saillant IV. La galerie reliant le casernement de paix à la caponnière du saillant III a été remplacé par une nouvelle galerie débouchant dans un passage bétonné sur le chemin de rempart. Ce passage bétonné intègre la tourelle de mitrailleuse est. La galerie rejoint ensuite le coffre du saillant III. Le couloir situé sur le côté gauche du casernement de paix a été remplacé par une galerie bétonnée donnant accès à un abri d'infanterie débouchant sur le chemin de rempart. De là, la galerie se poursuit vers le coffre du saillant II. Entre le casernement et l'abri d'infanterie, sur le côté droit de la galerie, se trouve la tourelle de 75 munie d'un observatoire blindé. Au niveau du saillant I fut également construit un abri d'infanterie avec une guérite blindée.

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La façade de l'entrée de guerre

L'alimentation en eau du fort est assurée par deux puits fournissant 300 l par jour et par trois citernes en maçonnerie d'une contenance de 336 m3, 310 m3 et de 156 m3. Une citerne en béton de 320 m3 fut également aménagée dans la caserne à l'épreuve. Le fort communiquait en liaison optique avec le fort du Mont Vaudois et avec le fort Lachaux. Il était relié par téléphone aux ouvrages de la Verpillères et d'Essert et avec le château de Belfort. Après sa connexion au réseau électrique en 1914, le fort fut équipé de l'éclairage et de la ventilation électriques. Une usine électrique équipée de deux groupes électrogènes était également aménagée derrière le corps de garde de l'entrée de guerre.

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La casemate de Bourges

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Magasin de la casemate de Bourges

En 1914, débuta la construction sur le glacis en avant du saillant II d'une batterie cuirassée constituée de deux tourelles escamotables 155 R. La construction fut abandonnée au début de la 1re Guerre mondiale. À la fin de 1915, le fort fut désarmé et les canons envoyés sur le front. Ne fut maintenue dans le fort que la quantité de poudre nécessaire à sa destruction en cas d'attaque ennemie. Après la bataille de Verdun, le fort fut réarmé en 1917. Les entrées furent munies de chicanes en sac de sable avec des mitrailleuses. La tourelle de 155 R reçut un stock de 1600 obus explosifs et de 400 obus à balles. Celle de 75 et la casemate de Bourges furent chacune approvisionnées avec 2400 obus explosifs et 1600 obus à balles. Les tourelles de mitrailleuses reçurent chacune 10080 cartouches.

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Magasin de la tourelle de 155

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Couloir dans la caserne de guerre

En 1939 fut entreprise la réfection de la façade de la caserne de paix, mais le début de la 2e Guerre mondiale stoppa les travaux. De 1941 à 1944, le fort fut entièrement ferraillé par les Allemands. Le fort connut l'épreuve du feu fin 1944 lors de la libération de Belfort où quelques combats opposèrent les Allemands aux résistants. À partir de 1945, le fort servit jusqu'à la fin de la guerre d'Algérie de dépôt de munition à l'armée française. Depuis, il sert de terrain d'exercice à l'armée, mais est le plus souvent laissé à l'abandon. L'état français l'a mis en vente en 2015.

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La cour et la façade du casernement de paix

Ces photographies ont été réalisées en septembre 2015.

 

Y ACCÉDER:

En entrant dans Bermont en venant de Sevenans, poursuivre tout droit jusqu'à la chapelle Notre-Dame du Chêne où il faut prendre à gauche en direction du champ de tir. L'entrée du fort est située en face du prochain virage.

Le fort est fermé au public. Certaines années, des visites sont possibles lors de la journée du patrimoine.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 4 avril 2015

Cette page a été mise à jour le 4 avril 2015