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Les défenses du Bosmont

Lors du siège de Belfort en 1870, les Prussiens installèrent des canons en lisière nord du bois du Bosmont, à l'est de Danjoutin. L'armée française ayant retenu la leçon, décida en 1874 d'investir ce bois afin de repousser au loin une éventuelle nouvelle ligne de siège. Au centre du bois fut donc construit un réduit entouré de plusieurs retranchements d'infanterie et de plusieurs batteries d'artillerie.

Le réduit, dénommé ouvrage Amey, fut construit en 1874/1875. Il a la forme d'un pentagone de petite dimension entouré d'un fossé dont l'escarpe et la contrescarpe sont revêtues de maçonnerie. L'entrée du réduit se fait au 1/3 de la longueur du fossé de gorge par un portail donnant sur la cour. À gauche du portail était placé un corps de garde et à droite un bâtiment longiligne servant de casernement pour les 51 hommes de la garnison. Ce bâtiment est muni de meurtrières pour la défense de la gorge.

À l'arrière du casernement se trouve une longue traverse-abri coupant la cour en deux. Cette traverse-abri a servi de magasin à poudre et aux projectiles. Dans chaque cour se trouve une traverse-abri. À côté desquelles s'ouvrent les souterrains d'accès aux deux caponnières doubles de défense des fossés. Celle du saillant IV est très étroite et ne peut avoir été armée qu'avec des fusils. Celle du saillant II est plus ouvragée avec des avancées protégeant les embrasures de tir. Cette caponnière est actuellement noyée par l'eau stagnante dans le fossé. Les souterrains d'accès aux caponnières bénéficient à mi-longueur d'un puits d'éclairage.

En 1879, le réduit était armé avec 4 canons de 120L et 4 canons de 12. Pour la défense des fossés, la garnison disposait également de 3 canons à balles. À partir de 1906, le réduit était désarmé. Les canons étaient installés dans des batteries extérieures disséminées dans la forêt. La construction du fort a couté 362700 €. Aucun projet de modernisation du réduit n'a été élaboré, mais la construction d'un fort environ 300 m en avant fut envisagée en 1885. Il était prévu pour 240 hommes et devait posséder 5 plateformes de tir double séparé par des traverses-abris. Les seules modifications apportées au réduit furent la construction, probablement durant la 1^re Guerre mondiale, de deux encuvements pour des canons de DCA (antiaériens) et d'un petit abri en béton sur le front entre les saillants I et II.

Actuellement, le réduit est au centre d'un parcours de santé et le fossé de gorge est comblé. Le mur d'enceinte, côté gorge, a été arasé, l'accès au casernement muré et les accès aux caponnières enfouis sous la terre.

Dans les bois autour du réduit furent installés des batteries d'artillerie et des retranchements d'infanterie. Leur nombre est variable selon les sources et oscille entre 12 et 21. Actuellement, il est possible d'en retrouver une dizaine sur le terrain. Les différentes dépressions circulaires visibles dans la forêt et que nous pourrions prendre pour des trous d'obus sont en réalité des dolines liées au sous-sol karstique de la région. Aucun combat ayant eu lieu dans ce bois depuis le siège de Belfort en 1870. Les servants des batteries étaient logés au sein de quatre camps constitués de tentes. Des puits en assuraient l'approvisionnement en eau.

Plan du bois du Bosmont

Pour visiter ces vestiges il faudra, depuis Danjoutin, prendre la D23 vers Méroux. En pénétrant dans la forêt, la route fait un "S" en gravissant la côte. Garez-vous en haut de la côte dans l'amorce du 1^er chemin forestier sur la gauche. Prenez à pied ce chemin. Avant le 1^er croisement, vous verrez, sur la droite, l'emplacement d'une batterie (1) constitué de levée de terre délimitant des plateformes de tir pour 6 canons de 120 ou 155. Du côté est, une esplanade ayant pu recevoir un hangar est encore visible.

En poursuivant sur ce chemin va apparaitre sur la gauche, en contrebas du chemin, une batterie (2) pour 4 canons de 120 ou 155. Les plateformes de tir sont encore très visibles. Un chemin disparaissant sous la végétation longe l'arrière des plateformes.

Après cette batterie, prendre le chemin partant sur la droite. Avant le croisement suivant se cachent les plateformes de tir de la batterie (3) la plus proche du réduit. Elle était prévue pour recevoir 4 canons de 90 ou 95. Elle comprend des parapets en pierre sèche. Au croisement, le chemin de gauche mène au réduit décrit ci-devant.

Après la visite du réduit, revenez sur vos pas vers la batterie 3 et continuez tout droit. Au prochain croisement, poursuivez tout droit. Au moment où le chemin devient un sentier entamant une montée sur le coteau, prenez le sentier qui descend sur la gauche. Il aboutit dans le chemin de rempart d'une grande batterie (4) moderne enfouie dans le sol. Celle-ci, construite après 1900, possède des abris et des parapets en béton. Le long du chemin du rempart (de l'est vers l'ouest) sont aménagés, successivement, quatre niches à munitions, un petit abri (dimension interne 1,20 x 1,20 m), une plateforme de tir, un abri simple, une plateforme de tir, un abri double, une plateforme de tir, un abri simple, une plateforme de tir et deux niches à munitions. Les plateformes de tir sont séparées par d'épaisses traverses dont les abris occupent l'extrémité côté chemin du rempart. À l'avant de chaque plateforme de tir, prévu pour des canons de 120 ou 155, sont placées deux niches à munitions. La moitié de ces niches sont toujours équipée de ses portes métalliques.

