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L'ancienne abbaye de Voeu

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Le refectoire

L'abbaye fut fondée en 1145 par Mathilde l'Emperesse, selon les dires d'Arthur du Moustier dans son ouvrage "Neustria pia" de 1663 et complété par Dom Beaumier dans le "Recueil des évêchés, archevêchés et abbaye" de 1726. Mathilde, petite fille de Guillaume le Conquérant, prise dans une tempête entre la Normandie et l'Angleterre aurait demandé à la Vierge de la sauver en promettant d'ériger une église à l'endroit où elle toucherait terre. Voyant la terre, le pilote du bateau lui aurait dit "Chante Reyne, voici la terre", laissant l'appellation de Chantereyne à la croute du Homet à Cherbourg. Cette version n'est cependant présente dans aucune chronique de l'époque. Il est plus probable que Guillaume le Conquérant, tombé malade à Cherbourg, fit, pour guérir, le vœu de fonder une collégiale en 1063. Sa petite fille aurait alors renouvelé le vœu. La fondation s'inscrit dans le mouvement de construction de nombreuses abbayes par les ducs et barons normands entre 911 et 1204. Mathilde fonda deux autres abbayes à Valasse et à Silly-en-Gouffern.

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Le pavillon de l'hôpital de la marine

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La salle capitulaire

En 1160, Mathilde y installa une communauté de chanoine régulier de Saint-Augustin issue de l'abbaye Saint-Victor de Paris (30 chanoines réguliers, des novices et environ une centaine de frères-laïcs). Mathilde mourut à Rouen en 1166 avant la fin des travaux de construction de l'abbaye. Elle est inhumée dans l'église Notre-Dame du Bec à Rouen. Le cloitre fut achevé en 1181. Henri II Plantagenet, le fils de Mathilde, unit, en 1187, l'abbaye au monastère de Saint-Hélier de Jersey. En 1256, l'abbaye reçut la visite du roi de France, Louis IX. En 1266 vivaient à l'abbaye et dans les prieurés rattachés quarante-sept religieux. Philippe le Bel gratifia l'abbaye d'une visite en 1286.

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L'église

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Façade de l'hôtel d'Harcourt

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Le pavillon de l'hôpital de la marine

L'abbaye fut pillée, incendiée et détruite à plusieurs reprises lors des conflits franco-anglais notamment en 1294, 1295, 1327, 1330, 1340, 1346 et 1377. Reconstruite en 1450, l'abbaye disposa alors de droit de haute justice sur soixante-dix-sept paroisses et sur les iles anglo-normandes. Elle tomba sous le régime de la commende en 1583. Sous ce régime, l'abbé, nommé par le roi, perçoit directement les revenus de l'abbaye. Le 1er abbé nommé par le roi fut Lancelot de Matignon. L'entretien des bâtiments fut peu à peu délaissé. En 1588, le mandat d'abbé fut reçu par François Hotman, sous-diacre et conseiller du parlement de Paris. Le roi, maintenant la famille Matignon en poste, il en résulta un conflit. En 1598, le mandat d'abbé fut confié par le roi à Jacques Carbonnet, neveu de Lancelot de Matignon qui devra démissionner en 1604 au profit de François Hotman. Au cours de cette période, plusieurs propriétés furent vendues et les bâtiments non entretenus. La lente ruine de l'abbaye se poursuivit avec l'abbé Lejay, fils légitime, âgé de 7 ans, du 1er président du Parlement de Paris.

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Le refectoire

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La salle capitulaire

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Vestiges de l'hôtel d'Harcourt

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Le pavillon de l'hôpital de la marine

En 1647, il ne subsista du réfectoire des moines que les quatre murs sans couverture. Le chapitre n'avait plus de portes et il manquait onze piliers au cloitre. En 1650 fut constatée l'absence de vie commune des moines. Devant le relâchement de la discipline l'évêque de Coutances, Charles François de Loménie de Brienne, et l'abbé commendataire, Alexandre Le Jay, demandèrent, en 1687, l'application de la réforme du prieuré de Bourg-Achard. Dom Jean Moulin, prieur de Bourg-Achard, envoya six chanoines en provenance de Saint-Laurent de Beauvoir-en-Lyons. L'ouverture de petites écoles et l'accueil de pensionnaires réveillèrent la communauté et apportèrent de nouveaux revenus. Les bâtiments furent rénovés, mais le nouveau prieur, Dom Breard de Longuemare, échoua à imposer les nouvelles règles aux anciens chanoines, dont l'ancien abbé Dom Heron qui fut envoyé hors de l'abbaye en 1691.

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Salle capitulaire

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Le refectoire

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Façade de l'hôtel d'Harcourt

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L'hôtel d'Harcourt

En 1778, le terrain de 40 hectares situé entre l'abbaye et la mer fut annexé par le roi pour la construction du nouvel arsenal et du port militaire. L'abbaye devint la résidence du duc d'Harcourt, gouverneur de Normandie, qui procéda à la rénovation des bâtiments. Le roi Louis XVI y résida lors de sa visite à Cherbourg en 1786. En 1793, les bâtiments furent transformés en hôpital pour la marine. Ils seront utilisés comme caserne pour l'infanterie de Marine à partir de 1850 avant de servir en 1866 de bagne sous le 1er Empire. Une cité ouvrière (cité Chantereyne) s'y installa en 1928. Incendié par les Allemands en 1944, il n'en resta que des ruines lorsque la mairie de Cherbourg la racheta en 1961. La restauration des lieux débuta en 1965. En 1994, fut découvert la plate-tombe en céramique du prêtre Guillaume Argene de Rai enfoui sous l'abbatiale. La tombe fut classée Monument historique en 1995 et l'ensemble de l'abbaye le fut en 2002.

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Ces photographies ont été réalisées en juillet 2017.

 

Y ACCÉDER:

L'abbaye du Vœu est située à Octeville, le long de la D901 qui longe la mer au niveau de l'arsenal de Cherbourg.

Sa visite est libre.



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Cette page a été mise en ligne le 24 septembre 2017

Cette page a été mise à jour le 24 septembre 2017