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L'enceinte de Drigas

À la fin du néolithique, l'essor démographique conduit à l'occupation permanente des Causses. Vers la fin de l'âge du bronze et au début de l'âge du fer, les Celtes (ensemble des tribus occupant une partie de l'Europe actuelle) se regroupent dans des villes. Ces villes sont disposées à des endroits faciles à défendre. Ce sont principalement des promontoires rocheux dont les falaises ou les pentes abruptes assurent l'inaccessibilité sur au moins deux côtés. Les autres côtés sont barrés par des murs de défense constitués de pierres, de bois et de fossé. Ces villes ont été dénommées des "oppida".

le mur
Le mur d'enceinte

Le long des gorges du Tarn et de la Jonte ont été reconnus de nombreux caps barrés comme en témoigne une étude des cartes IGN. Ce sont des promontoires s'avançant au-dessus des gorges et dont l'unique accès est barré par un mur. De tels caps barrés sont connus à la Cayla au-dessus des gorges de la Jonte, à Le Castelas au-dessus du Tarnon, au Single, au Clapas de la Truque et à St Jory au-dessus des gorges du Tarn.

Après avoir colonisé les bords des Causses, les Celtes se sont établis sur les plateaux. Les sites ont nécessité d'importants travaux pour en assurer la défense. Aucun relief naturel difficilement franchissable ne pouvant être utilisé, le mur de défense devait faire tout le tour du site. Par contre, le choix du site était plus libre et pouvait être fait en fonction des nécessités logistiques ou des terres cultivables. Actuellement trois sites sont connus. Il s'agit du site du Tourel à Mas St Chèly, du site du Mont Buisson à St Pierre des Tripiers et le site de Drigas. Tous sont situés sur le causse Méjean. L'enceinte de Drigas est également nommée enceinte de Hures ou du Buffre, car elle est située à égale distance de ces trois communes. Certains auteurs la désignent également sous le nom d'enceinte de la Rode

le rempart

le mur

L'enceinte de Drigas est installée au sommet d'une colline dominant les alentours. La vue porte à 360° sur un large horizon englobant le Mont Aigoual, le Mont Lozère, la Margeride et l'Aubrac. Personne ne peut s'approcher sans être vu. Le sommet de la colline est pratiquement plat et représente une surface d'un peu plus d'un hectare. Les Celtes l'ont entouré d'un rempart doublé d'un fossé. L'ouvrage a une forme ovale de 150 m sur 100 m. Le rempart était constitué de deux murs de parement en pierres sèches et l'espace les séparant était rempli de pierrailles. Les fouilles archéologiques effectuées ont permis de déterminer que le rempart devait avoisiner les 4 m de hauteur pour autant de large. Il était peut-être surmonté d'une palissade en bois. Les murs de parement étaient réalisés sans grand soin et sans grande cohérence. Le rempart n'a pas vraiment résisté au temps, il est actuellement complètement éboulé. L'effondrement du sommet a par contre protégé la base des murs de parement comme visible sur une petite zone dégagée par les fouilles. Les oppida plus récents ont fait l'objet de murs d'enceinte bien plus élaboré. (voir le sujet sur le "Camp des Allobroges")

détail du rempart
Détail de la construction du mur d'enceinte

les vestiges
Le mur de parement dégagé

L'accès dans l'enceinte se faisait au travers d'une porte située à l'angle sud-ouest. La présence d'un chemin se dessine très nettement dans le paysage. La forme de la porte et du rempart à cet endroit n'a cependant pas été déterminée. Il s'agissait probablement d'une simple interruption du rempart sur quelques mètres fermés par une palissade amovible en bois. De cette forme très primitive, les portes vont évoluer vers les formes évoluées utilisées ensuite dans les châteaux forts du Moyen-âge.

vue du site

le site

Différents sondages effectués par les archéologues ont permis de déterminer la présence d'habitats de forme rectangulaire. Ces maisons étaient construites directement sur le rocher constituant la colline et s'appuyaient contre le rempart. La partie centrale de l'enceinte était dépourvue de construction. Lors des fouilles un foyer constitué d'une surface en argile damée a été retrouvé. Des tessons de poterie et d'importantes quantités de restes de cheval ont été trouvés. Les objets retrouvés ont permis d'établir que le site était occupé de manière continue du VIe au 1er siècle av J.-C. correspondant à l'âge du fer et de La Tène. Des occupations durant la période gallo-romaine sont probables. Une monnaie romaine du IIIe siècle a été trouvée sur le site.

tumulus ?

Au sud-ouest du site ont été reconnus une série de tumuli. Ce sont certainement les lieux d'inhumations de l'élite de la tribu vivant à cet endroit. Lors de la visite au mois d'août, une question m'est venue à l'esprit. Comment pouvait-on vivre dans cette enceinte sans approvisionnement permanent en eau ? Je n'ai trouvé aucune source dans les environs. Le site abritait-il vraiment un village occupé en permanence ou sommes-nous sur un site cultuel ? Nous savons que les Celtes pratiquaient le culte du Soleil avec leur divinité Bellenos. Quel endroit formidable dominant à 360° les environs pour adorer le soleil ! Si c'est le cas, le site devait abriter uniquement quelques prêtres, la population disséminée aux alentours devait s'y rendre pour des cérémonies importantes ou s'y réfugier lors des périodes troubles.

amas de pierre

Les sources m'ayant permis de rédiger ce texte sont le site www.reveeveille.net/cevennevivante/

Ces photographies ont été réalisées en août 2008.

 

Y ACCÉDER:

À Drigas, traverser le village vers l'élevage. Après cet élevage, prendre le chemin herbeux à droite de l'embranchement puis aller tout droit. Au prochain embranchement, prenez à gauche et allez jusqu'au sommet de la côte. De là, suivez le sentier vers la droite.

Coordonnées GPS
44 N 15' 52"
03 E 24' 40"
Altitude 1120 m

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 28 septembre 2008

Cette page a été mise à jour le 16 février 2015