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Le site de la Cham des Bondons est un prolongement du causse de Sauveterre auquel il est rattaché par le col de Montmirat. Le nom de Cham signifie dans le patois local causse. C'est un plateau calcaire d'environ 10 km2 séparant le Mont Lozère de la vallée du Tarn. Il est à une altitude moyenne de 1100 m et est constitué de crêtes entrecoupées de ravins dévalant vers le Tarn qui coule 500 m plus bas. C'est sur ce site restreint que les hommes du néolithique (3000 ans av J.-C.) ont érigé un nombre considérable de menhirs. À l'heure actuelle, il en reste 154. Nul ne saura jamais combien ils étaient lors de la splendeur du site. Au cours des siècles, nombres d'entre eux furent détruit soit par les prêtres chrétiens qui y voyaient la manifestation de rites païens soit pour servir de matériaux de construction.
Les menhirs F28 et F29 du groupe de la Fage
Au début du XIXe siècle, la plupart des menhirs restants étaient couchés et enfouis dans les fourrés. Seul entre trois et sept menhirs étaient encore érigés. Dans les années 1940, le docteur Morel en dressa l'inventaire. Mais à part lui, personne ne s’est intéressé au site. Depuis 1980, les collectivités locales et les archéologues restaurent le site. Actuellement, c'est entre 80 et 100 menhirs qui ont été redressés. Le site avec ses 154 menhirs répertoriés est une des plus importantes concentrations de menhirs après le site de Carnac en Bretagne avec plus de 3000 menhirs, le site d'Avenbury en Angleterre avec près de 500 menhirs, le site de Paddaghju en Corse avec 258 menhirs ou le site de Mid Clyth en Écosse avec 200 menhirs.
Les menhirs F26 et F27 du groupe de la Fage
Les menhirs de la Cham des Bondons ne forment pas d'alignement comme ceux de Carnac. Aucune cohérence dans leurs dispositions n'a pu être déterminée. Beaucoup de menhirs sont seuls, quelques-uns sont par paires. Quelques rares alignements de trois existent. Du côté est du site, des regroupements forment des triangles ou des arcs de cercle que l'on peut considérer comme des cromlechs. C'est également à l'est que sont situés les plus grands menhirs. Les menhirs sont souvent placés sur les crêtes, mais certains sont disposés au fond des ravins. La seule similitude est que tous les menhirs sont en granit. Les affleurements de granit les plus proches sont situés à l'est du hameau de Fontpadelle. Les néolithiques ont donc fourni beaucoup d'efforts pour transporter ces menhirs. Au-dessus de Fontpadelle a été retrouvée une carrière contenant encore cinq dalles en cours d'extraction. Le dénivelé entre la carrière et le site de la Cham des Bondons est important et la distance est au minimum de 800 m et peut aller jusqu'à plusieurs kilomètres.
La cham des Bondons
Le site de la Cham des Bondons est constitué de cinq grands groupes de menhirs auquel il faut ajouter plusieurs petits groupes comme les six menhirs de Malavel, les six de Marazel, les six de Bondons, les trois de Nozières, les trois de la Can d'Issenges, les trois de Cocurès, les trois de Treimes et de nombreux menhirs isolés. Les groupements principaux sont les deux groupes de la Fage (à l'ouest du site), les groupes de la Baraque de l'Air et de la Colobrières (au centre) et le groupe de la Vaissière (à l'est).
Le menhir 1 de la Fage
Le menhir 2 de la Fage
Le menhir 3 de la Fage
Le menhir 4 de la Fage
Les groupes de la Fage ont fait l'objet d'un circuit fléché mis en place par l'écomusée du Mont Lozère. Le circuit fait cinq kilomètres et demande environ deux heures de marche. Le sentier débute en sous-bois et passe à côté de sept menhirs isolés (1 à 7) allant de 50 cm de hauteur à 2 m. Ces menhirs font partie du premier groupe de la Fage qui comprend une quinzaine de petits menhirs cachés dans les bois. À la sortie du bois se trouve un ensemble de quatre menhirs (8 à 11) dont la hauteur va de 1,20 m à 1,80 m. Trois de ces menhirs sont visiblement alignés.
Le menhir 5 de la Fage
Le menhir 6 de la Fage
Le menhir 7 de la Fage
Le groupe des menhirs 8 à 11 de la Fage
Le circuit descend ensuite vers le hameau des Combettes avec de belles vues sur l'Eschino d'Aze et sur les Puechs. L'Eschino d'Aze est une colline ayant la forme du dos d'un âne. Les Puechs sont deux mamelons constitués de marnes noires protégées de l'érosion par une strate de calcaire dolomitique. Les deux Puechs étaient dénommés jusqu'en 1810 le Puech d'Allègre et le Puech de Mariette. Aujourd'hui, ce sont le Truc de Miret et le Truc des Bondons. Selon l'angle de vision, ils ressemblent aux seins d'une femme. D'après la légende, les Puechs seraient nés de la boue tombée des sabots de Gargantua.
