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La chapelle des moines de Berzé-la-Ville est le seul vestige visible d'un prieuré dépendant de l'abbaye de Cluny. Il s'agit de deux chapelles superposées dont la chapelle haute possède un incroyable décor de fresques du XIIe siècle, seul témoignage qui nous soit parvenu de la peinture monumentale clunisienne du moment de son apogée.
Le Christ en majesté
La première mention de Berzé-la-Ville apparut dans les textes de l'abbaye de Cluny en 1042 ou il est question de la fondation d'un prieuré dépendant de l'abbaye de Marcigny. L'abbé de Cluny, Hugues de Semour (1049-1109), fit l'acquisition d'un domaine agricole à Berzé-la-Ville en 1088. Ce n'est qu'en 1100 qu'il obtint la pleine et entière propriété du prieuré de Berzé-la-Ville. Il entreprit alors la construction de nouveaux bâtiments et d'une chapelle. Fuyant le tumulte de l'abbaye, il y fera, à partir de 1103, sur ces vieux jours, de fréquents séjours. Il y accueillit le pape Pascal II à la Noël 1106. Hugues de Semour plaça la gestion du prieuré directement sous la tutelle de l'administration de l'abbaye de Cluny, contrairement aux autres dépendances de l'abbaye qui étaient soumises à un indentant. Il imposa que les revenus agricoles du prieuré soient suffisants pour nourrir l'ensemble des moines de Cluny une fois par an, le jour anniversaire de sa mort. Le programme iconographique des décors peints dans le chœur de la chapelle fut probablement conçu à cette époque. En 1109, la chapelle, dont les travaux n'étaient pas achevés, subit un incendie dû à la foudre. L'abbé Hugues dont la fin était proche organisa la reconstruction par testament. Celle-ci fut conduite par le prieur Séguin sous l'abbatiat de Ponce de Melgueil (1109-1122).
La nef et le revers de la façade de la chapelle haute furent également décorés avec des peintures murales comme la chapelle basse. Ces décors furent probablement rafraîchis pour le séjour du pape Boniface VIII et de neuf cardinaux à Cluny. Ils passèrent cinq jours à l'abbaye et dans les prieurés environnants en vue d'une rencontre avec le roi Philippe le Bel à la toute fin du XIIIe ou au tout début du XIVe siècle. Cette rencontre n'est cependant pas documentée et est sujette à caution. Au cours du XVe ou du XVIe siècle, les fresques, ne correspondant plus à la mode de l'époque, furent recouvertes par un badigeon. Les bâtiments du prieuré furent eux reconstruits durant le XVIIe siècle. À la Révolution, en 1791, l'ensemble fut vendu comme bien national. La chapelle haute servie alors de grange et la chapelle basse de cellier. Philibert Jolivet, curé de la paroisse de Berzé-la-Ville, redécouvrit fortuitement les fresques en 1887. La chapelle fut classée Monument historique en 1893. La mise en vente de la chapelle en 1945 attira l'attention de l'archéologue britannique Dame Joan Evans. Elle récolta les fonds qui permirent à l'académie de Mâcon de l’acquérir en 1947. Les fresques firent l'objet de plusieurs opérations de restauration en 1979, en 1981 et en 2000. Depuis 2016, la chapelle est ouverte à la visite par le Centre des Monuments nationaux.
La chapelle haute
L'abside de la chapelle haute
Entourée par les bâtiments de l'ancien prieuré, transformé en exploitation agricole au XVIIIe siècle, la chapelle de deux niveaux occupe un éperon rocheux. La chapelle basse, partie la plus ancienne (fin XIe siècle), est constituée d'une nef rectangulaire taillée dans le rocher. Cette nef est voûtée en berceau plein cintre. À son extrémité est se trouve une abside en cul-de-four éclairé par deux petites fenêtres dont une a été obstruée. L'abside présente de nombreuses traces de polychromie datées du début du XIVe siècle. On peut y reconnaître une frise et des décors de joints ocre rouge dessinant un faux appareil (assemblage de pierre formant une maçonnerie).
La chapelle basse
La chapelle basse
La chapelle haute est constituée d'une vaste et lumineuse nef de trois travées, d'un transept d'une travée et d'un chœur en abside en cul-de-four. La nef couverte de lauzes est éclairée par six larges baies en plein cintre. L'abside est éclairée par trois baies en plein cintre. Le transept, séparé de la nef par un arc triomphal retombant sur des colonnes avec des chapiteaux sculptés, est éclairé par deux étages de baies de chaque côté. La nef a une longueur de 7,50 m, une largeur de 5,40 m et une hauteur de 8,80 m. Le transept est long de 4,40 m et haut de 8,15 m. L'abside à une largeur de 4 m pour une hauteur de 6,75 m.
La chapelle haute
La chapelle haute
La chapelle haute
Les fresques de l'abside trouvent leur origine dans l'art paléochrétien. Il s'agit de la "traditio legis" où le Christ montre sa loi et la remet à Saint-Pierre. La fresque composée de plus d'une quarantaine de personnages est organisée sur quatre niveaux. En partie haute, dominant l'ensemble de la chapelle, se trouve un imposant Christ en majesté, haut de 4 m. De part et d'autre du Christ sont représentés, en deux groupes de six, les apôtres accompagnés, à droite, par les diacres Vincent et Laurent et, à gauche, par deux abbés de Cluny.
Le
Christ en majesté
Au niveau en dessous est représentée la parabole des Vierges sages et des Vierges folles relatée dans l'évangile de Saint-Mathieu. Il s'agit de six saintes, représentées en buste, dont cinq portent une lampe et la sixième, Sainte-Consortie, porte une croix. Le niveau inférieur est occupé par les martyrs de Saint-Blaise, à gauche, et de Saint-Vincent, à droite. Dans la partie haute du martyr de Saint-Blaise, une femme lui rend visite en prison pour lui offrir comme nourriture une tête de cochon. Dans la partie basse, Saint-Blaise se fait décapiter. Dans le martyr de Saint-Vincent, il est maintenu sur un gril par ses bourreaux aux ordres du gouverneur Dacien.
Le martyr de Saint-Vincent
Le martyr de Saint-Blaise
La parabole des Vierges sages
La parabole des Vierges sages
Au niveau le plus bas se trouvent Saint-Abdon, Saint-Sennen, Saint-Dorotheus, Saint-Gorgon, Saint-Sébastien, Saint-Sergius, Saint-Bacchus, Saint-Dionusus et Saint-Quintus. Ces saints orientaux et occidentaux du 1er siècle sont peu connus, mais leurs reliques étaient conservées à l'abbaye de Cluny. L'arc d'entrée de l'abside est porté par des pilastres ornés des moines Benoît de Nursie (VIe siècle), fondateur des bénédictins, et Benoît d'Aniane (VIIIe siècle), réformateur du monachisme et auteur de la règle suivie par les moines de Cluny.
Les saints orientaux et occidentaux du 1er siècle
Les saints orientaux et occidentaux du 1er siècle
Ces photographies ont été réalisées en mai 2025.
Y ACCÉDER:
La chapelle des moines se trouve à Berzé-la-Ville, rue de la Chapelle, après le cimetière. Sa visite est payante.
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Cette page a été mise en ligne le 15 juillet 2025
Cette page a été mise à jour le 15 juillet 2025