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Le site préhistorique et le
château de Lespugue

Le petit village de Lespugue doit sa renommée mondiale à la découverte, en 1922, d'une statuette paléolithique, la Vénus de Lespugue. Cette vénus en ivoire de mammouth, haute de 147 mm, a été sculptée par un de nos ancêtres, il y a 25000 ans.

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Abris sous roche dans les gorges de la Save

La petite rivière de la Save a creusé son lit au travers d'une barre calcaire dominée par le château médiéval de Lespugue. La Save a façonné des gorges avec des falaises d'une trentaine de mètres de hauteur. Parallèlement à la Save, la Seygonade a creusé les gorges de Coupe-Gorges dans le même massif calcaire avant de rejoindre la Save. Les deux gorges sont truffées de petites grottes et d'abris sous roche. Trente sites ont fait l'objet de fouilles approfondies. L'ensemble des grottes et abris a été classé Monument historique en 1949 pour ceux des gorges de Coupe-Gorges et en 1972 pour ceux des gorges de la Save.

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Un des abris dans les gorges de la Save

Les premières fouilles ont été réalisées en 1902 par Marcellin Boule. Elles furent poursuivies, de 1911 à 1922, par René de St-Perrier et, de 1946 à 1961, par Louis Méroc. De nombreux ossements de rhinocéros laineux et de Merck ainsi que de lion des cavernes furent exhumés dans la plupart des grottes et abris. Deux découvertes furent cependant remarquables. En 1949, Raoul Cammas exhuma dans la grotte de la Niche, dans les gorges de Coupe-Gorges, une mandibule humaine. Ses caractères physiques l'ont d'abord fait attribuer à un archanthropien vieux de 200000 à 300000 ans. La mandibule a depuis été réévaluée et est actuellement attribuée à un prénéandertalien ou a un néandertalien ancien âgé de 130000 ans. Il s'agit, avec les fossiles de Tautavel, du plus ancien fossile humain de France. Elle est conservée au Musée de l'Homme à Paris.

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La grotte des Rideaux

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Le docteur René de St-Perrier fouilla la grotte des Rideaux de 1911 à 1914. Les fouilles de cet abri sous roche situé du côté nord des gorges de la Save sous le château ont été interrompues par la 1ere Guerre mondiale. La construction d'un mur médiéval, qui barrait l'entrée de l'abri, a détruit la majeure partie de la couche archéologique. René de St-Perrier retrouva cependant des occupations gravettiennes, solutréennes et magdaléniennes, malgré la pauvreté des couches archéologiques. L'industrie lithique n'est représentée que par une cinquantaine de pièces peu significatives, mis à part sept burins de Noailles et une lame appointée avec des retouches plates. René de St-Perrier reprit les fouilles en 1922. Le 9 août 1922, un coup de pioche mit à jour une statuette. Ce coup de pioche fut cependant malheureux, car il brisa la partie centrale, la moitié inférieure des deux seins et une partie du ventre, en neuf fragments. Les études ultérieures montreront que les cassures de l'épaule et de la fesse gauche datent du paléolithique. La statuette a été trouvée à 15 cm de profondeur dans un foyer préhistorique non remanié.

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L'abri Sargas

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Un des abris sous roche

La statuette est de type stéatopyge (fesses et seins presque sphériques) réalisé en ronde bosse dans de l'ivoire de mammouth. La couleur noire en surface est liée à l'imprégnation d'oxydes métalliques subis durant son long enfouissement. La statuette est haute de 147 mm, large de 60 mm et épaisse de 36 mm. Elle a été datée de 23000 av. J.-C. (gravettien). En 1922, René de St-Perrier en fit don à la galerie de paléontologie du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. M. Barbier, chef de l'atelier de moulage du laboratoire de paléontologie, la nettoya, la consolida et la restaura. Marcellin Boule en fit une restitution en comblant les vides. En 1929, la statuette fut transférée dans les collections du Musée des Antiquités nationales à St-Germain-en-Laye. En 1939, elle fut acquise par le Musée de l'Homme à Paris à l'initiative du docteur Paul Rivet.

