Suivez les Lieux-Insolites en France sur INSTAGRAM logo instagram

La cathédrale
Notre-Dame de la Treille

La statue de Notre-Dame de la Treille, vénérée depuis la fin du XIIe siècle dans le nord de la France, a trouvé refuge dans la dernière cathédrale construite en France au cours du XXe siècle. La cathédrale, dont la première pierre fut posée le 1er juillet 1854, ne fut achevée que 145 ans plus tard lors de son inauguration le 19 décembre 1999.

nd treille 1

L'origine de la statue de Notre-Dame de la Treille est incertaine. Le premier miracle qui lui est attribué date du 2 juin 1254 où des aveugles, des paralytiques et des sourds recouvrent la santé. D'autres séries de miracles lui sont attribuées entre 1519 et 1527 et entre 1634 et 1638. La statue délivre des possessions et guérit des maladies comme les hernies, la cécité, la paralysie ou la peste. Dés 1254, le pape Alexandre IV établit canoniquement une confrérie de Notre-Dame de la Treille. Une procession annuelle en son honneur fut établie en 1269. Elle fut perpétuée jusqu'à la Révolution. Au XVIIe siècle, l'église lui reconnut officiellement 54 miracles. En 1667 après sa conquête de la Flandre, Louis XIV s'engagea devant la statue à respecter les libertés des Lillois. La statue fut déposée depuis le début du XIIIe siècle dans la collégiale St-Pierre de Lille. La collégiale subit lors du siège de la ville par les Autrichiens en 1792 de forts dégâts. La statue fut sauvée des décombres par le sacristain Alain Gambier qui la cacha chez lui. La statue fut ensuite déposée, en 1801, dans l'église Sainte-Catherine où on l'oublia. Le père Charles Bernard, devenu curé de la paroisse Sainte-Catherine, la redécouvrit et restaura le culte en 1846. En 1872, la statue fut transférée dans la nouvelle cathédrale en construction qui lui fut dédiée. Elle y fut bénie par le pape Pie IX en 1874.

nd treille 30

La description faite par le père Charles Bernard au cours du XIXe siècle parle "d'une statue en pierre peinte d'une hauteur de 80 cm. Sa pose est celle d'une reine séante en son trône. Elle a un sceptre dans la main droite et soutien, de la main gauche, l'enfant Jésus sur ces genoux". La statue est entourée d'un treillis en bois doré qui sert à sa protection, mais également a accroché des linges, offrandes ou autres objets votifs. La statue actuelle est une copie, l'originale ayant été volée en 1959. C'est le treillis qui l'entoure qui lui aurait donné son nom, mais il semble que le nom serait plutôt à rapprocher d'un ancien domaine viticole (Treola) attesté au IXe siècle à proximité du lieu de sa vénération.

nd treille 12
Notre-Dame de la Treille

À l'époque du Bas-Empire romain, lors de l'installation des évêques du début du Christianisme, la ville de Lille n'existait pas. Ce qui explique, avec d'autres vicissitudes de l'histoire, que malgré la taille de la ville au milieu du XIXe siècle, Lille n'était pas le siège d'un évêché et donc ne possédait pas de cathédrale. À cette époque, la population et les autorités de la ville s'en émeuvent estimant injuste de dépendre du diocèse de Cambrai. De nombreuses personnes se sont donc engagées dans un combat contre l'état et l'église pour obtenir un évêché à Lille. La cause fut gagnée le 25 octobre 1913 avec la publication de la bulle papale "Consistotiali decreto" qui créa le diocèse de Lille et fit de la basilique Notre-Dame de la Treille sa cathédrale.

nd treille 5

En 1853, le député Charles Kolb-Bernard (à l'origine des actions pour la création d'un diocèse de Lille) et son cousin l'abbé Charles Bernard (à l'origine du renouveau de culte de Notre-Dame de la Treille) créèrent une commission, "l'œuvre de Notre-Dame de la Treille et St-Pierre", destinées à la construction de la plus somptueuse des églises en l'honneur de Notre-Dame de la Treille. La commission conçut dès l'origine l'église comme une cathédrale et acquit, pour la somme de 223 000 francs de l'époque, un terrain au cœur du vieux Lille. Un concours international pour la construction d'une église de style néo-gothique fut lancé en 1854 et le 1er juillet 1854, la première pierre de la future cathédrale fut symboliquement posée. La commission reçut 41 projets et en mars 1856 le 1er prix fut attribué aux Anglais William Burges et Henry Clutton. Mais les membres de la commission ne pouvaient se résoudre à confier la construction de la cathédrale à des Anglais, de surcroit de confession anglicane. En mai 1856, la commission confia au père Martin et à l'architecte Charles Leroy (4e au concours) la mission de concevoir un projet à partir de celui des Anglais en passant outre des protestations anglaises. Après le décès subit, le 24 novembre 1856, du père Martin, Charles Leroy se retrouva seul aux commandes du projet. Sans remettre en cause les plans du père Martin, Leroy modifia le projet pour le rapprocher de son propre concept. Le devis initial de 4,5 millions de francs explosa à 16,5 millions de francs. Les travaux débutèrent le 9 juin 1856 avec la construction du chœur, mais rapidement des difficultés imprévues ralentirent les travaux. L'humidité du sol obligea à creuser les fondations plus profondément. Il fut alors décidé de créer une crypte sous l'édifice. Celle-ci, construite petit à petit en fonction de l'avancement de l'édifice, va devenir avec ses 2500 m2 la plus grande d'Europe.

