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Le château de Villeneuve-Lembron est une parfaite illustration de la transition entre le Moyen-âge et la Renaissance. Le fossé et les tours affirment toujours le rôle défensif du château, mais son aménagement intérieur en fait un château de plaisance. Les décors peints de ces galeries extérieures et des différentes salles sont des plus extraordinaires et une illustration éblouissante de l'imaginaire médiéval et du début de la Renaissance.
Rigaud d'Aureille (1455 - 1517), écuyer en 1494 puis chevalier en 1496, fut le maître d’hôtel ordinaire des rois de France Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier. Ils lui confièrent des commandements militaires et des missions diplomatiques. Il prit part à la campagne qui mena Charles VIII à Naples en 1494-1495. Il fut également ambassadeur et chargé de missions diplomatiques en Autriche, auprès de divers princes ou gouvernements en Italie, en Turquie, dans les cantons suisses, auprès de l'empereur du Saint-Empire romain germanique, Maximilien d’Autriche, et certainement dans d’autres pays. Il devint également bailli de Chartres en août 1496, puis bailli des Montagnes d'Auvergne en janvier 1510, puis sénéchal d'Agenais et de Gascogne en avril 1512. Estimant certainement que l’hôtel d’Aureilhe, aussi appelé Vieux Château de Villeneuve, résidence de la famille, n'était plus à la hauteur de ces fonctions, il entama, en 1480, la construction d'un nouveau château. Celui-ci était constitué de quatre corps de logis érigés autour d'une cour centrale de forme carrée. Aux quatre angles se trouvait une tour cylindrique. Le tout entouré d'un fossé sec. La construction marque la transition du Moyen-âge à la Renaissance. En 1500, Rigaud d'Aureille fit décorer le mur de la galerie du rez-de-chaussée avec des scènes satiriques. Il se fit même représenter au sein de ses scènes assis dans une cathèdre.
L'hotel d'Aureilhe
L'église Saint-Claude
L'aile est avec l'entrée du château
Les écuries et la tour de la chapelle
Le roi François 1er, se souvenant de son ancien maître d’hôtel, passa la nuit au château le 15 juillet 1533 lorsqu'il se rendit à Marseille pour y marier le Dauphin Henri II à Catherine de Médicis. Le château passa aux mains de Gaspard de Montmorin, gouverneur d'Auvergne en 1577. Celui-ci, avec sa femme, fit réaliser, à partir de 1582, de nouveaux décors peints dans les logis du château avec notamment les scènes mythologiques inspirés des métamorphoses d'Ovide que nous pouvons admirer autour des fenêtres. C'est également eux qui feront aménager les écuries.
L'aile ouest
Leur descendant, Nicolas de Montmorin, vendit le château en 1643 à Isaac Dufour, trésorier de France au bureau des finances de la généralité de Riom. Celui-ci fit d'importants travaux au château. Il fit supprimer l'aile faisant face au village pour en faire une terrasse, aménagea la galerie à portique de style Renaissance au 1er étage de l'aile nord et fit peindre les décors des plafonds et des cheminées dans les logis. Il fit également percer de nouvelles ouvertures pour éclairer les pièces. En 1754, Élisabeth Catherine Dufour de Villeneuve apporta le château en dot lors de son mariage avec Michel Pellissier de Féligonde. Le château passa sans encombre la période de la Révolution française. Adrien de Roquecave d'Haumieres, baron de Thuret, en devint le propriétaire lors de son mariage avec Léontine Pellissier de Féligonde en 1855.
L'aile nord
L'aile est avec la tour de la chapelle
La propriété fut rachetée en 1906 par le député Georges Tixier. Après le classement du château aux Monuments historiques en 1927, Georges Tixier en fit don à l'état en 1937. Il vendit par contre les communs du château à un agriculteur. Lors de travaux de restauration effectués en 1960, on redécouvrit les décors peints du château. Géré par le Centre des monuments nationaux, l'état lança d’importants travaux de restauration, notamment en 1965, en rachetant les bâtiments annexes afin de consolider l’ensemble monumental d’origine. En 2014, le Centre des monuments nationaux avec l’architecte en chef des Monuments historiques entreprit des restaurations ciblées sur les plafonds peints, cheminées et décors muraux, en utilisant des techniques modernes (peintures écologiques, études de conservation…). Après deux ans de travaux majeurs, le château a rouvert au public en juillet 2016.
Le fossé
Les écuries
Les écuries
Les écuries
Actuellement, le château se présente sous la forme de trois corps de logis de deux étages disposés en "U" autour d'une cour carrée. Quatre tours cylindriques flanquent chaque angle. Une terrasse ferme le quatrième côté de la cour. Le tout est entouré d'un fossé sec. Le château fut construit à la transition entre le Moyen-âge et la Renaissance. Le fossé et les tours affirment toujours le rôle défensif du château comme au Moyen-âge, mais son aménagement intérieur en fait un château de plaisance typique de la Renaissance. Il est complété par les bâtiments communs constituant une exploitation agricole.
La porcherie
La grange
Un des aspects les plus intéressants du château sont les peintures humoristiques et de grotesques que Rigaud d'Aureille fit exécuter sur le mur de la galerie nord de la cour intérieure. Y sont représentés le "Dit de la Bigorne", le "Dit de Chicheface", le "Dit de l'astrologue" (dict de l'Astroloc) et le "Dit du vieux maître d’hôtel" (Dicts d'une vieulx maistre dostel). La Bigorne est une grosse bestiole bien grasse qui dévore les hommes tyrannisés par leur femme. La légende dit qu’il est gros parce que sa nourriture est abondante.