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La vénus de Lespugue ©Wikipédia

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La vénus de Lespugue ©Wikipédia

C'est une statuette très stylisée avec une petite tête ovoïde projetée en avant et totalement lisse côté visage. Le cou est bien dégagé et, à l'arrière de la tête, une longue chevelure est représentée par des traits gravés de façon presque parallèle. Le thorax est menu, mais une paire de seins lourds reposent sur un ventre court et rond. Le dos est un peu vouté et est encadré par des bras symétriques dont les avant-bras sont appuyés sur les seins. Les hanches sont volumineuses et de forme exubérante. Ils surmontent des jambes courtes et serrées avec des pieds à peine ébauchés. Curieusement, les fesses sont représentées à l'envers. En renversant la statuette apparait un autre personnage représenté au 2/3 soit de la tête aux fesses. Ce deuxième personnage n'est représenté que de dos. Les pieds et les jambes du premier personnage correspondent à la tête du deuxième qui a également les fesses à l'endroit. La forme trop exacerbée des seins et des fesses et l'absence de vulve, contrairement aux autres Vénus paléolithiques, divise la communauté des archéologues. Pour les uns, il s'agit d'une allégorie de la fécondité avec un attrait sexuel très marqué notamment au niveau du fessier, qui n'a aucune fonction dans la reproduction, mais est une zone érogène primordiale. Pour les autres, cette statuette a une fonction cultuelle et pourrait représenter une grande déesse paléolithique.

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Les gorges de la Save vue du château

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La Save dans les gorges

Les rives de la Save ont été habitées de manière presque ininterrompue par l'homme depuis presque 300000 ans. Aux sites préhistoriques des gorges de la Save et de Coupe-Gorges, il faut ajouter l'atelier de taille de silex d'Esclignac près de Montmaurin. La période gallo-romaine est représentée par la villa de Montmaurin et la petite villa de la Hillere à l'entrée des gorges de la Save. Y furent découvertes, à côté de la chapelle, les ruines d'une petite villa avec des dépendances aussi richement ornées que la villa de Montmaurin. Elle est datée du second quart du IVe siècle. La villa laissa la place durant le Moyen-âge à trois chapelles successives. Elles furent édifiées à côté de la fontaine Notre Dame de la Hillere. L'eau de cette fontaine avait la réputation de guérir les maladies des yeux et les rhumatismes. Un pèlerinage s'y tenait durant la nuit du 14 au 15 août jusqu'au XVIIIe siècle. La chapelle actuelle a été restaurée au XIXe siècle.

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Le château de Lespugue qui domine les gorges de la Save fut érigé au XIIIe ou au XIVe siècle. Le château, doté de deux donjons, possède une chapelle castrale dont le sol est pavé à l'aide de galets. Ce pavage fut attribué à la première moitié du XVIIe siècle à la suite de la découverte d'une pièce de monnaie coincée entre deux galets. Cette chapelle est de forme rectangulaire et est longue de 12,60 m et large de 7,66 m. Sur le côté nord, un petit local de 4,10 m sur 2,30 m y est attenant. Le logis seigneurial était éclairé par une fenêtre géminée trilobée.

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Ces photographies ont été réalisées en septembre 2014.

 

Y ACCÉDER:

Les gorges de la Save sont traversées par la D9g. Elles sont accessibles depuis Montmaurin en prenant la direction de Lespugue. La grotte des Rideaux est située sur le côté droit de la route près de la sortie nord des gorges, juste à côté de l'abri Sargas signalée au bord de la route.

À la sortie des gorges, prendre à droite puis à nouveau à droite la D98 qui remonte vers Lespugue. Se garer à l'entrée du village. Pour accéder au château, il faut traverser le pré à droite de la route pour accéder au sentier. Après le château, le sentier se poursuit en bord de falaise. Attention, à quelques dizaines de mètres, le sentier donne sur un gouffre non sécurisé.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 13 décembre 2014

Cette page a été mise à jour le 24 décembre 2015