Suivez les Lieux-Insolites en France sur INSTAGRAM

Le puits de Moïse

Le Puits de Moïse, reste d'un grand calvaire, est un des rares vestiges subsistants de la grande chartreuse de Champmol fondé en 1385 par Philippe le Hardi. Cette chartreuse fut presque entièrement détruite après la Révolution. Le Puits de Moïse est un des plus importants témoignages de l'art bourguignon de la fin du XIV^e siècle.

En 1378, le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, acheta le domaine de Champmol aux portes de Dijon. Il y fonda le 15 mars 1385 un monastère de chartreux. Dans son testament, il demanda à y être inhumé. Ce monastère se composait d'un petit cloître entouré des locaux destinés à la vie commune et d'un grand cloître de 100 m de côté entouré des cellules des moines. De l'abbatiale originelle, subsiste uniquement le portail englobé dans une chapelle néogothique construite sur le site au XIX^e siècle. Dans les trois baies du côté sud de la nef de cette chapelle sont également conservés les vitraux héraldiques du XV^e siècle provenant de l'église Saint-Jean. Le puits, situé au centre du grand cloître, fit l'objet d'une décoration particulièrement soignée. Dans un bassin profond de 4 m et alimenté par la nappe phréatique fut installée une pile haute de 7 m supportant un calvaire. Le piédestal du calvaire se compose de six statues de prophète séparé par des colonnettes aux chapiteaux ornées de feuillage et d'un ange. Ces sculptures sont une commande du duc de Bourgogne, Philippe II, et ont été réalisées, selon les comptes du duché, entre 1396 et 1405. Elles sont attribuées aux sculpteurs hollandais Claus Sluter (1355 – 1406) et Claus de Werve (1380 – 1439), son neveu. La polychromie des statues est attribuée au peintre Jean Malonel (1370 – 1415).

L'édicule abritant le puits

En 1407, l'ensemble fut protégé par une structure en bois et en toile cirée. Une structure plus pérenne en bois et supportée par des colonnes fut installée en 1411. Le tombeau du duc Philippe le Hardi, décédé en 1404, fut installé dans l'abbatiale de la Chartreuse en 1410. Il fut suivi en 1470 par celui de son fils Jean sans Peur et de son épouse Marguerite de Bavière puis, en 1474, par celui de Philippe le Bon et d'Isabelle de Portugal. La structure de protection du puits fut remplacée au cours du XVII^e siècle par un édicule auquel fut rajouté un cadran solaire en 1638. Cet édicule, connu par un dessin de 1686, s'effondra entre 1736 et 1789 entraînant la destruction de la partie supérieure du calvaire (croix et statues). Un curage du puits, effectué en 1842, mit à jour deux fragments de statues. Il s'agissait d'une jambe du Christ et des bras croisés de Marie-Madeleine. Le buste du Christ, retrouvé dans une niche au-dessus d'une porte d'une maison, fut par la suite donné au Musée de la commission archéologique de la Côte-d'Or.

À la Révolution la chartreuse fut fermée et les bâtiments vendus comme bien national. Ils furent acquis par Emmanuel Cretet (1747 – 1809) qui procéda à la destruction des bâtiments pour y aménager une résidence. Il ne conserva que le puits au milieu de ces jardins et le bâtiment de l’hôtellerie construit en 1772. Les tombeaux des ducs et les retables de l'abbatiale furent transférés en 1792 à la cathédrale Saint-Bénigne. En 1793, ils y furent passablement endommagés puis restaurés en 1819 avant leurs transferts au Musée des Beaux-Arts de Dijon. Le site laissé à l'abandon fut racheté en 1833 par le département de la Côte-d'Or. Entre 1833 et 1844, celui-ci fit construire autour du Puits de Moïse les bâtiments actuels pour y loger un asile d’aliénés.

Le Puits de Moïse fut classé aux Monuments historiques en 1840 et restauré en 1842 par le sculpteur François Jouffroy. L'édicule fut reconstruit par l'architecte Pierre Paul Petit en 1852 à partir des dessins de 1686. Laissé accessible aux visiteurs, le Puits de Moïse fut vandalisé en 1995 entraînant la fermeture du site. Il fut réouvert à la visite en 2004 après un nettoyage complet qui dura de 2001 à 2003.

La partie visible actuellement correspond au piédestal du calvaire initial. Une maquette complète du calvaire est visible au Musée des Beaux-Arts de Dijon. Le piédestal se compose d'un fut hexagonal dont chaque face comporte la statue d'un prophète. Les six statues sont séparées par une colonnette dont le chapiteau est orné de feuillage et d'un ange. Chaque statue est exécutée en ronde bosse et est haute de 2 m. Ces statues représentent Moïse, David, Jérémie, Zacharie, Daniel et Isaïe. Tous portent un phylactère sur lequel est inscrit en lettre gothique un extrait de leur prophétie annonçant la passion du Christ. Moïse tient dans sa main droite les Tables de la loi. David, dont la tête est coiffée d'une couronne fleurdelisée, tient dans sa main droite une harpe et dans sa main gauche un rouleau avec un psaume. Jérémie porte un livre. Selon l'historienne de l'art anglaise Susie Nash, cette statue pourrait avoir les traits de Philippe II de Bourgogne. Zacharie ouvre ses bras et porte une plume et un encrier et écrit sur son phylactère. Daniel est tourné vers Isaïe et lui parle. Isaïe, tête nue, est légèrement penché vers Daniel et porte un livre sous son bras.

Ces photographies ont été réalisées en juillet 2023.

Y ACCÉDER:

Le Puits de Moïse est situé dans l'enceinte du Centre hospitalier spécialisé de la Chartreuse de Dijon au 1, boulevard du chanoine Kir. L'accès au Puits de Moïse est fléché et librement accessible en journée.

Pour accéder à la chapelle de la Chartreuse de Chapmol, il faut contourner les bâtiments entourant le Puits de Moïse.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

Cette page a été mise en ligne le 15 octobre 2023

Cette page a été mise à jour le 15 octobre 2023