Suivez les Lieux-Insolites en France sur INSTAGRAM logo instagram

La Sainte Tombe

la sainte tombe
La Sainte Tombe

L'abbaye bénédictine de Sainte Marie d'Arles a été fondée entre 820 et 850 par le moine Castellan sur les ruines des thermes romaines. En 859, le florissant monastère fut découvert par une bande de Normands qui remontaient le Tech. La bande prit une telle ardeur à la mise à sac du monastère que dix années ne suffirent pas aux moines pour tout rebâtir. L'abbé Sunifried abandonna le site des thermes entre 881 et 900 pour reconstruire l'abbaye à son emplacement actuel.

A cette époque ou un peu plus tard, la région fut envahie par des bêtes féroces telles des loups, ours, lion et même des dragons qui prenaient un malin plaisir à dévorer les femmes et les enfants. Lorsque la peste fit également son apparition, un saint homme de nom Arnulphe prit la décision d'aller à Rome pour en ramener des saintes reliques destinées à guérir la région des maux qui l'affligeait. Touché par les paroles d'Arnulphe, le pape lui permit de choisir parmi les reliques conservées à Rome à l'exception de celle de St Pierre et de quelques autres saints.

Lors de son sommeil, Arnulphe vit en rêve deux jeunes gens qui lui dirent qu'ils se nommaient Adbon et Sennen et qu'ils étaient des princes perses. Ils lui apprirent qu'ils avaient été martyrisés à Rome puis ensevelis. Ils lui dirent également que s'il les ramenait en son pays pour les vénérer, ils feraient cesser les maux qui l'affligent. A son réveil, Arnulphe fit effectuer des fouilles à l'endroit indiqué. Il y découvrit très vite les deux corps intacts. Devant ce miracle, le pape les fit exhumer en grande pompe et autorisa Arnulphe a emporter les deux saints.

Arnulphe, étant un homme méfiant, pensa à tous les dangers que présentait le chemin du retour. Il s'imaginait rencontrer quantité de brigands prêts à lui dérober son précieux chargement. Pour ne pas éveiller les soupçons, il enferma les corps dans un tonneau qu'il mit dans un deuxième tonneau rempli d'eau. Débarqué à Reuss, Arnulphe prit la route d'Arles avec le tonneau chargé sur le dos d'un mulet. Arrivé au bord d'un précipice, le muletier pour faire avancer son mulet prononce un affreux blasphème. A peine exprimé, le mulet trébuche et chute avec son précieux chargement dans le précipice. Malgré ses recherches, Arnulphe ne peut retrouver son tonneau. Il rentre donc seul et désespéré à Arles. Arrivé à proximité d'Arles, il est très surpris d'entendre les cloches sonner à toutes volées. Arrivé sur la place de l'église, il voit toute la population à genoux autour du mulet et du tonneau contenant les précieuses reliques. Ceux-ci avaient déjà guéri les pestiférés et fait partir les bêtes féroces. Arnulphe sortit les corps des tonneaux. Il vida l'eau dans un autre tonneau. Un lépreux, qui se trouva à cet endroit se trempa dans cette eau et fut miraculeusement guéri. D'autres malades firent de même et constatèrent également les vertus miraculeuses de cette eau.

Les reliques des deux saints furent déposées dans un sarcophage en marbre blanc fermé d'un couvercle en forme de toit.

L'emplacement de la Sainte Tombe
L'emplacement de la Sainte Tombe

Ce sarcophage est disposé à gauche du parvis de l'église. Il repose sur deux blocs cubiques qui l'isolent du sol. Depuis ce temps, ce sarcophage se remplit régulièrement d'eau pure et finit par déborder. Un constat signé le 3 avril 1942 par dix personnes dit "le sarcophage est plein, le liquide déborde, une grosse goutte tombe toutes les deux minutes sur le devant du tombeau". Le plus ancien écrit témoignant de ce phénomène date de 1591 et est celui d'un ancien dominicain de Claira, Michel LLOT. Il existe aussi un témoignage de la guérison de Guillaume de Gaucelme datant de la fin du XIIe siècle. Aucune source n'alimente le sarcophage. La provenance de cette eau reste un mystère. En 1959, huit jours d'enquête de la part de l'institut d'hydrologie de Grenoble ne permirent pas d'expliquer la provenance de l'eau.

Dans son "Voyage dans le midi de la France", Prosper Mérimée nous apprend qu'en 1835, cette eau coûtait 20 sous la fiole, mais qu'on n'en donnait pas à tout le monde. Il fallait en demander en catalan et il nous apprend que pour avoir demandé en "gavache", on lui en refusa.

Aujourd'hui, l'eau de la Sainte Tombe n'est plus vendue. Elle est distribuée aux fidèles lors de la fête des saints Abdon et Sennen, le 30 juillet.

La réputation de la Sainte Tombe se transmettait de bouche à oreille. En 1992, France 2 (télévision française) diffusa une émission parlant du mystère du sarcophage qui se remplit d'eau. Curieusement, on constata que durant la période suivant cette émission (jusqu'en 1994) où la publicité supplanta les témoignages, le débit de l'eau diminua et l'on finit par manquer d'eau. Ce qui n'était jamais arrivé.

le cloitre
Le cloître de l'abbaye

Actuellement, il est possible d'obtenir une petite fiole de cette eau miraculeuse, en demandant humblement auprès du presbytère.

La Sainte Tombe est un sarcophage paléochrétien du VIe siècle en marbre blanc. Il est recouvert d'un couvercle en forme de toit à deux pentes. Sur le coté est gravée un chrisme entouré d'une couronne et composé d'un X et d'un I. Au-dessus est encastré dans le mur, le gisant de Guillaume de Gaucelme, seigneur de Tellet enterré le 10 avril 1211. Une autre source parle du gisant d'un chevalier d'Homs qui aurait été guéri d'une maladie du nez par l'eau miraculeuse. Le nez du gisant a été délibérément creusé en forme de mortaise afin de recevoir un nez artificiel.

La Sainte Tombe
Le sarcophage avec au dessus le gisant du chevalier

Ici se termine la féerie. Le professeur Henri Broch du laboratoire de Zététique de l'université de Nice Sophia Antipolis a percé le mystère. Dans une intéressante étude (disponible sur Internet www.unice.fr/zetetique), le professeur confirme l'origine céleste de l'eau qui remplit le sarcophage. Cette eau n'est rien d'autre que de l'eau de pluie qui s'infiltre au travers du couvercle du sarcophage. L'équipe du professeur a procédé en 1961 à deux mois et demi de mesures diverses autour du sarcophage. Une autre étude réalisée de mai 1997 à avril 2000 confirma les données initiales. Le couvercle du sarcophage est réalisé dans un marbre poreux alors que la cuve, étant d'un marbre différent, ne l'est pas. L'eau de pluie mouille le marbre, y pénètre et met quatre à six jours pour traverser le couvercle.

l'entrée
L'entrée de l'église

la facade de l'eglise
La façade de l'église

la nef
La nef

les fresques
Les fresques au-dessus de l'entrée

Ces photographies ont été réalisées en août 2005.

 

Y ACCÉDER:

La Sainte Tombe est située sur le parvis de l'église de l'abbaye Sainte Marie à Arles sur Tech. L'accès à la tombe est payant (visite de l'abbaye).

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 15 décembre 2005

Cette page a été mise à jour le 21 février 2015