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La vallée des Saints

La Vallée des Saints à Boudes, parfois surnommée "le Colorado auvergnat", est le témoin d’une longue histoire géologique, un refuge de biodiversité originale, et un lieu de promenade magique qui invite à la contemplation et à la protection de notre patrimoine naturel.

À partir de 70 millions d’années (Ma), le climat alternait entre chaud et humide et chaud et sec. Dans ces conditions se formèrent des dépôts d'altérites du Lembron rouge composé d'argiles et de grès rouge à nodules d'hématites de 0,5 à 2 cm de diamètre. La formation des Alpes entre 40 Ma et 8 Ma provoqua l'effondrement du fossé de Limagne et la création du bassin tertiaire d’Issoire, une cuvette recelant un large lac marécageux recevant les apports d’argiles, de sables et de graviers issus de l’érosion des reliefs alentour (Monts Dore, Cézallier, Livradois). Ces dépôts se sont accumulés en couches colorées par des oxydes de fer, donnant aujourd’hui les teintes rouges (hématite), jaunes (limonite) et brunes (goethite). Il y a 3 Ma l'éruption du Cézallier provoqua une coulée de basalte qui recouvrit ces sédiments. À partir de 2 Ma les différentes glaciations et autres variations climatiques entamèrent les couches sédimentaires. L’érosion creusa des ravines et isola des piliers où une couche plus dure protège les niveaux inférieurs formant les cheminées de fées. Le vent et l’eau accentuèrent les formes, donnant l’impression de silhouettes humaines ou animales. Henri Lecoq (1802 - 1871), botaniste, donna au lieu le nom poétique de "Vallée des Saints", en raison de l’allure des formations du Vallon des Fosses évoquant une procession de moines en soutane.

Cette curiosité géologique couvre environ 27 à 40 hectares, selon les sources, et se compose du Vallon des Fosses, du cirque des Mottes-Mounouzes et des sources salées de Bard. On y dénombre 23 cheminées de Fées dont la hauteur varie entre 1,5 m et 10 m. Les cheminées de fées sont temporaires, certaines s’écroulent, d’autres se forment lentement. Les pluies exceptionnelles peuvent provoquer des glissements de terrain et des effondrements. Cette évolution constante explique que la Vallée des Saints ne ressemble jamais exactement à ce qu’elle était quelques décennies plus tôt. En 1990, le ministère de l'Agriculture aménagea un sentier afin de canaliser les visiteurs. Classé zone Natura 2000 en 2001, le site fut protégé en tant qu’Espace Naturel Sensible (ENS) en 2006. Le site fut réaménagé entre 2010 et 2012 par la mise en place de plateformes d'observation et de panneaux explicatifs. Afin de préserver le site, certains sentiers furent alors fermés.

Avec une pluviosité de 550 à 600 mm/an, le site est un des endroits les plus secs de France. Le climat y est froid en hiver, il gèle 60 jours par an, et chaud en été. Les températures y sont supérieures à 30° durant plus de 20 jours par an. La végétation est donc adaptée à la chaleur et à la sécheresse. Le site présente une mosaïque d’habitats avec des zones boisées, des pelouses sèches, des rochers et des milieux humides. Les chênes pubescents et les chênes sessiles couvrent environ 38 % du site. Les pins sylvestres, les frênes et les robiniers occupent 20 %. Les milieux de transitions entre les zones boisées et les zones herbeuses occupées par des buissons épineux (prunelliers, aubépines, genévriers) et de massifs arbousiers (noisetiers, cornouillers, etc.) occupent 11 % et les pelouses sèches, 2 %. La flore compte une vingtaine d’espèces d’orchidées (céphalanthère de Damas, platanthère à deux feuilles, orchis mâle, etc.) et 110 espèces de plantes vasculaires.

La faune compte une quarantaine d'oiseaux nicheurs comme le circaète Jean-le-blanc, le pouillot de Bonelli, la pie-grièche écorcheur, le bruant zizi, le milan noir, le milan royal, l'épervier, la bondrée apivore ou la buse variable. Le circaète Jean-le-blanc a un régime alimentaire exclusivement composé de reptile et principalement des serpents. Les spécialistes ont estimé qu'un couple élevant un jeune consomme environ 700 à 800 serpents par an. De nombreux autres petits animaux et reptiles vivent également sur le site. Soixante espèces de papillons y furent notamment dénombrées.

À proximité du village de Bard se trouvent quatre sources d'eau salée dont la principale est la source romaine. L'eau de la source romaine jaillit à une température de 15 °C avec un débit d'un demi à deux tiers de litre par minute. Elle contient 1,39 g par litre de chlorure de sodium (sel de table), du calcaire ferrugineux et du gaz carbonique. La source romaine fut redécouverte en 1882 par Michel Augier. En creusant le lieu où l'eau apparaissait, il mit à jour une vasque maçonnée profonde de 80 cm. Il y découvrit 67 monnaies romaines du 1^er au III^e siècle apr. J.-C.. Cette source était donc vénérée par les Romains. En 1903, Albert Augier, fils de Michel, demanda l'autorisation de commercialiser cette eau conditionnée en bouteille. L'autorisation lui fut accordée en 1912, deux semaines après son décès. Il est compréhensible que le projet ne se concrétisât pas.

Ces photographies ont été réalisées en juin 2025.

Y ACCÉDER:

Un sentier de découverte, balisé en boucle d’environ 5,8 km, accessible depuis Boudes (ou le hameau de Bard), permet de parcourir le site en 1 h 45 à 2 h. Le départ du sentier se fait depuis le parking aménagé à l'entrée du village de Boudes (D48) en venant de Saint-Germain-Lembron. À Bard, il faut se garer sur le parking à l'entrée du hameau puis traversez celui-ci en direction de la ferme de Maily. Poursuivre ensuite sur le chemin jusqu'à la lisière du bois et prendre le sentier partant sur la droite.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

Cette page a été mise en ligne le 2 septembre 2025

Cette page a été mise à jour le 2 septembre 2025