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La ville de Guebwiller possède, intra-muros, deux grandes églises que beaucoup d'habitants désignent comme l'église du bas et l'église du haut. Celle du bas, géographiquement parlant par rapport à la vallée de Guebwiller, est l'église Notre-Dame. C'est également la plus récente puisqu'elle fut construite au cours du XIXe siècle. Celle du haut est l'église Saint-Léger dont la plus ancienne construction date du IXe siècle.
L'église Notre-Dame
L'église Saint-Léger
La première église Saint-Léger fut construite aux alentours de l'an 800 selon un plan quadrangulaire de 18,50 m sur 9,50 m. Ce plan et ces dimensions sont typiques de la période carolingienne. Elle fut visiblement, dès le début, consacrée à Saint-Léger. Léger ou Léodegard (615-679), un parent de Sainte-Odile et d'Eberhard d'Eguisheim, était l’évêque d'Autun. Étant un soutien du roi Childéric, il fut martyrisé par Ebroïn, le conseiller de Théodoric, le frère du roi, lors du conflit qui opposa les deux frères pour le pouvoir. Durant son martyr, on lui arracha les yeux, les lèvres et la langue. Selon la tradition, Léger survit miraculeusement à ses blessures et à la faim durant neuf jours dans la forêt avant d'être retrouvé par ses proches. Il se réfugia ensuite dans l'abbaye de femmes de Fécamp où il retrouva miraculeusement la parole. Ebroïn, qui entre-temps s'était rallié à Thierry III, décida finalement de faire exécuter celui qu'il estima être dangereux pour le pouvoir du roi. Léger aurait été assassiné sur ordre d'Ébroïn, le 2 octobre 678 ou 679.
La façade de l'église Saint-Léger
Le porche de l'église Saint-Léger
La nef de l'église Saint-Léger
Le chœur de l'église Saint-Léger
Un des marmousets de l'église Saint-Léger
Un autre des quatre marmousets de l'église Saint-Léger
Au XIe siècle, l'église fut agrandie. Cette nouvelle construction de style ottonien se constituait d'une nef de 26,60 m de longueur et large de 15 m. La nef était close par un chœur à chevet plat et était précédée d'un clocher-porche à base carré de 8 m de côté. En 1182, Conrad d'Espach, prince-abbé de Murbach, décida de remplacer cette église par un édifice de style roman ayant un plan en croix latine. Cette transformation s'acheva entre 1230 et 1235. Au XIVe siècle, l’abside à chevet plat fut remplacée par une abside de style gothique. Au cours du XVe siècle, on rajouta à la nef des travées latérales. Du côté nord, cette travée englobe la partie nord du transept et du chœur. Au sud, la travée se limite à un bout de la nef à l'avant de la partie sud du transept. En 1779 fut mis en place le maître-autel en marbre.
La nef de l'église Saint-Léger
La nef de l'église Saint-Léger
Les vitraux du chœur de l'église Saint-Léger
La voute du chœur de l'église Saint-Léger
Après la Révolution française, l'église fut, en 1794, désaffectée. Elle ne retrouva sa fonction qu'en 1831 où le culte fut rétabli. Au cours du XIXe siècle, la toiture fut réfectionnée et la façade fut restaurée dans son état du XIIe siècle. Elle fut classée Monument historique en 1842. En 1872, le chœur fut décoré avec des fresques retraçant la vie de Saint-Léger réalisé par le peintre Joseph Zencker. Les vitraux du chœur, ayant été détruits par les bombardements de la 1re Guerre mondiale, furent remplacés, en 1923, par des vitraux réalisés par les frères Ott selon des dessins réalisés en 1922 par René Kuder. Ces vitraux représentent l'attaque de la ville par les Armagnacs, la Crucifixion et Saint-Léger sur son lit de mort. Les vitraux des bas-côtés ne furent remplacés qu'en 1986 par des réalisations du maitre-verrier François Chapuis.
Les fresques du chœur de l'église Saint-Léger
Les fresques du chœur de l'église Saint-Léger
Un vitrail représentant la colombe du Saint-Esprit surplombe le baptistère où fut baptisé Saint-André-Bauer, mort en martyr en Chine en 1900 et canonisé par le Pape Jean-Paul II en 2000. L'horloge visible en façade de la tour sud porte en allemand l'inscription "Vivre libre ou mourir, l'An 3 de la Liberté, 1791". Cette inscription est accompagnée par les armoiries de Guebwiller et de Murbach.
Le baptistère de l'église Saint-Léger
Bas côté sud de l'église Saint-Léger
Autel avec la frise racontant l'assaut des Armagnacs
Dans la travée latérale sud sont conservé des échelles de corde. Au XVe siècle, les Armagnacs ravageant la région virent les murailles de Guebwiller mal surveillé. Ils assiégèrent la ville le 13 février 1445. Ils lancèrent leur assaut sur les murs de la ville au cours de la nuit, mais furent surpris par Brigitte Schirck qui veillait. Elle sonna l’alerte avec une telle fougue que les Armagnacs crurent voir à ses côtés la Vierge Marie et Saint-Valentin. Paniqués, ils prirent la fuite en abandonnant leurs matériels d'assaut. Les échelles abandonnées par les Armagnacs furent portées en trophée à l'église en remerciement à la Vierge Marie et à Saint-Valentin.
