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Le fort du Mont-Vaudois

Le Mont-Vaudois domine de 200 m la rivière Lizaine et la ville d'Héricourt. Il est occupé par les hommes depuis la préhistoire. Ils y ont implanté une immense nécropole. Un recensement récent a dénombré plus de 1000 petits tumuli comprenant chacun une tombe à incinération. La valeur stratégique du Mont-Vaudois apparut en 1871. À la mi-janvier 1871, les Prussiens y installèrent leur artillerie durant la bataille de la Lizaine ou d'Héricourt au cours de laquelle ils défirent les troupes du général Bourbaki venu au secours de la ville de Belfort assiégé par ces mêmes Prussiens.

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La cour du casernement

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Ce fait ne fut pas oublié par le général Séré de Rivières lorsqu'il conçut le camp retranché de Belfort. Il décida d'y implanter un fort d'arrêt chargé de la surveillance de la vallée de la Lizaine, la plaine de Chalonvillers et les voies de communication entre Belfort et Montbéliard. Un premier projet, conçu en 1874, fut jugé trop ambitieux et trop onéreux. Les travaux pour un autre projet débutèrent le 21 octobre 1874 pour s'achever le 31 décembre 1877.

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L'entrée du fort

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L'entrée fermée par le pont-levis

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Le fossé de gorge

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Les bâtiments situés derrière l'entrée

Le fort construit a la forme d'un trapèze dont la grande base est placée au nord face au versant très pentu du Mont-Vaudois. Ce versant fut jugé suffisamment abrupt pour ne pas nécessiter la construction, à cet endroit, d'un fossé de protection. Les trois autres côtés du fort sont munis d'un fossé sec d'une dizaine de mètres de largeur et d'une profondeur de 5 à 8 m. Les fossés sont défendus par une caponnière double, implantée au saillant IV, et par une caponnière simple, implantée au saillant III. La caponnière double couvre le fossé ouest (front de gorge) et le fossé sud alors que la caponnière simple couvre le fossé est. Les embrassures de tir de ces caponnières sont protégées par de grandes visières voutées. Elles étaient armées avec trois canons revolver (voir descriptif au fort du Mont-Bart) et avec trois canons de "12 culasse".

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La visière de la caponnière double

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La caponnière double

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La caponnière double

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Créneaux à grenades de la caponnière simple

L'entrée du fort est située sur le côté ouest (front de gorge) et est constituée d'un pont-levis assurant la fermeture de la porte d'entrée. Cette entrée donne sur des locaux annexes comprenant la forge et une écurie pour six chevaux. De ces locaux part, de chaque côté, un chemin dit de l'infanterie. Il dessert une crête d'infanterie couvrant les fossés est, sud et ouest. Cette crête était destinée à la défense rapprochée par des tirs de fusils. À la sortie de ces locaux se trouve le chemin de rempart. Celui-ci forme un grand ovale desservant 24 plateformes à canons et 20 traverses-abris.

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Le chemin de rempart

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Une des traverses-abris

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Le chemin de rempart

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Une des traverses-abris

Au centre de la zone délimité par le chemin de rempart est placé le casernement accessible au travers de passages couverts. La zone de casernement est constituée de deux cours disposées en enfilade (sens est/ouest) et séparée par une travée en forme d'arc de triomphe. De chaque côté de la cour sont disposées 14 travées, soit 28 chambrées, utilisées en casernement ou en magasins. Dans l'une d'elles, du côté sud, est installée une boulangerie équipée de deux fours à bois Lespinasse, pouvant produire chacun 250 rations de pain à chaque fournée. Au sein de ce casernement se trouvait également une infirmerie de 30 lits. À l'arrière de chaque rangée de travées se trouve un couloir de circulation. Ces couloirs donnent accès au chemin de rempart.

