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La chapelle de Bipierre

L'ancienne frontière germano-française établie après la guerre de 1870/71 passait par le sommet de la Tête de Bipierre. Tous le long de cette frontière sont situés des bornes portant d'un côté la lettre "F" pour France et de l'autre la lettre "D" pour Deutschland (Allemagne). Au sommet de la Tête de Bipierre se trouvent même côte à côte deux bornes, l'une française et l'autre allemande. La haine que se portaient à l'époque les deux peuples les empêchant à cet endroit de placer leurs marques sur la même pierre. Ces deux bornes sont peut-être à l'origine de la dénomination de Bipierre. Ces bornes marquent aujourd'hui la limite entre les départements des Vosges et du Bas-Rhin.

la chapelle

La roche de Bipierre située en contrebas du sommet est un promontoire en grès dominant la vallée en direction de l'est. De son haut, la vue embrasse le Donon (haut lieu celtique). Au pied de la roche de Bipierre, l'érosion a creusé une petite cavité circulaire d'environ 1,50 m de profondeur. À gauche de cette cavité, trois niches forment des sièges que le surplomb rocheux peut préserver de la pluie. Autour des deux niches centrales, une multitude de croix sont gravées dans la roche. C'est la présence de ces croix qui est à l'origine du nom de Chapelle de Bipierre. Lors de notre visite, nous avons dénombré pas moins de 84 croix. La plupart de ces croix sont réalisées simplement en croisant un trait vertical avec un trait horizontal. D'autres sont le résultat de deux traits obliques.

la niche de  gauche

la niche de droite

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Deux de ces croix sont particulièrement remarquables. Il s'agit d'une grande croix cupulée et d'une petite dont le sommet forme un triangle. La grande croix cupulée est profondément gravée et présente au bout de chaque extrémité une cupule. Elle se trouve au fond de la deuxième niche. La croix triangulée est située sur le surplomb rocheux. La datation de ces gravures est difficile voir impossible. La seule datation irréfutable est celle de la date de 1748. La gravure de ces croix s'échelonne certainement du néolithique à l'époque actuelle. Durant le néolithique (voir avant), le symbole de la croix représente selon les spécialistes un homme. Ce n'est qu'au IVe siècle que la croix prend sa signification actuelle, le symbole de la religion chrétienne.

D'autres croix cupulées figurent parmi les gravures, mais l'érosion les rend plus difficilement visibles. La croix triangulée nommée "arciforme" par le professeur Abelanet pourrait représenter un arc. Des signes identiques ont été gravés sur les roches de la vallée des merveilles dans les Alpes ou sur les roches des Pyrénées. Les cupules, qui sont gravées sur d'innombrables roches à travers le monde, n'ont toujours pas dévoilé leurs significations.

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Les cupules se trouvent principalement en montagne, rares sont celles existant en plaine. Elles jalonnent souvent les chemins de transhumance utilisés depuis des millénaires par les bergers. Beaucoup de ces cupules datent du néolithique, mais dans certaines régions, des bergers en gravaient encore au XIXe siècle sans toutefois en connaitre la signification. La gravure des cupules est sans contexte d'aspect religieux. L'eau, indispensable à la vie, était probablement vénérée durant la préhistoire et les cupules gravées sur des supports horizontaux en étaient le réceptacle durant les rites. De même, des baies ou des céréales déposées dans ces cupules étaient données en offrandes à la terre, la Déesse Mère. Pour les cupules gravées sur des supports verticaux ou même sur des voûtes rocheuses, le problème de leurs significations est plus ardu. Les gravures sont tout autant liées à un rituel religieux ou magique, mais qui nous restera à tout jamais inconnu. Certains chercheurs y voient d'ailleurs une représentation du ciel étoilé.

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L'église chrétienne a toujours eu la volonté de détruire les dolmens, les menhirs et d'autres roches à cupules afin d'éradiquer les cultes païens. C'est sans doute par esprit de contradiction que les bergers ont fait perdurer la gravure rupestre des cupules et des croix tout en ayant oublié la signification du rituel pratiqué durant la préhistoire.

Le chercheur Bruno Marc rapporte un ancien rituel observé dans le massif du Bougés en Lozère et destiné à appeler la pluie. Des personnes armées de bois de cerf se plaçaient à différents endroits de la montagne et tapaient simultanément dans les cupules. Cela produisait un bruit donnant l'impression d'un grondement de tonnerre. Dans ce rituel, les cupules gravées sur des supports verticaux prennent une utilité dans un culte de l'eau.

