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Les chutes du Rhin

Les chutes du Rhin à Schaffhausen en Suisse sont la deuxième plus puissante chute d'eau en Europe. D'un débit moyen de 373 m³/s, elles sont hautes de 23 m et larges de 150 m.

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La source officielle du Rhin se trouve au lac de Toma au sud du col de l'Oberalp dans le canton des Grisons en Suisse. Après un parcours de 1233 km au travers de six pays, le Rhin se jette dans la Mer du Nord par un vaste delta au sud de Rotterdam aux Pays-Bas. En réalité, le Rhin possède deux sources. Le Rhin antérieur prend sa source au lac de Toma à 2346 m d'altitude et le Rhin postérieur prend sa source à Hinterrhein sur les pentes nord-est de l'Adula (3402 m). Les deux Rhin se rejoignent à Tamins. Le Rhin a un bassin versant de 198 000 km² reparti sur neuf pays. Il traverse six pays : la Suisse, le Liechtenstein, l'Autriche, l'Allemagne, la France et les Pays-Bas. Ces principaux affluents sont : l'Aar, l'Ill, la Lauter, le Neckar, le Main, la Lahn, la Moselle, la Ruhr et la Lippe. Entre la Suisse, l'Autriche et l'Allemagne, le Rhin traverse le lac de Constance, le troisième plus grand lac d'Europe. Il s'agit de deux lacs reliés par un petit bout du Rhin, long de 4 km. Le lac supérieur a une superficie de 473 km² et le lac inférieur a une superficie de 63 km². En tout, le lac de Constance a une longueur de 65,2 km et une largeur maximale de 14 km. Sa profondeur maximale est de 251 m et son volume est estimé à 48 km³.

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Au niveau de son embouchure, un vaste delta au sud-est de Rotterdam, le débit moyen du Rhin est de 2330 m³/s. Le débit maximal y fut mesuré en 1926 avec 12 000 m³/s et son plus faible débit fut de 600 m³/s en 1947. Ce débit est très variable puisqu'en 1134 le Rhin fut à sec à Cologne et l'inondation de la Sainte-Madeleine, survenue en 1342, est considérée comme étant la crue millénale. Cette crue dura 4 semaines et selon les chroniques à Cologne une barque pouvait passer par-dessus les fortifications de la ville. Le nombre de victimes fut estimé à 6 000 personnes et le volume de terre arable emportée fut évalué à plus de 13 milliards de tonnes, correspondant à 2 000 ans d'érosion dans des conditions climatiques normales. L'histoire a retenu d'autres crues comme celle de Saint-Jean en 1480 qui noya la plaine du Rhin entre Bâle et Cologne et connue comme "le déluge du Rhin". Celle de décembre 1740 transforma l'Alsace et le Pays de Bade en un vaste lac. Les crues des hivers 1784 et 1789, les crues de 1925, 1926, 1955 et 1983 restèrent également dans les annales. Le Rhin connut également des hivers rigoureux comme en 1150 et 1306 où il gela complètement. Il en fut de même durant l'hiver 406/407, où les peuplades fuyant les Huns purent le franchir à pied.

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À l'ouest de Schaffhausen, le Rhin franchit une marche géologique dans une chute haute de 23 m. Avec une largeur de 150 m et un débit moyen de 373 m³/s, il s'agit de la deuxième plus puissante chute d'eau en Europe. La première étant la chute de Dettifoss en Islande (100 m de largeur, 48 m de hauteur et d'un débit moyen de 193 m³/s). Le débit moyen du Rhin au niveau de la chute en été est de 700 m³/s. Le débit maximal fut mesuré en 1965 avec 1260 m³/s et le débit mini le fut en 1921 avec 95 m³/s.

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Avant la glaciation de Riss (- 300 000 à - 130 000 ans), le Rhin passait au nord-ouest de l'actuelle ville de Schaffhausen en passant par la vallée de Klettgau. Cet ancien lit du Rhin fut, durant la glaciation, comblé par les dépôts glaciaires. Il y a - 120 000 ans, le Rhin se détourna vers le sud au niveau de Schaffhausen et creusa une rigole de 20 à 30 m de profondeur dans le calcaire jurassien. Durant la glaciation de Würm (- 115 000 à - 11 700 ans), cette rigole fut comblée par les dépôts glaciaires. Vers - 17 000, le Rhin fut repoussé au niveau de Schaffhausen en un large croissant vers le sud et se mit à creuser son lit actuel. La région ayant été recouverte de dépôts glaciaires facilement érodables, le Rhin y creusa facilement son lit avant d'atteindre le calcaire jurassien où le creusement se ralentit. Au sud-ouest de Schaffhausen, le nouveau cours du Rhin rencontra l'ancienne rigole. Cette ancienne rigole, comblée avec des dépôts glaciaires très tendres, fut à nouveau empruntée par les eaux qui y poursuivirent le travail d'érosion. La zone de rencontre entre le nouveau lit et l'ancienne rigole forma, vers - 14 000 ans, les chutes du Rhin.

