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Le monument franco-tchécoslovaque

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Après la déclaration de la guerre, le 3 août 1914, de nombreux jeunes gens en provenance de Bohème, de Moravie et de Slovaquie, échappés du joug de l'empire austro-hongrois, encouragé par l'association sportive Sokol, s'engagèrent dans l'armée française. Le premier engagement eut lieu le 21 août 1914. Le 31 août 1914, la 1re compagnie du bataillon C du 2e régiment de marche du 1er régiment étranger de la Légion fut formée à Bayonne avec les 300 premiers volontaires. Après une période d'instruction, cette 1re compagnie fut déclarée prête au combat à la fin de 1914. Cette compagnie fut surnommée "compagnie Nazdar", car les Tchèques lorsqu'ils se croissaient dans les rues de Bayonne se saluaient par "nazdar" qui signifie salut. Cette compagnie connut le baptême du feu le 9 mai 1915 à la Targette lors de la bataille de Neuville-St-Vaast. Elle y eut 42 morts et 200 blessés. Après une deuxième attaque, le 16 juin 1915, le bataillon C déplora de telles pertes qu'il dut être dissous.

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Les volontaires tchèques et slovaques arrivèrent de plus en plus nombreux d'Europe de l'Est et des États-Unis. Une unité tchèque forte de 120 000 hommes combattit avec l'armée russe et gagna la bataille de Zborov, le 2 juillet 1917, face aux Autrichiens. Après la guerre, les rescapées de cette armée furent rapatriées par Vladivostok. Le rapatriement connut de nombreuses péripéties et dura jusqu'en septembre 1920. Une autre légion tchèque fut créée en Italie en avril 1918.

Le 12 janvier 1918 fut formé à Cognac le 21e régiment de chasseurs, premier élément de l'armée tchèque autonome créé le 7 février 1918. Elle était commandée par le général français Janin et son adjoint tchèque Milan Stefanik. Le 22 mai 1918 fut formé à Jarnac le 22e régiment de chasseurs. Ces premiers régiments de l'armée tchèque étaient encadrés par des officiers français en attendant la formation de leurs propres officiers. L'armée française établit pour eux à Darney un camp spécifique baptisé "Camp Kleber" pouvant accueillir 6000 personnes. Le 30 juin 1918, les troupes y reçurent des mains du président français Poincaré et d'Edvard Benés, membre du conseil national tchèque et futur ministre, le drapeau rouge et blanc offert par la ville de Paris. Ce fut la proclamation de l'indépendance tchécoslovaque qui fut reconnue immédiatement par la France, l'Angleterre, les États-Unis et le Japon. Les troupes prêtèrent serment sur ce nouveau drapeau.

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Le 21e régiment de chasseurs fut en 1re ligne dans la région de Sentheim, Lauw et Mittelbach en Alsace du 13 juin 1918 au 15 septembre 1918. Du 16 au 30 septembre 1918, il fut retiré du front et stationna à Épernay. Il occupa ensuite la 2e ligne dans la région de Serzy-et-Prin en Champagne entre le 30 septembre et le 9 octobre 1918 puis fut au repos au camp du Bois de la Lyre du 10 au 16 octobre 1918. La légion tchécoslovaque participa à la bataille de Champagne entre le 17 et le 31 octobre 1918 où elle enregistra de nombreux succès. Elle rejeta les troupes allemandes au-delà de la Vesle près de Reims et releva les Zouaves et les Tirailleurs dans l'Aisne où le 22e régiment de chasseurs captura de nombreux officiers, canons et mitrailleuses allemandes. Le 21e régiment de chasseurs occupa le village de Terron-sur-Aisne et fit face à trois bataillons allemands. Il y connut plus de 500 pertes et ses nombreux actes de bravoure lui valurent d'être cité à l'ordre de l'armée. Près de Vouziers, le 21e régiment de chasseurs reconquit le ravin de Clairefontaine tandis que le 22e régiment de chasseurs fit de même avec le ravin de la Fournelle.

Le 3 décembre 1918, fut formé à Cognac le 23e régiment de chasseurs suivi, le 18 janvier 1919, par le 24e régiment de chasseurs. Les soldats tchécoslovaques rentrèrent dans leur pays, devenu indépendant, à l'automne 1919. La légion tchécoslovaque en France compta 9600 hommes dont 650 y connurent la mort.

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Le 14 mai 1937 à l'initiative du conseil général des Vosges et du sénateur-maire de Darney ,André Barbier, fut décidée la construction d'un monument commémoratif. Celui-ci fut approuvé par les gouvernements français et tchécoslovaque. Le parlement français vota à l'unanimité un crédit de 500 000 francs pour sa construction. Le monument consista en une pyramide de béton haute de 32 m dominant le camp historique de Darney. Elle était ornée d'un écusson en bronze de 1500 kg représentant le lion tchécoslovaque. Le monument fut inauguré le 30 juin 1938 pour le 20e anniversaire de la proclamation de l'indépendance qui avait été prononcé en ces lieux.

Le 18 novembre 1940, les nazis entamèrent la destruction du monument qui nécessita une semaine d'effort. Dès la fin de la 2e Guerre mondiale, le comité départemental œuvra pour sa reconstruction qui fut approuvée par un décret du ministre de l'Intérieur le 2 juillet 1964. Les travaux débutèrent en septembre 1967. Une flèche métallique de 32 m de hauteur surmonte un pentagone de béton. Celui-ci porte les pensées du président français Raymond Poincaré, de Tomas Garrigue Masaryk, président du comité national tchécoslovaque et d'Edvard Benés rappelant le courage et la ténacité de la nation tchécoslovaque. À proximité fut installé un wagon de chemin de fer afin de rappeler que les volontaires se sont rendus sur le front en train.

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Ces photographies ont été réalisées en mai 2017.

 

Y ACCÉDER:

À Darney, prendre la direction de Monthureux-sur-Saône. Le monument se trouve sur la gauche à la sortie du village.



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Cette page a été mise en ligne le 13 janvier 2018

Cette page a été mise à jour le 13 janvier 2018