Suivez les Lieux-Insolites en France sur INSTAGRAM logo instagram

Les églises de Chapaize
et de Lancharre

L'église de Chapaize, dédié à Saint-Martin, est un exemple du style roman bourguignon primitif influencé par Cluny II. Elle se distingue par sa pureté de lignes et son clocher lombard d’influence transalpine. Elle est l'unique vestige d’un prieuré dépendant de l’abbaye de Saint-Pierre de Mâcon. Le prieuré de Lancharre, situé sur la commune de Chapaize, est un ancien établissement religieux féminin lié à l’ordre de Cluny. L'église, modeste vestige survivant, témoigne du raffinement spirituel et architectural de Cluny, adapté ici à une communauté féminine.

chapaize 1
L'église de Chapaize

lancharre 2
L'église de Lancharre

L'église de Chapaize

L'église Saint-Martin de Chapaize est l'unique vestige d'un prieuré bénédictin, dépendant de l'abbaye Saint-Pierre de Chalon-sur-Saône. Au croisement de deux voies romaines, une source (dénommé source Saint-Léger) fut certainement à l'origine de l’implantation en ces lieux des premiers habitants. Le lieu fut baptisé Chapaize par les bénédictins qui y établirent, au Xsiècle, un petit ermitage. Certaines sources font remonter l'ermitage à l'an 700. L'ermitage prit de l'ampleur et, vers 1030, une église avec une nef de cinq travées flanquée de bas-côtés fut construite. Elle avait un plan basilical avec un transept saillant d'une travée et un chœur avec une abside et deux absidioles. Ce bâtiment avait une longueur de 35 m et une largeur de 13 m. La nef était couverte d'une voûte en plein cintre sur des arcs doubleaux soutenue par de massifs piliers d'un diamètre de 4,80 m. En 1040, un clocher, haut de 35 m, fut élevé sur une coupole sur trompes au-dessus de la croisée du transept. Le clocher est percé de baies jumelées sur ses deux étages supérieurs. Le style de l'église et les décors en bandes lombardes du clocher font penser qu'elle fut construite par une équipe de maçons sous les ordres du moine-bâtisseur lombard Guillaume de Volpiano.

chapaize 2

chapaize 18

chapaize 21

chapaize 22

En 1100, un incendie endommagea la nef qui dut être reconstruite. Les travaux furent achevés en 1120. Mais la pression qu'exerçait la voûte sur les murs provoqua leur écartement au point que le bâtiment menaça de s'effondrer. En 1150, la voûte fut remplacée par une voûte en berceau légèrement brisé et le clocher et le mur nord furent étayés avec des contreforts. Le chevet fut reconstruit au début du XIIIsiècle et à la fin du XIVsiècle les tuiles rondes de la toiture furent remplacées par un toit en lauzes. Cette nouvelle couverture obligea à tripler la pente du toit et à condamner les fenêtres hautes de la nef. Vers 1543, la façade occidentale fut percée d'une grande baie et l’abside et les absidioles furent reconstruites. Ces travaux furent commandés par Nicolas Ridolfé, abbé de Saint-Pierre de Chalon, petit fils de Laurent de Médicis. En 1751 fut construit l'escalier extérieur d'accès au clocher.

chapaize 4

chapaize 11

Au cours du XVIsiècle, les difficultés de l'abbaye mère provoquèrent le départ des moines. Après avoir, dès 1556, loué leurs terres de Chapaize, ils furent contraints de les aliéner en 1603, car c'était "la plus éloignée de Chalon, la plus ruinée et la moins profitable". Le domaine fut acquis par les seigneurs d'Uxelles au prix de 3360 livres et d'une rente annuelle de 255 livres. Les moines gardant uniquement le droit de patronage et de présentation à la cure de l'église. Celle-ci fut agrandie en 1740. Entre 1751 et 1783, elle fut tenue par le curé Nicolas Genoist de Laforest. Passionné de chasse, il s'illustra en 1773 lors de la traque d'un loup enragé dans la forêt de Chapaize. Ce curé fut immortalisé sous le nom d'abbé Duverger par les nouvelles du marquis de Foudras : "Pauvre défunt monsieur le curé de Chapaize" et "Hommes des bois". À la Révolution, en 1797, l'église fut vendue comme bien national à un fermier. Après le rétablissement du culte par le Concordat, elle fut rachetée en 1802 par l'abbé Genillon qui la donna à la commune.

plan chapaize

chapaize 15

chapaize 13

chapaize 14

Classée Monument historique en 1862, l'église dut subir, au cours de la deuxième moitié du XXsiècle, d'importantes réparations. Les quatre colonnes supportant le clocher, qui menaçait ruine, furent reconstruites en 1954 en béton armé caché derrière un parement en pierre de taille. La nef subit un décapage complet en 1975 et les voûtes et les piliers furent restaurés en 1983. La restauration de la toiture de la nef en 1986 permit la réouverture des fenêtres hautes. La toiture du clocher fut refaite en 1991.

