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La falaise de la Madeleine, baignée par les eaux de la Vézère, a été occupée par l'homme depuis la préhistoire. L'industrie lithique mise à jour dans l'abri sous roche situé au pied de la falaise permit de définir la période du Magdalénien, une des plus importantes de la préhistoire. Au cours du Moyen-âge, la falaise fut transformée en fort et village semi-troglodyte et le sommet de la falaise fut couronné par un petit château. Les vestiges de ce village sont aujourd'hui aménagés à la visite.
La falaise de La Madeleine
Le fort de La Madeleine
En partie inférieure de la falaise de la Madeleine est situé un vaste abri sous roche de 250 m de longueur pour une largeur d'environ 12 m. Cet abri, exposé au sud, a été fouillé entre 1863 et 1864 par Édouard Lartet et Henry Christy. Ils y mirent à jour un objet qui joua un rôle essentiel dans la reconnaissance de la contemporanéité entre l'homme et les espèces animales disparues. Il s'agit d'un large fragment de défense de mammouth sur lequel se trouve une gravure d'un mammouth. La précision de la gravure démontra qu'elle fut exécutée par un homme contemporain de cet animal. L'importante industrie lithique et osseuse dégagée par les fouilles incita Gabriel de Mortillet à prendre ce site comme référence pour la période et à créer le terme de Magdalénien. Le niveau archéologique, d'une épaisseur de 2,50 m, fut daté de 14 000 à 10 000 ans BP (avant le présent). Les fouilles du site furent reprises en 1895 par Élie Massenat et Louis Giraud puis en 1901 par Émile Rivière. En 1910, Denis Peyrony fouilla les déblais des fouilles anciennes puis, en 1913, réalisa une nouvelle tranchée au travers de la stratigraphie du site. Lors des fouilles qu'il réalisa, entre le 20 septembre et le 20 octobre 1920, il mit à jour le plus grand nombre de vestiges d'art mobilier jamais trouvé dans un gisement préhistorique. Les fouilles effectuées par Denis Peyrony permirent d'affiner la subdivision des périodes du paléolithique supérieur.
L'abri de La Madeleine
En 1926, Denis Peyrony découvrit une sépulture d'enfant richement paré déposé dans une fosse en avant de l'abri. Il l’attribua au Magdalénien. Une étude récente la date d'environ 10 000 ans BP et estime qu'il s'agit d'un enfant âgé entre deux et quatre ans. Il était muni d'une parure constituée de 1500 coquillages, de craches de cerf et de canines de renard. La présence d'ocre sur le corps fut également attestée. Denis Peyrony publia en 1928 son étude consacrée au site. Celui-ci fut classé Monument historique en 1956. Entre 1968 et 1983, Jean-Marc Bouvier reprit la fouille de cet abri. Il mit à jour un autre niveau archéologique sous le niveau de galets sur lequel s'étaient arrêtés ses prédécesseurs.
L'enfant de La Madeleine
L'abri de la Madeleine est situé à proximité de la rivière à un point de rétrécissement de la vallée. L'endroit formait un piège idéal pour chasser les rennes au niveau des passages de gués notamment en automne lors des migrations. L'orientation sud-sud-ouest de l'abri offrait également une protection contre les excès climatiques de cette période glaciaire où les hivers longs et intenses succédaient aux étés chauds et secs. Dans cet abri, l'habitat était saisonnier et les archéologues estiment qu'il pouvait offrir le gîte à 60 à 80 personnes. Avec une espérance de vie d'une cinquantaine d'années, trois générations devaient cohabiter. En plus de l'industrie lithique, l'abri livra une quantité phénoménale d'outils en os telle que bâtons percés, sagaies, harpons, hameçons, aiguilles à chas. L'art mobilier fut réalisé sur des matières très variées comme l'os, l'ivoire, bois de renne, plaquettes en calcaire ou en schiste, etc.. Les restes osseux retrouvés permettent de se faire une idée des goûts alimentaires de l'époque. On y constate une prédominance du renne avec 87 à 100 % des restes selon les strates archéologiques. Seul un niveau de la fin du Magdalénien IV conteste cette dominance avec 36 % de cheval. À quelques mètres de l'abri de la Madeleine, fut découvert l'abri Villepin occupé entre la fin du Magdalénien et l'Azilien. Ces abris ne sont pas accessibles au public.
Afin de faire face aux raids normands remontant la Dordogne et la Vézère, Frotaire, évêque de Périgueux, ordonna, en 976, la construction d'un réseau de forts destiné à créer un dispositif de veille afin d'assurer la défense des voies d'accès des pillards. Tout comme les sites de la Roque Saint-Christophe ou du Roc de Cazelles, la falaise de la Madeleine fut aménagée en fort et village semi-troglodyte. Les constructions en bois et en torchis du Xe siècle furent remplacées par la pierre au cours du XIe siècle. Le village fut occupé durant tout le Moyen-âge et jusqu'au XIXe siècle. La dernière famille quitta les lieux vers 1910.
À cette époque fut édifié au sommet de la falaise le château du Petit Marzac par les comtes de Sireuil. Ce château est constitué d'une enceinte de 35 m sur 25 m érigés le long de la falaise. Au nord, l'enceinte à cinq pans est bordée par un fossé creusé dans le rocher et au nord-est se dresse une tour, nommée tour de Saint-Martin. Dans la partie accrochée à la falaise fut à cette période érigée la chapelle seigneuriale de style roman. Elle est presque entièrement taillée dans le rocher. Au XIIe siècle, la chapelle fut complétée par une partie en style gothique. Le château fut acquis à une date non connue par la famille de Beynac. Il fut abandonné en 1660 après sa destruction dans un incendie. Le village fut occupé jusqu'au XVIIe siècle.
Depuis le site de la Madeleine, on jouit d'une belle vue sur le promontoire et le château de Marzac sur la rive opposée.
Les photos ont été prises entre 2002 et 2025
Y ACCÉDER:
A partir des Eyzies, prendre la direction de Montignac, par la D706. Traverser la Vézère à Lespinasse et prendre la route à gauche après le pont et suivre le fléchage.
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Cette page a été mise en ligne le 08 avril 2002
Cette page a été mise à jour le 10 octobre 2025