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Le fort du Salbert

Le mont Salbert, premier ballon des Vosges, domine largement la ville de Belfort et sa ceinture de fort. Haut de 650 mètres et situé au nord-ouest de la ville, il permet la surveillance de l'axe de communication menant vers Vesoul et Langres. Il fut donc naturellement choisi par le général Séré de Rivières pour recevoir un des tout premiers forts de la place. La construction débuta en novembre 1874. Le fort fut déclaré opérationnel en décembre 1877.

le casernement 2
Vue sur le casernement

Le cœur du fort est la caserne, constitué de sept travées de deux étages. Ce casernement est précédé d'une cour. Sur la droite de cette cour sont situées différentes pièces ayant servi à l'intendance avec notamment la boulangerie (four de 300 rations). Sur le côté gauche s'ouvre un couloir débouchant sur la rue du rempart. Ce couloir dessert sur sa gauche deux magasins, certainement la cartoucherie (prévu pour 11540 gargousses de 138 et 13594 gargousses de 7), et sur la droite la poudrière de 100 t de capacité. La poudrière était éclairée par quatre créneaux à lampes. Elle est, comme toutes les poudrières, précédée d'une antichambre et bénéficie d'un vide sanitaire sous le plancher. Elle est entourée d'un étroit couloir donnant accès à la salle des lampes située à l'arrière.

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La façade du casernement

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Une des chambrées au 1er étage du casernement

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Le côté droit du casernement (côté intendance)

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Le côté gauche du casernement (côté poudrière)

couloir de la poudriere
Le couloir d'accès à la poudrière

la poudriere
L'antichambre de la poudrière

la poudriere
La poudrière

la cartoucherie
La cartoucherie

À l'avant de la cour se trouve le casernement de gorge au centre duquel se situe l'entrée du fort. Cette entrée, équipée d'un pont-levis à bascule par en dessous, donne sur le côté gauche de la cour. De chaque côté de l'entrée sont situées, en sous-sol, cinq chambrées suivies des caponnières de gorge. La caponnière droite est reliée à la partie intendance du casernement principal alors que celle de gauche est reliée à la rue du rempart. Celle-ci décrit un arc de cercle à l'ouest du casernement. Elle débute au niveau de la caponnière de gorge gauche pour se finir vers le milieu arrière du casernement principal. Elle dessert six plateformes de tir séparé par des abris-traverses. Trois autres plateformes de tir étaient aménagées au-dessus du casernement principal.

l'entrée
L'entrée du fort

entrée 3
Le couloir de l'entrée.

caserne de gorge 1
L'escalier d'accès à la caserne de gorge côté droit.

caserne gorge 3
Une des chambrées de la caserne de gorge.

chemin du rempart 1
La rue (chemin) du rempart.

chemin du rempart 2
Un des abris-traverses de la rue du rempart.

chemin du rempart 6
Le bout de la rue du rempart

chemin du rempart 5
Un autre des abris-traverses.

Le fossé entourant le fort a une forme de pentagone irrégulier à cinq saillants. Le côté sud est défendu par les deux caponnières de gorge. Les côtés sud-ouest et sud-est sont chacun défendus par une caponnière simple disposée aux saillants II et IV. Le côté nord est défendu par une caponnière double disposée en son centre au saillant III. Les créneaux de tir de cette caponnière sont pourvus de deux grandes visières. L'accès à la caponnière du saillant II se fait par une galerie partant du troisième abri-traverse de la rue du rempart (curieux abri-traverse double). La caponnière double du saillant III est accessible par une galerie débouchant dans la rue du rempart entre les abris-traverse cinq et six. La galerie d'accès à la caponnière du saillant IV part du couloir situé à l'arrière des travées du casernement. Comme dans beaucoup de ces forts, des galeries souterraines furent creusées en 1917 (travaux de 17). Au fort du Salbert cette galerie de 17 relie la caponnière du saillant II à celle du saillant III. Après avoir croisé la galerie d'accès à celle-ci, cette galerie rejoint le couloir à l'arrière du casernement. C'est une galerie taillée dans le roc et non revêtue. Un sas en béton équipé d'une porte métallique a été installé dans cette galerie. L'ensemble des constructions de ce fort est réalisé en maçonnerie en grès rose ou pierre calcaire. Celles-ci ont dans un deuxième temps été recouvertes d'une pellicule de béton.

le fossé
Le fossé à l'est du fort

gorge 1
Le fossé au niveau de la gorge (entrée) du fort

caponiere est
Le couloir d'accès à la caponnière du saillant IV.

caponiere 5
Dans la caponnière du saillant IV.

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Dans la caponnière du saillant IV.

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Embrasure de tir de la caponnière du saillant IV.

Le fort était conçu pour un effectif de 13 officiers, 24 sous-officiers et 460 hommes de troupe. Il possédait également une infirmerie avec 24 lits. Son alimentation en eau était assurée par un puits et une citerne de 300 m3. Sa construction a couté 2120332 francs-or (environ 5 915 730 €). Son armement en 1879 était composé de cinq canons de 155 L, neuf canons de 120 L, cinq canons de 95, quatre canons de 5, deux canons à balles, trois mortiers de 22 et quatre mortiers de 15. Les caponnières étaient armées de six canons de 4 et de six canons à balles.

