Le Goetheanum

Rudolf Steiner, né à Kraljévic en 1861, était un philosophe spiritualiste et pédagogue autrichien. Après avoir étudié les travaux scientifiques de Goethe, il fonda une doctrine de recherche scientifique, l'Anthroposophie qui connaît un essor mondial. Steiner écrivit également des pièces de théâtre, les "Drames-Mystères", dont les premières représentations eurent lieu à Munich entre 1910 et 1913. Afin de poursuivre les représentations de ces pièces dans l'esprit de l'anthroposophie, les membres de la Société Anthroposophique Universelle envisagèrent la construction d'un théâtre propre.

Rudolf Steiner réalisa les plans d'un bâtiment dès 1911 en inventant une nouvelle forme d'architecture prenant exemple sur les plantes. Dans l'architecture "organique", chaque élément est en rapport avec l'ensemble et s'y accorde par des métamorphoses. Des contraintes administratives empêchèrent la construction à Munich. Monsieur Grosheintz, membre de la société anthroposophique, mit alors à la disposition de Steiner un terrain sur la commune de Dornach au sud de Bâle. Le projet repris et la première pierre fut posée le 20 septembre 1913. Steiner avait conçu un grand bâtiment en bois formé de deux coupoles occupant au sol un rectangle de 80 m sur 60 m. Ce bâtiment avait une hauteur de 34 m. Il pouvait accueillir 900 spectateurs. Il possédait neuf fenêtres constituées de vitraux fabriqués sur place dans un bâtiment construit spécialement à cet usage, le Glashaus, en 1914.

Le Goetheanum, nom donné en référence aux travaux de Goethe, fut inauguré en 1920. Trois ans plus tard, le 31 décembre 1923, il fut totalement détruit par un incendie criminel. En mars 1924, Steiner réalisa les plans et la maquette d'un nouveau bâtiment qu'il projeta de construire en béton. Steiner ne verra pas la construction du nouveau Goetheanum, car il meurt en 1925 ; année du début de la construction.

Le gros œuvre sera achevé en 1928. L'édifice est monumental et c'est la première utilisation à grande échelle du béton. La base du bâtiment mesure 91 m sur 85 m. Sa hauteur est de 37 m. Il est construit autour d'une grande salle de spectacle de 1000 places avec une scène de 23 m de large, de 20 m de profondeur et de 23 m de hauteur. Trois autres salles de spectacles de 450, 300 et 180 places ainsi que de nombreuses salles d'études et de conférence complètent l'ensemble. L'inauguration en 1928 consacre un bâtiment à l'état brut. La construction se poursuivra jusqu'en 1998. La grande salle sera achevée en 1957. Elle sera remodelée en 1996 afin de mieux satisfaire aux principes de l'architecture organique éditée par Steiner. Le Goetheanum abrite le siège de la Société Anthroposophique Universelle et l'école de science de l'esprit. De nombreuses représentations des œuvres de Steiner et de Goethe y sont données au fil des ans. De nombreux congrès scientifiques y ont également lieu.

goetheanum 20
Un couloir du rez-de-chaussée

goetheanum 21
Le hall d'entrée

En même temps que le premier Goetheanum, Steiner conçut également l'environnement du bâtiment pour en faire un tout. Il conçut les chemins du parc et différents bâtiments annexes. Au fil du temps, différents artistes et architectes conçurent d'autres édifices dans l'esprit de l'architecture organique. Il en existe actuellement une bonne centaine sur la colline de Dornach.

Le Glashaus (maison de verre) fut construit en 1914 pour tailler les vitraux du Goetheanum. Ceux-ci furent taillés à l'aide de meules pour créer des motifs en faisant varier l'épaisseur du verre et modeler ainsi le passage de la lumière. Le Glashaus abrite aujourd'hui le siège de la section des sciences de la nature.

La maison Duldeck, située à l'ouest du Goetheanum, a été édifiée en 1915. Elle était la maison d'habitation de monsieur Grosheintz, le donateur du terrain. Elle abrite actuellement la librairie et les éditions Rudolf Steiner.

