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Le Redoutable

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Le Redoutable est le premier sous-marin à propulsion nucléaire lanceur d'engins construit et mis en service par la France. Après 26 ans de service, il fut transformé en musée. Il est exposé depuis le 29 avril 2002 à la Cité de la mer de Cherbourg. Il est un des trois sous-marins nucléaires visitable au monde. Aux USA, à Groton (Connecticut), est exposé le SSN-571 Nautilus (le 1er sous-marin nucléaire au monde) et à Plymouth, en Grande-Bretagne, est exposé le S106 Courageous.

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Le Redoutable est le 79e sous-marin construit par la DCN à Cherbourg. C'est un bâtiment de 128,70 m de longueur, d'un diamètre de 10,60 m et d'un déplacement de 8920 tonnes en plongée. Il est propulsé par un réacteur nucléaire à eau pressurisée de 100 MW alimentant deux turbines à vapeur reliées par un groupe turboréducteur à une hélice à cinq pales (remplacé par la suite par une hélice à 7 pales) développant une puissance équivalente à 16 000 cv. La propulsion est secondée par un moteur électrique et deux diesels de 750 kW chacun. Son armement comprend quatre tubes lance-torpilles de 533 mm (18 torpilles de 15 km de portée avec une charge de 300 kg de TNT) et seize tubes lance-missile balistiques équipés de têtes nucléaires. Sa coque en acier 80HLES de cinq centimètres d'épaisseur lui permet de plonger à 300 m de profondeur. Il peut atteindre une vitesse de 20 nœuds en plongée. Son équipage est constitué de deux fois 135 hommes (120 hommes et 15 officiers), l'équipage bleu et l'équipage rouge. Durant sa carrière, 2500 hommes ont servi à bord. Son autonomie est de 65 jours de vivre. Sa construction nécessita 12 millions d'heures de travail. La construction et les quinze premières années de service coutèrent 90 milliards d'euros.

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Le premier sous-marin nucléaire fut conçu par les Américains. L'USS Nautilus prit la mer en 1955. Il fut également le premier sous-marin à naviguer sous la calotte glaciaire (Pôle Nord) en 1960. Les Américains mirent en service, en 1959, l'USS Georges Washington, premier sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) armé de seize missiles Polaris à tête nucléaire. L'Angleterre mit en chantier en 1964 son premier SNLE, le HMS Resolution. Construit avec l'aide des USA, il était armé de seize missiles Polaris d'une portée de 1800 km. Opérationnel en 1967, il fut suivi en 1968 et 1969 par trois sisterships.

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Le turboréducteur

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Salle des machines

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Salle des machines

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Poste de commande des machines

En 1953, l'industrie française débuta les recherches sur un premier projet de sous-marin nucléaire et étudia un réacteur nucléaire à uranium naturel et eau lourde qui se releva trop imposant pour être installé dans un sous-marin. Le projet fut abandonné en 1958. Ne disposant pas d'uranium enrichi, la France se rapprocha des USA qui posèrent comme condition de livraison que l'uranium ne soit pas utilisé pour alimenter un réacteur embarqué. La livraison fut également acceptée, car l'amiral Rickover, le père des sous-marins nucléaires américains, ne croyait pas que les Français soient capables de construire un sous-marin à propulsion nucléaire. Un prototype de réacteur fut construit à Cadarache en même temps qu'une usine d'enrichissement à Pierrelatte. La première réaction en chaine dans le prototype fut démarrée en 1964. Le 13 février 1960, explosa à Reggane dans le Sahara la première bombe A française. Le 24 août 1968, ce fut au tour de la première bombe H (réalisé avec l'aide des Américains et des Britanniques) d'exploser à Mururoa en Polynésie.

