Le nez de Jobourg

Le Nez de Jobourg constitue avec le Nez de Voidries le site des falaises de Jobourg. Celles-ci, haute de 128 m, figurent parmi les plus hautes d'Europe. Le site est formé de gneiss formé au précambrien et constitue, de ce fait, la zone géologique la plus ancienne du Cotentin (2 milliards d'années). Le terme "Nez", signifiant cap, provient probablement de l'ancien scandinave "nes". Dans d'anciens documents le terme est orthographié "nais" ou "nes", "nés" ou "né". Au large du cap se trouve le raz Blanchard qui sépare la Hague d'Aurigny et de Jersey depuis la montée du niveau de la mer il y a 5000 à 7000 ans. Plusieurs sites archéologiques sont répertoriés sur les falaises où furent trouvés des silex taillés datés du mésolithique (-9500 à -5000 ans).

Les falaises abritent plusieurs grottes en partie immergées à marée haute. Parmi elles la grotte du Lion, la grotte de la petite église et la grotte de la grande église qui servirent de cache aux contrebandiers du XVIII^e et au XIX^e siècle. Une légende prétend que le trou aux fées, étroite fissure située à flanc de falaise, rejoint par un tunnel l'église de Jobourg. D'autres légendes nous parlent de Goublins, fées et fantômes qui parcourent les landes et les falaises. Les goublins sont des petits êtres espiègles comparables à des petits lutins qui se transforment en toutes sortes d'animaux. Leurs présences indiquent l'existence d'un trésor. Une autre légende parle d'un gros chien noir qui partait tous les soirs d'hiver vers les falaises de Jobourg pour y garder un trésor.

Un sémaphore fut construit au Nez de Voidries en 1862 pour surveiller les anses d'Ecalgrain et de Vauville susceptibles de voir débarquer les troupes ennemies. Il fut détruit au cours de la 2^e Guerre mondiale et les ruines furent supprimées en 1966. Le sentier des douaniers fut tracé à la fin du XIX^e siècle pour surveiller les côtes. Les iles Anglo-normandes, proches de la côte, étaient propices à la contrebande (étoffes, tabac, etc.). Les objets étaient déposés temporairement dans des "caches à tabac" parfois dissimulés dans des murets. Au début du XX^e siècle, deux brigades de douanes séjournaient aux hameaux Samson et Merquetot.

En 1907, le Touring club de France, afin de développer le tourisme, aménagea sur le Nez de Voidries un sentier avec des marches et sécurisé par un câble en acier maintenu par des barres scellées dans le roc pour permettre la descente vers les grottes. Cela devint un but de promenade pour les familles des environs. Les autocaristes de Cherbourg proposèrent le tour de la Hague avec la descente aux grottes. En 1923, une remise en état du sentier fut réalisée. Une fissure de 25 m, apparus sur le flanc de la falaise aux alentours de 1950, rendit la descente aux grottes dangereuses. Il en résulta de nombreux accidents qui conduisirent en 1960 à l'interdiction de l'accès au pied des falaises et aux grottes. En 1960 fut construite l'auberge des Grottes à proximité de l'ancien sémaphore.

Dans le cadre du projet de grand site national, le maire de Jobourg, Louis Sanson, exprima en 1992 le souhait d'offrir la possibilité d'accéder à nouveau aux grottes. En 1993, Yves Cottebrune créa l'association "À la découverte de la Hague". Fort d'une expérience de plusieurs années en escalade et spéléologie, il mit au programme des randonnées proposées aux adhérents la visite des grottes de Jobourg. Il a ainsi formé un groupe de guides bénévoles qui depuis font visiter les grottes en empruntant un sentier au pied des falaises. Le Nez de Jobourg étant un lieu de passage des oiseaux migrateurs, un arrêté préfectoral de protection du biotope, pris en 1995, interdit l'accès aux grottes de mi-février à mi-juillet. En 2014, le conservatoire du littoral interdit de façon permanente l'accès au pied des falaises sans encadrement professionnel.

Jusqu'en 2008, un troupeau de chèvres, héritage de l'exploitation traditionnelle du début du XX^e siècle, gambadait sur les falaises. Ces chèvres étaient des chèvres des fossés, race rustique à poil long commune dans l'ouest, et redevenue sauvages dans les années 1970. Le troupeau a disparu suite à la noyade de plusieurs individus en 2008.

L'accès au site est fléché depuis la D901 reliant Beaumont-Hague à Auderville. Au rond-point après l'usine de retraitement des déchets de la Hague, prendre à gauche la D401E2 puis la D202 jusqu'au parking près du Nez de Voidries. Le Nez de Jobourg est au sud, séparé du Nez de Voidries par l'anse de Senival.

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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