nd treille 10

Les fondations du chœur furent terminées en février 1857 et l'archevêque de Cambrai, Monseigneur Regnier, inaugura les chapelles de la crypte le 4 juin 1859. Le rythme des travaux se trouva ensuite ralenti par le manque de financement. Les murs du chœur furent cependant assez avancés pour recevoir une couverture provisoire en 1868. Le chœur fut inauguré en juillet 1869 par Monseigneur Chigi, nonce apostolique de Paris. Les relations entre la commission et l'architecte Charles Leroy furent ensuite de plus en plus difficiles et en 1870 le chantier fut à l'arrêt. Lors du couronnement de la statue de Notre-Dame de la Treille et son dépôt dans le chœur de la cathédrale, le 21 septembre 1872, la cathédrale reçut en don un jeu de 42 cloches. Un campanile fut donc construit provisoirement sur la gauche de la cathédrale pour les abriter. La construction eut lieu entre mai et juin 1874. Le campanile, réalisé en brique, est haut de 35 m et repose sur des fondations profondes seulement de 1 m. Prévu pour être détruit après la construction des tours de la façade de la cathédrale, il est toujours en activité. En 1875, la commission décida de se séparer de Charles Leroy. Refusant de céder les plans, Leroy entama un procès à la commission. Le jugement, prononcé en 1880 peu après sa mort, lui fut défavorable.

nd treille 28
Le campanile

Le 12 décembre 1889, l'architecte Paul Vilain fut désigné pour poursuivre la construction qui reprit en 1893. La chapelle axiale fut érigée entre 1893 et 1897. Après avoir été consacrée le 27 juillet 1897 par Monseigneur Monnier, évêque auxiliaire de Cambrai, elle accueillit la statue de Notre-Dame de la Treille le 21 septembre 1897. Des dons importants, surtout en provenance de Camille Féron-Vrau, permettront la construction rapide, entre 1894 et 1908, des chapelles rayonnantes du chœur. À la mort de Camille Féron-Vrau en 1908 les travaux furent de nouveau ralentis et la construction de la sacristie s'étala entre 1908 et 1913. En 1913, le pape Pie X accorda à la basilique le titre de cathédrale.

nd treille 2

nd treille 3

La construction du transept, décidé en novembre 1919, commença en 1922. Le transept nord fut achevé en 1928 et le sud en 1934. Entretemps, Michel Vilain reprit la direction du chantier après la mort de son père, Paul, en 1933. Le portail du transept nord fut inauguré en 1934 alors que celui du sud ne le fut qu'en 1938. En 1935, l'association diocésaine racheta la cathédrale à la commission et entreprit la construction de la nef. Pour réduire les coûts, il fut décidé de remplacer la pierre de taille par le béton armé et de simplifier la crypte sur laquelle sera construite la nef. La crypte fut achevée en 1937, mais les difficultés financières et la mobilisation de 1940 interrompirent la construction qui reprit en avril 1941. La nef reçut un plafond et une toiture provisoire en 1947. Elle fut inaugurée le 1er juin 1947 en présence de Monseigneur Roncalli, futur pape Jean XXIII. À cette date fut également réalisée une façade provisoire en brique. En 1954, il fut décidé de réduire la hauteur de la nef et remplacer les fenêtres hautes par une claire-voie de 3,50 m de hauteur. Malgré cette réduction du projet initial, les fonds manquaient et la nef ne fut achevée qu'en 1975.

nd treille 27

La façade de la cathédrale qui devait comporter une rosace encadrée de deux hautes tours de 115 m fut officiellement abandonnée en 1991. Dans les années 1970, il fut même question de démolir l'édifice, mais le diocèse estima que cette option serait plus couteuse que l'achèvement de l'édifice. En 1990, l'architecte Pierre-Louis Carlier fut chargé par l'évêque de Lille, Monseigneur Vilnet, de concevoir un nouveau projet de façade. Il s'associa avec Peter Rice et réalisa une partie centrale, haute de 30 m, composés de 110 plaques de marbre blanc translucide soutenu par une structure métallique. Cette partie est coiffée d'une rosace de 6,50 m de diamètre représentant la passion et la résurrection du Christ et dessinée par Ladislas Kijno. Le portail central, haut de 5 m, est l'œuvre de Georges Jeanclos. Il s'agit d'un décor de personnages endormis accrochés aux entrelacs d'une immense treille de vigne réalisée dans un style fortement inspiré par l'horreur des camps de concentration nazis. Décédé en 1997, il ne put achever les deux portails latéraux qui furent terminés par Maya Salvado Ferrer selon ses esquisses. La façade fut inaugurée, le 19 décembre 1999, par Monseigneur Defois, évêque de Lille. Cela clôtura la construction de la cathédrale qui fut classée Monument historique le 2 mars 2009.

nd treille 26

nd treille 31

La cathédrale a la forme classique d'une croix latine. Intérieurement, elle a une longueur de 110 m pour une largeur de 54 m au niveau du transept. Le chœur a une largeur de 38,80 m et la nef est large de 26,40 m. La hauteur de la nef est de 32 m. La nef possède six travées et est flanquée de deux bas-côtés. Le transept est constitué d'une croisée de plan carré flanqué de chaque côté de trois travées. Le chœur comprend cinq travées droites et un chevet à cinq pans. Il est entouré d'un déambulatoire flanqué de six chapelles rayonnantes et d'une chapelle axiale.

nd treille 13

Une description complète de la cathédrale et de son architecture est disponible sur Wikipédia.

Ces photographies ont été réalisées en juin 2016.

 

Y ACCÉDER:

La cathédrale Notre-Dame de la Treille se trouve rue du cirque au centre-ville de Lille. Elle est en principe ouverte tous les jours.

La partie la plus récente de la crypte, sous la nef, est occupée par le Centre d'Art Sacré de Lille. Il est ouvert au public les samedis et les dimanches après-midi.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 18 septembre 2016

Cette page a été mise à jour le 18 septembre 2016