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La basilique Notre-Dame
du Mont-Cornadore

L’église Notre-Dame du Mont-Cornadore de Saint-Nectaire se distingue non seulement par la rigueur géométrique de son plan roman auvergnat, mais aussi par la richesse exceptionnelle de ses chapiteaux sculptés, qui forment un catéchisme visuel. Perchée sur le mont Cornadore, c'est un joyau de l’art roman auvergnat. Elle est une des cinq basiliques dites "Majeures" d'Auvergne aux côtés des basiliques Notre-Dame-du-Port de Clermont-Ferrand, Notre-Dame d'Orcival, Saint-Saturnin de Saint-Saturnin et Saint-Austremoine d'Issoire.

D'après la légende, Austremoine serait parti de Rome en 253 avec plusieurs de ses disciples pour christianiser l'Auvergne. Accompagné dans sa tache par Nectarus, Baudenius et Auditor, il se consacra aux villes de Clermont-Ferrand et d'Issoire. Ses trois compagnons s'occupèrent de la région des Monts Dore. Les habitants de la région furent difficiles à convaincre, car sur le Mont Cornadore résidait leur divinité ancestrale. Saint-Nectaire réussit à christianiser la région en ressuscitant un gallo-romain du nom de Bradulus. Le cortège funéraire de celui-ci passant à côté de l'endroit où Saint-Nectaire annonçait l’Évangile, les proches du défunt l'implorèrent de faire quelque chose. Il prit le bras du mort et lui ordonna de se lever. Ce miracle permit à Saint-Nectaire de convertir l'ensemble de la population. Saint-Nectaire put ensuite construire une première église pour baptiser les nouveaux croyants. Après sa mort, il fut inhumé dans son église et un culte commença à se répandre dans la région. Par la suite, ses deux compagnons (Saint-Baudime et Saint-Auditeur) furent également ensevelis à ses côtés dans l'église.

L’église Notre-Dame du Mont-Cornadore fut construite entre 1140 et 1170 environ, possiblement sur d’anciennes fondations du XI^e siècle, sous l’impulsion des moines bénédictins de La Chaise-Dieu. Une datation au C14 faite sur du mortier donna comme résultat 1000 à 1020. Une bulle du pape Alexandre III de 1178 cite l'église comme étant une propriété de l'abbaye de La Chaise-Dieu. À la Révolution, l'église fut sérieusement endommagée. Les tours et le clocher furent détruits et une partie du trésor liturgique fut fondu. L'église fut alors transformée en usine à salpêtre. Rendue au culte en 1804, elle fut classée monument historique en 1840. L'architecte diocésain, Aymon Mallay, reconstruisit les deux tours de la façade, couverte de tuiles creuses, en 1854. L’architecte des monuments historiques, Louis Clémentin Bruyère, restaura le clocher en s'inspirant de celui de la basilique de Saint-Saturnin. En 1877, on refit la toiture en pierre de Volvic. Au cours du XIX^e siècle, on refit également les vitraux. Une campagne de restauration des chapiteaux polychromes eut lieu entre 2006 et 2007.

L'église Notre-Dame du Mont-Cornadore mesure 40 m de long, pour une largeur de 12,80 m au niveau de la nef. La largeur du transept est de 23,30 m. La hauteur de la nef est de 15 m et la coupole de la croisée du transept culmine à 18,50 m. La hauteur du clocher est de 31 m. L'édifice est orienté selon l'axe traditionnel ouest-est, avec la façade tournée vers le couchant et le chevet vers l'orient. Son plan suit le modèle des grandes églises romanes auvergnates avec une nef principale de quatre travées, flanquée de deux bas-côtés, un transept non saillant, dont chaque bras possède une chapelle orientée semi-circulaire, et un chœur en hémicycle entouré d’un déambulatoire. Le déambulatoire dessert trois chapelles rayonnantes. La croisée du transept est surmontée d’un clocher octogonal à deux niveaux, reposant sur un massif barlong à trompes, qui assure la transition entre la base carrée et la tour polygonale. La nef est précédée d’un narthex d'une travée, surmonté autrefois d’un clocher-porche détruit remplacé aujourd'hui par deux tours. Les voûtes sont construites en moellons de trachyte enduits. La nef est couverte d’une voûte en berceau continu renforcé par des arcs doubleaux, les bas-côtés par des voûtes d’arêtes croisées, la croisée par une coupole sur trompes, le déambulatoire est voûté en quart de cercle et le chœur est voûté en cul-de-four. La construction alterne trachyte sombre, roche volcanique locale, pour les parements, et tuf clair pour les arcs, corniches et encadrements, créant une polychromie discrète, mais raffinée. Le tout repose sur un appareil très régulier, bien assis, avec des chaînages d’angle en pierre soigneusement taillée. La nef possède de grandes arcades reposant sur des piles carrées à colonnes engagées, aux chapiteaux sculptés, et des tribunes surmontent les bas-côtés. Des fenêtres hautes, étroites et débordant sur la voûte, apportant une lumière filtrée. Le cul-de-four absidal est percé de cinq petites fenêtres hautes. L’extérieur, compact et massif, est marqué par le chevet à pans décalés en gradins successifs, avec un jeu d’arcs aveugles, de bandes lombardes et de modillons sculptés.

