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Dominée durant de nombreux siècles par la monumentale abbatiale de l'abbaye de Cluny, la petite ville de Cluny possède d'autres églises. Vu que l'abbatiale était réservée aux moines, il fallut bien des lieux de cultes pour les fidèles habitant hors des murs de l'abbaye. Aujourd'hui, il subsiste l'église Notre-Dame et l'église Saint-Marcel.
L’église Notre-Dame de Cluny
L’église Notre-Dame de Cluny naquit en dehors de la clôture monastique de la puissante abbaye bénédictine. Sa construction répondit au besoin croissant d’un lieu de culte paroissial pour les habitants de la ville, distinct de l’abbaye. Sa fondation marqua un tournant dans les relations entre les moines et la population clunisoise, jusqu’alors largement dominée par le pouvoir religieux abbatial. Aujourd'hui, elle est l'église paroissiale majeure de la ville.
Une charte datée de 1159 fait état d’une chapelle dédiée à la Vierge. Cette mention est généralement interprétée comme la date de début des travaux d’une nouvelle église destinée à la population urbaine de Cluny. Mais c'est probablement vers 1170, que débuta, sur l'initiative de Saint-Hugues, 6e abbé de Cluny, la construction d'une église de style gothique, mais encore très influencé par l'art roman. Suite aux incendies que subit la ville en 1208 et 1233, l’église fut reconstruite durant la 2e moitié du XIIIe siècle dans un style gothique. On y ajoutera des chapelles latérales et un narthex, porche monumental. La rosace du transept sud est datée stylistiquement du début du XIVe siècle.
À partir du XVe siècle, l’église prend le nom de "Notre-Dame des Panneaux" ou "des Étalons". Ce surnom vient de la présence, sur sa façade, de mesures officielles en pierre (longueurs, contenances) qui servent de référence aux commerçants. L'église conservait les étalons de mesure légale pour les grains, les farines, les catégories de pains, les carreaux et les tuiles. En 1644 y furent transférées les stalles de l'église des Célestins de Lyon. En 1785, le narthex fut démoli. Les sculptures et le tympan historié de la façade disparurent en même temps. Les vitraux furent également remplacés. En 1791, sous la Révolution, l’église est fermée au culte, puis utilisée comme magasin et entrepôt. Le mobilier religieux fut saisi ou détruit, plusieurs statues et autels furent démantelés. L’église fut rendue au culte en 1802. En 1862, elle fut l'un des premiers édifices de Saône-et-Loire à être classée Monument historique. Plusieurs campagnes de restauration seront menées au cours du XIXe et XXe siècle, notamment sous l’égide de l’abbé Giroud, curé de Cluny, qui fit appel à des artistes locaux.
Le 11 août 1944, un bombardement américain visant une colonne allemande à Cluny endommagea fortement l’édifice. La toiture fut partiellement soufflée, d'importantes fissures apparurent dans les murs sud et les vitraux du XVIIIe siècle furent détruits. Ces vitraux furent remplacés dans les années 1980. L’artiste Pierre Choutet, natif de Cluny, conçut une série de vitraux contemporains colorés, à la fois abstraits et symboliques, restituant à l’église une nouvelle ambiance lumineuse.
L’église adopte un plan basilical simplifié, typique de l’architecture romane bourguignonne. Sa longueur est de 35 m pour une largeur de 12 m. Elle possède une nef unique de cinq travées, voûtée en berceau brisé et baignée de lumière en provenance de petites fenêtres en plein cintre, percées en hauteur sur les murs gouttereaux. Cette nef est flanquée de bas-côtés très étroits et assez sombres qui accentuent l’élancement de la nef haute de 11 m. La voûte de la nef en berceau brisé repose sur des arcs doubleaux et des piliers engagés. Les travées sont marquées par des arcs-formerets et des pilastres à chapiteaux sculptés de feuilles d’acanthe stylisées, d'entrelacs et une cinquantaine de têtes humaines sculptée sont présentes dans la nef. Parmi celles-ci, le Pidou-Berlu est particulièrement remarquable. Il s'agit d'une triple tête sous une même couronne symbolisant la Sainte-Trinité. Son nom viendrait de "Pider", guetter, et d'éberlué.
Le Pidou-Berlu
Le transept est peu saillant avec des absidioles latérales qui furent très remaniées au point de les faire disparaître. La croisée du transept est surmontée d'une tour lanterne. Le chœur en hémicycle et voûté en cul-de-four est terminé par une abside semi-circulaire. Le chœur est orné d’une baie axiale et de deux fenêtres latérales, dans l’esprit de l’épure romane. Une crypte, aujourd’hui disparue ou enfouie, a pu exister à l'origine sous le chevet.