Les trois maisons d'eurythmistes situées au sud-est ont été conçues par Édith Maryon en 1920. Édith Maryon, sculptrice anglaise à également réalisé en collaboration avec Steiner une œuvre monumentale en bois, "le représentant de l'humanité". Cette sculpture haute de 9,50 m, pesant 20 t, était destinée au premier Goetheanum. Elle échappa à l'incendie, car elle était en cours de finition à la menuiserie du site. Elle est actuellement installée dans une salle du 5^e étage du Goetheanum.

goetheanum 13
Les trois maisons d'eurythmistes

goetheanum 12
La menuiserie

La maison Van Blommestein a été construite en 1919 pour servir d'atelier à la peintre Louise Van Blommestein avant d'être convertie en maison d'habitation. Le Verlaghaus (maison des éditeurs), construit en 1924, était destiné à entreposer les livres des Éditions Anthroposophiques. Elle abrite aujourd'hui des salles de séminaires.

La maison de Jaeger date de 1921. Il s'agit d'un atelier avec une partie habitation pour la veuve du sculpteur. Elle abrite un petit musée commémoratif et des appartements.

Le Goetheanum, la maison Duldeck, le Glashaus ainsi que le "Felsli" (petite formation rocheuse convertie en théâtre à ciel ouvert) ont été classés monuments historiques par les autorités suisses.

goetheanum 15
Le transformateur électrique

goetheanum 7
Le Felsli

Les hauteurs de Dornach sont dominées par les ruines d'un ancien château. Le château de Dorneck est cité pour la première fois en 1360. À cette époque, les comtes de Thierstein le cède aux Habsbourg. Le château a probablement été construit au XI^e siècle par les comtes de Soyhières associé aux seigneurs de Pfeffingen qui possédaient à Dornach un important domaine. Au XII^e siècle, les Soyhières en sont les seuls propriétaires.

En 1200, les comtes de Thierstein en prennent possession. En 1366, le château fut gravement endommagé par le tremblement de terre de Bâle. Après l'avoir reconstruit, les comtes de Thierstein sont obligés de le céder aux Habsbourg en 1360 qui le leur remettent en fief peu de temps après. En 1384, les Habsbourg récupèrent le château et la moitié du village de Dornach. En 1394, après la défaite de Sempach, les Habsbourg, criblés de dettes, durent vendre le château à Hermann d'Efringen, riche bourgeois de Bâle. Après avoir financé beaucoup de nobles, les Efrigen connurent également des problèmes financiers et durent vers la fin du XV^e siècle remettre le château en gage à un parent par alliance, Conrad de Hallwil. Le château fut finalement vendu en 1485 à la ville de Solothurn. Les troupes impériales des Habsbourg attaquèrent le château durant la guerre de Souabe en 1499. Les troupes impériales furent défaites par les troupes confédérées lors de la bataille de Dornach qui mit fin à la suzeraineté des Habsbourg sur la région. Cette défaite signa également le début de l’indépendance de la Confédération helvétique. La ville de Solothurn acquit en 1502 le reste du village de Dornach au détriment de la ville de Bâle, sa grande rivale, auprès des comtes de Thierstein.

La ville de Solothurn fit du château une importante forteresse frontière face à Bâle. Les deux villes engagèrent une guéguerre qui dura jusqu'au premier tiers du XVI^e siècle ou les deux villes devinrent membres de la Confédération helvétique. Le château connut quelques affrontements lors de la guerre des paysans en 1525, mais son importante dotation en canons, munitions, vivres et hommes le lui épargna durant la guerre de Trente Ans (1618-1648). De même, les troupes françaises l’évitèrent au cours du XVIII^e siècle lorsqu'elles marchèrent sur l'Allemagne.

La Révolution française se propagea au village de Dornach. Les villageois refusèrent de payer les impôts et ignorèrent les ordres du bailli résidant au château. La discipline se relâchant au château, les autorités de Solothurn décidèrent de ne plus fournir de poudre. Le château devint donc une cible facile pour les troupes françaises en mars 1798 qui le réduisirent à l’état de ruines. Après cet épisode, la commune de Dornach vendit le domaine du château aux enchères après l'avoir déclaré bien national. Les ruines n'ayant pas trouvé preneur furent laissées à l'abandon. En 1902, il fut vendu au canton de Solothurn qui de 1903 à 1906 fit des travaux de restauration. Le manque de moyens financiers stoppa les travaux jusqu'en 1970. Depuis cette date, la société soleuroise des monuments historiques en assure l'entretien.