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Le sas d'accès arrière

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Un des tubes lance-missile

La commande pour la construction du Redoutable fut passée le 2 mars 1963. Sa quille fut posée en 1964 et son lancement eut lieu le 29 mars 1967 en présence du général de Gaulle et de ses premiers commandants, les capitaines de frégate Louzeau (équipage bleu) et Bisson (équipage rouge). Le 25 septembre 1970, il fut transféré dans la nouvelle base de l'ile Longue à Brest pour y être armé. Le 29 mai 1971 fut effectué le premier tir en plongée du missile M1 (10,40 m de longueur, 1,50 m de diamètre, poids 18 tonnes, portée 2000 km avec une charge de 450 kT soit 30 fois la bombe d'Hiroshima). Le deuxième tir eut lieu le 26 juin 1971. En juillet 1971, le Redoutable effectua une première patrouille de 43 jours en mer de Norvège avec quatre missiles à bord (équipage bleu). Le Redoutable avait été conçu pour des fumeurs avec un système d'extraction de fumée. Cependant, le commandant Louzeau décida, lors de la première patrouille, qu'il serait interdit de fumer à bord. Cette tradition perdure sur tous les sous-marins français. De retour le 17 août 1971, il enchaina une deuxième patrouille de 30 jours avec l'équipage rouge. Le Redoutable fut admis au service actif dans la force océanique stratégique (FOST) le 1er décembre 1971.

Il effectua sa première patrouille de 55 jours, le 28 janvier 1972. Deux câbles électriques défectueux imposèrent le retour à Brest après quelques heures de navigation. Durant cette patrouille, un exercice de tir fut effectué tous les deux jours. Cette première patrouille connut aussi la première crise d'appendicite nécessitant une opération chirurgicale de deux heures. En décembre 1973, fut mis en service le deuxième SNLE, le Terrible, armée de missiles M2 d'une portée de 3000 km avec une charge d'une mégatonne. Le Redoutable reçu ces missiles en 1974. Le Foudroyant fut mis en service en 1974, l'Indomptable en 1976, le Tonnant en 1980 et l'Inflexible en 1985. L'Inflexible possédait une nouvelle définition acoustique et un nouveau missile M4 (poids 36 tonnes, portée 4000 km avec une charge de six têtes nucléaires de 150 kt). Tous les SNLE sauf le Redoutable furent refondus au standard de l'Inflexible à partir de 1987.

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La coursive du tronçon missiles

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Un tube lance-missile

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En avril 1991, le Redoutable effectua une escale à Dakar avec un changement d'équipage. Il s'agissait de l'unique escale d'un SNLE en dehors de sa base. Le Redoutable fut retiré du service actif le 13 décembre 1991. Il effectua 58 patrouilles soit 3469 jours en mer, dont 90 000 heures en plongée (près de 10 ans). Le 7 octobre 1991, il revint à Cherbourg pour y être désarmé (deux ans de travaux). En 1993, la tranche "réacteur" fut séparée du sous-marin. Elle est stockée sur une aire antisismique dans l'arsenal. Les 8 m de coque découpés, furent remplacés par un tronçon du sous-marin nucléaire d'attaque, Le Turquoise, mis sur cale en 1986, puis abandonné. Le 19 janvier 1996, le ministère de la Défense prêta le sous-marin à la Communauté urbaine de Cherbourg en vue de la création d'un musée (coût 25 millions d'euros). En juin 1990 fut créée une darse de 136 m de longueur et de 19 m de largeur pour l'accueillir. Le 4 juillet 2000, le Redoutable fut transféré en 70 h de l'arsenal vers la Cité de la mer. Il fut ouvert au public le 29 avril 2002.

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Le compartiment où se trouvait le réacteur

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La tranche réacteur entreposée dans l'arsenal de Cherbourg

Les sous-marins de la classe Redoutable furent remplacés, à partir de 1997, par quatre sous-marins de la classe Triomphant. Le Triomphant nécessita huit ans de construction. Il a une longueur de 138 m pour un diamètre de 12,50 m. Son déplacement est de 14 335 tonnes. Sa puissance est 41 500 cv pour une vitesse de 25 nœuds. Son équipage est de 111 hommes. Il est armé de 16 missiles M4. Les cinq sous-marins classe Redoutable attendent toujours (en 2017) leurs déconstructions dans l'arsenal de Cherbourg.

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Une des douches

 

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Coursive de la tranche vie

La visite du sous-marin débute à l'arrière par la tranche "propulsion et énergie". Seule pièce manquante : le réacteur nucléaire. Le réacteur avait un mètre de hauteur pour un diamètre d'un mètre. Il se trouvait dans un compartiment entièrement clos, étanche et résistant. Le compartiment était isolé par du plomb. Le passage de l'équipage entre la tranche "propulsion" et la tranche "missile" se faisait par une étroite coursive en haut du compartiment. La puissance du réacteur permettait d'alimenter en électricité une ville de 100 000 habitants. Outre la propulsion et l'alimentation électrique, il permettait la fabrication de l'eau douce et de l'oxygène (extrais de l'eau de mer). Il était contrôlé en permanence par un officier et trois opérateurs. L'alimentation électrique se faisait par un courant alternatif à 60 Hz (50 Hz en France). Cette valeur fut choisie pour la discrétion acoustique. L'ensemble du sous-marin était accordé à cette fréquence pour limiter les vibrations sources de bruits. Au pont supérieur était installé un atelier de maintenance équipé de machines-outils permettant de refaire les pièces abimées. Le sous-marin embarquait 80 000 pièces de rechange.

