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Le site archéologique de Larina

Le site archéologique de Larina occupe une table calcaire ceinte de parois rocheuses d'une hauteur de 180 m. Il domine toute la région du Bugey et est occupé par l'homme depuis plus de 5000 ans.

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La ferme mérovingienne

Le massif calcaire formant la région résulte des dépôts sédimentaires d'une mer chaude au cours du Jurassique (195 à 141 Ma). La plus grande partie des dépôts se produisirent au cours du Bajocien (172 Ma). Le plateau émergea, il y a environ 60 Ma, selon une ligne de fracture. L'ensemble du plateau subit un basculement provoquant son enfoncement à l'ouest et son élévation à l'est formant ainsi le plateau de l'Isle Crémieu et du Bugey. Le plateau subit ensuite l'érosion des glaciers et des rivières. Le Rhône sépara le massif du Bugey de l'Isle Crémieu. Le petit ruisseau qui creusa le Val d'Amby détacha le promontoire de la Dent d'Hières du massif de l'Isle Crémieu. Le site de Larina occupe les 21 hectares formant le sommet de ce promontoire entouré de falaise de 180 m de hauteur.

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Les falaises du côté ouest du plateau de Larina

De nombreuses carrières, exploitées jusqu'au début du XXe siècle, furent ouvertes au sein du promontoire de la Dent d'Hières. De la couche supérieure, constituée de calcaire à petites huîtres (rhynchonella et térébratules), furent extraites des lauzes de qualité de 1 à 15 cm d'épaisseur. Après une couche de calcaire marneux apparaît un calcaire à polypier et entroques d'où furent extraits des moellons. Si l'eau est abondante en plaines, il n'existe qu'une seule source sur le plateau. Celle-ci, nommée "La fontaine de la Vie", est une résurgence située à l'est du plateau au pied du rempart de l'oppidum.

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Une maison antique

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La grande carrière au nord du site

La première occupation humaine attestée du plateau a été retrouvée au sud du site où des foyers ont été datés de 3000 av. J.-C.. La présence de cabanes et de fosses est attestée au cours de la période du bronze final soit au VIIIe siècle av. J.-C.. Au cours du 1er âge du fer (VIe siècle av. J.-C.) fut réalisée une 1re fortification du site. L'habitat (cabanes et fosses à détritus) se développa au cours du 2e âge du fer vers le 1er siècle av. J.-C.. Un grand rempart de 957 m de long fut construit pour barrer l'accès au site depuis le plateau au sud. Le principal accès à l'oppidum se faisait par le sud depuis l'actuel hameau de Châtelans. Deux sentiers passent côté est le long de la falaise dominant le Val d'Amby. À l'ouest, un autre sentier avec une pente à 45° permet d'accéder au plateau en passant par la faille du Trou de la Chuire. Ce trou de la Chuire, faille sur la falaise occidentale, livra un important dépôt cultuel. Fouillé en 1990 par F. Perrin, il y fut découvert un abondant mobilier céramique, des parures, des monnaies, des ustensiles et des articles métalliques, dont certains, étaient intentionnellement pliés pour les rendre inutilisables. Deux sépultures y furent également mise à jour. L'ensemble a été daté d'une période allant du Bronze final à la Tène finale (800 à 52 av. J.-C.) et fut attribué au peuple des Allobroges.

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Vue d'ensemble avec la ferme

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Détail des murs de la ferme

Au cours du Ier et du IIe siècle apr. J.-C., le site est occupé par un habitat gallo-romain. Une grande villa, formée d'une grande pièce d'habitation, d'une annexe du côté nord (elle protège des vents dominants) et d'une galerie sur les côtés est, ouest et sud, est attestée. Les vestiges d'un temple dédié à Mercure, le dieu des voyageurs, ont été mis à jour. Il comprenait des autels avec des inscriptions dont les vestiges ont été réutilisés dans les constructions de l'époque mérovingienne. Le temple fut détruit avant le IVe siècle. De cette période est également datée la 1re exploitation des carrières de lauze et de moellons.

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Plan réalisé d'après la photographie aérienne de l'IGN

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La villa gallo-romaine

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L'entrepôt gallo-romain

La phase suivante d'habitant du site est datée du IVe siècle apr. J.-C.. Il s'agit de cabanes construites en torchis avec une ossature de poteaux en bois. Les habitants inhumèrent leurs défunts en pleine terre au sein d'une nécropole établie sur la colline à l'extrémité nord du promontoire. Au Ve siècle, l'habitat fut constitué de grandes maisons (moyenne de 17 sur 7 m) construites en torchis sur des fondations en pierre. Les maisons sont constituées d'une salle d'habitation avec un foyer circulaire flanquée au nord d'une annexe. Des ateliers agricoles complètent les maisons d'habitation. Dans l'un d'entre eux furent retrouvés les vestiges d'un pressoir dont les fondations étaient constituées des vestiges du temple dédié à Mercure.

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L'entrepôt du pressoir

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Les vestiges du pressoir

Au sein de la nécropole, les tombes sont maintenant constituées de coffres réalisés avec des lauzes. Les fouilles ont retrouvé la présence de 125 tombes, mais un nombre indéterminé fut détruit par la carrière exploitée sur le versant est de la colline.

