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Le castel Saint-Denis

Le castel Saint-Denis est un des plus grands châteaux forts du Haut-Doubs. Après un premier classement aux Monuments historiques en 1934, les ruines furent reclassées en 1987. Depuis 1985, les ruines font l'objet d'un important programme de restauration. Sur un éperon rocheux dominant la vallée de la Loue se succèdent le "Pallas", vaste logis avec deux tours aux extrémités, l'avant-château et la basse-cour.

La tour Saint-Denis

L'éperon rocheux est long de 250 m et large, au plus fort, de 70 m. Ce site dominant est occupé depuis le X^e siècle. La première mention d'un château à cet endroit date de 1083. Les archives mentionnent un château, propriété de Gui, seigneur de Scey. En 1166, Pierre de Scey, nommé gardien du comté de Bourgogne par l'empereur du Saint Empire romain germanique Frédéric 1^er, fit ériger la tour Saint-Denis. La deuxième tour dite de Montsoufflot fut érigée en 1179. Il n'en reste actuellement que quelques vestiges. À la fin du XII^e siècle, à la mort de Pierre 1^er, le château fut partagé en indivision entre ses deux fils, Othon II et Pierre II. En 1272, le château passa entre les mains des comtes palatins de Bourgogne. La tour de Montsoufflot fut vendue à Mahaut d'Artois en 1303. Thibaud de Scey racheta le château en 1359.

En 1467, Charles le Téméraire devint duc de Bourgogne (dont la Franche-Comté faisait partie). Il chercha à unifier un grand territoire allant jusqu'à la mer du Nord en passant par l'Alsace et la Lorraine. Il s'en suivit une guerre avec le roi de France, Louis XI. En 1468, Louis XI fut fait prisonnier par Charles le Téméraire qui lui imposa, pour sa libération, la signature d'un traité en sa faveur. Les Helvètes inquiets de ce puissant voisin lui déclarèrent la guerre en 1476. Avec leurs alliés, ils battirent les bourguignons lors des batailles de Grandson et de Morat, ce qui leur permit d'occuper une partie du duché de Bourgogne. Charles le Téméraire mourut en 1477 avec pour seule héritière sa fille Marie. En vertu de la loi salique (les femmes ne peuvent hériter), Louis XI annexa alors la Bourgogne au royaume de France. Les nobles de Franche-Comté refusant cet état de fait se révoltèrent. Entre 1478 et 1480, les troupes françaises ravagèrent en représailles la Franche-Comté. En 1480, les Français, menés par Charles d'Amboise, assiégèrent le château qui en subit d'importantes destructions. Marie de Bourgogne décéda en 1482 à 25 ans d'une chute de cheval en laissant comme seule héritière sa fille Marguerite. Par le traité d'Arras, conclu en 1483 entre Louis XI et Maximilien d'Habsbourg, Marguerite fut promise au Dauphin, Charles VIII, apportant ainsi la Franche-Comté en dot au royaume de France. En 1488, Charles VIII épousa Anne de Bretagne en rejetant Marguerite. Outré par cette trahison, Maximilien s'engagea en une reconquête militaire de la Franche-Comté. Triomphant en 1493 à la bataille de Nans-sous-Sainte-Anne, Maximilien ramena la Franche-Comté sous la domination des Habsbourg. L'empereur Maximilien autorisa la reconstruction de la forteresse en 1494. Au cours du XV^e siècle, le château devint la propriété de la famille des Vienne. En 1550, le château quasiment en ruine fut racheté par Nicolas Perrenod de Granvelle, garde des Sceaux et principal conseiller de l'empereur Charles Quint. Ces fils, Thomas et Antoine, entreprirent entre 1565 et 1576 un vaste chantier de restauration. Ils firent ériger l'avant-château et la basse-cour visible actuellement. En 1637, la forteresse fut acquise par le comte de la Baume-Saint-Amour.

Au cours de la guerre de Dix ans (1634-1644), les Français repartirent à la conquête de la Franche-Comté. En 1639, le castel Saint-Denis fut assiégé par les Suédois du duc de Saxe-Weimar à la solde de Richelieu. Les troupes françaises firent de même en 1641. Après le rattachement définitif de la Franche-Comté au royaume de France en 1674, le castel Saint-Denis fut démantelé sur ordre de Louis XIV. Ce qu'il en restait redevint la propriété de la famille de Scey en 1678. Cette famille en est toujours les propriétaires.

La partie la plus ancienne du château est le logis ou "pallas". Le logis a été érigé sur la partie extrême de l'éperon sur une surface de 60 m de longueur et large de 14 m. Elle est entourée de falaises et fut séparé du plateau par un profond fossé. À chaque extrémité se trouvent les tours Saint-Denis et de Montsoufflot. Les salles du logis étaient couvertes par des voutes soutenues par des colonnes.

L'avant-château fut construit entre 1565 et 1576 sur l'ancien fossé du logis et sur une partie de la basse-cour primitive. Il assure la liaison entre le logis et la basse-cour actuelle. D'architecture renaissance, l'avant-château fut réalisé par l'architecte Richard Maire, fils de l'architecte du Palais Grandvelle à Besançon. L'avant-château était constitué de plusieurs bâtiments à étages construits autour d'une cour dallée. L'ensemble formait un rectangle de 42 m sur 16 m. Du côté sud se trouvait la chapelle Saint-Denis avec une tour d'escalier polygonale. À l'est était situé le front d'entrée précédé d'un large fossé. Un pont-levis permettait l'accès au château. Du côté ouest, adossé à la tour Saint-Denis, se trouvait le logis "neuf". Le côté nord était occupé par un mur de défense percé de quatorze meurtrières et surmonté d'un mâchicoulis découvert. La cour recouvre une vaste salle servant de sommelier et une citerne.

La basse-cour occupe un vaste enclos trapézoïdal de 112 m de longueur et dont la largeur va de 22 à 78 m présentant environ une surface de 5600 m². Elle était entourée d'un mur d'enceinte surmonté d'un chemin de ronde reposant sur un hourdage et protégé par un parapet en pierre. La basse-cour se présente avec une succession de terrasses naturelles descendant par paliers jusqu’à l'avant-château. Elle servait de refuge temporaire pour les villageois et les troupeaux en cas d'attaque. À l'angle sud-est de cette enceinte, surplombant le ravin de Valbois, se trouvait un grand bâtiment en "L". Large de 6 m, le grand côté a une longueur de 24 m et le petit côté une longueur de 19 m. Il servait d'écurie et possédait entre 16 et 19 stalles. Dans son prolongement se trouvait une forge. À proximité de ce bâtiment fut construite vers 1576 une grande citerne de 96 m³ alimentée par les toitures.

Derrière le mur d'enceinte face au plateau fut établie une poudrière et dans l'angle entre celle-ci et l'écurie fut érigée une petite tourelle de guet qui abritait des latrines. Dans la basse-cour se trouvaient également un jardin et un verger. Les vestiges d'une grange équipée d'un four à pain et d'un colombier furent aussi retrouvés au sein de la basse-cour. L'entrée principale de la forteresse se faisait du côté du plateau, mais un second accès existait du côté nord. La porte dite "aux Ânes" s'ouvre sur la vallée de la Loue.

Ces photographies ont été réalisées en août 2019.

Y ACCÉDER:

D'Ornans, prendre la direction de Cléron. Après Maisieres-Notre-Dame, prendre à gauche (fléchage). Le château est accessible par un sentier de 700 m.

Il est également possible d'atteindre le château à partir de Chassagne-Saint-Denis en suivant le fléchage "Ruine".

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 2 novembre 2019

Cette page a été mise à jour le 2 novembre 2019