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La grotte du Mas d'Azil

Les grottes ariégeoises impressionnent par les dimensions de leurs galeries. La grotte du Mas d'Azil est gigantesque au point qu'une route la traverse. Cette grotte, qui traverse la montagne, est utilisée par l'homme depuis le paléolithique (30000 av. J.-C.) et donna également naissance à quelques légendes.

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Le porche sud

La genèse du massif du Planturel débuta au crétacé supérieur, il y a 70 millions d'années (MA). À l'époque, il s'agissait d'une immense plage en bordure de la mer qui occupait la région. Au début de l'ère tertiaire (65 à 55 MA), la mer se transforma en un golfe peu profond où se sont accumulées plusieurs centaines de mètres de sédiments qui forment aujourd'hui la barre calcaire du Planturel. La compression pyrénéenne créa une succession de synclinaux et d'anticlinaux. Le calcaire fut pris entre une couche d'argile au-dessous et une couche de grès/argile au-dessus. À l'oligocène (36 à 7 MA), la région était couverte de lacs et de marécage qui créèrent des dépôts argilo-calcaire sur plusieurs milliers de mètres d'épaisseur. À la fin du miocène (6 MA) se produisit l'exhaussement pyrénéen. Le relief formé était parcouru par des torrents qui déposèrent sur le piémont des épandages de galets. À cette période, l'Arize commença à creuser son lit. Durant le pliocène, un vaste réseau de galeries s'établit entre le niveau de la grotte de Peyronnard (à l'ouest et au-dessus de la grotte actuelle) et le tunnel actuel du Mas d'Azil. Ce sont les galeries de la rive droite de la grotte du Mas d'Azil. Au quaternaire moyen, l'Arize fut capturé par des conduits souterrains. Le tunnel commença à se creuser. Le colmatage périodique de la perte obligeait l'Arize à utiliser par débordement le col de Baudet (au-dessus de la grotte actuelle). Entre la fin de la glaciation de Riss et celle du Würm ancien, le tunnel était suffisamment vaste pour que l'Arize abandonne définitivement le col du Baudet. Actuellement, l'Arize poursuit le creusement de galerie sous le niveau du tunnel.

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Le porche sud

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Le porche sud

La galerie principale de la grotte du Mas d'Azil traverse le massif du Planturel du sud au nord. L'Arize pénètre dans cette galerie par un porche gigantesque, haut de 70 m et large de 80 m. Après un parcours en forme de "S", long de 420 m, elle ressort en cascade par un porche un peu plus modeste. À la sortie, en rive gauche, se trouve une puissante résurgence. Sur la rive gauche du porche d'entrée se trouve une vaste terrasse longue de 100 m et large de 40 m. Cette terrasse, formée d'un amas de blocs tombés de la voute, surplombe l'Arize de 12 m. Cette terrasse a servi de lieu d'habitation aux hommes du paléolithique. Sur la rive droite, à mi-parcours de la galerie principale, se développe sur trois niveaux un réseau karstique complexe. Le niveau inférieur, à 10 m au-dessus de l'Arize, est constitué de la salle du théâtre (actuel hall d'accueil), de la salle Piette et de la galerie Breuil. Le niveau médian, à 35 m au-dessus de l'Arize, se compose de la salle du temple et de la galerie des silex. À 60 m au-dessus de l'Arize, se trouve le niveau supérieur constitué de la galerie des ours, de la salle de conférence et de la salle Dewoitine-Mandement suivie de la salle du four. La galerie des ours contient de nombreux ossements d'ours des cavernes, de mammouths et de rhinocéros, probablement déposé à cet endroit par les eaux d'infiltration en provenance des dolines situées au-dessus de la grotte.

topographie

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La galerie principale

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La galerie principale

Au cours de la préhistoire, la grotte connut trois grandes phases d'occupations. L'aurignacien (38000 à 26000 av. J.-C.) est attesté au sein de la galerie des silex où des lissoirs, poinçons, grattoirs carénés et des lames de silex en petite quantité ont été mis à jour. La culture aurignacienne est attestée, mais la pauvreté des découvertes fait penser à une halte de chasse à moins que le gisement n'ait été balayé par les crues de l'Arize. Le solutréen (20000 à 16000 av. J.-C.) n'est attesté que par quatre silex (un fragment de feuille de laurier, une feuille de laurier entière) et une pointe à cran ramassé dans la galerie des silex. Les hommes du magdalénien moyen (14000 à 13000 av. J.-C.) se sont installés dans les galeries de la rive droite alors que ceux du magdalénien supérieur (13000 à 10000 av. J.-C.) se sont installés sur la terrasse de la rive gauche. Le gisement de la rive gauche est très riche avec un nombre important d'œuvres mobilier exceptionnel comme le propulseur dit "Faon aux oiseaux". Le gisement représente une occupation saisonnière ou peut être un regroupement périodique de différentes tribus comme le démontrerait un bloc de silex en provenance de la vallée de la Dordogne.