Les hauteurs d'Arlesheim ont été cédées en 708 par Sainte Odile, fille d'Adalric, duc d'Alsace, au couvent de Niedermunster, qu'elle venait de fonder. Les terres d'Arlesheim furent vendues au prince-évêque de Bâle en 1239. Afin d'en assurer la défense, celui-ci fit transformer le donjon qui y existait en forteresse.

Les textes du XII^e siècle mentionnent deux châteaux, Birseck-le-Haut (l'actuel Reichenstein) et Birseck-le-Bas. Les deux étaient reliés par une crête fortifiée. Les châteaux furent endommagés par le tremblement de terre de 1356. En 1373, le prince-évêque Jean de Vienne céda, en hypothèque, les châteaux de Birseck au chevalier de Ramstein pour la somme de 3100 florins, charge à lui de réparer les dégâts du tremblement de terre. Le prince-évêque Jean de Fleckenstein racheta, en 1435, l’hypothèque grâce à un emprunt aux villes de Bienne, de Delémont et Neuveville. Il chargea un bailli d'administrer le domaine. L'endettement des princes-évêques connu cependant un tel niveau qu'ils furent de nouveau contraints de céder les châteaux de Birseck en hypothèque pour 16 000 florins à la ville de Bâle en 1547. À partir de cette date, les Bâlois administrèrent le domaine. En 1584, l'accord de Baden met fin à cette situation. Birseck revient sous l'autorité des princes-évêques et en devient la frontière orientale. L’évêque Guillaume Rinck de Baldenstein modifie fondamentalement la forteresse. Le prince-évêque Henri d'Ostein en fait sa résidence principale durant la guerre de Trente Ans.

C'est à Birseck que le jésuite Sudan va écrire sous la direction d'Henri d'Ostein l'ouvrage "Basilea Sacra" imprimé à Porrentruy en 1668. La forteresse sera ensuite administrée par des baillis et son entretien est de plus en plus négligé. En 1762, le château est tellement délabré que le bailli François Charles d'Andlau transfère l'administration dans une maison d'Arlesheim. Lors de la Révolution française, le château est incendié par les paysans puis vendu aux enchères.

birseck 15
La descente vers le parc de l'Ermitage

birseck 13
La grotte de l'Ermitage

Le château de Birseck est acheté en 1808 par Conrad d'Andlau le fils de François Charles. Il le restaure pour lui donner son aspect actuel. Aujourd'hui, il est la propriété de la "Stiftung Ermitage Arlesheim und Schloss Birseck" qui gère également le jardin anglais établi en contre bas.

Le château de Birseck-le-Haut est donné en bailliage à la famille Reich par les princes-évêques en 1245. Il prend le nom de Reichenstein en 1250. Il suit la même destinée que Birseck-le-Bas, mais la famille Reich y garde la main-mise. En 1813, elle vend les ruines qui après plusieurs propriétaires aboutissent entre les mains du docteur Brodbeck en 1932. Il charge l'architecte Eugen Probst de reconstruire le château. Celle-ci reste cependant limitée au donjon que Brodbeck habite durant l'été. Il fonda en 1938 une fondation pour assurer la gestion du domaine. Depuis 1972, le château peut-être loué pour y organiser des évènements mondains.

L'accès au Goetheanum est fléché dans le village de Dornach au sud de Bâle (direction Delémont sur l'autoroute). Attention, les parkings au niveau du Goetheanum sont payants (parcmètres).

Pour accéder au château de Dorneck, poursuivre le chemin vers le haut de Dornach depuis le Goetheanum (fléchage).

Pour accéder au château de Birseck, suivre en redescendant du château de Dorneck, la première rue à droite (direction Arlesheim), puis prendre à droite vers "Schloss Birseck". Vous pouvez vous garer au parking de l'ermitage ou suivre le chemin montant au château. Pour le château de Reichenstein, il faut monter la route en face du chemin carrossable d'accès au château de Birseck.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.