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Les carrières de la Lie

Les bancs de calcaire constituant les collines entre Mâcon et Cluny furent exploités par l'homme quasiment en continu entre la période romaine et le XIX^e siècle pour produire des pierres de construction et des sarcophages. Les carrières de la Lie dans laquelle une association locale, "Les Carrières de la Lie", mène des fouilles et études depuis 1995 avec le Groupement Archéologique du Mâconnais, sont un exemple très pédagogique des techniques d'exploitation ancestrales. Cette association travaille à l’entretien du site et à l’accueil pédagogique du public.

Situées à 10 km à l’ouest de Mâcon et à 15 km de Cluny, les carrières de la Lie s’étendent sur le flanc d’une colline culminant à 313 m, dominant les hameaux de Somméré et des Bouteaux. Le front de taille exploité est long de 300 m, large de 55 à 150 m, avec des hauteurs allant jusqu’à 25 m. À certains endroits, le remplissage de déchets pouvait atteindre 8 m.

Le calcaire formant la colline s'est formé durant l’Oxfordien, une période du jurassique, entre 161 et 155 millions d'années (Ma). Au niveau de la carrière de la Lie on distingue, du haut vers le bas, un banc de 9 m d'épaisseur de calcaire lithographique, un banc de 4 m d'épaisseur de calcaire pisolithiques, un banc de calcaire dolomitique et un banc de 16 m d'épaisseur de calcaire pisolithique. Le calcaire lithographique qui s'est formé durant l’Oxfordien terminal est une roche dure, fine, utilisée en construction. Le calcaire pisolithique, formé durant l’Oxfordien supérieur, est une roche compacte tendre à extraire, mais qui durcit à l'air. Ce calcaire pisolithique, dit "calcaire de Somméré", possède un grain fin, blanc ou légèrement rosé, parfois marbré. La pierre est durable et peu gélive, se polissant presque comme du marbre. La roche conserve des fossiles (brachiopodes, bivalves, oursins), et les diaclases superficielles disparaissent en profondeur.

L'exploitation du calcaire au niveau des carrières de la Lie se fit presque sans interruption du 1^er siècle av. J.-C. jusqu'en 1934. L'exploitation des carrières durant le haut Empire romain (I^er siècle av. J.-C. – II^e siècle  apr. J.-C.) fut probablement la plus productive. À cette époque, l'extraction se faisait en carrières à ciel ouvert et par cinq galeries souterraines. La production comportait des blocs pour la construction (grand et moyen appareil), des stèles, des colonnes, etc. Durant les fouilles une ébauche de personnage sculpté fut mise à jour, démontrant qu'en plus des carriers des tailleurs de pierre et des sculpteurs étaient présents sur le site. Durant le bas Empire romain (III^e au V^e siècle), la production est plus axée sur les sarcophages de forme rectangulaire. L'extraction se faisait en salles souterraines. Quelques vestiges d'extraction de fûts de colonne de cette époque restent visibles.

Au haut Moyen-âge (VI^e au IX^e siècle), la production se spécialisa dans les sarcophages à cuves et couvercles trapézoïdaux (220 cm de long, 80 cm de large pour le grand côté et 60 cm de large pour le petit côté). Les techniques d’extraction étaient plus sophistiquées. Les couvercles trapézoïdaux et les cuves étaient extraits en trois niveaux par gradins au sein de galeries souterraines. Du X^e au XIV^e siècle, la production fut principalement de blocs en grand appareil et chapiteaux de colonne pour la construction d'édifices religieux ou de château. L'abbaye de Cluny se fournit ici en matériaux de construction. Les carrières alimentaient principalement une demande locale et l'écoulement des matériaux se faisait principalement par la vallée inférieure de la petite Grosne. Entre le XV^e et le XIX^e siècle, le type de production n'est pas vraiment connu. Les carrières furent utilisées comme abris par des conscrits réfractaires jusqu’en 1810. Plusieurs femmes avec des enfants vécurent dans certaines cavités aménagées à l'aide de murs en mortier ou en pierre sèche en maisons troglodytes. La "grotte des Curés" servit de refuge à des prêtres réfractaires durant la Révolution. Au XX^e siècle, la production se poursuivit de manière intermittente jusqu’en 1934. L'extraction se fit alors à la poudre noire pour produire des cailloux.

Les carrières de la Lie furent inscrites aux Monuments historiques en 2001. Cette inscription assure la protection du sol et du sous-sol. Des campagnes de fouilles successives (notamment en 1999) ont cartographié les galeries, étudié les traces de taille, et mis au jour des blocs inachevés, couvercles/cuves de sarcophages, structures troglodytes. Des aménagements environnementaux réalisés par le lycée forestier d’Étang-sur-Arroux et des bénévoles ont permis la réouverture des pelouses calcaires et la lutte contre fougères et les chenilles processionnaires de ces milieux naturels. Les pelouses calcaires abritent jusqu’à 14 espèces d’orchidées et des mares forestières favorisant la faune et la flore pionnières.

Le site et un arboretum sont visitable par un sentier de découverte (1,5 km) en accès libre toute l’année (sauf partie souterraine). Ce sentier balisé présente le site à l'aide de panneaux thématiques et une table d’orientation. L'association "Les Carrières de la Lie" propose des visites guidées en petits groupes des parties souterraines du 1^er avril au 30 septembre avec des reconstitutions (tuilerie et four gallo-romains, ateliers scolaires).

Ces photographies ont été réalisées en mai 2025.

Y ACCÉDER:

Les carrières de la Lie sont situées Route des Pérelles, à La Roche‑Vineuse. L'accès est fléché depuis la D17.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 15 juillet 2025

Cette page a été mise à jour le 15 juillet 2025