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Le site gallo-romain de Mediolanum

À proximité du village de Malain sont enfouis les vestiges d'une importante cité gallo-romaine. Les sondages archéologiques et les photographies aériennes ont relevé une cité s'étendant sur plus de 200 hectares comprenant un théâtre, plusieurs temples (fanum) et des thermes. Seul un petit quartier, situé au lieu-dit "la Boussière", a fait l'objet de fouille scientifique entre 1967 et 1993. Le site est classé Monument historique depuis le 16 octobre 1992.

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Vue générale du quartier fouillé

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Une des pièces de l'ilot du centre

Les premières implantations sur le site ont été datées de l'Âge du fer, aux alentours de 500 av. J.-C.. Ils s'agissaient de maisons rectangulaires construites en bois et torchis. La ville gauloise fut fondée entre 100 et 70 av. J.-C. par les Lingons au croisement de voies antiques. La capitale des Lingons était Andemantunum, l'actuelle ville de Langres. La ville était située aux confins des territoires occupés par les Lingons, les Séquanes et les Éduens. Elle remplaça l'oppidum de Mesmont qui fut déserté à la même période. La ville fut partiellement voire totalement détruite par un incendie lors de la conquête de la Gaule par les Romains. Entre la fin du 1er siècle av. J.-C. et le début du 1er siècle apr. J.-C. apparurent les premières constructions maçonnées. La ville se développa entre un fanum dédié aux divinités gauloises "Cicollus" (mars) et "Litavis", à l'ouest, et un fanum situé à l'est près du village actuel d'Ancey. Au cours du 1er siècle apr. J.-C., la ville connut un important développement qui se poursuivit au cours du IIe siècle. Elle fut dénommée alors Mediolanum et faisait partie d'un réseau dense d'une vingtaine d'agglomérations et de grosses villas identifié à ce jour dans cette région. La ville fut abandonnée au début de la deuxième moitié du IIIe siècle au profit de l'oppidum de Mesmont.

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Cour

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Une des colonnes du portique

L'agglomération fut découverte au cours du XIXe siècle où les nombreuses trouvailles fortuites faites dans les champs furent l'objet de publications de la part de la commission des antiquités de la Côte-d'Or. Lors de la destruction de l'ancienne église de Malain en 1843-1845 furent mises à jour les fondations du fanum dédié à "Cicollus" et à "Litavis". L'emplacement de ce temple est actuellement occupé par le cimetière de Malain. Les découvertes d'amphores, de nombreuses pièces de monnaie et d'objets de confection étrusque font penser que la ville était un important centre de commerce. Elle se composait de nombreuses "Domus" et "Villae". La zone fouillée à la Boussière entre 1967 et 1993 correspond à un quartier artisanal et commercial constitué d'échoppes et de locaux d'habitation intégrant deux temples.

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La grande rue au-delà de la zone fouillé (côté ouest)

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Le passage entre les ilots du centre et de l'ouest

Le quartier présente un plan orthogonal bordant une grande rue de 6 m de largeur, orientée est/ouest. Au sud de cette rue fut reconnu un vaste terre-plein non construit pouvant correspondre à un forum. Au nord de la zone fut reconnu, par photographie aérienne, à environ 30 m de distance, un grand bâtiment long de 80 m (axe est/ouest) bordé par une rue parallèle à la grande rue du quartier fouillé. Le centre de la ville de Mediolanum semble être près de la zone fouillée, mais il n'est pas certain que celle-ci soit le centre de la ville. La grande rue était bordée de chaque côté par un caniveau empierré de 50 cm de large. Cette rue fut dégagée par les archéologues sur une centaine de mètres. Elle se prolonge vers l'est jusqu'au fanum d'Ancey situé à 500 m. La grande rue était bordée, côté nord, par un portique (galerie couverte) large de 3 à 3,50 m couvert avec des tuiles romaines ou des dalles en calcaire. Ce portique donnait accès aux échoppes, boutiques et bâtiments publics construits au nord de la rue. Le toit du portique était soutenu par des piliers en pierre haute de 2,40 m. Certains de ces piliers furent au cours du IIe siècle remplacé par des poteaux en bois ou même par des murs. Vers la fin du 1er siècle apr. J.-C., une partie de la rue fut abandonnée et recouverte par des constructions, dont une halle de 11,40 m sur 2,55 m. La rue resta cependant un axe important au travers du portique. Depuis le portique, des venelles et des passages donnaient sur des cours en contrebas qui constituaient le cœur de deux ou trois grandes maisons urbaines.

