Suivez les Lieux-Insolites en France sur INSTAGRAM logo instagram

Le château de Pirou

Le château de Pirou construit sur un ilot de roche schisteuse émergeant des marais était réputé imprenable. Cette grande enceinte polygonale était entourée de douves et possédait cinq portes défensives.

chateau 5

Le premier château date du XIe siècle. Il s'agissait d'un château en bois construit pour arrêter les Vikings qui pouvaient remonter de la mer par le havre de Lessay. En 1066, le chevalier de Pirou se distingua lors de la bataille de Hastings et reçu en récompense des terres dans le Devon et le Somerset. Il s'agit de la première citation du nom de Pirou, descendant de Serzlon, fils ainé de Tanorède de Hauteville. En 1149, le château de Pirou fut reconstruit en pierre et ceinturé par trois douves. Luce de Pirou épousa, en 1349, Robert de La Haye, seigneur de Néhou, et lui apporta le château en dot. Au cours du XVe siècle, le fief de Pirou passa aux mains de la famille De Merle puis dans celles de la famille Du Bois. Au cours de la guerre de Cent Ans, les Anglais confisquèrent le fief à la famille Du Bois resté fidèle au roi de France Charles VI et le confirent à Robert de Fresville, époux d'une dame de la famille La Haye. En 1450, la famille Du Bois récupéra son fief.

entree 4
La 3e porte

entree 5
La 2e porte

En 1650, le fief fut divisé par moitié entre deux héritiers. L'ainée, Claude, épousa, en 1640, Gabriel de Vassy, seigneur de Brécey. La cadette, Marie, épousa Philippe de Bouillé, comte de Créances. Suite à ce partage, il s'en suivit, entre 1677 et 1679, un procès au parlement de Normandie qui confia la totalité du fief aux Vassy. À la Révolution française, en 1789, le fief fut acquis par Charles Louis Huguet de Semonville (1759-1839) qui devint le dernier seigneur de Pirou. Il assuma un rôle politique sous Louis XVI, l'Empire et la Restauration. Il ne résida pas au château qui n'était plus qu'une ferme, mais à Bouray-sur-Juine dans le château de Fremigny.

entree 7
La 4e porte (vue côté interne)

entree 1
La 4e porte (vue côté externe)

Le château-ferme de Pirou fut vendu en 1833 à la famille Quesnel de la Morinière, bourgeois à Coutances. Cette famille possédait déjà le château de la Mare à Coutances et le château de Gratot. Les Quesnel de la Morinière transmirent le château à la famille d'Annoville qui le vendit à la famille Sohier. Le château, laissé à l'abandon, était, en 1840, un repaire de contrebandiers de tabac. La ruine a été rachetée en 1966 par l'abbé Marcel Lelégard (1925-1994) qui entreprit sa rénovation.

dependance 1
Les dépendances du château

boulangerie
La boulangerie

Le château est une grande enceinte polygonale cernée de douves alimentées en eau par les marais. Il était muni de cinq portes défensives (ils en subsistent trois) chacune précédé par une douve et muni d'un pont-levis. La première porte est une barbacane flanquée de deux casemates voutées. La deuxième porte est un châtelet en forme de tour carré (l'étage a été détruit). La troisième porte, partiellement disparue, possédait un corps de garde. Cette porte donne accès aujourd'hui à l'accueil du château installé dans une bergerie du XVIIIe siècle. La quatrième porte est une grande porte cochère avec un passage étroit pour les piétons. Au-dessus de la porte figurent les armoiries de Richard Cœur de Lion (3 léopards). Sur le côté, une tourelle carrée avec une toiture pyramidale donne accès au chemin de ronde. La cinquième porte, disparue, était située entre la boulangerie et le pressoir.

pressoir 2
Le pressoir

chapelle
La chapelle

tapisserei 1
La salle des Plaids avec la tapisserie de Pirou

tapisserie 2
La salle des Plaids

Au niveau de la basse-cour se trouve la boulangerie du XVIIIe siècle et le pressoir également du XVIIIe siècle. La chapelle St-Laurent fut reconstruite en 1649 par Louise Du Bois, marquise de Pirou, après la mort de son mari Charles. Il s'agit de la troisième chapelle du château. Le mobilier et la statuaire sont datés du XIVe au XIXe siècle. La salle des plaids, contiguë à la chapelle, était la salle de justice du château. Elle possède six fenêtres en losanges, une vaste cheminée et un pavage en pierres de lande de Lessay. Au XVIIe siècle, elle fut transformée en écurie puis en étable. Cette salle abrite la tapisserie de Pirou relatant la légende des oies de Pirou et la conquête de l'Italie du Sud et de la Sicile par les Normands au cours du XIe siècle. Cette tapisserie fut réalisée par Thérèse Ozenne entre 1976 et 1992 dans le style de la tapisserie de Bayeux sur une idée du poète normand Louis Beuve (1869-1949) et de l'abbé Marcel Lelégard (1925-1994). En prolongement de la salle des plaids se trouve la charretterie.

