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L'abri préhistorique d'Aurignac

L'industrie lithique mise au jour, en 1860, par Édouard Lartet dans la petite grotte de Rodes lui a permis de définir la première culture attribuée à l'homme moderne. Il s'agit du premier site où fut reconnue cette culture et elle fut donc baptisée l'aurignacien. Cette culture est datée de 38000 à 26000 av. J.-C..

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En 1852, Jean Baptiste Bonnemaison, ouvrier agricole, était à la recherche de cailloux dans le vallon du ruisseau de Rodes, un affluent de la Louge. Au sommet d'une falaise de calcaire thanétien (65 à 56 MA), il trouva un trou de lapin donnant sur une cavité. Il y vit des ossements humains et prévint le médecin Jean Louis Simon Amiel. En creusant, ils mirent au jour une cavité fermée par une dalle en grès renfermant 17 squelettes. Le médecin les fit enterrer dans un coin du cimetière paroissial. Ce fait divers parvint aux oreilles du géologue Alexandre Leymerie qui avertit Édouard Lartet, avocat gersois passionné de paléontologie.

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Édouard Lartet se rendit à Aurignac en septembre 1860. Il n'y trouva plus aucune trace des squelettes, le fossoyeur étant même incapable de préciser l'endroit de l'inhumation. Fernand Lacorre essaya de les retrouver en 1939 sans plus de succès. Ces squelettes ont depuis été considérés comme provenant d'une sépulture du chalcolithique (2500 à 1800 av. J.-C.). Édouard Lartet entreprit des fouilles dans la cavité et dans les environs. Il mit au jour deux couches archéologiques. La première, épaisse d'un mètre, était constituée d'ossements d'animaux. Neuf espèces de carnassiers, dont des hyènes des cavernes et un fœtus d'ours des cavernes, et dix espèces d'herbivores (cheval, renne, bison, etc.) ont été identifiées. Lartet conclut que l'abri servit de repère à des animaux carnivores. Sous cette couche, Lartet mit au jour une deuxième couche de couleur noire épaisse de 20 cm et riche en cendre, charbon de bois et outils en silex et en os travaillé. Cette couche s'étendait sur la terrasse en amont du porche.

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La découverte permit à Édouard Lartet, découvreur du singe tertiaire de Sansan, de faire admettre à la communauté scientifique l'ancienneté géologique de l'homme. Il put prouver l'existence d'un homme fossile, fabricant des outils en silex, contemporain des espèces animales disparues lors de la dernière période géologique. L'appellation d'aurignacien, première culture du paléolithique supérieur, fut proposée dans la "Chronologie typologique" de Gabriel de Mortillet. Cette appellation fut défendue par Aimé Rutot, Émile Cartailhac et l'abbé Breuil. Elle fut reconnue en 1906. Depuis, 250 sites répartis en France, en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Europe centrale et dans le sud de l'Angleterre appartenant à cette culture ont été reconnus. Cette culture est datée de 36000 à 26000 av. J.-C.

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L'aurignacien est attribué à homo sapiens. À l'époque, il était un nomade évoluant dans un climat froid et un paysage de steppe et de toundra. Il côtoyait et chassait le renne, le mammouth, le rhinocéros laineux, l'ours et le lion des cavernes, le cheval, le bœuf, le cerf, l'hyène ou le chat sauvage. Son outillage était constitué de lames et lamelles Dufour (lame épaisse retouchée), de grattoirs carénés, de burins et de pointes de sagaies à base fendue caractéristiques de cette culture. Des poinçons, des baguettes et des lissoirs en ivoire ou bois de renne complètent l'outillage. L'aurignacien produit des peintures, des sculptures et des gravures sur des objets, des blocs ou les parois des abris et des grottes. Il produit également des flûtes en os et utilise des objets de parures (dent, ivoire, jais, ambre ou coquillage). Parmi les productions artistiques, nous trouvons les statuettes de Vogelherd, Geissenklosterlé, Hohlenstein-Stadel et les grottes ornées de Chauvet, de la Baume-Latrone ou de Pair-non-Pair. L'abbé Breuil définit trois stades à l'aurignacien : l'ancien, le moyen et le supérieur. En 1933, Denis Peyrony n'en garde que le stade moyen. L'aurignacien ancien devint le châtelperronien et l'aurignacien supérieur devint le gravettien. Les seuls fossiles humains connus de l'aurignacien sont ceux de l'abri de Cro-Magnon aux Eyzies-de-Tayac. Cependant, la stratigraphie de cet abri pourrait être remise en cause. Actuellement, le châtelperronien est considéré comme une évolution du moustérien et est attribué aux néandertaliens.

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Grattoirs aurignaciens ©Wikipédia

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Lames aurignaciennes ©Wikipédia

Le site fut classé Monument historique le 26 mai 1921. Les époux Lacorre reprirent les fouilles en 1938 et 1939. Ils mirent au jour une grande quantité d'ossements de trente espèces différentes d'animaux et émirent l'hypothèse que l'abri faisait partie d'un habitat plus important situé dans les environs immédiats. En 1961, Louis Méroc dirigea une fouille à 30 m à l'est de la grotte. Cette fouille mit au jour un abri effondré sous de gros blocs qui fut dénommé Aurignac II. La fouille livra des grattoirs carénés et des lames retouchées, mais aucun burin. Il fut déterminé que l'abri ne fut habité qu'une fois avant son effondrement et conforta l'hypothèse que la grotte de Rodes était bien un petit appendice dépendant d'un ensemble d'abris plus important. Aucune couche archéologique autre que l'aurignacien n'a été mise en évidence sur le site.

Ces photographies ont été réalisées en septembre 2014.

 

Y ACCÉDER:

D'Aurignac, prendre la D635 en direction de Cassagnabère-Tournas. Après la sortie du village et l'embranchement de la D23, garez-vous sur l'aire de repos à gauche de la D635. La grotte se trouve à quelques mètres après le petit pont sur le ruisseau de Rodes.

 



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Cette page a été mise en ligne le 13 décembre 2014

Cette page a été mise à jour le 6 septembre 2016