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La Pointe Saint-Mathieu

La pointe Saint-Mathieu qui se nomme en breton "Penn ar Bed", le bout du monde, est le deuxième point le plus à l'ouest de la France continentale. Le point le plus à l'ouest étant la pointe de Corsen situé à quelques kilomètres plus au nord. Sur cette pointe, près d'un petit village moderne, se dressent les majestueuses ruines de l'ancienne abbaye de Saint-Mathieu de Fine Terre, un phare, un sémaphore et le mémorial national des marins morts pour la France.

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La pointe de Saint-Mathieu est un éperon rocheux formé par l'émergence d'une couche d'orthogneiss, vieille de 510 millions d'années, connu sous le nom de gneiss de Brest. Il s'agit d'une roche foliée, riche en quartz, feldspaths, muscovites et biotites qui affleure de la pointe Saint-Mathieu jusqu’aux environs de Morlaix, soit une longueur d'environ 70 km et une largeur maximale de 5 km.

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Selon la légende, l'abbaye de Saint-Mathieu de Fine-Terre ou Loc Mazé Penn ar Bed, le monastère de Mathieu au bout du monde, aurait été fondé par Saint-Tanguy de Locmazhé en 555 pour expier le meurtre de Sainte Haude, sa sœur. Ce prince se fit moine sous la direction de Saint-Pol Aurélien à l'ile de Batz puis devint abbé du monastère de Relecq et du monastère de Saint-Mathieu. La date réelle de la fondation de cette abbaye ne semble pas connue, par contre l'abbatiale, dont nous pouvons admirer les ruines, fut construite entre 1157 et 1208. L'abbaye conservait jusqu'à la Révolution française le crâne de l'évangéliste Mathieu. Selon la légende, Mathieu, mort en Égypte, serait apparu à des marins bretons venus en pèlerinage sur sa tombe vers la fin du IXe siècle. Il les aurait priés de ramener ces restes en terre chrétienne. Fort de cette demande, les marins se seraient alors emparés par ruse du crâne de Saint-Mathieu. Lorsque le navire transportant le crâne arriva en vue des côtes du Léon il faillit heurter un récif, mais celui-ci s'ouvrit miraculeusement en deux pour laisser passer le navire.

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Au XIIe siècle, le seigneur Hervé de Léon accorda aux moines bénédictins de l'abbaye de Saint-Mathieu le droit de bris et d'épave sur le rivage. Ce droit de bris et d'épave leur permettait de se saisir du 10e de la cargaison de chaque navire échoué sur les côtes sous la domination de l'abbaye. En janvier 1296, l'abbaye fut pillée par les Anglais. Durant ce pillage, le reliquaire de Saint-Mathieu fut emporté, mais visiblement sans le crâne. L'abbaye connut ensuite et jusqu'au XIVe siècle une période de prospérité. Une ville de 2000 habitants se forma alors autour d'elle. Le 25 juin 1332, le duc de Bretagne, Jean III le bon, ordonna dans une charte de raser une dizaine de maisons de cette ville afin d'élever des fortifications autour de l'abbaye. La guerre de succession de Bretagne (1314-1364) et la guerre de Cent Ans (1337-1453) amenèrent leurs lots de pillages et de destructions. L'abbaye fut successivement occupée par les partisans de Jean de Montfort (du côté des Anglais) et de Charles de Blois (du côté du roi de France). Malgré le traité de Guérande conclu en 1365 et favorable aux Français, les Anglais restèrent à l'abbaye. Ils n'en furent délogés qu'en 1375 par Bertrand Du Guesclin. Les Anglais firent une nouvelle incursion dans la région et pillèrent l'abbaye en 1403.

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En 1409, le duc de Bretagne Jean V fit renforcer les fortifications de l'abbaye et y établit une citadelle dont subsiste parmi les ruines actuelles la grande tour carrée. Un nouveau pillage fut perpétré par les Anglais en 1432 lors d'une nouvelle tentative de débarquement pour attaquer Brest. En 1474, Louis XI fit occuper militairement la forteresse de Saint-Mathieu. En 1558, une expédition anglo-hollandaise mit la côte à sac. Les villages de Plougonvelin, de Saint-Mathieu et du Conquet furent totalement brulés.