Les échelles en bois des Armagnacs
Les échelles de cordes des Armagnacs
Bas côté sud de l'église Saint-Léger
Bas côté nord de l'église Saint-Léger
Travée nord du transept de l'église Saint-Léger
Au XVIIe siècle, les princes-abbés de Murbach délaissèrent leur abbaye pour s’installer dans la ville de Guebwiller au château de Neuenburg. Celui-ci finit cependant par être ruiné. Lorsqu'il devint abbé commendataire de l'abbaye de Murbach en 1700, le prince Philippe Eberhard de Lowenstein-Wertheim-Rochefort (1657-1720) décida de reconstruire le château de Neuenburg et d'en faire sa résidence principale. Sous le mandat de son successeur, Célestin de Beroldingen, l'ensemble des moines de l'abbaye impériale de Murbach déménagea à Guebwiller. En 1738, probablement pour des raisons d'entretien trop coûteux, le chapitre de l'abbaye décida la destruction de la nef de l'abbatiale de Murbach en prétextant sa reconstruction. Le pape Clément XIII officialisa le transfert des moines de l'abbaye à Guebwiller en 1759. L'abbaye fut sécularisée par une bulle du pape en 1764, confirmé par une lettre patente du roi Louis XV en 1765.
Le château de Neuenburg
Le château de Neuenburg
En 1760, le prince-abbé Dom Léger de Rathsamhausen engagea le projet de construction d'une nouvelle abbatiale à Guebwiller. Un premier projet présenté par l'architecte Louis Beugue fut refusé par le chapitre qui ne le trouvait pas assez moderne. Le projet revu fut accepté le 1er mai 1761 et le 24 avril 1762 un contrat fut signé avec l'architecte dans lequel Louis Beugue s'engagea à fournir les plans et à venir trois fois par an sur le chantier. En mai 1763, mécontent des travaux, Louis Beugue obtint du chapitre l'autorisation de les diriger lui-même en tant qu'appareilleur. À la suite de critiques sur les travaux, et contre l'avis du prince-abbé, le chapitre retira, le 11 novembre 1767, à Louis Beugue la charge d'appareilleur et la confia à l'architecte Gabriel Ignace Ritter. Le 2 janvier 1768, le chapitre fit stopper les travaux qui étaient arrivés au niveau des chapiteaux de la nef. À la demande du chapitre, le conseil souverain d'Alsace nomma alors une commission d'experts chargée d'examiner les malfaçons. Les conclusions de cette commission furent défavorables à Louis Beugue qui fut congédié par le chapitre, le 4 mai 1768. Celui-ci, poussé par le prince-abbé, demanda alors conseil à l'Académie royale d'architecture qui valida son projet et ses travaux. Le chapitre fit donc réexaminer les travaux par d'autres architectes. Leurs rapports furent sans appel et le renvoi de Louis Beugue fut confirmé. Le 4 avril 1769, le chapitre fit appel à l'Académie royale d'architecture pour nommer une nouvelle commission qui approuva les critiques et fit des recommandations. Le prince-abbé, qui soutenait toujours Louis Beugue, s'inclina finalement devant ce nouvel avis défavorable à l'architecte. La principale erreur de Louis Beugue fut son importante sous-évaluation des coûts de construction.
L'église Notre-Dame
L'église Notre-Dame
La nef de l'église Notre-Dame
Le chœur de l'église Notre-Dame
La nef de l'église Notre-Dame
La travée nord du transept de l'église Notre-Dame
En 1770, la construction reprit sous la direction de Gabriel Ignace Ritter qui réutilisa les plans de Louis Beugue. La charpente fut posée en 1773 et la façade reçut son couronnement en 1778. En 1779 furent réalisées les voûtes de la nef et le gros œuvre prit fin à l'exception des tours de la façade. Entre 1780 et 1786 furent réalisés l'ameublement et les décors dans le style art classique français et baroque germanique par Gabriel Ignace Ritter. Fidèle Sporer réalisa, entre 1780 et 1783, au sein du chœur, la monumentale sculpture de l'Assomption de la Vierge. L'abbatiale fut consacrée par l'évêque de Bâle le 7 septembre 1785.
La monumentale sculpture
de l'Assomption de la Vierge
La monumentale sculpture
de l'Assomption de la Vierge
La monumentale sculpture
de l'Assomption de la Vierge
Après la Révolution française, en 1792, l'abbatiale devint l'église paroissiale de Guebwiller. En 1803 y fut transféré une partie du mobilier de l'église Saint-Léger. Elle fut classée Monument historique en 1842. L'abbé Charles Braun forma, en 1842, une commission chargée de poursuivre les travaux de construction des deux tours de la façade. Celle-ci fit appel à la générosité publique. Le conseil municipal vota en 1843 l'allocation d'une somme de 30 000 francs-or pour la construction d'un clocher. La souscription publique avait rapporté le somme de 45 496,85 francs. Le conseil municipal choisit parmi les quatre projets proposés, celui de l'architecte colmarien Caillot. Le devis de ce projet se montant alors à 105 000 francs, un appel de fonds fut fait auprès du conseil général et du gouvernement. Le ministère de l'Intérieur n'autorisa alors que la construction d'une tour tant que la totalité de la somme nécessaire au projet ne serait pas réunie. En 1844, les travaux de la première tour, côté nord, furent attribués à l'ingénieur François-Jacques Grün pour la somme de 51 052,39 francs. La première pierre fut posée par l’archevêque de Strasbourg, le 20 juillet 1844. La tour fut réceptionnée le 6 juillet 1846. L'entrepreneur J. B. Specht y transféra les six cloches du petit clocheton de l'angle sud de l'église et y installa l'horloge. La construction coûta finalement 60 448,91 francs. La tour sud ne sera jamais construite.
Le dôme à la croisée du transept
Les stalles dans le chœur de l'église Notre-Dame
Ces photographies ont été réalisées en janvier 2024.
Y ACCÉDER:
L'église Saint-Léger se trouve place du marché, et l'église Notre-Dame se trouve à l'angle de la rue du 4 février et de la rue de la République à Guebwiller.
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Cette page a été mise en ligne le 16 septembre 2024
Cette page a été mise à jour le 16 septembre 2024