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La terrasse du porche sud

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La galerie principale

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Le propulseur dit "le faon aux oiseaux"
© sites Touristiques Ariège/SESTA-Demoulin

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Tête de cheval ©Wikipédia

La terrasse de la rive gauche fut ensuite utilisée par les hommes de la culture azilienne (9000 à 8000 av. J.-C.). Le gisement devint le site éponyme de cette culture. Les vestiges de cette culture sont bien moins importants que ceux du gisement magdalénien, mais sont bien plus conséquents que les découvertes d'autres sites aziliens en Europe. Le site est surtout connu pour son art mobilier sur galet peint. Le néolithique est représenté en rive gauche et à l'extérieur de la grotte par des haches polies, des tessons de céramique et des pointes de flèches.

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Harpons aziliens ©Wikipédia

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Galets peints aziliens ©Wikipédia

Aucun vestige datant de la période allant du néolithique jusqu'au XVIe siècle n'est connu. En 1517, l'introduction de la réforme toucha rapidement le sud de la France. La population du Mas d'Azil y adhéra en 1540 et en 1569 interdit le culte catholique au sein de la cité. L'expansion du protestantisme fut réduite en 1598 par l'Édit de Nantes. Le Mas d'Azil entra en résistance et en septembre 1625, le maréchal De Thémines fut chargé par Louis XIII et Richelieu de réduire cette poche de résistance. La ville fut canonnée sans relâche, mais chaque nuit les aziliens reconstruisirent les murailles lézardées. Fuyant devant l'armée royale, les protestants s'étaient réfugiés dans la grotte que Jeanne Albret (la mère d'Henri IV) avait fait fortifier vers 1560 par une muraille dans le porche nord. Les réfugiés étaient ravitaillés par les habitants du Mas d'Azil. Le maréchal assiégea la grotte en même temps que la ville qui resta imprenable. Au bout de deux mois sans le moindre succès, l'armée royale leva le siège. À la suite du décret de la paix d'Alès (1629), les remparts de la ville et les fortifications de la grotte furent détruits en 1636. Au cours du XVIe et du XVIIe siècle, la grotte fut utilisée comme carrière de salpêtre destinée à la fabrication de la poudre noire. Elle sera également utilisée jusqu'à la première moitié du XXe siècle pour l'exploitation du guano de chauve-souris. L'exploitation excessive amena la municipalité à en limiter finalement la quantité à extraire à quelques kilogrammes par habitant.

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Figure féminine sculpté dans une dent de cheval ©Wikipédia

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Galets peints aziliens ©Wikipédia

En 1859, la première route fut construite. Elle fut détruite par une crue quelques années plus tard. Elle fut reconstruite en 1876 où fut ouvert le porche artificiel, côté sud, pour permettre son passage. En 1860 débutèrent les fouilles au sein de la grotte. S'y succèdent Messieurs Filhol, Ladeveze, Garrigou et les abbés Cau-Durban et Pouech. De 1887 à 1892, les fouilles furent réalisées par Édouard Piette qui découvrit la culture azilienne. L'abbé Breuil fouillera en rive droite et sur la terrasse de la rive gauche en 1901 et 1902. En 1912, il découvrit avec Henri Bégouën les œuvres d'art pariétal.

Dans la galerie Breuil se trouvent sept bisons et cinq chevaux peints ou gravés, un masque anthropomorphe, deux phallus, deux cervidés, un félin, deux poissons, un oiseau, trois bovidés, sept animaux indéterminés, des figures indéterminées et de nombreux signes. Dans la galerie des silex ont été découverts un bison et des signes gravés. Dans la salle de conférence se trouvent deux chevaux, un bison gravé et un masque gravé et peint en noir et des gravures indéterminées ont été détectées dans la salle du four.

