La cascade du Saut de la Barthe

Nichée dans un vallon boisé à proximité du lac Chauvet, sur la commune de Picherande, la cascade du Saut de la Barthe est une chute d’eau sauvage et pittoresque qui témoigne à la fois de la force de l’érosion et de l’héritage volcanique du massif du Sancy. Elle séduit par son charme discret, son cadre volcanique et forestier, et son facile accès. C’est un petit bijou naturel, idéal pour une courte promenade en famille ou une halte contemplative au cœur des volcans d’Auvergne.

Le ruisseau de Neuffonds (eau verte) prend sa source sur le flanc est du Puy de Paillaret. En descendant des plateaux volcaniques, il rencontre une coulée de lave basaltique, vestige des éruptions anciennes du Sancy. Au contact de ce relief irrégulier, le ruisseau chute en une cascade d’une dizaine de mètres de haut environ, dévalant ensuite une gorge encaissée aux parois sombres. Au bout d'une course de 21,2 km, le ruisseau de Neuffonds rejoint la Tarentaine, affluant de la Dordogne.

Au niveau de la cascade, les blocs basaltiques, usés par l’eau, sont couverts de mousses et de fougères, donnant à l’ensemble une atmosphère fraîche, humide et verdoyante. Les hêtres, épicéas et noisetiers qui bordent le chemin filtrent la lumière et enveloppent la cascade d’une ambiance forestière presque intime. Depuis le sentier, on découvre la cascade en contrebas, que l’on peut admirer depuis un petit pont de bois en amont. En se rapprochant du pied de la cascade par un sentier raide et parfois glissant, on perçoit toute la puissance du torrent, l’eau s’écrase sur les roches volcaniques dans un bouillonnement d’écume blanche, puis reprend sa course vers la mer. Au printemps, le débit nourri par la fonte des neiges est fort, la cascade est alors la plus spectaculaire. En été, le site devient un refuge de fraîcheur, très apprécié lors des journées chaudes. En automne, les feuillages rouges et dorés se reflètent dans l’eau, créant une palette éclatante. En hiver, la cascade se fige parfois en partie sous la glace, offrant un tableau cristallin d’une grande beauté (mais l’accès peut être dangereux).

Une légende pèse sur cette chute d’eau, celle de la Dame Barthe, autrefois seigneuresse des hauteurs, aujourd’hui oubliée des livres, mais pas de la montagne. On raconte qu’au Moyen Âge, un petit castel de bois se dressait sur un éperon voisin. Sa maîtresse, la Dame Barthe, veillait sur la vallée. C’était une femme fière et solitaire, connue pour sa justice ferme, son regard de glace et son mépris des hommes. Elle ne parlait que peu, gouvernait ses terres sans époux, et refusait les prétendants des seigneuries voisines. Un jour, un jeune troubadour nommé Loïs gravit la montagne. Il venait de la plaine et chantait comme l’eau claire. Il composa pour la dame des vers doux comme le vent d’été, et pour la première fois, le cœur de Barthe vacilla. Mais au lieu de l’aimer, elle eut peur. Peur de s’attacher, de devenir vulnérable. Une nuit, elle le fit accuser d’espionnage et le livra aux gardes. Loïs tenta de fuir dans la forêt. Elle le poursuivit elle-même, à cheval, le cœur battant de rage et de désir confus. Elle le rattrapa au bord du ravin. "Tu m’as fait faiblir" lui dit-elle, "et pour cela, je te chasse à jamais". Et dans un geste de colère, elle le poussa. Le jeune homme tomba. Son corps disparut dans le torrent, mais au lieu de mourir, il se fondit dans l’eau même. Une cascade jaillit à l’instant de sa chute, blanche comme l’écume des cieux. La montagne pleura avec lui. Barthe, horrifiée par son propre geste, se jeta à son tour dans le vide. Mais son âme, chargée de fierté, ne put reposer. Elle fut condamnée à errer autour de la chute d’eau, invisible, entre brume et mousse. Depuis ce jour, la cascade est appelée le Saut de la Barthe. Non pas en l’honneur de sa noblesse, mais en mémoire de sa chute, au sens propre comme au sens moral. Par temps couvert, on peut entendre deux voix se mêler au grondement de l’eau, celle d’un jeune homme chantant une mélodie douce, et celle d’une femme qui murmure un prénom, sans fin. Certains affirment que si un couple d’amants sincères se baigne ensemble dans le bassin caché de la cascade, la malédiction s’efface pour un soir. Et le chant devient harmonie. Mais attention : si l’amour est feint ou entaché de trahison, la brume se referme, le courant se renforce, et le sentier du retour disparaît jusqu’au lever du jour.

De Picherande, prendre la direction de Besse par la D203. Après l'accès au lac Chauvet, prendre le 1^erchemin à gauche (panneau indicateur). À l'embranchement, prendre à gauche jusqu'au parking à gauche au niveau du chemin en terre. Suivre ce chemin / sentier qui mène sur le haut de la cascade. Pour descendre au bas de la cascade, poursuivre sur le sentier jusqu'à l'embranchement d'où un sentier permet de revenir vers le bas de la cascade (sentier escarpé).

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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