Les Puechs de la cham des Bondons
L'Eschino d'Aze
Un des puechs de près
Avant d'arriver au hameau des Combettes, un petit menhir (12) de 1,20 m de hauteur et taillé en pointe surplombe le chemin. Aller faire un petit tour dans le hameau pour visiter le four banal (four à pain commun au village) et admirer une belle façade sur laquelle figure l'inscription en latin "Quoi que tu fasses, fais-le avec prudence".
Le menhir 12 de la Fage
La façade à l'inscription
Le four banal du hameau des Combettes
Le circuit reprend avec le sentier montant à gauche avant le hameau juste après le menhir cité précédemment. Dans la montée, quatre menhirs (13 à 15 bis) sont disposés dans les prés à gauche du chemin. Ces menhirs d'une hauteur comprise entre 1,10 m et 1,60 m sont à peu près alignés selon un axe de 35° nord. Sur la droite du sentier se dresse un autre menhir (16). Celui-ci, d'une hauteur de 1,60 m, porte sur sa face ouest une croix gravée et sur la face est un trait.
Le menhir 13 de la Fage
Le menhir 14 de la Fage
Les menhirs 15 et 15bis de la Fage
Le menhir 16 de la Fage
Le circuit se poursuit en grimpant vers le sommet de la crête. Il passe devant le groupe des trois menhirs alignés de Chambuse. Les deux premiers (17 et 18) ont respectivement 2,50 m et 2,30 m de hauteur et sont distants de 4 m. Le troisième (19) est un peu plus petit avec son 1,80 m. L'ensemble est aligné selon un axe de 10° nord. Un quatrième menhir (20) de base triangulaire et de 1,60 m de hauteur les accompagne. Le docteur Morel indique dans son inventaire qu'une grande hache en granit poli fut trouvée à cet endroit.
Le groupe de menhirs 17 à 19 de la Fage
Le menhir 18 de la Fage
Le menhir 19 de la Fage
Le menhir 20 de la Fage
Le circuit conduit ensuite vers le dolmen des Combes (44 N 24' 40" / 3 E 35' 25" / 1151 m d'altitude), en réalité un coffre mégalithique. Il n'en subsiste malheureusement que les deux dalles latérales et les petites dalles fermant les petits côtés de la chambre. Celle-ci fait 2 m de longueur, 1 m de largeur et 40 cm de profondeur. La dalle de couverture a disparu. L'ensemble, orienté est/ouest est inclus dans un cairn de 10 m de diamètre.
Le dolmen des Combes
Le circuit touche à sa fin avec le deuxième groupe de la Fage constitué d'une vingtaine de menhirs disséminés en haut de la crête autour du menhir "des Trois Paroisses" (24). Celui-ci est facilement reconnaissable, car il porte deux entailles horizontales. Cette pierre avait, couchée, une longueur de 5,50 m. Elle fut en partie débitée par des carriers d'où les entailles. Aujourd'hui, redressée, elle n'a plus que 2,80 m. À proximité immédiate de ce menhir sont regroupé cinq autres menhirs (21 à 26) dont les hauteurs varient entre 1 et 1,60 m. Les autres menhirs (28 à 29) s'étirent vers l'est dans la lande.
Le menhir des Trois Paroisses (F24)
Le menhir 21 de la Fage
Le menhir 22 de la Fage
Le menhir 23 de la Fage
Le menhir 25 de la Fage
Le groupe de la Baraque de l'Air s'étire le long d'un chemin débutant un peu avant la maison de la Baraque de l'Air. Le premier ensemble (44 N 24' 54" / 3 E 37' 55" / 1245 m d'altitude) comprend trois menhirs (B1 à B3) disposés en triangle. Le plus grand des menhirs a une hauteur de 2 m, les deux autres ont entre 1,40 m et 1,60 m.