Les abris simples sont constitués d'une chambre de 4 x 1,50 m précédé d'un couloir transversal aux extrémités duquel sont disposées les deux portes d'accès. Le tout formant une entrée en chicane. L'abri double possède une entrée identique, mais le couloir donne sur deux chambres de 2 x 2 m. Sur les murs des abris subsistent encore des supports de banquettes rabattables. À l'arrière de chaque plateforme de tir est disposé un plan incliné pour le passage du canon.

Au bout de la batterie, le talus est le tracé d'une ancienne voie de chemin de fer à voie étroite (60 cm), probablement celui qui assurait la liaison entre les différents forts de la ceinture de Belfort.

Revenez sur vos pas et au croisement prendre à gauche (tracé du GR532 balisé d'un rectangle jaune). Au prochain croisement subsistent, sur la gauche du chemin, les vestiges d'une autre batterie (5) de 4 canons de 90 ou 95. Les levées de terre assurant la protection des plateformes de tir sont actuellement trouées par les terriers d'une famille de blaireaux. Au-delà du croisement se trouvait une batterie identique, mais elle n'est plus vraiment discernable.

Au croisement, poursuivez sur la droite et rejoignez la route. Sur la gauche du chemin se trouve un des puits construits par les militaires. Au-delà de la route, sur la gauche du chemin, se trouve une autre batterie (6) pour 4 canons de 120 ou 155. Un peu plus loin, le long du sentier partant sur la gauche, se trouve les vestiges d'une batterie (7) pour 4 canons de 90 ou 95.

Revenez vers l'endroit où se trouve votre moyen de locomotion et prenez le chemin opposé à celui du départ. Prendre ensuite le sentier partant sur la droite. Il mène à l'emplacement bien conservé de 4 plateformes de tir totalement enfouies dans le sol et séparées par des traverses. Cette batterie (8) était prévue pour des canons de 120 ou 155. Un peu plus loin, à gauche du chemin, après le virage en fer à cheval, se trouve, dans une dépression (fossé ?), une batterie (9) constituée de 3 plateformes de tir pour canon de 120 ou 155.

L'ensemble de ces batteries était alimenté en poudre et en projectiles depuis un magasin de secteur lui-même alimenté depuis les magasins centraux de Belfort. Le magasin du Bosmont est situé au bas de la côte, à droite de la route allant de Danjoutin à Méroux, juste avant le 1^er virage du "S" de la côte. Il s'agit d'un magasin sous roc pourvu de deux entrées.

Les deux entrées sont séparées par une vingtaine de mètres. L'entrée gauche débouche, au bout d'une galerie de 22 m de longueur, sur un sas de 4 x 4 m. Ce sas disposé sur la droite de la galerie précède une grande chambre de 11 x 6 m placée perpendiculairement à la galerie. Un autre sas, de 2,50 m de longueur et large de 6 m, suit cette chambre. L'entrée de droite débouche par une galerie (2) de 7,50 m de longueur sur une galerie perpendiculaire (3). Cette galerie 3 débouche, sur la gauche après un virage à angle droit, dans le sas à l'arrière de la grande chambre. Sur la droite, cette galerie (3) débouche, après un virage à angle droit, dans une petite chambre de 9 x 4 m. Au fond à droite de cette petite chambre, une autre galerie (4) rejoint le sas arrière de la grande chambre. Dans la galerie 4 et dans la partie droite de la galerie 3 sont aménagées deux niches à munitions de 100 cm de large et profondes de 120 cm. Une troisième niche, de 200 cm de large et profonde de 80 cm, est placée sur la partie gauche de la galerie 3. La capacité de stockage de ce magasin était de 74 t de poudre.

Les deux entrées sont précédées d'une esplanade ceinturée d'un mur. Des vestiges de bâtiment sont encore présents le long de ce mur face à la façade du magasin. Sur la gauche de cette esplanade se trouve un local de 5 x 5 m creusé dans le roc et secondé par un petit coffre de défense. Les deux locaux sont précédés d'une petite cour donnant sur l'entrée de l'esplanade. Il s'agit du poste de garde du magasin.

Le poste de garde

Ces photographies ont été réalisées en avril 2013.

Y ACCÉDER:

De Danjoutin, prendre la D23 vers Méroux. Le magasin de secteur est situé à droite après la sortie du village juste avant le virage entamant la montée de la côte du Bosmont.

Poursuivez sur la route et garez-vous dans l'amorce du 1^er chemin forestier sur la gauche en haut de la côte. Suivez ce chemin pour accéder au réduit du Bosmont.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

Cette page a été mise en ligne le 29 juin 2013

Cette page a été mise à jour le 13 février 2015