Suivez les Lieux-Insolites en France sur INSTAGRAM
La Pointe des Capucins sur la presqu'ile de Crozon, au sud, et les Pointes du Grand-Minou et du Petit-Minou, au nord, forment l'extrémité ouest du goulet de Brest. Tous les navires voulant atteindre Brest doivent passer entre ces pointes. Ces deux endroits devinrent donc des points clés de la défense de Brest contre les incursions ennemies.
Dès 1634, Vauban envisagea la construction de deux batteries d'artillerie croisant leurs feux à l'entrée du goulet de Brest. Il conçut donc des plans pour le Fort Minou, au nord, et le fort des Capucins, au sud. À la Pointe des Capucins fut érigée, entre 1694 et 1695, une batterie haute avec plateforme et épaulements pour dix canons de 48 livres et quatorze canons de 36 livres. Vauban avait prévu de compléter cette batterie haute par une batterie basse avec casernement, construite sur l'ilot des Capucins qui prolonge la pointe. Cet ilot fait environ 120 m de longueur pour une largeur de 60 m.
Le projet de Vauban pour la batterie basse fut mis à jour en 1841 par la commission de défense des côtes. Il fut décidé qu'elle serait armée de six canons de 30 livres et de six obusiers de 220 mm. La construction débuta en 1848 pour un coût de 116 000 francs-or. Du côté sud de l'ilot fut aménagé un terre-plein pour trois canons et du côté nord fut aménagé un terre-plein pour neuf canons. Du côté sud fut construit un vaste bâtiment dans lequel fut aménagé une vaste chambrée pour 60 hommes, un magasin à poudre vouté, un magasin d'artillerie, un groupe de trois pièces servant de cuisine et de magasin à vivres et deux chambres pour le chef de poste et le gardien. Une citerne d'eau était aménagée sous la cuisine. En 1859, l'ilot fut relié à la terre ferme par un pont en bois remplacé par la suite par le pont en pierre actuel.
Le pont d'accès à l'ilot des Capucins
Le casernement
Le casernement
Le casernement
Le casernement
Le casernement
La batterie haute construite par Vauban fut transformée, entre 1880 et 1895, pour recevoir quatre mortiers de 300 mm modèle 1883. Un peu plus au sud fut aménagée, entre 1880 et 1884, une batterie à ciel ouvert de quatre canons de 320 mm. Entre la batterie de mortier et la batterie de 320 mm furent construits, entre 1882 et 1884, un magasin à poudre en maçonnerie recouvert de terre et une autre batterie de quatre canons de 240 mm. Les quatre plateformes de tir de cette nouvelle batterie étaient séparées par des traverses en terre et un poste de direction de tir se trouvait en extrémité.
La batterie de canons de 240
Abri-traverse de cette batterie
Soute à munitions de cette batterie
Abri-traverse de cette batterie
En 1888 fut creusée dans le rocher de l'ilot des Capucins une batterie de rupture sous roc avec un magasin à poudre. Cette batterie était armée de deux canons de 320 mm tirant au raz de l'eau pour percer les flancs des navires au niveau de leur ligne de flottaison. Les bouches à feu étaient dirigées au nord et l'accès de la batterie sous roc se fait par un escalier débouchant dans la cour sud de l'ilot. Le canon de 320 mm avait une longueur de 8,50 m et un poids de 48 560 kg. Il tirait des obus de 338 à 392 kg avec une vitesse initiale de 650 m/s. Il était censé percer les coques des bateaux par sa seule énergie cinétique.
L'escalier d'accès à la batterie de rupture sous roc
Dans la batterie de rupture sous roc
Couloir d'accèsà la batterie de rupture sous roc
Le magasin à poudre de la batterie de rupture sous roc
Couloir à l'arrière des chambres à canons de la batterie de rupture
Chambre d'un des canons de la batterie de rupture sous roc
Chambre d'un des canons de la batterie de rupture sous roc
Vestige d'un canon dans la batterie de rupture sous roc
(mais pas un
des canons de 320 mm)
Au début des années 1890, la crise de l'obus-torpille (apparition de la mélinite remplaçant la poudre noire et augmentant significativement la puissance des obus) obligea les militaires à revoir la protection des zones sensibles des batteries et des forts. Le magasin à poudre en maçonnerie des batteries hautes fut abandonné et un magasin à poudre sous roc fut creusé en 1890 pour les batteries hautes du fort. Enfoui à 8 m sous le rocher, il comprend une chambre de 18,85 m de longueur et de 4,85 m de largeur à double paroi et vestibules d'accès. Un monte-charge permettait la manutention des gargousses et des obus. Deux magasins à poudre en béton spécial furent construits au niveau de la batterie de 240 mm (en 1890) et au niveau de la batterie de 320 mm (en 1891). En 1898, deux magasins à munitions en béton spécial furent adjoints à ces magasins à poudre.
