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L'abbatiale de la Sainte-Trinité
de Fécamp

De la prestigieuse abbaye de Fécamp ne subsiste, aujourd'hui, que l'immense église abbatiale. Celle-ci est digne des plus prestigieuses cathédrales de notre pays et témoigne de l'énorme richesse de cette abbaye fondée en 658.

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Le comte de Caux, Waneng, fonda, en 658, avec Saint-Wandrille et Saint-Ouen une abbaye de moniale bénédictine pour abriter la relique du "Précieux Sang". Selon la légende, cette relique, confiée à la mer par Isaac le fils de Joseph d'Arimathie, était venue s'échouer sur la plage de Fécamp. La première abbatiale fut consacrée en 665 et la première abbesse en fut Hildemarque du Bordelais. En 678, l'abbaye devint le refuge de Saint-Léger, évêque d'Autun, après son martyr. Il fut assassiné en 680 en forêt de Lucheux (Somme). La "Vie de Saint-Ouen", rédigée au début du IXe siècle, mentionne que 366 religieuses officiaient à l'abbaye de Fécamp. Ce chiffre semble bien exagéré en comparaison aux 300 moines présents à l'abbaye de Saint-Wandrille au VIIe siècle.

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La nef

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Le choeur

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Le transept nord

Les raids des Vikings, en 841, laissèrent l'abbaye dévastée. Les moniales abandonnèrent les lieux et transférèrent les reliques à l'abbaye de Ham. À la fin du Xe siècle, l'abbaye fut relevée par le duc de Normandie, Richard 1er. Les moniales furent transférées à l'abbaye de Montivilliers et remplacées par douze chanoines. La nouvelle abbatiale fut consacrée en 990 par Robert le Danois, archevêque de Rouen. Cette nouvelle église possédait un massif occidental encadré de deux tours. Richard 1er accorda à l'abbaye les terres de Mondeville, d'Argences, de Bretennoles, d'Ingouville et de Saint-Valéry-en-Caux. En 1001, le duc Richard II transforma la collégiale en abbaye bénédictine d'hommes. Guillaume de Volpiano, abbé de Saint-Bénigne de Dijon, en fut le premier abbé. Il y créa deux écoles, foyers de renaissance intellectuelle et artistique. Le mariage d'Aethelred II d'Angleterre avec Emma de Normandie y fut célébré en 1002. Richard II concéda en 1006 à l'abbaye les revenus d'un tiers de la pêcherie et de deux salines à Arques. L'abbatiale fut le lieu du remariage d'Emma de Normandie avec Knut II de Danemark en 1017. Les donations de Richard 1er furent confirmées en 1025 par son fils Richard II qui y ajouta les ports de mer entre Etiques et Liergaut et tous les ports d'atterrissage entre Vattetot et Saint-Aubin-sur-Mer soit tous les revenus en provenance de la mer sur 60 km de côte.

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En 1066, Guillaume le Conquérant installa sa cour à Fécamp. Après sa conquête de l'Angleterre, les abbés de Fécamp devinrent également abbés des abbayes de Westminster et de Ramsey. Guillaume le Conquérant confirma également à l'abbaye la pleine propriété sur tous les ports de mer situés sur son fief en créant la vicomté de la mer. Le troisième abbé de Fécamp, Guillaume de Rots, fit, entre 1087 et 1099, reconstruire l'abbatiale. Il détruisit le chœur pour l'agrandir en largeur et en longueur et développa la nef en détruisant le massif occidental. Un déambulatoire donnant sur cinq chapelles fut créé autour du chœur. En 1099, les corps des ducs Richard 1er et Richard II furent transférés de dessous les gouttières du portail occidental, où l'eau de pluie devait les laver de leurs péchés, à proximité de l'autel.

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La pierre tombale des ducs Richard I et II

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Un incendie détruisit l'abbatiale en 1168. L'abbé Henri de Sully entreprit alors la construction d'une église gothique. Lors des travaux fut découvert en 1171 deux étuis de plomb renfermant les particules du "Sang du Christ". La légende du "Précieux Sang" prit à cette période sa forme définitive. À la mort de l'abbé Sully en 1187, les travaux furent repris sous la direction de Raoul d'Argences qui fit doubler le nombre de travées de la nef. La charpente fut posée en 1227. Gilles de Duremont, qui est signalé comme étant un des juges au procès de Jeanne d'Arc, fut élu à la tête de l'abbaye en 1423. Cette année, l'abbaye se vit confisquer ses biens en Angleterre. La tour lanterne qui surmontait la croisée du transept fut endommagée en 1460 par la foudre.