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Entrée d'une des chambrées de la caserne nord

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Une des chambrées de la caserne nord

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Une des chambrées de la caserne renforcée (côté sud)

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Les fours à pain de la boulangerie

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Le couloir à l'arrière des chambrées
de la caserne renforcée (côté sud)

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Le couloir transversal côté sud-ouest

Le couloir à l'arrière de la caserne nord donne accès aux deux magasins à poudre implantés à l'est et à l'ouest du casernement. Chaque magasin à poudre a une capacité de 90 tonnes de poudre noire. Un magasin à cartouches d'une capacité de 120 000 cartouches est implanté le long du chemin de rempart côté nord. Sur les côtés est et ouest du casernement est disposé un couloir perpendiculaire à l'axe du casernement. Au centre du couloir est se trouve une exceptionnelle rotonde avec une voute octogonale. Au sud-ouest du casernement sont implantées deux citernes séparées par un tunnel dans lequel sont implantés quatre décanteurs. Ces décanteurs alimentent une fosse de distribution se déversant dans les deux citernes. À une date non connue, trois citernes-sarcophages ont été implantées sous trois travées de la caserne sud. L'une d'entre elles est restée inachevée. L'alimentation en eau est complétée par une source Rouby implantée sur l'escarpe entre l'entrée et le saillant IV. Il s'agit d'une zone d'infiltration et de filtration par lit de sable d'eau de pluie implantée sur une dalle en argile canalisant l'eau vers une citerne. Celle-ci est implantée en face de la caponnière double et une pompe installée dans la gaine d'accès à cette caponnière permettait le transfert de l'eau vers les citernes internes.

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Le magasin à poudre nord-est

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Les bassins de filtration de l'eau

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La citerne-sarcophage inachevée

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Une des citernes-sarcophages

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La rotonde

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Le couloir transversal au nord-est du casernement

Le fort possède, chose rare, une deuxième entrée. Celle-ci, placé au saillant II, est munie d'un pont à effacement latéral. Selon certains plans, cette entrée donne sur une "route de retraite". L'association qui s'occupe actuellement de ce fort a pu déterminer qu'une voie de chemin de fer étroite menait à cette entrée. Elle devait probablement relier le fort à Belfort. Le fort, de son nom officiel "Fort Broussier", avait un effectif de 15 officiers, de 28 sous-officiers et de 624 soldats. Sa construction couta la somme de 6 045 558 euros.

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La 2e entrée du fort

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La 2e entrée du fort

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Une des liaisons souterraines du fort

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Un autre secteur de ces souterrains

En position centrale, entre le chemin de rempart nord et le casernement, sont disposé en arc de cercle quatre casemates à canons à tir indirect. Ces casemates couvrent un angle de tir de 180° orienté vers le sud. Le tir des canons se faisait par-dessus le casernement en direction d'Héricourt. En 1878, le fort était armé avec huit canons de 155 L, neuf canons de 120 L, quatre canons de 138 et un mortier de 32. Selon certaines sources, il faudrait ajouter quatorze mortiers de 22 et onze mortiers de 15 affectés à la défense du versant nord du Mont-Vaudois. Ce nombre de mortiers est très élevé comparé aux affectations connues pour les autres forts de l'époque. En 1886, l'armement se composait de dix canons de 155 L, de neuf canons de 120 L, de cinq canons de 138, de neuf canons de 8 pouces, de neuf canons de 7 pouces, de trois mortiers de 22 et de quatre mortiers de 15.

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Embrassure de tir des caves à canons

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Emplacement du canon dans la casemate des caves à canons

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Couloir à l'arrière des caves à canons

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Les caves à canons

Le fort connut plusieurs campagnes de modernisation ainsi que des projets de transformation qui restèrent sans suite. En 1883 fut installé, au-dessus de la caponnière simple, un poste de communication optique à cinq directions. Il pouvait ainsi communiquer avec six des forts de la ceinture fortifiée de Belfort et de Montbéliard, les forts du Mont-Bart, de Lachaux et du Lomont, du Haut-Bois, du Bois d'Oye et du Salbert.

