La synagogue de Thann

La communauté israélite de Thann qui se développa au cours du Moyen-âge se dota d'un lieu de culte à partir du XIX^e siècle. Ce simple lieu de prière devint synagogue en 1862. Les deux guerres mondiales ont fortement endommagé ce lieu sacré, mais à chaque fois il fut reconstruit. La communauté israélite n'étant actuellement plus assez nombreuse pour maintenir ce lieu de culte, il est pris en charge par l'association "Les amis de la Synagogue de Thann" qui en assure la restauration.

Malgré un antisémitisme virulent, avec des bûchers à Thann et à Roderen en 1309, une communauté israélite se développa dans la vallée de Thann au cours du Moyen-âge (entre le XIII^esiècle et 1500). En 1350, une rue des Juifs était mentionnée à Thann et une des sources de revenus pour le capitaine du château était la taxe sur les Juifs. En 1473, on recensa trois familles juives établies dans l'enceinte de la ville de Thann. Comme le reste de la population, la communauté israélite souffrit de la guerre de Trente Ans (1618-1648), mais se reconstitua après 1648. En 1653, Lazare Brunschwig, marchand de chevaux, fut le premier juif à s'établir à demeure à Thann. Habitant Reiningue, il se réfugia à Thann à l'arrivée de l'armée commandée par Henri II, duc de La Ferté-Senneterre, maréchal de France, à Belfort. À la mort de son protecteur en 1657, la ville de Thann essaya de se débarrasser de Lazare Brunschwig. Pour cela elle l'accusa de tromper les bourgeois, de tenir synagogue et de travailler les dimanches et jours fériés. Les thannois n'obtinrent cependant pas gain de cause, même après la prise de possession de la ville par son nouveau seigneur, le cardinal de Mazarin. Louis XIV s'opposa en 1671 à la mesure d’expulsion générale des juifs ordonnée par le Cardinal de Mazarin, gouverneur d'Alsace. L'année suivante, l'intendant La Grange abolit, dans les anciennes possessions des Habsbourg, le péage corporel auquel étaient soumis les juifs. C'est en 1681 que Louis XIV créa le rabbinat d'Alsace.

Le pouvoir royal ordonna, en 1784, le dénombrement général des juifs en Alsace. La communauté de Thann, présidé par Marc Brunschwig, descendant direct de Lazare Brunschwig, comptait alors trente-cinq membres. Cette communauté pratiquait, en 1818, ces offices religieux dans un oratoire installé dans une grange. La communauté, forte de 350 membres, décida en 1855 de remplacer la grange oratoire par une véritable synagogue. La construction débuta en 1859 sur l'emplacement qu'occupait la grange. L'architecte Diogène Poisat Aîné de Belfort, secondé par le maître d’œuvre Victor Heilmann, érigea une synagogue dans un style néobysantin. Ils érigèrent en même temps, à côté de la synagogue, la maison du rabbin. L'inauguration de la synagogue par le rabbin Salomon Moock eut lieu le 12 Siwan 5622 (10 juin 1862). La synagogue possédait également un bain rituel puisque sur les plans cadastraux de 1899 apparaît la présence d'un "Badehaus" que l'on peut interpréter comme étant un Mikvé (bain rituel).

Deux écoles juives, une pour les garçons et une pour les filles, étaient référencées à Thann en 1874. À cette date, l'institutrice de l'école des filles quitta son poste et fut remplacée par le rabbin Wurmser qui dispensa deux heures d'enseignement religieux par semaine. À la fin de 1874, le rabbin dispensait huit heures de cours à quarante élèves. L'année 1885 fut l'apogée du judaïsme dans la vallée de Thann où l'on comptabilisait 630 pratiquants.

La synagogue fut fortement endommagée, voire pratiquement détruite, le 19 janvier 1915 par un bombardement allemand lors de l'offensive du Hartmannswillerkopf. En 1922, Charles Reibel, ministre des régions libérées, entama les démarches pour la restauration de la synagogue. La restauration fut confiée à Maurice Dreyfus et la nouvelle synagogue fut inauguré sous la présidence du rabbin Benjamin Schick le 22 Eloul 5684 (21 septembre 1924). Durant la 2^eGuerre mondiale, les nazis utilisèrent la synagogue en local pour le Winterhilfswerk des Deutschen Volkes (Secours d'hiver du peuple allemand), fournissant de la nourriture, des vêtements, du charbon, etc. à des Allemands nécessiteux durant les mois d'hiver. En 1940, la communauté israélite comptait 160 personnes, à la libération de Thann, le 8 décembre 1944, ils n'étaient plus que 35 survivants. La synagogue, remise en état, fut restituée à la communauté israélite présidée par le rabbin Jean Poliatschek, en 1948. La synagogue fit l'objet de travaux de restauration en 1975. En 1983 y fut célébré le dernier mariage. Par la suite, la diminution du nombre de pratiquants conduisit à la fermeture de la synagogue, celle-ci n'étant pour autant pas désacralisée.

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Hagada de 1889 imprimé à Vienne

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Une des coupoles

En 2013 fut fondée l’association "Les amis de la synagogue de Thann" qui entreprit des travaux de sauvegarde, puis de restauration en partenariat avec la fondation du patrimoine. Cette association organise régulièrement des activités culturelles dans la synagogue ainsi que des visites guidées. L'Inrap organisa en mars 2014 une campagne de fouilles qui permit la redécouverte dans la cour devant la synagogue de l'ancien "Badehaus" en se basant sur le plan cadastral de 1899. Cette fouille permit la mise à jour puis la restauration du Mikvé de 1860.

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Illustration de la synagogue telle quelle se présentait
avant la 1^re Guerre mondiale

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Plan de la synagogue en 1912

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