L'église de la petite ville de La Ferté-Loupière dans l'Yonne possède un trésor pictural du XVe siècle. Cette "danse macabre" qui met tout le monde à égalité devant la mort a cependant choqué le Pape qui ordonna qu'elle soit cachée. Ce qui la sauvegarda et nous permet aujourd'hui de l'admirer.
L'église dédiée à Saint-Germain fut érigée vers 1137 dans un style roman. Elle fut reconstruite au cours du XVe siècle dans un style gothique flamboyant. Cette reconstruction fut engagée par Pierre de Courtenay et son épouse Perine de la Roche entre 1471, l'année de leur mariage, et 1504, année de la mort de Pierre. Une troisième reconstruction eut lieu au XVIIIe siècle. La voûte de la nef reçut alors son aspect actuel. Les bas-côtés furent surélevés et percés de fenêtres en plein cintre et les voûtes du cœur et des deux chapelles furent remplacées par des voûtes en berceau. L'église et les peintures furent classées aux Monuments historiques en 1911.
La nef centrale
Le choeur
La nef centrale
La chapelle sud
La chaire
Le choeur
Le bas-côté nord
Le bas-côté sud
Le mur nord de la nef fut décoré selon la volonté de Pierre de Courtenay de quatre peintures sur enduit sec. Il s'agit d'un "Dict des trois morts et des trois vifs", d'une "danse macabre", d'une représentation de "Saint-Michel terrassant le dragon" (une copie d'un tableau de Raphaël) et d'une représentation de la "Vierge de l'Annonciation". La "danse macabre" mettant tout le monde à égalité devant la mort, aussi bien les ecclésiastiques que les gens du peuple, le Pape en fut choqué. Il ordonna sa destruction. Les peintures furent donc recouvertes d'un badigeon qui eut pour effet de les préserver. Les peintures furent redécouvertes en 1910 par le marquis de Tryon-Montalembert et l'abbé Mertens. Elles furent restaurées en 1953.
Saint-Michel terrassant le dragon
La Vierge de l'Annociation
Le "Dict", qui signifie légende, nous montre trois squelettes qui s'adressent à trois jeunes cavaliers richement parés. Il s'agit d'une leçon tirée d'un texte du XIIIe siècle montrant une pourriture à venir dans un futur plus ou moins lointain et nécessitant de faire immédiatement acte de contrition pour mériter la vie dans l’au-delà. Les trois squelettes sur la gauche sont couverts avec des linceuls. Le premier est muni d'une lance et d'une faux et s'avance vers une croix où un oiseau observe la scène. Les trois cavaliers sur la droite sont à la chasse. Le premier se montre surpris et son cheval se cabre tandis que le troisième fait demi-tour pour prendre la fuite. Cette scène est le prologue de la "danse macabre".
Le Dict des trois morts et des trois vifs
Les
trois morts
Les
trois vifs
Les
trois vifs
La "danse macabre" est une fresque longue de 25 m mettant en scène 42 personnages. Il s'agit d'un thème assez fréquent dans la deuxième partie du XVe siècle faisant suite aux grandes épidémies de peste qui ont frappé l'occident au cours du Moyen-âge. Des nombreuses "danses macabres" peintes à l'époque, il n'en reste en France que cinq exemplaires. Nous pouvons les admirer à La Ferté-Loupière, à Kermaria dans les Côtes-d'Armor, à Meslay-le-Grenet en Eure-et-Loir, à La Chaise-Dieu dans la Haute-Loire et à Brianny en Côte-d'Or.
Le
conteur et les squelettes musiciens
Le
Pape, l'empereur et le cardinal
Le
roi, le légat et le duc
La fresque se lit de gauche à droite et débute par la représentation du conteur assis devant une écritoire. La "danse macabre" nous montre trois squelettes musiciens jouant d'une cornemuse, d'un orgue portatif et d'une harpe. Ces musiciens entraînent 19 couples squelette/vivant. Nous trouvons, dans un ordre hiérarchique, le Pape avec sa tiare, l'empereur couronné avec un glaive et un globe, le cardinal en rouge, le roi couronné tenant son sceptre fleurdelisé, le légat en violet, le duc habillé avec des chausses rayées et une toque à plumes, le patriarche avec sa croix à double traverse, l’archevêque avec la croix simple sous sa lourde cape, le connétable au pourpoint écartèle qui lève son épée. Suivent ensuite l'évêque mitré avec sa crosse en main, l'amoureux très élégamment vêtu, l'avocat en noir les bras croisés, le ménestrel marchant sur sa vielle et son archet, le curé à qui la mort retire son étole, le laboureur avec sa bêche sur l'épaule, le cordelier affligé, l'enfant dans son berceau, le clerc accablé et l'ermite égrenant son chapelet. Nous avons ici toute la hiérarchie de la société médiévale. Cette "danse macabre" est une leçon dessinée (peu de gens savaient lire à l'époque) invitant les fidèles venant à la messe au repentir, à la pénitence et à l'humilité, car à l'heure de la mort tout le monde, quel que soit son rang sera traité à égalité.
Le
patriarche, l'archevêque et le connétable
L'évêque, l'amoureux et l'avocat
Le
ménestrel, le curé, le laboureur et le cordelier
L'enfant dans le berceau, le clerc et l'ermite
Ces photographies ont été réalisées en janvier 2021.
Y ACCÉDER:
La "danse macabre" est visible dans l'église située au centre de la petite ville de La Ferté-Loupière. Elle se trouve à quelques kilomètres de la sortie 18 de l'autoroute A6.
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Cette page a été mise en ligne le 30 janvier 2021
Cette page a été mise à jour le 30 janvier 2021