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De la puissante abbaye de Marmoutier ne subsiste que l'abbatiale, dont le massif occidental est le vestige de l'église romane du XIIe siècle. Sous le transept fut dégagée, en 1978, la crypte contenant la tombe du fondateur Saint-Léobard. Celle-ci peut être visitée depuis son aménagement après les fouilles de 1982.
C'est en 590 que le roi Childebert II autorisa Léobard, un disciple de Saint-Colomban de Luxeuil, à s'établir avec ses moines à cet endroit. Childebert II dota l'abbaye d'un grand domaine. L'abbaye fut détruite par un incendie en 690 puis à nouveau en 717. L'abbaye fut reconstruite par l'abbé Maur en 724. À cette époque, le roi Thierry IV confirma à l'abbaye la donation du domaine de la Marche et lui accorda le privilège d'immunité. L'abbé Pirmin reforma l'abbaye en y introduisant la règle bénédictine en 746 (ou en 728 ?).
La façade occidentale
Le personnage tricéphale de la façade
Animal fantastique de la façade
L'empereur d'Occident, Louis le Pieux, fils de Charlemagne, installa comme abbé de l'abbaye Benoit d'Aniane en 816. Il dirigea l'abbaye durant 10 mois. Drogon, évêque de Metz entre 823 et 855 et frère de Louis le Pieux, entreprit la reconstruction de l'abbaye à partir de 828 après un nouvel incendie. Il fit transférer dans la nouvelle abbatiale, en 830, les reliques de Saint-Céleste et de Saint-Auctor, respectivement 2e et 13e évêque de Metz. L'abbatiale fut détruite par un autre incendie en 950. La nouvelle église, de style ottonien, fut consacrée en 971 par Erchenbald, l'évêque de Strasbourg. En 971, le comte de Sarrebourg, Volmar, et son épouse, Berthe, offrirent leurs biens à l'abbaye.
Le choeur
Le transept nord
L'abbaye entreprit son extension en 1115 sous l'impulsion de l'abbé Richwin par la création d'un couvent de moniale au Sindelsberg. Cet abbé reconstruisit également l'abbatiale en style roman à partir de 1120. Elle sera terminée en 1140. L'évêque de Metz, Étienne de Bar, restitua en 1125 à l'abbaye plusieurs des domaines que ces prédécesseurs avaient confisqués. Théodewin, ancien moine de Marmoutier devenu cardinal et légat du Pape, consacra la nouvelle abbatiale en 1137. Les possessions et les privilèges de l'abbaye furent confirmés en 1163 par l'empereur du Saint Empire romain germanique, Frédéric Barberousse. Le Pape Alexandre III fit de même en 1179.
La nef vue depuis l'entrée
Le choeur
La nef vue depuis le choeur
La piéta du XVe siècle
Le transept sud
Autel dans le transept sud
Les abbés Otton (1224-1245), Jean (1253-1288) et Conrad (1289-1301) reconstruisirent à nouveau l'abbatiale entre 1225 et 1240. Le Pape Jean XXII accorda à l'abbaye les revenus de l'église Saint-Martin de Westhoffen en 1330. L'évêque de Strasbourg incorpora à l'abbaye les revenus du monastère de Sindelsberg qu'il avait dissous en 1488. Il fit de même en 1495 avec les revenus de l'église de Duntzenheim. Le déclin de l'abbaye débuta à la fin du XIVe siècle. En 1512, il n'y a plus d'abbé ni de moines sur le site et l'abbaye avait une dette de 6000 florins. Lors de la révolte des paysans germanique, en 1525, la foule saccagea la bibliothèque et les bâtiments de l'abbaye. Au cours de la guerre de Trente Ans, les mercenaires suédois la pillèrent en 1621. Un petit renouveau eut lieu en 1653 lorsque l'archiduc d'Autriche Léopold-Guillaume de Habsbourg, évêque de Strasbourg, fit élever dans l'abbaye des cénotaphes à la mémoire de ses ancêtres avoués de l'abbaye. Le cloitre fut détruit par un incendie en 1707 et ne fut jamais reconstruit. André Silbermann installa dans l'abbatiale un de ces célèbres orgues entre 1709 et 1710. L'hôpital dépendant de l'abbaye fut reconstruit au niveau du chevet de l'abbatiale en 1720 et entre 1737 et 1751 de nouveaux bâtiments claustraux et d'exploitation furent érigés. Le chœur de l'abbatiale fut reconstruit entre 1761 et 1769 et muni de nouvelles stalles. Mais tout s'arrêta avec la Révolution française en 1789. L'abbaye fut supprimée et les bâtiments furent vendus comme bien national. L'abbatiale, dédiée à Saint-Martin, devint église paroissiale, dédiée à Saint-Étienne, en 1805. Un dernier incendie détruisit le palais abbatial en 1886.
Le choeur
Les stalles du choeur
L'abbatiale de Marmoutier est constituée d'un massif occidental de style roman du XIIe siècle, d'une nef et d'un transept de style gothique du XIIIe siècle et d'un chœur de style baroque du XVIIIe siècle. Le massif occidental constituant la façade et surmonté de trois tours fut érigé entre 1140 et 1150. Il est orné de bandes lombardes et de petites fenêtres et comprend un narthex. La nef est constituée de quatre travées séparées par des piliers dont les chapiteaux sont ornés de décors reflétant la flore de Marmoutier. Au niveau des piliers de la quatrième travée sont visibles les vestiges de l'ancien jubé. La chaire est datée de 1561. Dans le transept se trouvent les monuments funéraires des abbés et quatre autels baroques. Il est également orné des statues de Saint-Pierre et de Saint-Paul datées du XVIe siècle et d'une piéta du XVe siècle. Dans le chœur sont disposées cinquante stalles ornées avec les symboles des quatre évangélistes et qui comptent parmi les plus belles boiseries de Basse-Alsace. Le maitre-autel en marbre est surmonté d'un retable en bois doré flanqué de deux reliquaires et possédant un tabernacle tournant très rare. Au-dessus de l'autel se trouve également un tableau de Rubens (c'est une copie, car l'original disparut en 1796) représentant l'adoration des mages.
Monuments funéraires des abbés
Monuments funéraires des abbés
La crypte fut dégagée en 1978 et fouillée en 1982. Cette crypte constitue l'absidiole nord de l'église précarolingienne. Au sein de cette crypte fut retrouvé un sarcophage en calcaire du temps de l'abbé Maur et, sous l'axe médian de l'église, la tombe du fondateur de l'abbaye, Saint-Léobard. À l'est de cette tombe fut retrouvée une cavité double avec des restes de voutes et de peintures murales. Dans la partie ouest de la crypte se trouve une confession avec le tombeau d'un saint et un soubassement d'autel antérieur au VIIe siècle. S'y trouvent également deux murs de fondation parallèles provenant probablement d'un petit temple gallo-romain sur lequel Saint-Léobard aurait édifié le premier lieu de culte. Les fouilles de 1982 dégagèrent également sous le chœur actuel les bases de piliers d'un chœur plus petit et un cercueil monoxyle de la fin du VIIIe siècle.
La tombe de Saint-Léobard
La crypte
Sarcophage dans la crypte
Sarcophage dans la crypte
Sarcophage dans la crypte
Le cercueil monoxyle
Ces photographies ont été réalisées en septembre 2013, en mai 2020 et en janvier 2023.
Y ACCÉDER:
L'abbatiale est située rue du couvent à Marmoutier.
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
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Cette page a été mise en ligne le 13 juin 2020
Cette page a été mise à jour le 18 février 2023