L’église compte environ 103 chapiteaux romans sculptés en calcaire clair, datés du milieu du XII^e siècle, répartis dans la nef, le chœur, le déambulatoire et le transept. Le style est expressif, narratif, avec une forte stylisation des formes. La polychromie d’origine est attestée par des traces de peinture rouge et ocre. Leur répartition suit la structure de l'église, chapiteaux historiés dans la nef et le chœur, chapiteaux symboliques dans le déambulatoire et le transept et chapiteaux à motifs végétaux et géométriques dans les zones secondaires. L'ensemble du programme sculpté fonctionne comme un livre d'images théologique. La structure liturgique de l'église, associée à l'organisation de ses décors, guide le regard du fidèle du narthex vers l'abside, du monde terrestre vers le mystère du divin.

Les chapiteaux historiés racontent des scènes bibliques ou hagiographiques, dans une veine didactique. On y trouve L'Annonciation, la Visitation, la Nativité, la Fuite en Égypte, les Tentations du Christ au désert, la Présentation au Temple, l'Adoration des Mages, le Christ en majesté entouré du Tétramorphe (anges et évangélistes) et le Jugement dernier (rare, fragmentaire). Des scènes de la vie de Saint-Nectaire et de Saint-Baudime (hypothétiques) complètent cet ensemble. Les figures sont frontales, aux yeux agrandis, au drapé stylisé, souvent peintes à l'origine. Elles permettent aux fidèles d'accéder visuellement à l'histoire du Salut.

Les chapiteaux symboliques ou allégoriques visent à transmettre un message moral ou spirituel. Ils illustrent les péchés capitaux et les dangers spirituels pour les fidèles. Les sirènes à double queue symbolisent la luxure et la tentation. Les lions affrontés à des dragons ou des basilics représentent le combat du Bien et du Mal. Les monstres dévorant des hommes sont des images de la damnation. Le très célèbre âne musicien (jouant de la lyre) est interprété comme une satire des clercs ignorants ou corrompus. Les acrobates contorsionnés symbolisent le monde renversé ou le péché par l'excès.

Les chapiteaux végétaux ou géométriques ornent surtout les parties hautes (abside, déambulatoire) et les colonnes secondaires, avec un effet ornemental plutôt que narratif. On y voit des palmettes nervurées, des acanthes stylisées enroulées en volutes, des rinceaux, entrelacs ou damiers. Des motifs de croix et des rosaces aux fonctions ornementales rythment les travées. Ces sculptures sont souvent répétitives, mais raffinées, et pourraient avoir eu un sens symbolique associé à l'ordre cosmique ou à la vie spirituelle.

Le trésor liturgique est notamment constitué d'un buste-reliquaire de Saint-Baudime, d'une Vierge en majesté, d'un bras-reliquaire de Saint-Nectaire du XV^e siècle et de plats d’orfèvrerie. Le buste-reliquaire de Saint-Baudime est en bois recouvert de feuilles en cuivre doré avec des yeux en ivoire et incrustations de cabochons. Il est daté du XII^e siècle. L'historien Dominique Allier dans une étude récente estime qu'il serait en réalité le buste de Saint-Nectaire. Ce reliquaire fut volé en mai 1907 par les frères Thomas, pilleurs d'art sacré. Caché dans le creux d'un rocher, il finit dans une cave où il fut retrouvé quelques mois plus tard en bon état, mais dépouillé de ses pierreries. La Vierge en majesté représente Notre-Dame du Mont-Cornadore. Cette Vierge à l’Enfant de style roman ancien est une statue en bois marouflé polychrome.

Ces photographies ont été réalisées en juin 2025.

Y ACCÉDER:

Notre-Dame du Mont-Cornadore surplombe le petit village de Saint-Nectaire. Son accès est fléché dans le village.

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Cette page a été mise en ligne le 2 septembre 2025

Cette page a été mise à jour le 2 septembre 2025