L'armement du fort évolua au cours des années en se réduisant. En 1914, il était plus que constitué de deux canons de 155L, quatre canons de 90, deux mortiers de 22 et neuf mortiers de 15. La défense des fossés était réalisée par six canons révolver et trois canons de 12 culasse. Plusieurs projets de modernisation furent conçus. Parmi ceux-ci, nous pouvons retenir l'installation d'un observatoire cuirassé, d'une tourelle Galopin double, de trois tourelles de mitrailleuses ou d'une tourelle de 75 et le renforcement du casernement. Le manque de crédits ne conduit finalement qu'à la réalisation du renforcement de l'entrée et de la caponnière double (en 1890) par la mise en place à l'intérieur de piédroits en béton armé. À partir de 1908 fut installé l'éclairage électrique.

plan du fort

Pour voir l'évolution du fort passer la souris sur le plan. (avec IE il faut autoriser le contenu bloqué).

Le fort était au centre d'un pôle défensif s'étendant sur l'ensemble du mont Salbert. À l'ouest, parallèle aux saillants I et II, était disposée la batterie "Ouest" constituée de plateformes pour quatre canons. Sur le côté est du fort s'étendent six plateformes de tir séparé par des abris-traverses. Elles forment une ligne partant du saillant IV vers l'est puis s'infléchissant au bout de la quatrième plateforme vers le sud-est. Cette ligne de batterie, nommée "batterie Est-enveloppe", se termine avec un poste optique permettant la communication selon cinq directions. Ce poste optique fut construit en 1882. Il complète un premier poste construit en 1880 au centre de l'esplanade délimité par les six plateformes de tir. Ce premier poste optique permettait la communication selon six directions. Le fort du Salbert pouvait ainsi communiquer avec certains forts de la ceinture de Belfort. Un peu plus vers l'est se trouvait la batterie "2" constituée de trois plateformes et la batterie "Est" également constituée de trois plateformes (cela se trouvait à l'emplacement actuel des pylônes radio). L'ensemble de ces batteries était armé de 23 canons et sept mortiers. Au nord, au pied du mont, sont implantés trois ouvrages d'infanterie, les ouvrages de la Forêt, du Haut d'Evette et du Nord du Salbert.

abri infanterie 3
Plateforme de tir de la batterie ouest.

abri infanterie 4
Niches à munitions de la plateforme de tir.

batterie 3
La batterie de tir du côté est.

batterie 1
Les abris-traverses de la batterie est.

poste optique 2
Le poste optique de 1882.

poste optique 1
Le poste optique de 1880.

poste optique 1-2
Le poste optique de 1880.

batterie 4
Une des plateformes de tir de la batterie est.

Sur le flanc sud du mont ont été installés un magasin de secteur, dénommé magasin de Cravanche, et un abri-caverne. Le magasin de Cravanche a été construit en 1888 et possède deux entrées distantes d'une quinzaine de mètres. Ces entrées, toujours pourvues des portes d'origine, sont condamnées. L'abri caverne a été construit en 1890. Il comprenait une grande salle où étaient installées deux rangées de 34 lits doubles offrant le couchage à 272 hommes. L'accès à la salle s'effectuait au travers de trois couloirs perpendiculaires débouchant sur trois entrées. Les couloirs étaient situés à chaque extrémité et au centre de la salle. L'entrée de droite possédait un corps de garde et un local de latrines. Le couloir central se prolongeait au-delà de la salle principale pour déboucher sur une seconde salle prévue pour vingt lits doubles. Cette deuxième salle était complétée par un magasin de 2 m sur 3 m.

abri sous roc
Une partie du magasin de Cravanche.

galerie de 17
L'entrée des galeries de 17 à l'arrière du casernement.

accès caponierre ouest
L'accès à la caponnière de saillant II.

accés caponierre ouest
L'abri-traverse accolé au couloir d'accès à la caponnière du saillant II.

abri chemin du rempart
Un des abris de la rue du rempart situé juste avant l'accès à la caponnière double.

accès casernement
Le couloir de liaison entre l'arrière du casernement et la rue du rempart.

boulangerie
L'ancienne boulangerie.

boulangerie 4
Latrines (?) dans la partie intendance du casernement.