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Le porche nord

En 1925, la commune aménagea un théâtre dans la première salle du niveau inférieur de la rive droite. Le bruit de la rivière rendit l'exploitation impossible. L'endroit est actuellement occupé par les locaux d'accueil de la grotte. Marthe et St-Just Pequart reprirent la fouille du gisement azilien en 1935. Ces fouilles se poursuivirent de 1936 à 1958 sous la direction de Joseph Mandement. En 1940, le constructeur d'avion toulousain Dewoitine envisagea d'installer une usine dans la grotte, mais l'armistice mit fin au projet. De 1940 à 1944, le limon de la grotte, débité en cube, fut commercialisé comme ersatz de savon. En 1949, Joseph Mandement découvrit un crâne sans mandibule daté du magdalénien. Ce crâne isolé, d'une personne âgée de 16 à 18 ans, a été extrait de son lieu de découverte qu'en 1959. La zone préhistorique de la grotte fut classée Monument historique en 1942. L'ensemble de la grotte le fut en 1944. L'inventaire et l'étude des œuvres pariétales furent effectués par A. Alteirac, D. et A. Vialou et X. Leclerq de 1972 à 1982.

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Le porche nord

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Le porche nord

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Galerie latérale au niveau du porche nord

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Une grotte avec un porche aussi gigantesque suscita au cours du temps des légendes destinées à en expliquer la présence ou susciter l'effroi pour en tenir éloignés les curieux. L'une d'elles concerne l'histoire d'amour entre Brunissendre de Roquebrune, fille du seigneur de Roquebrune et Jehan de la Kére. Nul ne sait comment ils se rencontrèrent, mais comme Brunissendre était promise au vieux et podagre seigneur de Fossat, les amoureux élaborèrent un stratagème pour se voir. Un matin, Brunissendre alla trouver son père pour lui annoncer qu'elle avait eu, durant la nuit, une vision qui lui ordonna de se rendre, à la nuit tombée, dans la grotte pour y recevoir une importante révélation le concernant. Comme le père était très superstitieux, ce que la fille savait, celle-ci refusa d'y aller en disant qu'elle craignait d'y rencontrer le malin. Le seigneur ordonna que des gens en armes escortent sa fille jusqu'à l'entrée de la grotte. Ainsi, Brunissendre put aller retrouver son Jehan tous les soirs. Un soir en ressortant de la grotte, tout émerveillée, les yeux cernés et la robe froissée, les gens ne doutèrent plus qu'elle y avait vu le Diable. Mais au bout de neuf mois naquit au château un ange blond. Le seigneur entra dans une colère telle que le château en trembla sur ces bases. Après qu'il se fut calmé, sa femme, qui était dans la confidence, lui présenta son petit fils qui l'amadoua aussitôt. Le seigneur comprit que l'amour était le plus fort et il consentit au mariage des deux tourtereaux.

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Les galeries latérales au centre de la grotte

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En sortie de la grotte se trouve une puissante résurgence dans un profond gouffre dénommé "Gourgo Régino" ou le gouffre de la reine. La légende nous explique cette dénomination. Un roi de la contrée avait une très belle fille nommée Aimigo (aimée). La reine, sa mère, étant morte jeune, la princesse l'a remplacée dans le cœur du roi qui lui octroya une partie de sa puissance. Aussi tous les sujets du royaume l'appelaient la reine. Lors de ses 15 ans, Aimigo fut fiancée à un prince ibère qui était réputé être d'une grande beauté. Lorsqu'il vint pour les noces, Aimigo, impatiente, entreprit d'aller à sa rencontre. Elle partit escortée par des chevaliers et des pages munis de torches, car il fallait traverser la grotte pour retrouver le cortège du prince. Arrivée au milieu de la grotte, une brusque bourrasque souffla les torches. Pendant que tout le monde se dirigea vers le sud en tâtonnant, Aimigo, pris de panique, se précipita dans l'autre sens. Près de la sortie, elle trébucha et tomba dans l'eau froide de la rivière. Elle s'enfonça dans le gouffre et personne ne la revit. Son visage apparait des fois dans les remous sous la surface de l'eau. L'apercevoir est un présage de bonheur pour les jeunes mariés qui viennent scruter la Gourgo Regino à la veille de leur mariage.

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Marmites de géant au porche nord

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Le porche sud

Pour de plus amples informations sur l'art rupestre consultez la page consacrée à "L'art rupestre".

Ces photographies ont été réalisées en septembre 2014.

 

Y ACCÉDER:

Pour apprécier pleinement le gigantisme de la grotte du Mas d'Azil, il faut venir du sud. De St-Girons empruntez la D117 en direction de Foix. Au bout de quelques kilomètres, prendre à gauche la D119 vers le Mas d'Azil.

 



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Cette page a été mise en ligne le 13 décembre 2014

Cette page a été mise à jour le 13 décembre 2014