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Afin de rétablir la discipline qui s'était fortement relâchée, l'abbé commendataire, Henri de Bourbon-Verneuil, fils du roi Henri IV, évêque de Metz, uni, en 1640, l'abbaye de Fécamp à la congrégation de Saint-Maur avec l'accord du roi et du Saint-Siège. Au XVIIe siècle, l'abbaye possédait douze prieurés, huit chapelles, vingt-huit églises dans le diocèse de Rouen, sept églises dans celui de Bayeux et une église dans celui de Lisieux. Elle patronnait également soixante-treize autres églises. La façade de l'abbatiale fut reconstruite en 1747.

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L'Assemblée nationale déclara, le 2 novembre 1790, acquis à la nation les biens du clergé et ordonna aux religieux de quitter les monastères. Ceux de Fécamp le firent le 11 janvier 1791. Le 27 mai 1791, les églises de Fécamp furent supprimées à l'exception de celle de Saint-Étienne et de l'abbatiale qui devint église de la Trinité. Le 14 juin 1791, un inventaire de la bibliothèque de l'abbaye recensa 4880 volumes. Ils furent transportés au district pour y être partagés entre les différentes bibliothèques de la région, mais beaucoup de volumes disparurent, car les habitants se servirent au passage. Le 22 mars 1792, la ville de Fécamp acheta le logis abbatial pour y établir le bureau municipal. Le logis fut démoli en 1857. Les bâtiments claustraux furent vendus le 20 septembre 1792 au citoyen Leplay pour 21 000 livres. Le 11 décembre 1794, l'abbatiale fut transformée en "Temple de la Raison". Le 21 mars 1794 (1er germinal an II) fut supprimé le culte catholique. Il en suivit la destruction des statues, des cloches, de la chaire, des croix et des grilles de l'abbatiale. En 1802 avec l'application du régime concordataire français, l'archevêque de Rouen put de nouveau nommer un curé à l'abbatiale. Adam de Valville, le nouveau curé, voulut démolir en 1803 le jubé du XVe et du XVIe siècle séparant le chœur de la nef, mais devant le refus du conseil de fabrique et de la paroisse, il procéda à sa destruction durant une nuit. L'abbatiale fut classée Monument historique en 1840. Il en suivit une première phase de restauration puis une autre en 1890. L'état actuel de l'édifice nécessite d'urgence une nouvelle restauration.

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L'abbatiale de Fécamp est un édifice long de 127 m. La tour lanterne qui coiffe la croisée du transept a une hauteur de 65 m et la hauteur de la voute à cet endroit est de 40 m. La façade est de style classique avec une porte monumentale encadré des statues des ducs Richard 1er et Richard II, œuvre du sculpteur F. Devaux réalisé en 1881. La nef, soutenue par des contreforts massifs et des arcs-boutants, possède dix travées et deux collatéraux. Les murs sont percés, dans les niveaux supérieurs, de nombreuses fenêtres. Dans le bras sud du transept sont conservés le bas-relief de la "Dormition de la Vierge" et le reliquaire abritant le "Pas de l'Ange". Il s'agit d'une trace laissée par une créature ailée en 943 à l'occasion de la consécration d'un précèdent sanctuaire. Dans le bras nord se trouve une horloge astronomique construite en 1667 par l'horloger rouennais Antoine Beysse. Cette horloge indique l'amplitude des marées et les phases de la lune. Le déambulatoire dessert des chapelles rayonnantes qui furent fermées par des clôtures finement sculptées au début du XVIe siècle. Plusieurs gisants remarquables dont le tombeau de Guillaume de Volpiano y sont conservés. La chapelle axiale est consacrée à Notre-Dame et date du XVe siècle. En face d'elle se trouve le tabernacle dans lequel est conservée la relique du "Précieux Sang".

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plan
(© Wikipédia)

Ces photographies ont été réalisées en juillet 2018.

 

Y ACCÉDER:

L'abbatiale de la trinité est située près du centre-ville de Fécamp.

 



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Cette page a été mise en ligne le 12 octobre 2018

Cette page a été mise à jour le 12 octobre 2018