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La ville gallo-romaine de
 Bliesbruck-Reinheim

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La villa romaine

Le parc archéologique de Bliesbruck-Reinheim, situé à cheval sur la frontière franco-allemande, présente 700 000 m2 de vestiges allant de 700 av. J.-C. au Ve siècle apr. J.-C.. Le site est situé sur la rive gauche de la rivière Bliess qui permettait le transport fluvial de marchandises et sur la voie romaine reliant Strasbourg à Trêves. Il regroupe une nécropole celte, une ville gallo-romaine et une grande villa romaine.

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Les tumulus

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L'emplacement de la villa romaine

À la fin de l'âge du bronze s’établit à cet endroit une nécropole qui fut datée de 700 à 150 av. J.-C. puis, après le Ve siècle av. J.-C., un habitat du peuple celte des Médiomatriques. Vers 40 – 50 av. J.-C. se constitua une ville gallo-romaine dont le nom nous est inconnu. Des constructions monumentales furent érigées au IIe et IIIe siècle apr. J.-C. au moment où la ville connut son apogée. Les quartiers artisanaux ayant été détruits à la fin du IIIe siècle apr. J.-C., la ville perdit son aspect urbain et déclina jusqu'au Ve siècle. Des traces d'occupation mérovingienne furent retrouvées sur les collines et dans la nécropole celte. Les ruines des thermes romains furent utilisées comme habitat avec des éléments fortifiés au XVe et XVIe siècle. Le site fut redécouvert vers 1760. La villa romaine fut fouillée entre 1806 et 1809. Le parc archéologique fut créé en 1989 et les vestiges des thermes furent protégés par un pavillon à l'architecture audacieuse en 1994. À partir de 2004 des travaux de recherche se développent, mais que 20 % de l'agglomération gallo-romaine furent fouillés. La ville gallo-romaine fut classée aux Monuments historiques en 1986 et en 1995.

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Pavillon d'entrée de la villa romaine

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L'allée menant à la maison du propriétaire

En 1954, l'exploitant d'une sablière au lieudit Katzenbuchel (actuellement un étang) découvrit un miroir en bronze qu'il transmit aux archéologues. À partir du 4 mars 1954, l'archéologue Joseph Keller entreprit des fouilles. Un tumulus très arasé fut mis à jour. Ce tumulus de 23 m de diamètre devait avoir une hauteur de 5 m et était surmonté d'une stèle. Il contenait une chambre funéraire, orientée nord-sud, réalisée en chêne et ayant une longueur de 3,50 m, une largeur de 2,70 m et une hauteur de 0,90 m. Le sol trop acide avait dissous les os, mais les vêtements de l'occupante, une femme d'au moins 1,68 m, étaient encore visibles. Ceux-ci étaient agrafés par des fibules en or décorées de corail. Dans la tombe furent recueillies deux cornes à boire avec des décors en or, un torque de 187 g en or, un bracelet en or, véritable chef-d'œuvre avec des représentations d'Artémis et d'Athéna, un collier composé de 132 perles d'ambre de la Baltique, des perles en verre carthaginoises. Parmi le mobilier se trouvait un service à boire d'apparat, des plats en bronze et une magnifique cruche avec un couvercle portant un petit cheval à tête humaine barbu. La cruche avait contenu du vin d'importation. Le miroir en bronze de la tombe appartient à une série très limitée au nord des Alpes. Il fut réalisé localement et avait également des fonctions magiques. La coutume de déposer de tel objet dans les tombes n'est connue qu'après 400 av. J.-C.. La tombe de la princesse de Reinheim fut datée de 370 av. J.-C.. Son occupante était de la même classe sociale que la célèbre princesse de Vix. Plusieurs autres tumulus funéraires ont été reconnus sur le site. Les tumulus actuellement visibles sont des reconstitutions réalisées en 1999 à proximité du lieu original.

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Le tumulus de la princesse de Reinheim

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Les tumulus

À côté des tumulus se trouve la villa romaine. Cette très grande villa contrôlait un vaste domaine agricole estimé à plus de sept hectares. Les fouilles, réalisées à partir de 1987, ont mis à jour des vestiges fortement arasés. Pour faciliter la compréhension du site, les archéologues allemands ont reconstitué une partie de la villa (mur de clôture, pavillon d'entrée et bâtiment annexe) par analogie avec d'autres sites. En 2000, les archéologues ont retrouvé une visière de casque en forme de visage qui faisait partie de l'équipement de parade de l'armée romaine au cours du 1er siècle apr. J.-C.. Le porche d'entrée donne accès à une grande cour de 300 m sur 135 m pourvus de six bâtiments, un de 15 m sur 9,50 m, quatre de 10 m sur 8 m et deux de 22 m sur 12 m. Ces bâtiments étaient disposés de chaque côté de la cour et dégageaient une allée menant à la villa du propriétaire du domaine. L'intendant du domaine était logé dans un bâtiment de grande qualité.

