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Les fours à gypse de Berzé

Le plâtre, produit issu de la cuisson du gypse, a connu une diffusion massive pour la construction et l’agriculture. En Bourgogne, la région de Berzé-la-Ville a développé, à partir du XVIII^e siècle, une industrie plâtrière structurée autour de carrières, fours et moulins. Le site des fours à gypse de Berzé-la-Ville constitue l’un des ensembles les plus complets et mieux conservés de ce patrimoine industriel du XVIII^e et du XIX^e siècle.

Le gypse est une roche saline à forte teneur en eau (20,9 %). Son nom scientifique est sulfate de calcium hydraté (CaSO₄ 2H₂O). En Bourgogne, cette roche s'est formée au Trias, il y a 235 millions d'années, dans une lagune salée sous un climat chaud. À Berzé-la-Ville le gisement de gypse, riche en cristaux et facile à extraire, affleure dans le relief calcaire. En profondeur, le gisement atteint 20 m d'épaisseur. Il se compose de gypse saccharoïde, de gypse sélénite (blanc avec des colorations bleuâtres dû à l'argile) et Alabastrite ou albâtre (jaune ou ocre dû au fer). Le gisement fut exploité par les moines de Cluny dès le XV^e siècle. Ils utilisaient la roche à des fins décoratives.

Le site devint la propriété de l'abbaye de Cluny en 1702. Au cours du XVIII^e siècle, on y extrayait le gypse pour en faire du plâtre. On effectuait sur le site de Berzé-la-Ville l'extraction, d'abord à l'air libre puis en galerie souterraine (plusieurs km), la cuisson, le broyage, le conditionnement et l'expédition. Le broyage s'effectuait dans un moulin à l'aide d'une meule entraînée par un cheval. Guillaume Dubief déposa en 1832 un brevet pour un moulin à plâtre innovant, qui sera installé à Berzé-la-Ville en 1838 par Esteve Deville en utilisant les installations du moulin à huile de Saint-Sorlin (village de La-Roche-Vineuse) dont les meules étaient entraînées par la rivière. En 1840 furent créés les établissements Étienne Bonin. Celui-ci installa en 1855 une machine à vapeur pour seconder le moulin hydraulique. En 1877, les établissements Étienne Bonin comprenaient une installation hydraulique de grande puissance avec écluse et siphon de 180 m de longueur à La-Roche-vineuse, une machine à vapeur de 20 chevaux, un grand bâtiment avec plusieurs dépendances abritant le moulin, une forge, un magasin pour 20 000 sacs, l’habitat du contremaître, des écuries, remises et hangars. En 1862, la plâtrerie de Berzé-la-Ville employait douze ouvriers dans la carrière et les fours.

À la mort d’Étienne Bonin en 1879 la société passa aux mains de Jean-Marie Preaud. Celui-ci installa un moulin à vapeur sur le site de Berzé-la-Ville dans un bâtiment appelé "La Plâtrerie" près des fours. Ceux-ci avaient une cheminée haute de 38 m. Elle fut démolie en 1902. La concurrence d'autres sites de production de plâtres eut raison du site de Berzé-la-Ville, devenu la propriété de la société anonyme des plâtrières du Sud-Est. L'exploitation prit fin en 1899. Jusqu'au milieu du XX^e siècle, les galeries de Berzé-la-Ville servirent à la culture des champignons (débuté en 1856) et y faire fermenter du malt (à partir de 1875). La production de malt se faisait dans la malterie, bâtiment qui sert aujourd'hui de logement géré par l'OPAC de Saône-et-Loire.

À la suite d'un accident mortel, le préfet décida la fermeture définitive des galeries souterraines. Elles ne sont plus accessibles qu'à des spéléologues avec une autorisation spéciale à cause de leur dangerosité et la présence de chauve-souris. En 1986, l'association "Les amis du Vieux Berzé" décida de sauver le site. Celui-ci fut racheté en 1994 par la municipalité puis défriché et nettoyé. Les fours à gypse de Berzé-la-Ville furent classés aux Monuments historiques en 1996. Une toiture fut installée en 2000 pour protéger les fours circulaires et en 2006 les arbres qui poussaient dans les ruines des trois fours rectangulaires encore visibles furent abattus. Le nettoyage des deux entrées de la mine souterraine fut réalisé en 2010 ainsi que la sécurisation de la voûte d'accès à la galerie supérieure qui s'était effondrée en 2009.

À Berzé-la-Ville l'extraction du gypse se faisait par des galeries souterraines à l'aide de wagonnets tirés par des chevaux. La cuisson du gypse se faisait ensuite dans six fours rectangulaires et trois fours circulaires. Les fours rectangulaires, de grandes dimensions, étaient probablement dédiés à des cuissons lentes et à volume élevé alors que les fours circulaires favorisaient une montée en température plus homogène. Ces fours étaient construits en pierre locale, maçonnés à sec ou au mortier maigre, avec des parois voûtées renforcées. L’alimentation en combustible (essentiellement, bois) se faisait par des orifices latéraux, et le tirage par une cheminée monumentale, aujourd’hui détruite, de 38 m de haut. Le gypse y était cuit à une température d’environ 150 à 180 °C pendant 24 à 48 heures selon la taille du four. Le matériau obtenu, appelé plâtre, devait ensuite être broyé, tamisé et ensaché. Le broyage se faisait dans un moulin. Les premiers moulins consistaient en de simples meules tournées à bras ou par des chevaux. Sur le site se trouvaient au début des moulins manuels, à rouleaux ou pilons, et des moulins à cheval, avec meule dormante fixe et meule tournante entraînée par un cheval. Entre 1841 et 1879, cela se faisait au moulin hydraulique et à vapeur à Saint-Sorlin puis au moulin à vapeur installé dans un local annexe à la plâtrerie de Berzé-la-Ville, améliorant les cadences de production et limitant les pertes lors du transport du gypse cuit. La plâtrerie produisait trois types de plâtres. Le blanc cristallin, utilisé pour les couches de finition sur les murs, la sculpture et les moulures, le plâtre compact grisâtre, utilisé en sous-couche pour les murs, et le plâtre grisâtre plus ou moins terreux, utilisé pour fumer les cultures.

Ces photographies ont été réalisées en mai 2025.

Y ACCÉDER:

Les fours à gypse sont situés rue des fours à gypse à Berzé-la-Ville.

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Cette page a été mise en ligne le 15 juillet 2025

Cette page a été mise à jour le 151 juillet 2025