Le calvaire des Récollets

Le calvaire des Récollets, également nommé chemin de croix du Grand Voyage, classé Monument historique en 1986, fut conçu, en 1516, par Romanet Boffin, un riche et pieux marchand, afin de suppléer au pèlerinage à Jérusalem dont la route était devenue trop dangereuse, notamment à cause des Turcs.

En décembre 1515, Romanet Boffin, lors d'un voyage à Fribourg, fut très impressionné par un chemin de croix formé par sept piliers disséminés dans la ville et un calvaire construit par Pierre d'Anglisberg, commandeur de Rhodes. Ayant lui-même fait le pèlerinage à Jérusalem et ayant constaté avec des franciscains revenus de Palestine que la topographie de Romans rappelait celle de Jérusalem, il décida d'ériger, dans la ville, quatorze stations aboutissant à un calvaire situé hors des murs. Le 3 février 1516, les chanoines donnèrent l'autorisation à Vincent Gallon d'ériger sept piliers de pierre en mémoire de la Passion du Christ entre l'église Saint-Barnard et une croix érigée au lieu-dit des Rampaux. La première pierre du calvaire fut posée le 15 mai 1517 sur un terrain situé sur une éminence à un quart de lieue de la ville. Le terrain appartenait à l'archevêque de Vienne qui le céda à Romanet Boffin. Le calvaire fut ensuite confié aux franciscains qui y construisirent une chapelle (l'actuelle église Sainte-Croix) et un couvent.

Le calvaire fut achevé en 1522. Construit sur un monticule artificiel, il se composait de trois croix accompagnées des trois Marie et de la chapelle du Saint-Sépulcre. Les habitants de Romans lui attribuèrent des vertus miraculeuses. Lors de la construction, un artisan fit porter aux ouvriers une barrique de vin qui ne cessa de couler qu'à la fin de la construction. Cette légende est à l'origine du proverbe du romanais : "cela dure comme la barrique du mont calcaire". Le calvaire devint le but d'une procession annuelle, effectuée le dimanche des Rameaux, durant laquelle le chapitre y transportait le corps de saint Barnard. Dès sa construction, le lieu devint un lieu de piété et de pèlerinage réputé et les moines qui en avaient la charge firent l'objet de dons divers. Dans une lettre du 13 août 1525, Louise de Savoie demanda aux officiers de la chambre des comptes de Grenoble de faire distribuer aux frères, douze charretées de bois de la forêt de Banier.

Le calvaire fut mis à mal par les guerres de religion. Le 28 novembre 1548, il fut spolié et incendié par les réformés. En mars 1562, il fut saccagé par les calvinistes. Le 16 mai 1562, les moines franciscains abandonnèrent le couvent qui resta inhabité jusqu'en 1583. Une campagne de restauration débuta en 1583 et dura jusqu'en 1630. Le couvent fut confié aux Récollets en septembre 1612. Ils y resteront jusqu'en 1791. Le chemin de croix et la chapelle du Saint-Sépulcre furent détruits par les révolutionnaires en 1794. L'église et le calvaire furent, eux, vendu comme bien national en 1796 et l'enclos du calvaire transformé en cimetière. Le couvent fut racheté par des chartreux qui y séjournèrent jusqu'en 1813. Il fut ensuite loué puis vendu, en 1822, à l'évêché de Valence.

À partir de 1812, l'enclos du calvaire servit de lieu de sépulture à plusieurs riches familles de Romans qui y firent construire, entre 1820 et 1862, des chapelles funéraires. La restauration du chemin de croix fut entreprise à partir de 1820. Vingt et une stations furent reconstruites en ville et dix-neuf dans l'enclos du calvaire. Celui-ci fut entièrement reconstruit en 1857-1858 avant d'être totalement abandonné au début du XX^e siècle. Une nouvelle restauration fut entreprise en 1940 où la station VIII fut la première à être restauré. Depuis 1967, l'association des amis du calvaire assure l'entretien du monument.

Le calvaire est situé avenue Marcellin Berthelot à Romans-sur-Isère. Sa visite est possible lors des journées du patrimoine.

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