Le premier ensemble de la Baraque de l'Air
Le menhir 1 de la Baraque de l'Air
Le menhir 2 de la Baraque de l'Air
Le menhir 3 de la Baraque de l'Air
Le deuxième ensemble (44 N 24' 30" / 3 E 37' 28" / 1237 m d'altitude) constitué de six menhirs forme un arc de cercle orienté ouest/est. Le premier menhir (B4) a une hauteur de 1,20 m. Le deuxième (B5) a 1,40 m de haut et est distant du premier de 29 m. Le troisième (B6) de 2 m de hauteur est distant du deuxième de 35 m. Le quatrième (B7) est haut de 1,60 m et est séparé du troisième par 10 m. Il est suivi 15 m plus loin par le cinquième (B8), haut de seulement 80 cm. Celui-ci est accompagné à 1 m de distance par le sixième (B9) qui fait 1,80 m.
Le cromlech du groupe de la Baraque de l'Air
Le menhir 4 de la Baraque de l'Air
Le menhir 5 de la Baraque de l'Air
Le menhir 6 de la Baraque de l'Air
Le menhir 7 de la Baraque de l'Air
Les menhirs 8 et 9 de la Baraque de l'Air
Plan du cromlech de la Baraque de l'Air
Un peu plus loin en contrebas de la crête est disposé un troisième ensemble de trois menhirs. Deux des menhirs (B10 et B11) sont placés le long d'un chemin transversal et ont respectivement 1,60 m et 1,80 m de hauteur. Le troisième menhir (B12) (44 N 24' 15" / 3 E 37' 19" / 1218 m d'altitude) est en plein pré et a 2,50 m de hauteur. C'est une belle stèle de 1,20 m de large pour 40 cm d'épaisseur. Il est orienté est/ouest. La face nord porte en son milieu une belle cupule et en partie haute trois entailles.
Le menhir 10 de la Baraque de l'Air
Le menhir 11 de la Baraque de l'Air
Le menhir 12 de la Baraque de l'Air
Le groupe de Colobrières s'étire sur une crête parallèle à celle du groupe de la Baraque de l'Air. L'accès s'effectue par un sentier partant à droite du chemin entre le premier et le deuxième ensemble du groupe de la Baraque de l'Air. Le groupe est constitué de plusieurs menhirs couchés difficilement visibles et de deux grands menhirs redressés. Le premier menhir (C1) (44 N 24' 34" / 3 E 37' 55" / 1230 m d'altitude) rencontré a une hauteur de 2 m. Le long du chemin est ensuite visible un petit menhir couché (C2). Sa pointe est manquante et il ne fait plus que 1 m de longueur. Le point culminant est le grand menhir de Colobrières (C3) haut de 4 m (44 N 24' 11" / 3 E 38' 00" / 1220 m d'altitude). Ce menhir fait 1 m de largeur pour une épaisseur de 50 cm. Un peu plus loin se trouvent deux étranges tours en pierre sèche.
Le menhir 1 de la Colobrières
Le menhir 2 de la Colobrières
Le menhir 3 de la Colobrières
Les tours de la Colobrières
Le groupe de Vaissière est constitué des plus beaux menhirs du site. Le groupe débute au niveau du chemin d'accès à la carrière exploitée au niveau du hameau de Vaissière. Le long du chemin se trouve un premier menhir (V1) de 2 m de hauteur et de 1,40 m de largeur. Il est suivi d'un deuxième menhir (V2) très effilé de 2,40 m de hauteur. Le troisième (V3) et le quatrième (V4) menhir sont deux pierres très similaires de 1,80 m de hauteur placées de part et d'autre du chemin.
Le menhir 1 de la Vaissière
Le menhir 2 de la Vaissière
Le menhir 3 de la Vaissière
Le menhir 4 de la Vaissière
Le cinquième menhir (V5) est une modeste pierre de 1,40 m de hauteur. Il précède un menhir (V6) de 5 m de hauteur (44 N 24' 04" / 3 E 38' 47" / 1177 m d'altitude). C'est un menhir très effilé d'environ 1,20 m de large. Il est orienté est/ouest.
Le menhir 5 de la Vaissière
Le menhir 6 de la Vaissière
Le septième menhir (V7) a 4 m de hauteur pour une largeur de 80 cm et une épaisseur de 30 cm. Il est suivi d'un menhir (V8) plus modeste n'ayant que 2,50 m de hauteur.
Le menhir 7 de la Vaissière
Le menhir 8 de la Vaissière
Vient ensuite un ensemble de deux très beaux menhirs jumelés (44 N 23' 55" / 3 E 38' 50" / 1201 m d'altitude). Ces menhirs (V9 et V10) ont une hauteur de 2,50 m et sont séparés de 1,50 m. Ils sont orientés selon un axe est/ouest. Celui du côté est semble avoir été coupé en deux. Il n'a d'ailleurs que 20 cm d'épaisseur. En contrebas de ces deux menhirs est placé un troisième (V11) ayant une forme triangulaire. Il a une hauteur de 1,50 m pour une largeur à la base de 1 m. Il n'a que 30 cm d'épaisseur.
