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L'abbaye de Saint-Wandrille
ou de Fontenelle

Cette abbaye millénaire, également connue sous le nom d'abbaye de Fontenelle, est toujours occupée par des moines bénédictins de la congrégation de Solesmes.

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Les vestiges du transept de l'abbatiale

L'ancien domaine gallo-romain possédant un moulin fut concédé à titre personnel au roi Dagobert en 638. Le domaine fut ensuite racheté par Saint-Gond, neveu de Saint-Wandrille, en 649. La vente fut ratifiée le 1er mars 650 par Clovis II. Sur ce domaine et sur des terres concédées par Erchinoald, maire du palais du royaume de Neustrie, Saint-Wandrille fonda, en 649, l'abbaye Fontanella. Entre 650 et 668, Saint-Wandrille et ses moines construisirent des bâtiments, les églises Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-Laurent, Saint-Amand, Saint-Saturnin, Saint-Pancrace et Notre-Dame de Caillouville ainsi qu'une bibliothèque contenant l'œuvre de Saint-Grégoire 1er, rapportée de Rome. L'abbaye était régie par la règle de Saint-Colomban. Entre 678 et 690, l'abbé Saint-Ansbert construisit un hôpital pour 12 pauvres et 16 malades. Childebert III offrit à l'abbaye le domaine d'Aupec en 704.

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Saint-Gervold devint abbé en 787. À la tête de l'abbaye durant 18 ans, il fut chargé par Charlemagne de fonctions importantes. Il fit reconstruire le chauffoir, la cuisine, l'infirmerie et plusieurs autres parties de l'abbaye. Sous sa gouvernance, l'abbaye devint la troisième abbaye de la province de Rouen. Son successeur, l'abbé Ansegise de Fontenelle, fit bâtir, en 823, un dortoir de 208 pieds de long, de 27 pieds de large et haut de 64 pieds. Il fit décorer le réfectoire par des fresques réalisées par le peintre de renom Madalphe de Cambrai. Il fit également ériger le bâtiment dénommé "la grande maison". En 842, lors de leur première incursion en France, les Vikings, conduits par Asgeir (Oskar), brulèrent l'abbaye de Jumièges. L'abbaye de Saint-Wandrille fut épargnée, car l'abbé Saint-Foulques accepta de payer une rançon. Son successeur, l'abbé Louis du Maine, dut payer deux rançons pour éviter le pillage de l'abbaye par les Vikings. Lors de la quatrième invasion viking, en 862, les moines s'enfuirent à Boulogne en emportant toutes les reliques. L'abbaye fut pillée et détruite. Les moines poursuivirent leur exil à Chartres en 885 puis à Gand en 944. Ils déposèrent les corps de Saint-Wandrille et de Saint-Ansbert au Mont Blandin à Gand.

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Les vestiges du transept de l'abbatiale

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Les vestiges du transept de l'abbatiale

Le duc de Normandie, Richard 1er, soutint, en 960, le retour des moines sous l'autorité de l'abbé Gérard de Brogne. Robert le Magnifique prit des chartes de restitution des biens usurpés à l'abbaye. Celle-ci fut alors dirigée, entre 960 et 966, par Maynard 1er qui alla ensuite fonder l'abbaye du Mont-Saint-Michel. Richard II de Normandie donna, en 1008, l'abbaye à Saint-Gérard. Cette année, l'église Saint-Pierre fut en partie détruite par la foudre. Au cours des travaux de reconstruction, en 1027, furent découverts neuf tombeaux. Deux d'entre eux étaient vides (identifiés comme étant ceux de Saint-Wandrille et de Saint-Ansbert) et un autre contenait les restes de Saint-Wulfran. Le pape Innocent II, en 1145, puis le pape Eugène III, en 1164, confirmèrent les biens et les privilèges de l'abbaye. Sous le mandat de l'abbé Pierre Mauviel, de 1244 à 1255, un incendie détruisit une partie de l'abbaye. Afin de financer la reconstruction, le pape Innocent IV et l'archevêque de Rouen, Eudes Rigaud, publièrent des indulgences. L'abbé Pierre Mauviel procéda à la reconstruction du chœur gothique et du transept. Son successeur, Guillaume de Douillé, reconstruit la nef, le clocher et le cloitre de l'église Saint-Pierre.