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A l'intérieur du poste optique

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Coupole de l'observatoire cuirassé

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L'observatoire bétonné au nord-est du casernement

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Chemin de rempart et plateforme de tir au nord-est du casernement

En 1890 fut creusé sous la crête d'artillerie au sud-ouest du casernement un abri-caverne. Celui-ci est constitué de deux chambres disposées perpendiculairement l'une à l'autre. Ces chambres sont entièrement doublées par des parois en briques et la grande chambre est munie à l'une de ces extrémités d'une grande cheminée à feu ouvert. L'abri-caverne, prévu pour coucher 300 hommes, est accessible au travers de deux entrées débouchant sur le chemin de rempart et depuis une galerie greffée sur la galerie d'accès à la caponnière double. À la suite de la crise dite de l'obus-torpille, la caserne sud et l'entrée du saillant II furent renforcé, en 1900, par une carapace en béton. À partir de 1908, le fort fut relié au réseau électrique et un éclairage et une ventilation électriques furent installés dans le casernement.

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L'abri-caverne

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L'abri-caverne

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La cheminée de l'abri-caverne

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Le couloir d'accès depuis la caponnière double

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Un des accès à l'abri-caverne

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Galerie d'accès à la caponnière double

Les projets de modernisation élaborée à partir de 1910 prévoyaient l'installation d'une batterie de deux tourelles de 155 R au saillant I, d'une tourelle de 75 modèle 05 au saillant II, d'une autre au saillant IV, de trois tourelles de mitrailleuses (au saillant I, II et au centre du front sud) et de cinq observatoires cuirassés. Ne virent le jour que les fondations des deux tourelles de 155R et l'excavation pour la tourelle de mitrailleuses au saillant II. Les travaux, débutés en 1914, furent interrompus par la 1re Guerre mondiale. Des observatoires cuirassés, un seul fut implanté au centre du front sud. Durant la 1re Guerre mondiale, un observatoire bétonné fut implanté à l'angle sud-est du casernement.

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Les fondations des tourelles de 155 R

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L'excavation de la tourelle de mitrailleuse au saillant II

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Un abri d'infanterie près de l'excavation de la
tourelle de mitrailleuse du saillant II

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Abri d'infanterie au saillant I

En 1914, les canons furent, comme dans tous les forts, retirés pour être envoyés au front. Il ne subsistait à l'époque dans le fort que deux canons de 155 L, six canons de 120 L, trois canons de 90, quatre mortiers de 22 et onze mortiers de 15. L'armement fut renforcé par sept mitrailleuses. Le fort ne connut pas de combat au cours de la 1re Guerre mondiale ni en 1940. Lors de leur retraite devant les troupes alliées, les Allemands se retranchèrent le 19 novembre 1944 dans le fort. Les hommes du 8e régiment de Tirailleurs Marocains le prirent d'assaut à plusieurs reprises, mais sans succès et au prix de nombreuses pertes. Les Allemands évacuèrent discrètement le fort dans la nuit du 21 novembre 1944.

plan

Le fort était complété par quatre batteries extérieures. Les batteries 1 et 2 étaient implantées en avant du front ouest et les batteries 3 et 4 en avant du front est. Les batteries 1 et 4 possédaient quatre plateformes de tir et les deux autres batteries avaient trois plateformes. En 1914, la batterie 2 était armée avec trois canons de 120 L, la batterie 3 avec trois canons de 155 L, la batterie 4 avec quatre canons de 155 L alors que la batterie 1 était désarmée. Chaque couple de batteries possédait un magasin à poudre dit intermédiaire. En avant du front sud étaient implanté, au-delà du réseau de fil de fer barbelé, trois ouvrages terrassés pour l'infanterie.

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La batterie extérieure n°1

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L'entrée du magasin de la batterie n°1

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Une des deux chambres du magasin de la batterie n°1

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Le couloir du magasin de la batterie n°1

Ces photographies ont été réalisées en mai 2016.

 

Y ACCÉDER:

De Belfort, prendre la direction de Héricourt/Vesoul par l'autoroute A36 puis par la nationale N1019. Sur la voie rapide, prendre la sortie 9 pour Luze - Chagey. Prendre la D16 vers Luze et tout de suite après le rond-point en sortie de la voie rapide, prendre le chemin à droite vers la déchèterie. Suivre ce chemin qui grimpe vers le sommet du Mont-Vaudois où se trouve le fort. Des visites guidées sont organisées tous les 1er mercredi du mois à 14 h ou lors des journées du patrimoine.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 11 juillet 2016

Cette page a été mise à jour le 13 mai 2017