Les menhirs 9 et 10 de la Vaissière
Une autre vue des menhirs 9 et 10 de la Vaissière
Le menhir 11 de la Vaissière
Un peu plus loin se dresse un autre ensemble (44 N 23' 52" / 3 E 38' 52" / 1190 m d'altitude) constitué d'un grand menhir (V12), de près de 6 m de hauteur, associé à un petit menhir (V13) de 1,80 m. Le grand menhir est une pierre très fine de 1 m de large pour 50 cm d'épaisseur.
Le menhir 12 de la Vaissière
Les menhirs 12 et 13 de la Vaissière
Pour les courageux, il reste bien d'autres menhirs à trouver sur le site de la Cham des Bondons. Comme le menhir christianisé par l'adjonction d'une croix en fer qui se trouve en contrebas d'un virage en épingle à cheveux sur la route descendant vers le village des Bondons.
Le menhir (M14) des Bondons
Le menhir 29 de la Fage
Le site a probablement été investi vers 3500 av J.-C. Les derniers menhirs ayant été érigés comme à d'autres endroits vers 1000 av J.-C. Des découvertes archéologiques, notamment des tumulus, attestent d'une utilisation du site jusque vers 700 av J.-C. Après avoir été oublié durant de nombreuses années, le site a dû faire face à la fureur destructrice des missionnaires venus évangéliser le pays vers le VIe siècle et qui ne supportaient pas les croyances liées aux anciennes pierres.
Les motivations qui ont poussé les néolithiques à ériger ces dizaines de menhirs sur ce site nous resteront à tout jamais mystérieuses. De nombreuses théories ont été avancées, des loufoques comme des sérieuses. Parmi ces théories, nous trouvons un balisage de chemin visible par temps neigeux, des bornes indicatrices d'entrées de mines ou des bornes indicatrices d'une route de l'uranium disposées par des extraterrestres (une mine d'uranium a en effet été exploitée par l'homme moderne sur la commune des Bondons). Aucune de ces théories n'est cependant crédible. Il est cependant indéniable que les menhirs ont un rôle religieux ou rituel et leurs érections démontrent le fort sentiment religieux et la puissance de la tribu. Peut-être sommes-nous ici en présence d'un culte lié à la Déesse Mère (la terre). La forme des deux Puechs pouvant symboliser fortement celle-ci confèrerait au site un fort symbole sacré. L'érection d'un menhir aurait donc un caractère rituel permettant d'honorer la Déesse Mère. Le site, pouvant être sacrée pour de nombreuses tribus des environs, une espèce de compétition dans l'érection des menhirs a pu exister. Chaque menhir démontrant la puissance ou la dévotion de la tribu.
Quelques remarques sont à prendre en compte. Les menhirs les plus imposants sont disposés à l'est du site. Les menhirs proviennent des affleurements granitiques du Mont Lozère. Les néolithiques les ont cherchés à cet endroit pour les ériger sur le plateau calcaire de la Cham des Bondons alors qu'ils n'en ont érigé aucun à l'est du site ou au nord de la D35.
Le menhir 26 de la Fage
Les grands menhirs et les menhirs jumelés du groupe de la Vaissière semblent présenter des orientations astronomiques. Il faudrait faire des mesures d'orientations précises, mais qu'ils soient orientés vers le lever ou le coucher du soleil ou de la lune lors des solstices ou des équinoxes ne m'étonnerait pas. Ce type d'orientation a été confirmé pour beaucoup de mégalithes. Les hommes ayant érigé les mégalithes étaient des agriculteurs. La mesure du temps notamment la connaissance des périodes de semailles, de la moisson et de l'hivernage était une chose essentielle pour leurs civilisations.
Les menhirs 12 et 13 de la Vaissière
Le site de la Cham des Bondons et ses 154 menhirs (combien étaient-ils à l'origine ?) gardera probablement à tout jamais le mystère de sa fonction originelle.
Ces photographies ont été réalisées en août 2008.
Y ACCÉDER:
Le site est accessible depuis le col de Montmirat sur la N106 entre Mende et Florac. Le départ du premier circuit se fait à partir du parking situé sur la D35. Poursuivre ensuite sur la D35 vers Fraissinet-de-Lozère pour les groupes de la Baraque de l'Air et de Colobrières (suivre le chemin partant à droite avant la Baraque de l'Air) puis le groupe de la Vaissière (suivre le chemin partant à droite au niveau de la carrière).
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.
Cette page a été mise en ligne le 28 septembre 2008
Cette page a été mise à jour le 17 février 2015