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Perché sur un éperon rocheux dominant la vallée de la Guye, dans le paisible hameau de Saint-Hippolyte, le prieuré de Saint-Hippolyte est l’un des joyaux oubliés de l’art roman bourguignon. Fondé au XIᵉ siècle par les moines de Cluny, fortifié au XIIIᵉ, presque ruiné au XIXᵉ, il doit aujourd’hui sa renaissance à une mobilisation citoyenne exemplaire.
L’histoire du prieuré commence au tournant du premier millénaire. Le lieu, stratégique et fertile, attire l’attention des moines de l’abbaye de Cluny, alors en pleine ascension spirituelle et politique. Au milieu du Xe siècle, les moines acquirent des terres à Bonnay par un échange de terre avec les seigneurs de Brancion. Au début du XIe siècle, le seigneur Josserand de Brancion fit des dons à l'abbaye de Cluny pour le salut de son âme d'une église située à Saint-Hippolyte. L'abbaye de Cluny y fonda un prieuré qui devint un maillon essentiel du vaste réseau économique clunisien. Comptant sept moulins, trois paroisses, des maisons et des granges ce prieuré fournissait à l’abbaye-mère céréales, vin et bois.
À la fin du XIe siècle, l’église Saint-Hippolyte fut reconstruite dans un style roman lombard. Les éléments encore visibles aujourd’hui, chevet en absidiole, arcatures lombardes, témoignent de cette influence architecturale venue d’Italie du Nord. Déjà mentionnée dans une bulle papale en 1095, le site est cité en 1105 comme obédience dans une charte de l’abbaye sous le terme d'obedientia de Sancto Ypolito. Ce prieuré assez important, reçu en 1107 la visite du pape Pascal II. En 1214, les moines de Cluny furent reconnus comme unique possesseur par le roi de France. Les seigneurs de Brancion renoncèrent alors à leurs prétentions sur le domaine et autorisèrent la fortification de l’église, reflet des tensions politiques et militaires dans la région. De cette époque datent les tourelles défensives et surtout le remarquable clocher-donjon, aux murs massifs et percés d’archères, devenu emblème du site. L’église devient ainsi un refuge autant qu’un lieu de culte et faisait partie du système défensif clunisien. En 1319, Saint-Hippolyte fut citée comme Castrum Sancti-Hypoliti.
À partir du XIVᵉ siècle, les crises successives (guerre de Cent Ans, épidémies, insécurité rurale due aux Écorcheurs en 1441) érodèrent l’influence des établissements monastiques. Le prieuré de Saint-Hippolyte n’échappa pas à ce déclin. Vers 1481, une partie importante de l’église, dont la nef, s’effondra ou fut détruite. Le site fut progressivement abandonné, les moines n’y résidant plus, et les bâtiments agricoles tombèrent en ruine. En 1604, le domaine fut aliéné par l'abbé de Cluny au sieur de Trésmon pour la somme de 2400 livres. À partir de la Révolution en 1793, l’église, privée de ses fonctions religieuses, fut utilisée comme grange, carrière de pierres ou pâturage. Des chapiteaux romans furent déplacés, certaines pierres remployées dans des bâtiments alentour. Ce n’est qu’en 1913 que le clocher-donjon fut classé Monument historique, marquant le début d’une reconnaissance patrimoniale tardive.
En 1971, une association locale, "Le Renouveau de Saint-Hippolyte", se constitua pour empêcher l’effondrement complet du site. Grâce à l’aide du mouvement "REMPART" et de nombreux bénévoles, débuta une longue et patiente restauration : déblaiement, consolidation des maçonneries, restitution partielle de la nef par la reconstitution de deux colonnes et de leurs chapiteaux. En 2003, la commune de Bonnay-Saint-Ythaire accepta de racheter symboliquement l’église pour un euro, à condition d’en assurer la préservation. Après plusieurs campagnes de travaux, le site fut rouvert au public en 2008.
L'église était constituée d'une nef de quatre travées avec deux bas-côtés, un transept composé d’une croisée et de deux croisillons et un chœur. Celui-ci est constitué d’une travée droite avec une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four et abrite un autel de pierre. Le chœur est flanqué de deux absidioles. La nef était voûtée en berceau et les bas-côtés étaient voûtés d'arête. Le mur du bas-côté nord, très surélevé, donne l’aspect d’une muraille fortifiée qui rejoint le clocher. Le clocher englobé dans un grand donjon rectangulaire se compose de deux étages éclairés de baies en plein cintre, ornées par des bandes verticales. L'église avait une longueur de 26,90 m pour une largeur du transept de 12,20 m. Le chœur avait une longueur de 5 m.
Ces photographies ont été réalisées en mai 2025.
Y ACCÉDER:
De Cortevaix, empruntez la D127 en direction de Messeugnes et Savigny-sur-Grosne. Après l'embranchement, vers Bonnay prendre la 1re à gauche jusqu'au hameau de Saint-Hippolyte.
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
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Cette page a été mise en ligne le 15 juillet 2025
Cette page a été mise à jour le 15 juillet 2025