La Bigorne
En contraste, Chicheface est une bête famélique aux traits efflanqués ne mangeant pas à sa faim, car elle ne mange que les femmes sages, fidèles et obéissantes à leur mari. L'inscription évoque sa laideur et sa voracité, ainsi que sa finesse extrême : "laide estoit de cors…", "les yeux gros comme des corbeilles". Pour éviter de se faire dévorer, il fallait répondre avec orgueil ou être rebelle à son mari, renversant les rôles attendus.
Chicheface
L’Astrologue est en fait un autoportrait de Rigaud d’Aureille, figuré en personnage divinatoire ou savant, à côté de ses créatures symboliques. Il incarne le seigneur qui sait manier l’humour et la morale à travers l’art.
L'Astrologue
Le Dict du "vieux maître d’hôtel" est également un autoportrait possible de Rigaud d’Aureille assis dans une cathèdre. Ce personnage représente la figure du maître d’hôtel, noble fonction qu’il exerçait auprès des rois de France. Placé parallèlement à l’Astrologue, ce personnage souligne l’identité professionnelle du commanditaire de ces fresques.
Le vieux maître d’hôtel
La visite du château débute avec la cour intérieure où l'on peut admirer le décor de losanges colorés de l'aile ouest (découvert en 2005) et les décors de la galerie du corps de logis nord. Celle-ci, en plus des peintures des grotesques, est orné d'une collection de trophées de chasse qui furent offerts à Rigaud d'Aureille par Maximilien d’Autriche. La visite se poursuit au rez-de-chaussée par les cuisines et la salle des blasons. Dans celle-ci se trouve une frise héraldique commandée par Maximilien d'Aureille et composée de 33 blasons aux armes d'Aureille et des familles apparentés. Cette frise fut complétée, à la fin du XVIe siècle, par des grotesques (entre les blasons) et d'arabesques sur le mur sud et, autour des fenêtres, de monogrammes et de scènes inspirées des Métamorphoses d’Ovide. Les deux portes-fenêtres furent ouvertes au XVIIe siècle par Issac Dufour. Le salon blanc attenant et dont le nom provient des lambris blancs posés au XVIIIe siècle présente autour des fenêtres un décor inspiré de l'histoire de Judith.
La galerie du corps de logis nord
La cuisine
La cuisine
La salle des blasons
La salle des blasons
Une des tapisseries
Le salon blanc
Le salon blanc
Empruntant un escalier à vis, on accède, au 1er étage, à la chambre de la Bergère, nom inspiré du décor peint sur la cheminée au XVIIe siècle. À la fin du XVIe siècle, les embrasements des fenêtres ont été peints avec des scènes mythologiques d’après des gravures de Bernard Salomon. Nous pouvons y admirer le jugement de Paris, Myrrha transformé en arbre à myrrhe d'où naît Adonis, Diane et Actéon, Diane et Zeus en nymphe et une énigmatique scène de deux femmes dans des ruines. La petite chambre installée dans la tour nord-ouest et accessible depuis la chambre de la Bergère servait soit de garde-robe soit de chambre à un domestique. Les décors peints à la fin du XVIe siècle autour des fenêtres du grand salon représentent Judith et Holopherne, Pyrame et Thisbée, etc. Ces décors furent complétés au XVIIe siècle par un plafond peint.
La chambre de la Bergère
La chambre de la Bergère
La chambre de la Bergère
La chambre de la Bergère
La chambre de la Bergère
La chambre de la Bergère
La chambre de la Bergère
La chambre de la Bergère
La chambre suivante est celle dite de François 1er. C'est dans celle-ci qu'il aurait passé une nuit en 1533, mais aucune preuve ne le confirme. Cette pièce possède toujours sa cheminée de l'époque de la construction du château. Depuis cette pièce, nous accédons à la galerie Renaissance donnant sur la cour. Dans cette galerie, une fresque raffinée illustre une ville portuaire, très probablement Constantinople ou Rhodes, faisant écho aux missions diplomatiques et aux voyages de Rigaud d’Aureille.
La chambre de François 1er
La galerie Renaissance
La fresque de la galerie
La fresque de la galerie
La visite se termine par la chapelle située au rez-de-chaussée de la tour sud-est. Cette chapelle dédiée à Saint-Michel est entièrement couverte de fresques du XVIe au XIXe siècle. Près de la porte est peint un magnifique paysage avec une scène de chasse et un Saint-Christophe du XVIIe siècle.
La chapelle
La chapelle
La chapelle
La chapelle
La chapelle
La chapelle
Les grandes écuries, qui abritent actuellement l’accueil et la billetterie, possèdent également une fresque monumentale. Sur la voûte en berceau, longue de 25 m, subsiste les deux tiers d'un décor peint du XVIe siècle à l'occasion d'un mariage. Exceptionnellement bien préservée, la fresque oppose, dans deux grandes scènes, les plaisirs du temps de paix à la violence de la guerre. Du côté sud, la scène montre une joute amoureuse entre une cavalière sur un cerf et un chevalier. Du côté nord, des chevaliers en armure assiègent un camp. Un foisonnement de figures hybrides humaines et animales mythologiques mêlant guerre, chasse et symboles populaires complète ces scènes. L'écurie ayant été occupée durant de longues années par une étable, les parties inférieures des fresques furent effacées par les bovins se frottant aux murs.
Les grandes écuries
Les grandes écuries
Les grandes écuries
Les grandes écuries
Les grandes écuries
Les grandes écuries
Les grandes écuries
Les grandes écuries
Ces photographies ont été réalisées en juin 2025.
Y ACCÉDER:
Le château de Villeneuve-Lembron se trouve dans le village de même nom. Sa visite se fait uniquement en présence d'un guide et est payante.
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
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Cette page a été mise en ligne le 2 septembre 2025
Cette page a été mise à jour le 2 septembre 2025