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La nécropole au nord du promontoire

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Détail des tombes de cette nécropole

Au VIe siècle, un important domaine mérovingien s'installa sur le site. Le rempart fut reconstruit constituant un talus massif de 10 m de hauteur et de 950 m de longueur avec une entrée au sud. Le rempart fut agrandi en six étapes au cours des IVe, Ve et du VIe siècle. Une grande villa seigneuriale de 40 m sur 20 m domina le site. Avec ses annexes, elle occupa une surface de 1500 m2. Les bâtiments étaient construits en pierre avec des couvertures en lauze. Les hommes exploitaient les carrières de lauze, pratiquaient l'élevage des porcs, des chèvres, des moutons, des volailles et du bœuf. Ils possédaient des vignes et cultivaient des céréales. Le travail des métaux et des céramiques fut également pratiqué sur le site. Une nouvelle nécropole avec des tombes sous lauze est créée sur la colline à l'est du site. Une église funéraire y fut même implantée.

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Entrepôt agricole

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L'entrepôt gallo-romain

Au VIIIe siècle apr. J.-C., le site fut abandonné volontairement. Les hommes allèrent s'installer sur d'autres sites situés en plaine à proximité de voies de communication plus propice au commerce. Le site fut redécouvert au XIXe siècle. Les 1res fouilles furent réalisées en 1866 par C. Chantre. Il ne laissa cependant aucune documentation sur ses travaux. Quelques années plus tard, les fouilles furent reprises par F. Gabut. Les fouilles qui nous ont fait connaître l'histoire du site furent effectuées entre 1977 et 1992 par la DRAC et la SRA Rhône/Alpes. À la suite de ces fouilles, le site fut aménagé pour la visite par la commune d’Hières-sur-Amby. Le site fut classé Monuments historiques en 1983.

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Vue du site depuis la nécropole nord

La deuxième nécropole du site a été implantée au point le plus haut du promontoire. Quatre cents tombes représentant environ 500 sépultures ont été retrouvées lors des fouilles. Les premières tombes, orientées est/ouest avec la tête du défunt côté ouest, ont été implanté au sommet. Elles ont ensuite diffusé vers le sud en constituant des rangées parallèles séparées par des allées. Cette disposition est caractéristique des cimetières du haut Moyen-âge. Par la suite, les tombes ont été implantées au nord du sommet avec une organisation moins précise, mais toujours alignée.

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Tombes de la 2e nécropole

La majorité des tombes est constituée de coffre en lauze. Le plan est rectangulaire ou trapézoïdal avec un fond et un couvercle dallé. Certaines tombes sont creusées en pleine terre, le défunt étant enterré dans un cercueil en bois. Quelques rares tombes ont été construites en moellons avec un plan ovale. Les morts étaient couchés sur le dos avec les mains croisées sur le bas ventre. Un tiers des inhumés présentaient des traumatismes vraisemblablement dus à des accidents. Les réinhumations étaient également fréquentes. Dans ce cas, les restes de l'occupant précédent étaient regroupés au pied du nouvel occupant ou mis dans un coffre disposé parallèlement à la tombe. Ces réinhumations correspondent peut-être à des regroupements familiaux.

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Tombes de la 2e nécropole

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Tombes de la 2e nécropole

Dans la nécropole a été érigée une construction carrée de 5 m de côté avec une porte au nord-est. Les murs de cette construction se prolongeaient peut-être latéralement. Le faible volume de décombres recouvrant les vestiges et la finition du haut des murs plaide pour un enclos dépourvu de couverture. Cet enclos a été implanté au-dessus de nombreuses tombes témoignant de sa postérité, mais il n'a pas été possible de dater sa construction. En son centre a été implantée une tombe sous lauze alignée sur les murs de l'enclos. Il s'agit de la tombe d'un personnage important, mais le pillage ancien de la tombe n'a pas permis de reconstituer son histoire. Un tiers des tombes de la nécropole a d'ailleurs été pillé à une époque ancienne.

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L'enclos funéraire

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Tombes de la 2e nécropole

Dans la partie basse, du côté sud, de la nécropole fut érigé au Ve siècle une église funéraire. Elle a été construite en moellons locaux liés à l'argile jaune du plateau. Sa couverture était réalisée à l'aide de lauzes. Un des angles est constitué de pierre blanche provenant d'un des anciens temples romains du site. Le sol était fait de lourdes dalles recouvrant les sépultures. L'inhumation dans l'église notamment autour de l'autel, dans le chœur et les chapelles latérales, était certainement réservée aux aristocrates et aux personnes les plus importantes du site.

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L'église funéraire

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L'église funéraire

L'église connut cinq phases de construction. En premier furent érigés la nef et le chevet demi-circulaire. Dans un deuxième temps y fut rajoutée une chapelle latérale du côté sud. La nef fut ensuite reconstruite avec un chevet rectangulaire et la chapelle latérale fut détruite. Dans une quatrième phase furent rajoutées de nouvelles chapelles latérales du côté sud, ouest et nord. La barrière du chœur (mur de séparation nef/chœur) fut avancée dans la nef afin d'agrandir l'espace d'inhumation privilégié autour de l'autel. Dans la dernière phase de construction fut reprise la chapelle du côté nord et une nouvelle chapelle fut érigée derrière le chœur. L'église fut abandonnée en même temps que le site au cours du VIIIe siècle. Cette église est un des plus anciens et des plus complets témoin de la diffusion du christianisme en France.

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Ces photographies ont été réalisées en mars 2015.

 

Y ACCÉDER:

L'accès au site est fléché depuis le village d’Hières-sur-Amby. La route passe par le Val d'Amby et le hameau de Châtelans.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 15 août 2015

Cette page a été mise à jour le 15 août 2015