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L'abri sous roche de la
Balme de Thuy

La falaise
La falaise au sein de laquelle s'ouvre l'abri

Ce site archéologique a été découvert par des prospections de Monsieur Jean Hubert en 1969. Malheureusement, l'aplanissement des éboulis en 1970, pour le passage du chemin des Cascades, a bouleversé les couches archéologiques les plus récentes. Les fouilles débutèrent les années suivantes et le chantier de fouilles fut totalement installé en 1975.

l'abri
Le site de l'abri

Les sites paléolithiques sont très rares dans les Alpes, les hommes ayant d'abord colonisé les vallées et les plaines. Les sites sont de toute façon limités dans le temps. Les sites les plus anciens sont datés de 12000 ans. Durant la dernière glaciation (Würm IV), qui s'est achevée à cette période, presque toutes les Alpes étaient recouvertes de glaciers. Ces glaciers, qui ont façonné les vallées et les paysages actuels, ont effacé toutes les traces les précédents. Seuls quelques rares pièges, comme des grottes comblées par des sédiments, ont résisté à l'abrasion des glaciers.

Ces 12000 ans sont représentés à la Balme de Thuy par six mètres cinquante de sédiments qui ont été reconnus dans une tranchée, creusée par les archéologues au sein de l'abri.

La tranchée de fouille
La tranchée de fouille avec les différents niveaux

A la fin de l'ère glacière, il y a 12000 ans, l'abri n'était occupé que par les animaux sauvages. La voûte de l'abri était à l'époque très fissurée et le gel provoquait la chute d'importants blocs, rendant l'abri dangereux.

A l'épipaléolithique (9000 à 10000 ans), les hommes installent leur campement dans l'abri. Ces hommes appartiennent à la culture azilienne (reconnu la première fois au Maz d'Azil dans les Pyrénées). Ils utilisent l'arc comme en témoignent les pointes de flèches en silex et en quartz retrouvées. Le silex et le quartz proviennent de la chaine des Aravis et du massif du Mont Blanc. Le climat de l'époque est humide et doux. Une forêt de pins et de bouleaux recouvre la vallée. Le gibier est composé de bouquetins, de cerfs, de chamois et de chevreuils. Les hommes pêchent également la truite.

pointes de fleche
Pointes de flèches (néolithique provenance Niger)

biface
Biface en feuille de laurier (reproduction)

Au mésolithique, il y a 8000 ans, le climat se réchauffe. Les hommes du sauveterrien construisent des huttes à côté des foyers installés dans l'abri. Les outils utilisés (grattoirs, perçoirs, racloirs, burins, denticulés…) se miniaturisent, on parle d'armatures microlithiques. Cette miniaturisation est peut-être due à un souci d'économie de matière première qui est difficile à trouver et de mauvaise qualité. Les espèces consommées par ces hommes (et femmes) sont par ordre d'importance, le cerf, le sanglier, le bouquetin, le chamois, l'ours brun, la martre, le loup, l'aurochs, la truite, le campagnol et le chat sauvage. L'étude de cette faune et notamment les bois de cerf ont montré une utilisation de l'abri tout au long de l'année. Des bois de cerf de chute ramassés de mi-février à mi-mars et des bois de massacre provenant de cerfs abattus aux autres périodes de l'année ont été retrouvés. On peut ainsi émettre l'hypothèse d'une sédentarisation de ces hommes.

une cavité de l'abri
Une des cavités situées à l'arrière de l'abri

A partir de 6500 ans, au début du néolithique (6500 à 3000 ans), le climat alterne les périodes chaudes et les périodes froides. L'homme, tout en restant un chasseur, invente l'élevage. Les chèvres, les moutons et le bœuf ont été domestiqués. Des aires délimitées indiquent que l'abri servit de bergerie en même temps que d'habitat pour les hommes. Les premières céramiques font leurs apparitions. Les outils passent progressivement de la pierre taillée à la pierre polie. Des céréales carbonisées retrouvées dans les foyers prouvent le début de l'agriculture vers 5500 ans. Vers 4500 ans apparaissent des vases en forme de cloches renversées décorées de dessins géométriques, c'est la culture campaniforme. A partir de 3000 ans, l'homme découvre l'usage du cuivre.

hache polie

hache polie

Haches en pierre polie du néolithique en provenance du Maroc

 

Durant l'âge du cuivre, l'abri semble délaissé durant une période de 2000 ans. Aucun objet datant de cette période n'a encore été retrouvé. Ce n'est que vers 2700 ans, à la période du bronze final, que réapparaissent des foyers avec de la céramique. Le fait le plus marquant de cette période est la sépulture d'un très jeune enfant, retrouvée à proximité d'un foyer. Cette sépulture pose beaucoup de questions restées sans réponses ! Elle est, à ce jour, la seule inhumation retrouvée dans cet abri.

Les niveaux plus récents ont été fortement bouleversés lors de l'aplanissement de l'éboulis. Les quelques vestiges restant montrent une occupation à l'âge du fer. La présence de vestiges gallo-romains peut être mise en relation avec la destruction de la ville de Boutae (Annecy) par les Alamans au IIIe siècle apr. J.-C.

Les fouilles continuent actuellement, car de nombreuses découvertes restent à faire. Les hommes ayant consommé des espèces animales vivant en hautes montagnes, il reste également à découvrir les camps temporaires utilisés lors des expéditions de chasse comme celui découvert au Parmelan. Les vestiges retrouvés lors des fouilles sont mis en dépôt et exposés au musée du Pays de Thônes.

la grotte de Lourdes
Un des abris sous roche transformé en grotte de Lourdes

la grotte de lourdes
L'autel de la grotte de Lourdes

la cascade de l'abri
La cascade située avant l'abri

Le haut de la cascade
Le haut de la cascade

une des grottes
Une des grottes visibles avant l'abri avec la
résurgence d'une rivière souterraine

le fond de cette grotte
Le fond de la grotte avec la résurgence

Ces photographies ont été réalisées en mars 2007.

 

Y ACCÉDER:

De Thônes, prendre la direction d'Annecy par la D909. Après la zone industrielle, prendre à droite la D216 vers la Balme de Thuy, après la grotte de Lourdes et la cascade, prendre le chemin à droite et laisser la voiture au parking. Il faut ensuite suivre le chemin des cascades.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 7 mai 2007

Cette page a été mise à jour le 23 février 2015