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Le château de Guirbaden

Le château de Guirbaden fut à son apogée le plus grand château fort d'Alsace. Longtemps interdit d'accès par son propriétaire, la ruine est, depuis 2015, gérée par une association qui petit à petit la restaure pour la rendre accessible au public.

La porte d'accès (pont-levis) de l'ancien château

Les premières traces d'un château dénommé "Burgberg" apparaissent en 974. Ce château fut construit par le comte d'Eguisheim-Dabo, Hugues III, pour défendre les biens de l'abbaye d'Altorf qu'il fonda à proximité. Ce château serait passé sous la domination du duc de Souabe et d'Alsace, Ernest II, en 1027. La première citation d'un château de Guirbaden est faite dans le traité de consécration de la chapelle de Laubenheim en 1137. Ce château fut assiégé puis démantelé en 1162 par l'empereur du Saint-Empire germanique romain germanique, Frédéric 1^er Barberousse de Hohenstaufen (1122-1190). Ce démantèlement était destiné à punir le comte d'Eguisheim-Dabo qui avait passé outre l'interdiction des guerres féodales en attaquant le château du comte de Horbourg.

La chapelle Saint-Valentin du château de Guirbaden est citée comme étant une possession de l'abbaye d'Altorf en 1192. En 1199, Philippe de Souabe détruisit les châteaux, dont celui de Guirbaden, du comte d'Eguisheim-Dabo qui menait la révolte à la tête des "Welf". Le château passa aux mains du duc Thiébaut 1^er de Lorraine en 1206, lors de son mariage avec Gertrude, la dernière héritière des Eguisheim-Dabo. Celui-ci lança, en 1218, une attaque sur la ville impériale de Rosheim. La défaite qui s'en suivit le contraint à céder une partie du château à l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen. Des travaux furent alors entrepris dans le château conduisant à l'érection du nouveau château du côté ouest et du "palas" et du donjon dans l'ancien château. Le donjon du nouveau château fut érigé en 1220. Celui-ci fut par la suite dénommé "Tour de la Faim" (Hungersturm) à cause d'une légende de prisonniers qui y seraient morts de faim. Après la mort de Gertrude, en 1225, son dernier mari, le comte de Linange, fut spolié de ces droits par le roi Henri VII (le fils de l'empereur Frédéric II) au profit de l'évêque de Strasbourg, Berthold 1^er de Teck.

L'évêque de Strasbourg devenu l'unique possesseur du château à partir de 1236 en confia la garde à des vassaux issus des familles de Muhlenheim, de Landsberg, d'Uttenheim et de Hohenstein. Au début du XIV^e siècle, l'évêque Bechtold de Bucheck fit renforcer les défenses extérieures en érigeant la deuxième enceinte. En 1375, les sires de Hohenstein reçurent le château en gage avec l'autorisation d'utiliser les pierres du nouveau château pour reconstruire l'ancien. En 1471, Jacques de Hohenstein, conseiller du duc de Lorraine, céda en gage à ce dernier une part du château. L'évêque de Strasbourg s'y opposa et mit le siège au château en 1473. L'année suivante, Jacques de Hohenstein se rallia au duc de Bourgogne Charles le Témeraire qui avait des vues sur l'Alsace. Ayant éventé le complot, l'évêque Ruprecht et la ville de Strasbourg s'emparèrent du château par ruse. Jacques de Hohenstein fut emprisonné au château du Dachstein, où il mourut, et le château fut confié aux Landsberg. En 1477, il fut donné en fief aux Rathsamhausen qui le gardèrent jusqu'en 1689.

À la fin du XV^e siècle fut érigée la troisième enceinte. Au cours de la guerre de Trente Ans, le 22 mars 1633, le château fut occupé de force par une garnison épiscopale commandée par le comte de Salm. Celle-ci fut assiégée à partir du 14 septembre 1633 par les Suédois. Le château aurait alors été rendu inhabitable par un incendie allumé par les défenseurs. Ce n'est qu'en 1647 que le château fut reconstruit par Frédéric de Rathsamhausen avant d'être à nouveau incendié par les troupes lorraines en 1652. Il fut définitivement démantelé en 1657 par les troupes du roi de France Louis XIV.

L'architecte Antoine Ringeisen reconstruit en 1850 la chapelle Saint-Valentin détruite par un incendie. L'ensemble des ruines fut classé Monument historique en 1898. La ruine qui occupe une surface de 270 m de longueur et une largeur de 70 m fut rachetée en 1968 par un entrepreneur alsacien. Celui-ci entreprit des travaux de rénovation en employant largement le béton. Ces travaux furent interrompus en 1971. Le château fut revendu en 1990. Le nouveau propriétaire en interdit alors l'accès au public jusqu'en 2015 ou une association prit en main la destinée des ruines.

Une tradition orale relevée par Auguste Stoeber dans "Mille ans d'histoires, de légendes et de traditions orales d'Alsace" nous informe que lors d'un siège du château les assiégés eurent recours à une ruse. Alors que les provisions s'épuisaient, il restait une vache et un sac de blé. Les assiégés donnèrent le blé à manger à la vache puis la jetèrent par-dessus les remparts. Lorsque les assaillants virent que l'estomac de la vache était rempli de grains de blé, ils pensèrent que les occupants du château étaient encore loin de souffrir de la faim et levèrent le siège.

Théodore de Morville de Rouvois dans ces "Voyages pittoresques en Alsace" paru en 1844, nous parle de la destruction du château. Celle-ci est attribuée par les uns aux Suédois pendant la guerre de Trente Ans et par les autres à des soldats lorrains qu'un valet du château introduisit au château. Ces soldats lorrains y auraient assassiné tous les occupants. Les esprits des assassinés tiendraient depuis tous les ans durant la foire de Haslach le procès du traitre. À minuit, le bailli du château sort de son tombeau et parcourt toutes les chambres du château pour réveiller la domesticité et crier vengeance. Quatre des domestiques installent alors le cercueil de la comtesse dans une des salles où tous les esprits des anciens habitants se rassemblent. Le bailli aux yeux creux et étincelants et le corps couverts de plaies sanglantes y fait trainer le valet félon drapé dans une chemise rouge et tenant à la main la clef de la porte du château. Celui-ci est interrogé puis déclaré coupable par l'assemblée. La comtesse, immobile dans son cercueil, crie alors "Vengeance pour la trahison". Le valet est jeté à terre et l'assemblée se donnant la main voltige autour de lui en une ronde sauvage au son du tocsin. L'ensemble disparaît à l'aube. Le procès se tient toutes les nuits durant une semaine.

Ces photographies ont été réalisées en février 2023.

Y ACCÉDER:

Le château est accessible à pied depuis Grendelbruch ou Mollkirch. Depuis Mollkirch, prendre la rue du rocher et suivre le balisage "croix jaune". Depuis Grendelbruch, partir du cimetière et prendre la rue "Qua Guirbaden" puis suivre le balisage "rectangle rouge/blanc/rouge". Il est également possible de partir du lieu-dit "Fischhutte" le long de la D204 reliant Grendelbruch à Mollkirch en suivant le sentier balisé d'une "croix rouge".

Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

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Cette page a été mise en ligne le 11 avril 2023

Cette page a été mise à jour le 11 avril 2023