chapaize 9

chapaize 7

chapaize 10

L'église de Lancharre

Le prieuré de Lancharre fut probablement fondé dans la première moitié du XIsiècle par les seigneurs de Brancion. Il s'agissait alors d'un collège de chanoinesses composé de filles nobles ou de veuves sous la direction d'un directeur spirituel nommé par l'abbé de Cluny. Surnommées les "Dames de Lancharre", elles demeuraient libres, n'étaient pas soumises à la suprématie spirituelle et temporelle de l'abbaye et ne faisaient pas vœu de pauvreté. Vivant de leurs revenus, elles pouvaient habiter une maison particulière dans l'enclos du prieuré et avoir une servante. Une charte du XIIIsiècle les désigne comme "Sanctimoniales ordinis santi Benedicti". En 1259, Henri de Brancion fut contrait de vendre l'ensemble de ses possessions, dont celle de Lancharre, au duc de Bourgogne. Entre 1236 et 1611, dix-huit prieures se succédèrent à la tête de Lancharre. À partir de 1516, à la suite du concordat signé entre le pape Léon X et le roi de France François 1er, la nomination de la prieure revint au roi. Parmi les prieures importantes nous pouvons citer Isabelle du Blé, nommée en 1542, ou Marie du Blé, nommée en 1611. Elles réformèrent en profondeur le prieuré et Marie du Blé, considérée comme la seconde fondatrice du prieuré, fut la première à porter le titre d'abbesse. Elle obtient en 1626 le transfert du prieuré à Chalon. Louis XIV plaça le prieuré directement sous son autorité en en faisant une abbaye royale. Entre 1611 et la Révolution en 1789, onze abbesses se succédèrent à la tête de l'abbaye. La dernière abbesse fut nommée par Louis XVI le 14 mai 1789. Le décret pris par l'Assemblée nationale le 13 novembre 1789 rendit à la vie civile les vingt-six moniales présent alors à l'abbaye. Les biens de l'abbaye furent vendus comme bien national en 1791. Les bâtiments claustraux furent partiellement détruits ou reconvertis en exploitation agricole.

Lancharre 15

Lancharre 16

L'église primitive de dimension modeste fut érigée au XIe et XIIsiècle. Elle se composait d'une nef avec deux bas-côtés, d'un transept et d'un chœur formé par une abside en cul-de-four. Elle fut utilisée au XIIIsiècle pour former la partie nord d'une église plus grande, longue de 32 m. La croisée du transept et l'abside formant le chœur de l'église primitive devinrent le bras nord du nouveau transept et la nef devint le bas-côté de la nouvelle nef. Le clocher, situé sur la croisée du transept de l'église primitive, fut conservé et surélevé d'un étage ajouré de baies géminées. Le chevet de la nouvelle église est formé d'une abside et de deux absidioles asymétriques. Celle du nord est couronnée d'une frise d'arcatures lombardes. Celle du sud est précédée d'une travée droite. La nef comprenait trois travées (peut-être plus), séparées par des arcs doubleaux reposant sur des pilastres engagés. Elle était couverte d'une voûte en berceau plein cintre et était éclairée par de petites fenêtres en meurtrière en partie haute.

plan Lancharre

Lancharre 14

Lancharre 11

Lancharre 12

Lancharre 13

Après le départ des moniales en 1615, l'église fut probablement utilisée comme chapelle rurale ou église paroissiale supplétive. Mais le manque d'entretien, notamment après la Révolution, conduisit à la démolition, dans les années 1850, de la nef. Ne subsista que le mur nord de la nef et la partie orientale du transept et du chœur. Ces éléments furent classés Monument historique en 1862. Les dalles funéraires des anciennes prieures et des seigneurs qui protégèrent et dotèrent le prieuré qui constituait le pavage du transept, classées Monument historique en 1898, ont été relevées contre les murs afin de les sauvegarder en 1933. Une campagne de consolidation du bâtiment fut réalisée dans les années 1980, la toiture et les murs du clocher furent réfectionnés entre 2004 et 2009 et en 2017 fut restauré l'intérieur de l'église. En 2011 et 2012 des vitraux créés par le maître verrier Jean-Marie Géron furent posé dans les chapelles nord et sud du chœur.

Lancharre 5

Lancharre 9

Lancharre 10

Gisant de Geoffroy de Germolle
Dalle funéraire de Geoffroy de Germolles,
décédé en 1297.

gisant Isabelle de Vauvry
Dalle funéraire d'Isabeau de Vaulvry,
épouse de Geoffroy de Germolles,
décédée en 1295.

Lancharre Jacquette de Saint-Prive
Dalle funéraire de Jacquette de Saint-Prive

Gisant Louise de Digoine
Dalle funéraire de Louise de Digoine,
décédée en 1535

Gisant Marguerite de Germolle
Dalle funéraire de Marguerite de Germolles,
décédée en 1302.

Gisant Marguerite du Blé
Dalle funéraire de Marguerite du Blé,
décédée en 1571

Gisant Parelle de Saint-Clement
Dalle funéraire de Parelle de Saint-Clément,
décédée en 1298.

Gisant 1
Dalle funéraire double de Fanquette de Nanton, décédée en 1326, et de Guillaume de Germolles, son mari décédé en 1342. La partie dévolue à Guillaume de Germolles est dépourvue d'inscription, car son corps ne reposait pas sous cette dalle.

Gisant 2

Gisant 3

Gisant 4

Gisant 5

Ces photographies ont été réalisées en mai 2025.

 

Y ACCÉDER:

Le village de Chapaize se situe sur la D14 reliant Cormatin à Martailly-lès-Brancion. Pour visiter l'église de Lancharre, prendre à Chapaize la D314b puis la D215 jusqu'au hameau de Lancharre.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 15 juillet 2025

Cette page a été mise à jour le 15 juillet 2025