Le magasin à poudre sous roc
L'entrée du magasin à poudre sous roc
L'escalier d'accès au magasin à poudre sous roc
La batterie de canons de 100
Entre 1891 et 1893 fut aménagé sur l'ilot des Capucins un système de projecteur électrique. Pour abriter les groupes électrogènes, un bâtiment vouté en béton fut construit entre le bâtiment abritant le casernement et le rocher. Un projecteur de 60 cm de diamètre fut installé dans un petit abri sur la plateforme sud. Un abri pour ce projecteur fut également creusé dans le rocher à l'arrière du casernement. Un abri sous roc, ouvrant au raz de l'eau, fut creusé sous la plateforme nord pour abriter un projecteur de 90 cm de diamètre. Ces deux projecteurs furent remplacés, en 1900, par des modèles de 150 cm de diamètre. Un petit bâtiment abritant un poste d'observation et de commande des projecteurs fut construit au sommet de l'ilot. À la même période, la plateforme nord fut armée avec quatre canons de 47 mm et une réserve d'eau fut aménagée dans le fossé du fort par la mise en place de batardeaux.
La salle des machines
L'abri de combat du projecteur de 60 cm
L'abri de repos du projecteur de 60 cm
L'accès à l'abri sous roc du projecteur de 90 cm
L'abri sous roc du projecteur de 90 cm
L'abri sous roc du projecteur de 90 cm
Entre 1893 et 1900, une nouvelle batterie de quatre canons de 100 mm à tir rapide fut construite en haut des falaises au sud de la batterie de 240 mm. Il s'agit d'une batterie à ciel ouvert constituée de deux plateformes pour deux canons séparés par des traverses-abris. Elle comprend également un magasin de batterie protégé par une dalle en béton spécial.
La batterie de canons de 100
La batterie de canons de 100
La batterie de canons de 100
La batterie de canons de 100
En 1900, une maison à usage de casernement fut construite sur l'ilot à côté de l'usine électrique. La batterie haute de mortiers fut totalement remaniée en 1906. Les mortiers furent remplacés par quatre mortiers, modèle 1883 T1893 à chargement par la culasse, installés sur quatre positions de tir séparées par cinq traverses-abris en béton. Ces traverses-abris possèdent une dalle de couverture épaisse de 1,75 m, un mur du fond épais de 2 m et des murs latéraux épais de 1,20 m. Un magasin de batterie en béton (murs épais de 2,50 m), un hangar aux agrès, un magasin de projectiles et des niches à détonateurs complètent la batterie.
La maison à usage de casernement
La maison à usage de casernement
L'escalier d'accès au poste de commandement des projecteurs
La maison à usage de casernement et la salle des machines
Un deuxième poste de commandement et d'observation vint compléter le sommet de l'ilot en 1910. Les canons de 320 mm de la batterie de rupture sous roc furent démontés et extraits de la cave à canons en 1917 pour être envoyés au front. Ils furent, comme tous les canons de ce type, installés sur des affuts sur voie ferrée pour servir d'artillerie lourde. Le fort désarmé au cours de la 1re Guerre mondiale dut attendre 1936 pour reprendre du service. Les projecteurs furent remis en service et deux canons de 95 mm furent installés sur la plateforme nord de l'ilot. En 1944, le général allemand Ramche, commandant de la place de Brest, y installa son quartier général pour y livrer sa dernière bataille. Réfugié dans le magasin sous roc, il se rendit aux Américains le 19 septembre 1944. Les bombardements américains laissèrent le fort totalement en ruine à la fin de la 2e Guerre mondiale. Entre 1960 et 1980, le fort servit de centre d'entrainement pour les commandos du centre de Quélern. L'armée céda le fort au Conservatoire du littoral en 2009.
La batterie de canons de 47 mm sur l'ilot
Emplacement d'un canon de 47 mm
La batterie de canons de 47 mm sur l'ilot
L'accès à l'abri sous roc du projecteur de 90 cm
Le fort
des Capucins (© IGN)
Ces photographies ont été réalisées en juin 2021.
Y ACCÉDER:
Le fort des Capucins se trouve à la Pointe des Capucins. Il est accessible à pied depuis le parking le long de la D355 reliant Camaret-sur-Mer à la Pointe des Espagnols au niveau du hameau de Kerguinou.
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.
Cette page a été mise en ligne le 1er novembre 2021
Cette page a été mise à jour le 1er novembre 2021