L’église Saint‑Marcel de Cluny
Au sud-est de l'abbaye se développa un quartier grâce à l'implantation de métiers liés à l’eau (tanneries, blanchisseries…) aidée par les aménagements hydrauliques réalisés par l'abbaye. Un oratoire dédié à Saint-Marcel (évêque martyr du Chalonnais) s'y implanta. Vers la fin du XIᵉ siècle, un oratoire dédié à Saint-Odon (2e abbé de Cluny) y fut érigé. Une bulle du pape Urbain II de 1095 mentionne l'existence d'une chapelle comme venant d’être construite. En 1120, une bulle du pape Calixte II mentionne la chapelle comme étant l'église paroissiale. Après l'incendie qui détruisit une grande partie de la ville en 1159, l’abbé Hugues III fit construire à la place de cette chapelle l’église actuelle. Vers 1406, deux chapelles latérales furent ajoutées au niveau du transept. La chapelle nord, dite "chapelle des seigneurs", abrite les tombeaux de Pierre de La Palud et de sa femme Marguerite de Montchenu (partiellement détruit lors de la Révolution). Le clocher d’origine reçu, au XVIᵉ siècle, une flèche en brique, ainsi que des oculi en hauteurs, lui donnant un aspect élancé. Entre 1670 et 1680, la nef fut partiellement reconstruite et des voûtes d’arêtes remplacèrent la charpente. On installa également des lambris, des plafonds peints et des contreforts massifs pour soutenir la structure. Au cours du XVIIIe siècle, les ouvertures de la façade et de la nef furent élargies.
Entre 1872 et 1876, l’architecte Giroud conduisit une rénovation complète. Il fit réaliser un nouveau plafond à poutres transversales au niveau de la nef et reprit totalement la décoration intérieure. De nombreux objets liturgiques en provenance de l'abbaye de Cluny furent intégrés notamment les fonts baptismaux, l'autel, les tabernacles, etc. Une nouvelle rénovation de la décoration eut lieu en 1910. L’église fut inscrite aux Monuments historiques en 1912, puisclassée en 2017. Le bombardement aérien de la ville en 1944 détruisit les vitraux. Depuis les années 2000, plusieurs campagnes de restauration visèrent à préserver le chœur, les absidioles et la structure (toiture, maçonneries, vitraux, électricité…).
Cette église romane, longue de 28 m et large de 12 m, se compose d'une nef rectangulaire de trois travées, d'un transept d'une travée et d'un chœur à chevet plat, surélevé de deux marches. Le chœur est terminé par une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four. Au-dessus de la croisée du transept s’élève, soutenue par quatre puissants piliers à impostes moulurées, une coupole à huit pans, formant la base du clocher. Cette voûte s’élève à 11 m. Le premier niveau du clocher est percé d’ouvertures simples en plein cintre, le deuxième niveau est percé de baies géminées à colonnettes médianes et le troisième niveau est ajouré par des baies géminées avec colonnettes engagées et chapiteaux cubiques. Il est couvert par une flèche octogonale en brique du XVIᵉ siècle, d’aspect inhabituel dans la région, flanquée de quatre pinacles d’angle. Sa hauteur est de 42 m.
Le transept est flanqué au nord et au sud d'une chapelle. Celle du nord, dite des Seigneurs, est la chapelle funéraire de Pierre de La Palud et de sa femme Marguerite de Montchenu. Érigée en 1406, elle est voûtée par une croisée d’ogives gothiques dont les culots sont sculptés avec les symboles des Évangélistes. Sur ces murs sont visibles des vestiges de fresques murales représentant les martyres de Sainte-Catherine et de Saint-Marcel. Elle contient un calvaire polychrome du XVe siècle représentant le Christ entouré des deux larrons. Celle du sud est plus sobre et fut probablement construite à une époque postérieure (XVIIe siècle). Elle est voûtée en berceau, sans décor ancien conservé.
La nef sans collatéraux possède des murs épais, percés de baies en plein cintre ébrasées, agrandies au XVIIIe siècle. Le sol est dallé irrégulièrement et des chapiteaux primitifs furent remployés dans les restaurations. Une voûte en berceau brisé remplaça, au XVIIe siècle, la charpente primitive. La façade occidentale, de composition simple, est percée d’un portail en plein cintre encadré par des colonnettes engagées à chapiteaux épannelés (probablement remaniés au XIXe siècle). Le tympan, nu sans décor sculpté, avec un linteau plat est surmonté d'une petite baie en plein cintre et d'un oculus sommital. Dans le chœur se trouve un autel en pierre, probablement du XIXe, encastré dans un retable néogothique réalisé lors de la restauration Giroud. Deux absidioles, éclairées par des oculi romans, s’ouvrent à droite et à gauche.
Ces photographies ont été réalisées en mai 2025.
Y ACCÉDER:
L'église Notre-Dame se trouve entre la rue Mercière et la rue Notre-Dame. L'église Saint-Marcel se trouve place Saint-Marcel (rue Prud Hom).
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
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Cette page a été mise en ligne le 15 juillet 2025
Cette page a été mise à jour le 15 juillet 2025