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Ce site est en relation avec le sommet du Donon, occupé depuis plus de 5000 ans. Le Donon a été un sanctuaire pour les Celtes et les Romains et probablement pour les peuples du néolithique.

Sur le sommet de la Tête de Bipierre sont disséminés de nombreux rochers. Sur ces rochers, de nombreuses cupules sont visibles. Par contre impossible de dire si elles ont été creusées par l'homme ou si elles sont naturelles donc formées par l'érosion. En effet dans les rochers en grès vosgien sont inclus de petits galets ronds qui lorsqu'ils sont dégagés par l'érosion peuvent former des cupules naturelles. La forme de certains blocs fait penser à des menhirs qui auraient été abattus. En plus des cupules, d'autres gravures sont reconnaissables comme celle d'une vulve, figure bien connue des gravures rupestres. Certains auteurs mentionnent dans leurs publications d'autres gravures comme celle d'une crosse d'évêque ou celle d'une tête humaine. Malgré nos recherches, nous ne les avons pas vus. Peut-être aurez-vous plus de chance.

pierre à cupules
Pierre à cupules de la Tête de Bipierre

entailles
Pierre entaillée sur la Tête de Bipierre

cupule

la vulve
Pierre à la vulve

Sur le sommet de la Tête des Blanches Roches, situé à quelques centaines de mètres de là, se trouvent de nombreuses roches sur lesquelles les cupules ont laissé la place à des bassins. Pour les scientifiques, les cupules ont au maximum un diamètre de10 cm pour une profondeur de même valeur. Au-delà ce sont des bassins. Au milieu de ces pierres se dresse fièrement un petit menhir ayant une forme phallique très marquée. Nous sommes très certainement sur un lieu ayant connu des cérémonies liées à la fertilité. Ce site est toujours très fréquenté comme en témoigne la magnifique roue solaire gravée sur un des rochers. Cette roue a un diamètre de 56 cm et est placée face au sud. Sa gravure est cependant très récente. Le culte solaire survivrait-il ou un artiste contemporain a-t-il voulu poursuivre le travail de gravure entamé par nos ancêtres ?

le menhir
Le menhir de la Tête des Blanches Roches

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La roue solaire

les bassins
Les bassins de la Tête des Blanches Roches

menhir ?
Un menhir ?

À peu de distance vers le sud se trouvent les pierres à bassins des Hautes-Chaumes. Sur cinq à six grosses dalles plus ou moins horizontales sont creusés 27 grands bassins dont la plupart ont plus de 30 cm de diamètre. Ces pierres à bassins sont dominées vers le sud par un dolmen naturel. Celui-ci est constitué d'une dalle recouvrant l'espace compris entre deux blocs. Je pense que la disposition de ces pierres est le fait de la nature et ce "dolmen" n'a rien à voir avec les chambres funéraires que sont les vrais dolmens. Par contre, l'homme a certainement utilisé le passage sous la dalle à des fins cultuelles. La présence des nombreux bassins à proximité démontre que le site était lors du néolithique et à la période celte et gallo-romaine un important lieu de culte.

Les bassins
Les bassins des Hautes-Chaumes

les grands bassins
Les grands bassins

D'autres bassins

encore un bassin

le dolmen
Le dolmen naturel

le passage
Le passage sous la dalle

Ces photographies ont été réalisées en juillet 2008.

 

Y ACCÉDER:

Depuis le col du Donon, prendre la direction de Raon sur Plaine. Dans le virage à droite après le groupe de bâtiments, prendre la route forestière à gauche vers le col du Prayé. Garez-vous au col du Prayé. Le chemin vers la Chapelle de Bipierre est fléché depuis le col. De la Chapelle, prendre vers la Tête de Bipierre en montant le chemin vers le sommet (ne pas prendre le sentier fléché partant vers la gauche). Suivre ensuite le sentier de crête qui conduit vers la Tête des Blanches Roches puis vers les Pierres à Bassins. De la Tête des Blanches Roches, vous pouvez également redescendre sur le chemin et le suivre à gauche vers les Pierres à Bassins (fléchage).

Coordonnées GPS de la Chapelle
48 N 28' 36"
07 E 07' 26"
Altitude 850 m
Coordonnées GPS de la Tête des Blanches Roches
48 N 28' 16"
07 E 06' 47"
Altitude 917 m
Coordonnées GPS des Pierres à bassins
48 N 27' 55"
07 E 06' 56"
Altitude 867 m

 



Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.

Si vous constatez des modifications ou des erreurs, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

 

Cette page a été mise en ligne le 28 septembre 2008

Cette page a été mise à jour le 21 février 2015