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La grande rue

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Le caniveau bordant la grande rue

Sur le côté est, la zone de fouille est circonscrite par une rue empierrée large de 5 m et orientée nord/sud. Les axes perpendiculaires à la grande rue divisent le quartier en trois grands ilots. L'ilot, côté est, comprenait quatre échoppes ouvertes au sud (côté portique), mais totalement fermées sur les autres côtés. À l'arrière de ces échoppes se trouvaient des caves surmontées de pièces d'habitations puis des cours. Toutes ces constructions avaient au moins un étage. La troisième échoppe fut ultérieurement transformée en sanctuaire. Son sol fut bétonné et les murs recouverts d'un fin enduit peint. La façade reçue des colonnes de 6 m de hauteur portant un entablement avec des sculptures et des inscriptions. De nombreux exvotos y furent découverts, ce qui laisse supposer que ce sanctuaire fut dédié à une divinité guérisseuse.

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La rue bordant à l'est la zone fouillée

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Une descente vers l'une des caves

L'ilot central possédait des boutiques du côté sud et des cours et des pièces d'habitats côté nord. Les boutiques étaient ouvertes sur le portique. Un système de portes mobiles, dont subsistent les bases, permettait de les clore. L'ilot, côté ouest, possédait deux boutiques ouvertes sur le portique et une grande maison au nord. La première boutique fut cloisonnée en trois pièces. La deuxième, d'une superficie de 100 m2, possédait une façade monumentale assez semblable au sanctuaire du premier ilot.

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Le grand escalier de l'ilot ouest

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Une des caves

Dans la zone de fouilles furent dégagés trente trois-pièces. Quatre d'entre elles possédaient un plancher en bois, dix-sept avaient un sol en pierre et douze un sol en terre battue. Sept pièces étaient chauffées, deux par un système d'hypocauste, les autres par une cheminée. Les murs de vingt et une pièces étaient recouverts d'un enduit peint et au moins deux d'entre elles étaient surmontées par un étage. Les maisons étaient couvertes par des tuiles romaines ou par des dalles en calcaire scié de 55 cm de côté. Ces maisons possédaient l'eau courante qui était acheminée par des canalisations enterrées.

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Escalier vers une cave

Les déchets de coulée et les moules retrouvés ont permis aux archéologues de déterminer qu'une des échoppes était occupée à la fin du IIe ou au début du IIIe siècle par un artisan bronzier. C'est également à cette époque que fut abandonné le fanum d'Ancey et qu'un incendie ruina le sanctuaire et une partie de l'ilot du côté est. Cet ilot fut reconstruit avant que le quartier soit abandonné aux alentours de 274 apr. J.-C.. Avant son abandon, le quartier était sous la domination de deux ou trois grands propriétaires.

Durant les fouilles furent retrouvées environ 500 pièces de monnaie, dont 110 monnaies gauloises. Celles-ci furent datées du 1er siècle av. J.-C.. La pièce de monnaie la plus récente fut datée du règne de Constantin, en 360 apr. J.-C.. Parmi les objets retrouvés figuraient également une anse représentant Hercule enfant, une tête de Minerve ou de Victoire en bronze, une tête bachique ayant servi de peson et une figure zoomorphe. En 1977 fut également trouvé dans les champs un lot de neuf statuettes en bronze. Ces objets d'art et la découverte de nombreux moules prouvent la présence à Mediolanum d'ateliers de sculpteurs et autres artistes.

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Ces photographies ont été réalisées en décembre 2017.

 

Y ACCÉDER:

Le site de fouilles de la Boussière a été recouvert d'un toit. Il est librement accessible le long de la D104c entre Malain et Lantenay en direction de Fleurey-sur-Ouche.

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 26 janvier 2018

Cette page a été mise à jour le 26 janvier 2018