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La villa romaine

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La villa romaine

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Reconstitution de maison celte

La maison du propriétaire s'inscrit dans un rectangle de 80 m sur 62 m. Elle se compose d'un pavillon avec deux ailes. L'aile est se compose de 23 pièces. L'aile ouest se compose d'une grande salle d'audience de 33 m sur 18 m, d'un espace thermal et de sept pièces. Au nord de la villa se trouvait un bassin ornemental de 40 m de longueur. La villa fut détruite par un incendie au début du IIIe siècle. Elle fut alors reconstruite avec de notables changements. Après le milieu du IIIe siècle, des ateliers furent installés dans la villa qui fut abandonnée après un nouvel incendie au milieu du IVe siècle.

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La villa romaine

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Mur d'enceinte du domaine de la villa romaine

La ville gallo-romaine s'établit au sud de la villa sur une superficie de 20 hectares et abritait quelques milliers d'habitants. Entre le 1er et le IVe siècle elle fut un centre de production artisanal de haute qualité. De part et d'autre d'une rue principale s'étendaient deux quartiers artisanaux. Les fouilles, réalisées en 2001 et 2004, mirent à jour dans le quartier coté est 14 constructions et dans le quartier coté ouest 8 constructions. À son apogée, la ville devait compter une centaine d'habitations. Cette ville était certainement rattachée à Divodurum (Metz) et à la villa par un lien de dépendance, les habitants payant un droit de fermage ou un loyer.

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Une cave d'une maison de la ville

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Emplacement de four métallurgique

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La ville

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Une autre cave

Les maisons étaient construites sur des parcelles longues de 7 à 12 m, mais avec des façades étroites côté rue. Au début de la ville, les maisons étaient érigées en bois et en terre. Par la suite, elles furent construites en pierre avec des pans de bois. Les toits étaient en tuiles. Nombreuses étaient les maisons possédant une pièce, généralement de 3 m sur 3 m, chauffés par un système à hypocauste. Les activités artisanales se pratiquaient au cœur des maisons comme en témoignent les nombreuses traces d'activités métallurgiques, de boulangerie, de cuisson ou de commerce mis en évidence par les fouilles. L'approvisionnement en eau se faisait par les fontaines publiques disposées dans les rues.

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Au centre de la ville se trouvait un marché à ciel ouvert de 140 m sur 90 m possédant dès le IIe siècle une fontaine. Celle-ci fut agrandie au IIIe siècle pour devenir monumentale. Au niveau de ce marché se trouvait un bâtiment public en hémicycle bien plus grand que les différentes maisons de la ville. Au nord des thermes se trouvait une basilique, bâtiment public où se déroulait la vie politique de la ville. La toiture de ce bâtiment, long de 31,60 m et large de 15,60 m, était soutenue par huit piliers placés le long de l'axe central. La basilique fut datée du IIIe siècle.

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Un des nombreux puits

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Comme toute ville gallo-romaine qui se respecte, celle-ci possédait également des thermes. Les thermes s’inscrivent dans un rectangle de 90 m sur 40 m, ce qui est très grand pour une ville de cette importance. Construite à la fin du 1er siècle ou au début du IIe siècle, ces thermes furent peut-être offerts aux habitants par le propriétaire de la villa. D'une configuration classique, elles se situent à l'ouest du marché et étaient entourés de boutiques sur les côtés nord et sud.

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Système d'hypocauste dans les thermes

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Dans les thermes

Fouillées entre 1987 et 1993, elles relevèrent une partie centrale de 20 m sur 10 m constitués de trois salles identifiées comme étant le frigidarium (pièce froide), le tepidarium (pièce tiède) et le caldarium (pièce chaude) précédé des pièces servant d’accueil et de vestiaires. Les ailes du bâtiment rassemblant les boutiques étaient longues de 30 m et larges de 4,90 m. Elles étaient divisées en sept locaux bordés d'un portique. L'aile nord possédait également un grand bâtiment de 15 m sur 10,90 m. Au nord des thermes se trouvait une palestre carrée (terrain de sport) de 20 m de côté. Les thermes furent fortement modifiés à la fin du IIe siècle puis à nouveau au milieu du IIIe siècle où le complexe connut son plus grand développement. Deux grandes salles chauffées y furent adjointes et le portique de l'aile nord fut transformé en galerie fermée. L'aile sud subit également des modifications. Ces modifications confèrent au bâtiment une monumentalité, mais avec une façade irrégulière.

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Un des égouts des thermes

Ces photographies ont été réalisées en janvier 2015.

 

Y ACCÉDER:

De Bliesbruck, prendre la D82 en direction de Reinheim. Le site se trouve le long de la route entre les deux villages.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 10 mai 2020

Cette page a été mise à jour le 10 mai 2020