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La danse macabre de Kintzheim

La petite ville de Kientzheim possédait, comme de nombreuses paroisses au XVe et XVIe siècle, une fresque dite "danse macabre". Il s’agit d’un thème assez fréquent dans la deuxième partie du XVe siècle faisant suite aux grandes épidémies de peste qui ont frappé l’occident au cours du Moyen-âge.

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L'église Notre-Dame-des-Douleurs

Celle de Kientzheim fut peinte en 1517 par Hans Holbein le Jeune (1497-1543) sur un mur du cimetière entourant l’église. Composé de 31 tableaux, la fresque était protégée de la pluie par un auvent reposant sur des piliers. La fresque fut à la Révolution française recouverte d’un badigeon. Le temps aidant elle finit par être oubliée et fut détruite en 1860 en même temps que son support. Au cours du XIXe siècle, visiblement lors de la destruction, Georges Kern en fit une description cependant entachée de quelques erreurs. En 1897, fut découvert dans les archives de Kientzheim un manuscrit de trente et une pages daté du XVIe siècle donnant la description de cette fresque. Il nous est donc possible de la reconstituer. Ce qui fut réalisé entre 1976 et 1977 par Gérard Ambroselli dans l’ancienne sacristie.

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La fresque était composée de trois parties. La première partie introductive représentait un curé montant en chaire suivi de la mort tenant un sablier. Dans cette scène figurent également plusieurs squelettes jouant d’instruments de musique devant un ossuaire et un cadavre couvert de vermine dans une tombe ouverte. La deuxième partie constitue la "danse macabre". La troisième partie est composée de deux tableaux dont le premier représente trois morts, deux musiciens et le fou, et le deuxième, une foule en train de prier. Cette troisième partie fut peut-être réalisée plus tardivement.

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La "danse macabre" se lisait de gauche à droite et débutait par la représentation d’un conteur assis devant une écritoire. La "danse macabre" montrait des musiciens entraînants 25 morts-vivants. Ci trouvaient, dans un ordre hiérarchique, le Pape avec sa tiare, l’empereur, le cardinal en rouge, l’impératrice, le roi, l’évêque, le duc, le comte, l’abbé, le chevalier, le curé, le médecin, le moine, le prévôt, le conseiller, le greffier, le bourgeois, l’ermite, l’usurier, l’artisan, le cultivateur, le lansquenet, le jeune homme, la jeune fille, l’enfant et le fou. Cette "danse macabre" était une leçon dessinée (peu de gens savaient lire à l’époque) invitant les fidèles venant à la messe au repentir, à la pénitence et à l’humilité, car, à l’heure de la mort, tout le monde quel que soit son rang sera traité à égalité. La "danse macabre" ne contenait aucun élément décoratif et les morts n’étaient pas représenté sous la forme de squelettes, mais laissaient passer des vermines répugnantes hors de leurs entrailles. Les morts étaient de couleur sombre à l’exception de l’enfant représenté en blanc. Les personnages étaient tous munis d’attributs (dont 18 instruments de musique et 8 objets variés) permettant de les identifier. Ils étaient tous occupés, comme l’enfant qui chevauchait un cheval en bois, et n’avaient pas l’aspect abstrait des autres danses macabres connues.

Une autre fresque fut peinte, probablement en 1517, sur le mur extérieur de l’ancienne chapelle Saint-Michel (ancienne sacristie ?). Comme la "danse macabre", elle fut recouverte de badigeon. Redécouverte en 1886, elle fut alors documentée photographiquement. Elle fut restaurée en 1977 par Gérard Ambroselli. Cette fresque comprend le "Dit des trois morts et des trois vifs" et les "sept œuvres de miséricorde".

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Fresque du "Dit des trois morts et des trois vifs"

Le "Dict", qui signifie légende, nous montre trois squelettes s’adressant à trois jeunes personnes. Ils sont accompagnés d’une inscription "Tel je fus comme tu es, et tel que je suis tu seras ! Richesse, honneur et pouvoir sont dépourvus de valeur au moment du trépas". Il s’agit d’une leçon tirée d’un texte du XIIIe siècle montrant une pourriture à venir dans un futur plus ou moins lointain et nécessitant de faire immédiatement acte de contrition pour mériter la vie dans l’au-delà. Les trois personnages vivants s’approchent par la gauche et rencontrent leurs ancêtres morts. Contrairement à la représentation classique dans le royaume de France, les vivants ne sont pas à cheval et ne sont pas séparés des morts par une croix de cimetière. Il s’agit d’un style pictural habituel de l’Alsace alémanique.

Les "sept œuvres de miséricorde" sont les actions bienfaisantes que chaque chrétien doit accomplir par amour pour Dieu et pour son prochain en s’efforçant de diminuer la misère. Elles constituent une application de la charité. Il s’agit de donner à manger aux affamés, de donner à boire à ceux qui ont soif, de vêtir ceux qui sont nus, d’accueillir les pèlerins, d’assister les malades, de visiter les prisonniers et d’ensevelir les morts. La fresque de Kientzheim en représente six. De gauche à droite et de haut en bas nous avons l'ensevelissement des morts, donner à manger à ceux qui ont faim, donner à boire à ceux qui ont soif, visiter les prisonniers, visiter les malades et accueillir les pèlerins.

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Ensevelissement des morts

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Donner à manger à ceux qui ont faim

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Donner à boire à ceux qui ont soif

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Visiter les prisonniers

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Visiter les malades

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Accueillir les pèlerins

Les fresques sont visibles à l’arrière de l’église Notre-Dame-des-Douleurs. Celle-ci date de 1722, mais le clocher-chœur est du XVe siècle. Elle abrite les tombes de Lazare de Schwendi (†1583) et de Guillaume de Schwendi (†1609), un ossuaire gothique, à côté du clocher, et des autels baroques. Selon la légende, Lazare de Schwendi ramena le pinot gris (appelé autrefois tokay) depuis la Hongrie. L’église Notre-Dame était autrefois considérée comme un sanctuaire à répit, où l’on pouvait emmener les enfants mort-nés, afin qu’ils ressuscitent brièvement le temps de recevoir le baptême.

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La nef de de l’église Notre-Dame-des-Douleurs

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Pierres tombales de Lazare de Schwendi (à gauche)
et de Guillaume de Schwendi

En bas du village se trouve la chapelle Saints-Félix-et-Régule. La chapelle fut reconstruite en 1966 sur le lieu d’une église plus grande qui fut endommagée lors de la Seconde Guerre mondiale. Elle contient une exposition d’ex-voto datant des XVIIIe et du XIXsiècle.

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La chapelle Saints-Félix-et-Régule

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La nef de la chapelle Saints-Félix-et-Régule

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Un des ex-voto

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Mise au tombeau

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Les ex-votos

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Les ex-votos

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Pierres tombales exposées à l'extérieur de la chapelle

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Ces photographies ont été réalisées en juin 2022.

 

Y ACCÉDER:

La danse macabre est visible à l’arrière de l'église Notre-dame-des-Douleurs qui est située grande rue à Kientzheim (68). La chapelle Saints-Félix-et-Régule se trouve rue de la chapelle.

 



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Cette page a été mise en ligne le 17 décembre 2023

Cette page a été mise à jour le 17 décembre 2023