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De nombreux peintres ont immortalisé les chutes du Rhin. Parmi les peintres célèbres et les milliers d'anonymes, je ne citerais que Williams Turner dont le tableau "La chute du Rhin à Schaffhouse" fut peint en 1806. Il les peignit également en 1832 et en 1841. La première mention littéraire aux chutes du Rhin apparaît dans une chronique religieuse au XIIsiècle où elle sert de fond à un dialogue entre Saint-Ulrich et l'évêque Conrad de Constance. Elle apparaît ensuite en 1416 dans une correspondance de Gian Francesco Bracciolini dit Le Pogge puis dans des textes d'Aeneas Sylvius Piccolomini, le pape Pie II, qui assista au concile de Bâle entre 1431 et 1438. Les chutes furent décrites en 1521 par Didier Érasme et en 1580 par Michel de Montaigne dans son "Journal de voyage". Le théologien zurichois Johann Kaspar Lavater en fit un "hymne à la toute puissance céleste" dans son poème "Der Rheinfall bei Schaffhausen" écrit avant 1787. En 1792 dans ses "Gedichte", Friedrich Hölderlin parle de "donnernder Rheinsturz" (chute tonitruante du Rhin) et Johan Wolfgang Von Goethe les décrit en 1797 dans "Reise in die Schweiz". Dans son poème "La chute du Rhin à Lauffen", probablement écrit en 1824 lors d'un de ses séjours aux bains de Schinznach en Argovie, Alphonse Lamartine dit "un gouffre bouillonnant, s'enfle et revomit l'onde". En 1832, ce fut au tour de François-René de Chateaubriand de les décrire dans "Mémoires d'outre-tombe" et à Alexandre Dumas dans ses "Impression de voyage en Suisse". Hans Christian Andersen en parle également en 1833 dans son "Voyage en Suisse". Eduard Mörike, dans son poème "Am Rheinfall" paru en 1867, parle de "Wahrlich den eigenen Wutschrei hörete nicht der Gigant hier, / Läg’er, vom Himmel gestürtzt, unten am Felsen gekrümmt !" (En vérité, le géant tombé du ciel n’aurait pas entendu son propre cri de colère, s’il gisait replié, en bas de la falaise !).

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Le célèbre écrivain Victor HUGO (1802-1885) décrit en 1839 les chutes dans la lettre XXXVIII regroupée dans "lettres à un ami" dans les termes suivants :

"Effroyable tumulte ! voilà le premier effet. Puis on regarde. La cataracte découpe des golfes qu’emplissent de larges squames blanches. Comme dans les incendies, il y a de petits endroits paisibles au milieu de cette chose pleine d’épouvante ; des bosquets mêlés à l’écume ; de charmants ruisseaux dans les mousses ; des fontaines pour les bergers arcadiens de Poussin, ombragées de petits rameaux doucement agités. - Et puis ces détails s’évanouissent, et l’impression de l’ensemble vous revient. Tempête éternelle. Neige vivante et furieuse.

Le flot est d’une transparence étrange. Des rochers noirs dessinent des visages sinistres sous l’eau. Ils paraissent toucher la surface et sont à dix pieds de profondeur. Au-dessous des deux principaux vomitoires de la chute, deux grandes gerbes d’écume s’épanouissent sur le fleuve et s’y dispersent en nuages verts. De l’autre côté du Rhin, j’apercevais un groupe de maisonnettes tranquilles, où les ménagères allaient et venaient. …

… Je suis descendu un peu plus bas, vers le gouffre. Le ciel était gris et voilé. La cascade fait un rugissement de tigre. Bruit effrayant, rapidité terrible. Poussière d’eau, tout à la fois fumée et pluie. À travers cette brume on voit la cataracte dans tout son développement. Cinq gros rochers la coupent en cinq nappes d’aspects divers et de grandeurs différentes. On croit voir les cinq piles rongées d’un pont de titans. L’hiver, les glaces font des arches bleues sur ces culées noires.

Le plus rapproché de ces rochers est d’une forme étrange ; il semble voir sortir de l’eau pleine de rage la tête hideuse et impassible d’une idole hindoue, à trompe d’éléphant. Des arbres et des broussailles qui s’entremêlent à son sommet lui font des cheveux hérissés et horribles.

À l’endroit le plus épouvantable de la chute, un grand rocher disparaît et reparaît sous l’écume comme le crâne d’un géant englouti, battu depuis six mille ans de cette douche effroyable."

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Sur le promontoire situé en rive gauche des chutes se trouve le château de Laufen. La première mention à celui-ci date du IXsiècle où il appartenait aux seigneurs de Laufen. Il fut vendu à la ville de Zurich en 1544. Après la Révolution française, le château fut mis en fermage puis acquit en 1833 par le peintre et éditeur Louis Bleuler. Il fut racheté en 1941 par le canton de Zurich. Actuellement, il abrite un restaurant et une auberge de jeunesse.

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Le château de Laufen

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Au bas des chutes, sur la rive droite, se trouve le Schlössli Wörth, un gros manoir construit au XIIsiècle pour servir de poste de douane et de débarquement des marchandises. C'était alors un fief des ducs d'Autriche tenu par une famille Meyer von Jestetten ou Meyer von Werd. En 1251, il appartenait à la famille Schultheißen von Randenburg. Il fut acquis en 1429 par l'abbaye Allerheiligen en Allemagne qui finit par le vendre en 1524 à la ville de Schaffhausen. Il fut remanié en 1621. Depuis 1832, il appartient au canton de Schaffhausen qui en fit un restaurant en 1837.

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Le Schlössli Wörth

Ces photographies ont été réalisées en aout 2024.

 

Y ACCÉDER:

Les chutes du Rhin sont accessibles depuis les deux rives. L'accès en voiture le plus facile se fait en rive droite par Neuhausen am Rheinfall où se trouvent plusieurs parkings. Attention, suivre le fléchage pour les parkings "autobus". Tous les parkings sont payants.

La rive droite des chutes est librement accessible contrairement à la rive gauche où l'accès au bord des chutes est payant (5 francs suisses par personne en 2024).

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 16 octobre 2024

Cette page a été mise à jour le 16 octobre 2024