L'Oeil de la Sorcière

L'Oeil de la Sorcière surveille depuis le XVIII^e siècle l'entrée de la vallée de Thann. Il s'agit du vestige le plus spectaculaire du donjon du château de l'Engelbourg, le château de l'ange.

Le premier château à cet endroit fut construit en 1224 par Frédéric II de Ferrette. La première mention en fut faite en 1234 lorsque l'empereur Henri VII conféra à l'évêque de Bâle les biens confisqués à Louis de Ferrette dit le féroce après qu'il ait assassiné son père Frédéric II. L'évêque de Bâle rendit le château en fief à Ulrich II de Ferrette en 1251. Durant le dernier quart du XIII^e siècle, le château fut la résidence du comte Thiébaut de Ferrette qui la restaura à partir de 1275 et y fait bâtir une chapelle dédiée à Sainte-Catherine (mentionnée dans un traité en 1304).

Le mariage de Jeanne de Ferrette avec le duc d'Autriche, Albert II de Habsbourg, en 1324, amena le château entre les mains des Habsbourg. Il devint une pièce maitresse de la défense de l'Autriche antérieure et fut alors la résidence d'un bailli. En 1440, le château était armé de onze arbalètes avec 2000 pointes de flèches ou de carreaux d'arbalètes. La première mention du nom d'Engelsbourg (château de l'ange) date de 1465. Ce nom fait certainement référence à l'archange Saint-Michel, le protecteur des places fortes. En 1470, le château fut donné cédé avec les autres possessions des Habsbourg en Haute-Alsace au bourguignon Charles le Téméraire qui confia les lieux au bailli Pierre de Hagenbach. Avant de quitter le château les troupes des Habsbourg ôtèrent les portes, les fenêtres, gonds, serrures et de manière générale tout ce qui put être démonté. La garnison bourguignonne qui s'installa dans le château était constituée de douze hommes armés de deux serpentines, de vingt couleuvrines, dix arbalètes et plusieurs tonneaux de poudre.

En 1502, l'armement du château se composait de quatre arquebuses, de quinze hactebuttes, de deux couleuvrines sur chariots, de six arbalètes, de trois tonneaux de poudre et de deux chariots de carreaux d'arbalètes. En 1548 furent construites deux nouvelles tours et une plateforme d'artillerie près du donjon dont la démolition fut alors préconisée, mais non réalisée. En 1571 puis entre 1618 et 1621, le château connut d'importants travaux. Durant la guerre de Trente Ans, entre 1633 et 1639, le château en piteux état changea sept fois de mains. Il fut à nouveau assiégé en 1654 lors des événements de la Fronde. Il échut finalement au cardinal de Mazarin en 1658. Des réparations furent entreprises en 1672 afin d'y loger une dizaine de gardes en provenance de la garnison de Neuf-Brisach. En 1673, Louis XIV ordonna la démolition du château. Sort réservé à la plupart des châteaux en Alsace à l'époque. Le démantèlement fut confié à l'intendant Poncet de la Rivière qui y employa des mineurs de Giromany. Les travaux furent exécutés de mai à septembre 1673. Le donjon, haut de 25 m pour un diamètre de 7,50 m et une épaisseur de mur de 2,50 m, fut miné. Mais ce n'est qu'à la troisième tentative que la tour se souleva et se brisa en plusieurs morceaux. L'un d’eux retomba en se couchant, formant ainsi l'Oeil de la Sorcière. Cette dénomination lui fut donnée au cours du XIX^e siècle, peut-être à cause de la tour des sorcières qui lui fait face dans la ville de Thann. Les vestiges du château furent classés Monument historique en 1898.

Le château de l'Engelsbourg est accessible à pied depuis le parking situé en face de la tour des sorcières à Thann. L'accès est fléché depuis cet endroit.

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