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L'emplacement de l'abbatiale

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L'emplacement de l'abbatiale

Entre 1362 et 1389, l'abbé Jean de Rochois fit reconstruire l'église Saint-Paul. Au cours de la guerre de 100 ans, les moines abandonnèrent l'abbaye pour s'installer à l'Hostel Saint-Wandrille à Rouen. Après le retour des moines, l'archevêque de Lyon et de Bordeaux, André d'Espinay, se fit, en 1483, adjuger l'abbaye. Celle-ci devint la possession de Claude de Poitiers en 1523. À partir de cette date, les abbés ne furent plus élus, mais nommés. En mai 1562, au cours des guerres de religion, l'abbaye fut pillée par les protestants. En 1566, les reliques de Saint-Wandrille et de Saint-Wulfran furent en partie détruites en même temps qu'une bonne partie de l'abbaye qui devint ensuite propriété de la famille de Neuville. En 1631, le clocher, haut de 75 m et construit en 1331, s'effondra en détruisant une partie des voutes de l'abbatiale. L'abbé Ferdinand de Neuville de Villeroy, évêque de Saint-Malo et de Chartres, fit reconstruire l'abbatiale après y avoir introduit la réforme de Saint-Maur. Il nomma l'abbé Dom Philibert Cotelle en 1635. Celui-ci fit rénover le chœur, le cloitre, les piliers et les arcs-boutants de la nef. Entre 1678 et 1684, les abbés Dom Hunault et Marc Rivard reconstruisirent la salle capitulaire et le dortoir. Ceux-ci existent toujours aujourd'hui. En 1757 furent construits les pavillons de la Nature et de la Grâce ainsi que la grande porte nommée "porte de Jarente".

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Le cimetière des moines

En 1789, l'abbaye fut déclarée bien national. Les moines furent obligés de quitter les lieux en 1790. L'abbaye fut vendue le 17 janvier 1792 pour 100 000 francs à Cyprien Lenoir qui la transforma en carrière de pierre. La visite de l'archéologue Eustache-Hyacinthe Langlois, en 1826, provoqua un intérêt pour le style gothique et entraina la visite de la duchesse de Berry, mère de l'héritier au trône de France, puis de Victor Hugo. Le marquis irlandais de Stackpoole racheta, en 1863, les ruines et commença la restauration. Le cardinal Léon Thomas, archevêque de Rouen, qui conçut le projet de faire revivre l'abbaye fit ensuite racheter les bâtiments par une société civile qui les loua aux moines de Ligugé. Des moines bénédictins prirent possession des lieux le 13 février 1894. Dom Joseph Pothier, le restaurateur du chant grégorien, en devint l'abbé en 1898.

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La loi de séparation de l'État et de l'église du 1er juillet 1901 obligea les moines à quitter l'abbaye le 29 septembre 1901 pour le prieuré de Conques près d'Herbemont en Belgique. L'abbaye devint alors la propriété du prix Nobel de littérature belge Maurice Maeterlinck qui transforma le réfectoire en théâtre. L'abbaye fut classée Monuments historiques en 1914. Les moines revinrent à l'abbaye le 26 janvier 1931. Le 17 juin 1940, l'abbaye subit le pillage de l'armée allemande. L'oratoire, la sacristie et la bibliothèque furent cependant épargnés par les exactions. L'aile ouest et les toits des bâtiments furent endommagés par les bombardements alliés durant la nuit du 9 au 10 août 1944.

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Les vestiges du transept de l'abbatiale

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Les vestiges du transept de l'abbatiale

En 1969, une grange dimère du XIIIe et du XVe siècle provenant du hameau de Cantelou à la Neuville du Bosc dans l'Eure fut transférée dans l'enceinte de l'abbaye et transformée pour devenir la nouvelle église abbatiale.

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La nouvelle abbatiale

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La nouvelle abbatiale

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Ces photographies ont été réalisées en juillet 2018.

 

Y ACCÉDER:

L'abbaye se trouve au centre du village de Saint-Wandrille-Rançon. Les ruines de l'abbatiale Saint-Pierre sont librement accessibles. La nouvelle église abbatiale peut être visitée en dehors des offices. L'abbaye se visite au travers de visite guidée payante.

 



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Cette page a été mise en ligne le 12 octobre 2018

Cette page a été mise à jour le 12 octobre 2018