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Au cours du XVe siècle, l'abbaye comme quasiment toutes les abbayes de France fut soumise au régime de la commende. En 1585, la reine Catherine de Médicis y nomma comme abbé son astrologue florentin Cosme Ruggieri. Celui-ci trainait une réputation sulfureuse et fut même condamné aux galères en 1574. À sa mort, en 1615, il refusa l'extrême-onction ce qui conduisit les moines à marteler ses armoiries présentes dans l'abbaye. En 1618 ne restaient à l'abbaye plus que quatre moines. L'abbé Louis de Fumée mit fin à la décadence de l'abbaye en 1655 grâce à sa fortune personnelle. Il convint les bénédictins de la congrégation de Saint-Maur de se réinstaller et restaura l'abbaye. Il parvint même à rassembler les reliques conservées à l'abbaye du temps de sa splendeur. Une entrée monumentale y fut érigée en 1672.

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Au vu des conditions de vie difficile sur ce bout de terre face à la mer, les moines demandèrent, en 1692, au roi de France l'autorisation d'aller résider à Brest. Cette demande leur fut refusée. La même année, une tour à feux fut aménagée au sommet de la tour de l'abbaye. En 1720, un fanal fut construit sur le site. À la Révolution, alors qu'il ne reste que quatre moines, l'abbaye est confisquée comme bien national. Les habitants des environs en pillèrent les fenêtres, les portes et les toits. Le reste fut vendu le 6 thermidor An IV (24 juillet 1796) à un habitant du Conquet comme une carrière de pierre. Les constructions du sémaphore en 1806 et du phare en 1835 firent une large ponction sur les pierres des bâtiments de cette abbaye. Le pillage des pierres s'arrêta lors du classement de l'abbaye aux Monuments historiques en 1867.

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L'enclos du jardin des moines

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Le jardin des moines

À côté des ruines de l'abbatiale Saint-Mathieu, fut érigé, en 1835, sur les ruines d'un ancien fanal, un phare. D'une hauteur de 37 m, il porte à 56 m d'altitude au-dessus de la mer un feu d'une portée de 24 km. Le sémaphore actuel, situé entre le phare et la mer, fut érigé en 1906. Un précédent sémaphore, construit en 1806, occupait déjà cet emplacement.

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L'abbatiale étant réservée aux moines, une église destinée aux habitants de la ville de Saint-Mathieu fut construite au XIVe siècle. Selon les archives, la ville avait à l'époque 36 rues. Cette église fut reconstruite en 1861. De l'église initiale ne subsiste que le fronton du portail qui trône actuellement à quelques distances de l'entrée de l'église. Au sein de celle-ci, vous pouvez admirer une statue de 1864 représentant la Vierge de l'Assomption soutenue par deux anges.

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L'église de la paroisse Saint-Mathieu

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Le porche de l'ancienne église

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La Vierge de l'Assomption

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En 1854 fut construit au bout de la pointe Saint-Mathieu un poste de défense et de surveillance de la côte. Il s'agit d'un corps de garde n° 2 selon les plans types défini par la commission mixte d'armement des côtes en 1841. Le corps de garde n° 2 possède un plan rectangulaire de 19,90 m sur 12,40 m. Il possède trois niveaux. Le sous-sol, accessible par une trappe, contenait une citerne d'eau. Le rez-de-chaussée abritait un magasin à poudre, un magasin à vivres, un magasin à matériel, le casernement et la cuisine et la plateforme supérieure supportait huit canons. Il avait une garnison de 40 hommes. La défense du corps de garde se faisait par des créneaux de fusillade percée dans les murs du rez-de-chaussée ou depuis les deux bretèches de défenses établies sur les côtés. La plateforme supérieure possédait un parapet à bretèches percées également de créneaux de fusillade.

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Ce corps de garde fut déclassé en 1889. Laissé à l'abandon durant de nombreuses années, il fut transformé en cénotaphe pour les marins morts pour la France en 2005. La 1700e photo d'un marin mort pour la France y fut dévoilée le 7 décembre 2017. Devant ce cénotaphe, face à la mer, se trouve le mémorial national des marins mort pour la France. Ce mémorial fut construit à la suite de la loi du 26 juillet 1923 (demandé par l'amiral Émile Guépratte, député du Finistère, et par Georges Leygues après la 1re Guerre mondiale). La stèle réalisée par René Quillivic fut inaugurée le 12 juin 1927.

Ces photographies ont été réalisées en juin 2023.

 

Y ACCÉDER:

La pointe de Saint-Mathieu est accessible par la route côtière reliant Plougonvelin au Conquet. Vous pouvez également vous y rendre en suivant le GR34 le long de la côte entre ces deux villes.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 23 aout 2023

Cette page a été mise à jour le 23 aout 2023