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Compartiment machine

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Coursive de la tranche missile

La visite se poursuit par la tranche "missile". Le seul lieu assez vaste pour y faire de la gymnastique, du jogging, du vélo d'appartement ou du rameur. C'est également le lieu où le regard porte le plus loin (25 m). Les tubes lance-missile traversent les trois ponts du sous-marin. Le tir d'un missile prenait 45 min entre la réception de l'ordre de tir en provenance de l'Élysée et le départ du missile. Le tir était effectué avec une immersion d'une dizaine de mètres. Le missile éjecté dans une bulle d'air est mis à feu lorsqu'il crève la surface.

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Panneau de commande d'un tube lance-missile

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Le PCNO en ambiance nuit

Le sous-marin est dirigé depuis le "poste central navigation opération", le PCNO. Le positionnement du sous-marin se fait par des centrales inertielles et le système américain "Transit". Les Français ayant une confiance limitée dans les Américains, le Redoutable fut muni d'un périscope de visée astrale permettant le recalage des centrales inertielles. Le sous-marin remontait à immersion périscopique chaque nuit pour effectuer cette visée. Sur les SNLE actuels, la navigation se fait par satellite, mais les sous-mariniers français continuent à s'entrainer à la visée astrale. Pour créer le rythme jour/nuit dans le sous-marin, la lumière est passée au rouge à 8 h du soir.

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Le PCNO

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Le periscope

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Le poste de pilotage du sous-marin

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Console dans le poste de commande

Après le PCNO, débute la tranche "vie" du sous-marin. La première cabine est celle du commandant. La coursive "habitation" entoure la cafétéria qui est la place du village et le lieu de rencontre, le cinéma, la salle de jeux et d'étude. Dans la cafétéria sont assurés deux services à chaque repas. Ceux-ci sont programmés et conditionnés par période de 14 jours. La vie à bord se fait selon trois tranches, 8 h de travail, 8 h de sommeil et 8 h de formations, entretien du matériel, détente et animation. Le Redoutable fut le premier sous-marin où chaque homme avait sa propre couchette (bannette). Une chambrée de douze bannettes occupe quelques mètres carrés.

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La cabine du Commandant

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La cafétéria

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La cuisine

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La cuisine

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Les banettes

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Une chambrée

Dans la tranche "vie" au pont inférieur se trouve un hôpital équipé pour pratiquer la petite chirurgie. L'équipage comporte un médecin qui est également dentiste, un anesthésiste et un infirmier. Les officiers disposent d'un carré rassemblant un salon et une salle à manger.

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Le salon des officiers

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La salle à manger des officiers

La visite se termine dans le local "torpille" à l'extrémité avant du sous-marin. Ce compartiment est également un refuge où se trouvent des réserves de vivres et d'eau ainsi que des combinaisons étanches. Il est équipé d'un sas de sauvetage. Un sas identique est installé dans le local "propulsion". Durant leur quart, les torpilleurs s'ennuyaient beaucoup. Certains ont donc embarqué un canard qui a navigué pendant quelques semaines sans que l'état-major s'en aperçoive. Lors de la sortie du sous-marin, vous pouvez jeter un coup d'œil sur les deux coques formant le sous-marin. La porte de sortie est percée au travers du ballast avant.

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Le local torpille

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Les tubes lance-torpilles

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Le local torpille

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Le ballast avant

Ces photographies ont été réalisées en juin 2017.

 

Y ACCÉDER:

Le Redoutable est visitable à la Cité de la mer dans le port de Cherbourg. La coque extérieure du Redoutable est visible gratuitement, mais la visite interne, indispensable, nécessite l'accès à la Cité de la mer (entrée payante).



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 24 septembre 2017

Cette page a été mise à jour le 24 septembre 2017