plan

On accède à la haute-cour, le château central, par un pont a deux arches en pierre qui enjambe la douve à l'endroit le moins large. Ce pont remplace le pont-levis et relie la basse-cour à la cour intérieure. L'entrée se fait par une porte sous la tour carrée du XVe siècle. Cette tour est le point culminant du château. Du haut de cette tour, la vue porte jusqu'à la mer, distante de 2 km, et au-delà jusqu'à Jersey. Du côté est de la cour intérieure se trouve le "Vieux Logis" construit sous Henri IV (1553-1610). Il remplace une construction plus ancienne et est adossé au rempart qui fait, à cet endroit, 3 m d'épaisseur. Sur le côté sud se trouve le "Neuf Logis", construit en 1708. Il était habité jusqu'en 1968 par les fermiers exploitant la ferme de Pirou. Le côté ouest correspond au donjon qui fut détruit pour éclairer la cour. Les remparts étaient hauts de 12 m.

chateau 1

chateau 3

chateau 6
L'entrée avec la tour carré (le Neuf-Logis est sur la gauche et le Vieux-Logis sur la droite)

chateau 10
L'emplacement du donjon disparu

Dans le "Vieux Logis" se trouve la salle des gardes qui surveillaient le pont d'accès. Cette salle était chauffée par une immense cheminée. Le sol est constitué d'un damier de dalles de schiste et de terre cuite. Le plafond à "chant" est constitué de demi-poutrelles obliques permettant esthétique, solidité et économie de bois. Dans cette salle se trouvent également deux fours à pain. La salle à manger, située au 1er étage du "Vieux Logis", était utilisée au XVIIIe siècle. Tous les éléments du décor de cette salle furent pillés lors de la période d'abandon du château. Au rez-de-chaussée du "Vieux Logis" se trouve la cuisine dont l'entrée se situe à droite du puits qui alimentait en eau le château. Les douves recevaient les eaux usées. Cette pièce possède une cheminée très profonde capable de fournir à manger pour les 70 personnes qui vivaient au château au moment de son apogée. Sous la fenêtre se trouve une augette servant d'évier.

salle garde 2
La salle des gardes

salle manger 1
La salle à manger

cuisine 1
La cuisine

cuisine 2
La cuisine

Le château possède également sa légende, celle des oies de Pirou. Lors de leur conquête du pays, les Normands furent arrêtés par le château. Le jugeant imprenable, ils en firent le blocus afin de contraindre ces habitants, soumis à la famine, à se rendre. Après un siège interminable, les Normands constatèrent, un matin, qu'il régnait un silence de mort dans le château. Craignant un piège, ils attendirent un jour de plus avant d'escalader les remparts. Ils trouvèrent le château désert à l'exception d'un vieillard grabataire qui leur expliqua que le seigneur de Pirou et toute sa maison s'étaient transformés, à l'aide d'un vieux grimoire, en oies sauvages pour s'échapper. En effet, les Normands avaient remarqué la veille, l'envol d'oies cendrées au-dessus des remparts. Selon les vieilles traditions, le sorcier qui s'est changé en bête doit pour redevenir humain réciter l'incantation à l'envers. Au bout d'un certain temps, les oies revirent donc au château pour retrouver le grimoire et réciter l'incantation. Mais les Normands avaient brulé le château et en même temps le grimoire. Les gens de Pirou furent donc condamnés à rester des oies. Depuis ce jour, les oies reviennent tous les ans au printemps avec l'espoir de retrouver le grimoire.

chateau 21
Le Neuf-Logis

chateau 13
Le chemin de ronde

Ces photographies ont été réalisées en juin 2017.

 

Y ACCÉDER:

L'accès au château est fléché depuis la D650 allant d'Agon-Coutainville à Lessay. L'entrée est payante.



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 24 septembre 2017

Cette page a été mise à jour le 24 septembre 2017