Le fort du Salbert officiellement dénommé Fort Lefebvre connaitra à partir de 1953 une nouvelle vie. L'armée de l'air va le transformer en station radar annexe à celle installée dans le fort du ballon de Servance. Il s'agira de l'ouvrage "G" de la Défense Aérienne du Territoire (DAT). Les installations de traitement des données et de commandement vont être installé dans l'abri caverne qui sera totalement transformé. De nombreuses salles seront creusées. Le cœur de l'installation sera constitué de la salle des opérations, vaste amphithéâtre de deux étages sur lequel s'ouvrent plusieurs cabines. Les différentes salles seront reliées entre elles par des galeries munies de sas étanches. D'autres galeries menaient à des puits d'aération et permettaient le passage des câbles d'antennes vers le fort. Les entrées dans les installations souterraines se faisaient par une entrée des hommes et par une entrée du matériel. Ces entrées étaient équipées de portes blindées et de sas étanches destinés à parer le souffle des explosions extérieures et les éventuelles attaques au gaz. Ces entrées, qui ont remplacé les entrées de l'abri caverne d'origine, sont visibles le long de la route montant au fort du Salbert.

cartoucherie 2
La cartoucherie transformée en chambre d'antenne.

cartoucherie 3
Reste de rack électronique dans la cartoucherie.

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Salle d'antenne dans la poudrière.

salle radar
La salle d'antenne installée à l'avant du fossé de gorge.

Le fort lui-même fut profondément remanié. Il devait servir de casernement au personnel affecté à la base. Six antennes de détection et une antenne UHF/VHF y furent installées. Chaque antenne nécessitait une chambre dite d'antenne pour y abriter l'appareillage électronique. Une de ces chambres fut installée dans la cartoucherie et une autre le fut dans la poudrière qui fut cloisonnée. D'autres furent installés dans les chambrées à l'étage du casernement et une nouvelle pièce fut créée à l'avant du fossé devant le saillant V. Les casernements furent également remaniés et eurent droit au chauffage central au mazout et à un système de conditionnement d'air principalement destiné à l'appareillage électronique. Des douches modernes ont été installées dans le casernement de gorge et dans les pièces de l'intendance du casernement principal. De nombreux vestiges de ces installations sont toujours en place notamment les gaines de ventilation ou les cuves à mazout. L'alimentation électrique était assurée par quatre groupes électrogènes Alsthom entrainés par des moteurs diesel de 260 chevaux. Les installations ont été prévues pour un effectif de 500 hommes, mais une garnison de 350 hommes semble plus réaliste.

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Les douches dans le casernement de gorge.

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Une des chambrées du casernement de gorge transformées en chaufferie. Les vestiges de la chaudière ont mystérieusement été transférés dans le couloir d'accès à la caponnière du saillant IV.

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Les cuves à fuel dans le casernement de gorge.

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Une des chambrées du casernement.

Les différents travaux furent achevés en mars 1958. La base fonctionnera de manière opérationnelle jusqu'à la fin de 1959. Il s'avéra que le matériel installé était, lors de sa mise en service, déjà dépassé technologiquement et que la couverture à basse altitude était inefficace. Sa portée était, de plus, très limitée. Les activités furent donc transférées à la station du ballon de Servance. Le site fut cependant maintenu en état de marche et la caserne fut même modernisée comme en témoigne le remplacement en 1969 de la cuisine au mazout par une cuisine électrique. La surveillance du site était assurée par les commandos de l'air de la base aérienne 116 de Luxeuil-les-Bains. La même année fut installé un relais hertzien de l'armée de l'air. Et en 1970, les baraquements installés à l'est du fort (sur l'emplacement de l'actuel parking du site de loisir) accueillirent une colonie de vacances de l'action sociale des armées. Ces baraques avaient été installées pour abriter le personnel durant l'aménagement du fort.

couloir arriere casernement
Le couloir à l'arrière des chambrées du rdc du casernement.

boulangerie 6
Un point d'eau dans la partie intendance du casernement.

poste antenne
Le support d'antenne au-dessus de la poudrière.

boulangerie 7
Local dans la partie intendance du casernement

En 1972, l'armée vendit le site à la ville de Belfort. Avant la cession, le Génie procéda au démontage de l'ensemble des éléments récupérables. De 1978 à 1983, la ville de Belfort réaménagea le sommet du mont Salbert en zone de loisirs. Une association prévoyait la valorisation du fort et de l'ouvrage souterrain. Après le nettoyage et la sécurisation d'une partie du site, de nombreuses dégradations furent constatées comme la destruction de cloisons à la masse, etc.. Plusieurs explosions d'engins artisanaux furent même constatées. Ces explosions ont provoqué le déflocage de l'amiante des plafonds et même l'effondrement d'un plafond en 2001. Pour des raisons de sécurité, le projet fut abandonné et les accès à l'ouvrage souterrain ont été définitivement condamnés.

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Le casernement de gorge vue depuis le pont d'accès à l'entrée du fort.

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Le mur de contrescarpe en face de la caponnière du saillant IV.

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Le couloir entourant la poudrière

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Un ancien ventilateur dans le casernement

Ces photographies ont été réalisées en octobre 2010.

 

Y ACCÉDER:

L'accès au sommet du mont Salbert se fait depuis le village de Cravanche. De nombreux chemins permettent de faire le tour du fort et d'admirer les ouvrages extérieurs.

 

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont donnés sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accès au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 21 novembre 2010

Cette page a été mise à jour le 13 février 2015