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La dernière demeure de Lamartine

Alphonse de Lamartine (1790-1869) fut à la fois un poète emblématique du romantisme français et un homme politique influent de la Seconde République. Sa vie oscillant entre rêve poétique et engagement républicain incarne l’esprit tourmenté du XIXe siècle, tiraillé entre tradition et modernité. Par son œuvre littéraire, il a contribué à renouveler la poésie française, et par son action politique, il a tenté d’unir idéalisme et réforme. Le château de Saint-Point est un de ces lieux de résidence emblématique.

Alphonse de Lamartine naquit le 21 octobre 1790 à Mâcon dans une famille de petite noblesse monarchiste. Il grandit au cœur de la campagne bourguignonne et reçut une éducation classique. Il fréquenta entre 1803 et 1810 le collège de Belley, tenu par des prêtres, où il découvrit la poésie, la nature, et les premiers élans mystiques. Ses premières années furent marquées par l’instabilité politique de la Révolution française et du Premier Empire. Il voyagea en Italie en 1811, expérience fondatrice qui nourrira son inspiration poétique. En 1814, il eut une brève carrière de garde du corps sous la Restauration, pendant les Cent-Jours. En 1816, il rencontra Julie Charles au lac du Bourget, amour tragique qui lui inspirera plus tard "Le Lac". Julie décéda en 1817. La publication des "Méditations poétiques", immense succès critique et public, en 1820 marqua le début de sa renommée littéraire. Cette œuvre marqua une rupture avec la poésie classique par son lyrisme intime, sa mélancolie, et l'exaltation de la nature, thèmes qui deviendront emblématiques du romantisme. Il enchaîna avec d'autres recueils importants comme les "Nouvelles Méditations poétiques" (1823), "Harmonies poétiques et religieuses" (1830) ou "Jocelyn" (1836) et "La Chute d’un ange" (1838), deux vastes poèmes philosophiques.

En 1821, il se maria avec Mary-Ann Birch, une Anglaise rencontrée lors d’un voyage. Sa fille Julia, qu’il adorera profondément, naquit en 1823. Elle décédera en 1832. Entre 1823 et 1825, il fut secrétaire d’ambassade à Naples, puis à Florence. À partir des années 1830, après la Révolution de Juillet, il se tourna vers la politique. Élu député (à Berques) en 1833, il défendit des idées libérales, anticléricales et républicaines. Il s’opposa à la monarchie de Juillet et milita pour une société plus juste et démocratique. La publication en 1847 de l'"Histoire des Girondins", immense succès, accrut sa stature politique. En 1848, lors de la Révolution de février, il joua un rôle déterminant. Il devint l’un des membres du Gouvernement provisoire de la Seconde République et fut nommé ministre des Affaires étrangères (avril à mai 1848). C’est lui qui proclama la République à l’Hôtel de Ville et qui refusa que le drapeau rouge remplace le drapeau tricolore, symbole de la Révolution de 1789. Candidat à l’élection présidentielle de décembre 1848, il fut largement battu (moins de 1 % des voix) par Louis-Napoléon Bonaparte. Après son échec politique, Lamartine se retira de la vie publique. Ruiné, il tenta de survivre par la publication d’ouvrages historiques et autobiographiques, notamment les "Cours familier de littérature" (1856-1869). Malgré ses efforts, il sombra dans l’oubli et mourut dans la pauvreté le 28 février 1869, à Paris.

À la fin du XI^e siècle, une existence de seigneurs de Saint-Point est attestée par les textes. Ils furent probablement à l'origine de la construction du 1^er château de Saint-Point. Ce château fut en 1471 assiégé et pris par les troupes du roi de France. En 1626, Claire de Saint-Point, épouse d'Antoine de la Tour Saint-Vidal, institua pour héritier du domaine de Saint-Point son petit-fils, Claude de Rochefort d'Ally. Jean-Baptiste de Rochefort d'Ailly, le fils de Claude, devint comte de Saint-Point en 1668. Anne Claudine de Rochefort d'Ailly épousa, en 1776, Charles Louis Testu de Balincourt, maréchal de camp du roi. Celui-ci vendit, en 1776, le château de Saint-Point à Esprit-François Henri de Castellane, marquis de Castellane qui prit le titre de marquis de Saint-Point. Lors de la Révolution, le 30 juillet 1789, le château fut pillé par les villageois. En 1802, Esprit Boniface Henri de Castellane, endetté, vendit le château à Pierre de Lamartine (1752-1804), capitaine de cavalerie au régiment du Dauphin et chevalier de l'ordre de Saint-Louis. Celui-ci donna en 1820 le domaine de Saint-Point à son fils Alphonse pour son mariage avec Mary-Ann Birch (1790-1863).

Le couple fit restaurer le château. En 1827 eut lieu la construction de l'orangerie avec la tour de l'Horloge. Après le décès de sa mère en 1829, Alphonse de Lamartine fit édifier, à côté de l'église romane et accolée au parc du château, un caveau familial néogothique. Ce caveau accueillit au fil des ans sa mère (en 1829), sa fille Julia (en 1832), sa belle-mère, sa femme (en 1863), lui-même (en 1869) et sa nièce Valentine (en 1894). Entre 1852 et 1855, le château fut réaménagé dans un style gothique anglais (gothic revival) avec un donjon, une galerie et des créneaux. En 1853 fut construit le pavillon sud avec une tourelle d'escalier. Le jardin fut aménagé à l'anglaise. À la mort d'Alphonse, le domaine passa aux mains de sa nièce Valentine de Cessiat. En 1894, Mlle de Belleroche, Mme Violet et Mlle de Senevier, nièces de Valentine, héritèrent du domaine. Elles le vendirent, le 19 novembre 1894, à Pierre Jean-Charles de Montherat. Le château, classé Monument historique en 1972 puis à nouveau en 1989, fut racheté en 2006 par Philippe Mignot qui le revendit en 2021 aux actuels propriétaires, Étienne et Sophie de Baecque.

Les propriétaires actuels sont à cœur de restaurer le château dans le style du XIX^e siècle comme l'a connu Alphonse de Lamartine. Ils vont visiter les lieux à différentes occasions. La visite permet de voir au rez-de-chaussée la cuisine, la salle à manger du XVIII^e siècle et le grand salon transformé en musée Lamartine. La visite se poursuit dans les étages avec le cabinet de travail du secrétaire, la chambre à coucher et le cabinet de travail d'Alphonse de Lamartine. Ceux-ci, classés Monuments historiques, sont conservés dans l’état où ils se trouvaient lors de la mort de Lamartine.

Ces photographies ont été réalisées en mai 2025.

Y ACCÉDER:

Le château de Lamartine se trouve entre le village de Saint-Point et le hameau de Chagny. Il côtoie l'église de Saint-Point où se trouve le tombeau de Lamartine.

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Cette page a été mise en ligne le 15 juillet 2025

Cette page a été mise à jour le 15 juillet 2025